Chapitre I
« Oui, j’aime quand tu me caresses comme ça, oui, un peu plus bas… »
Deux doigts fins et habiles entrent avec délicatesse dans son antre, chaud et humide. Elle accueille son amant en ouvrant plus grand encore les jambes. La vulve et les lèvres roses ruisselantes se gonflent de plaisir anticipé. Le jeune homme y plonge sa tête blonde et savoure le miel aigre-doux avec volupté.
Diane, trentenaire au visage déjà un peu marqué par la vie et au corps élancé, émerge bouleversée de ces souvenirs charnels. Et comme un tourbillon, une question vient la frapper :
« Comment ai-je fait pour gâcher cette histoire, ces quatre années passées ensemble ? »
Diane vient de se séparer de son fiancé, un jeune financier à l’allure altière. Elle est anéantie :
« Je suis nulle, incapable de garder une relation ». La jeune femme, toutefois, balance entre apitoiement et colère : « Je suis humiliée, j’ai déménagé, perdu mes amis, et je suis endettée jusqu’au cou », murmure-t-elle tout bas.
Son compagnon a trahi Diane, de la pire des manières pour une femme. Elle en sait quelque chose, car elle n’avait que cinq ans lorsque son père disparut de la surface la terre en emportant toutes ses affaires. Elle s’en souvient comme si c’était hier, de ce soir où il était entré dans l’appartement en claquant la porte derrière lui, avant de se diriger droit vers le salon :
« Elle est où, ta chienne de mère ? »
La petite, tremblante, avait désigné la chambre du doigt.
– Sale prostituée, où as-tu été traîner encore, dans tous les trous de Pigalle, je parie ? Tous mes amis en parlent et se moquent de moi.
– Et toi alors ? Tu crois que je ne suis pas au courant que tu couches avec toutes les femmes du quartier ?
Quand il lui avait envoyé son poing dans la figure, Stéphanie s’était mise à hurler en se raccrochant à une commode.
– Tu es moins qu’un homme. Attends que je me relève, et tu vas voir !
Mais le Don Juan avait déjà filé vers de nouveaux horizons plein de promesses.
Alors, la mère s’était approchée de sa fille, cachée derrière le fauteuil, et qui tremblait de terreur.
En lui prenant la tête entre ses mains imposantes, elle lui avait dit : « Ma Didi, ne fais jamais confiance à un homme. Ils n’ont aucun courage. »
Alors, toute la nuit Diane avait répété comme un mantra : « Jamais confiance, jamais confiance, jamais confiance ».
Et pourtant, son père, hors du cercle familial était tout à fait différent : il était entraîneur d’une des équipes de foot du quartier. Et Diane l’avait souvent entendu répéter à ses poussins : « Pas de violence, que de la fraternité, et l’esprit d’équipe pour gagner ».
Si les souvenirs de son père se sont estompés avec le temps, ceux de son amoureux sont toujours vifs. Elle repense souvent à ce matin où il lui avait fait sa demande en mariage, alors qu’elle était encore emmitouflée dans sa couette. La bague, avec sa petite pierre de cristal, était posée sur l’oreiller. Puis c’était arrivé : il l’avait trompée avec une de ses collègues, ambitieuse et pleine de confiance. Tout son contraire. Cela faisait des mois qu’il entretenait cette relation secrète.
Extraits
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