Il aura fallu attendre le mardi 19 novembre 2013 et une soirée aussi frigorifique que magnifique, au cours de laquelle les Bleus renversèrent la table lors du barrage retour triomphal (3-0) contre l’Ukraine, au Stade de France, pour qu’une page se tourne définitivement et qu’une nouvelle ère s’ouvre irrémédiablement.
Ce soir-là, devant des tribunes en fusion, bien plus incandescentes qu’à l’occasion de la finale de la Coupe du monde 1998, Didier Deschamps s’est imposé une bonne fois pour toutes dans son costume de patron de l’équipe de France.
Porté en triomphe par ses joueurs dans le ciel de Saint-Denis, il venait d’offrir une bouffée d’oxygène au football français miné par la spirale infernale des affaires, des secousses et des turpitudes dans lesquelles végétait sa sélection nationale depuis la finale du Mondial 2006, abandonnée dans des conditions douloureuses face à l’Italie.
Le 19 novembre 2013, la route en direction du Brésil était enfin dégagée. Elle menait tout droit à la phase finale de la Coupe du monde 2014. Et elle conduisait, ensuite, vers cet Euro 2016, qui se trouve désormais devant nous. Car, pour l’équipe de France, il y a eu un avant et un après 19 novembre 2013. Au bord du précipice avant. En marche vers les sommets après.
La mémoire ne peut pas nous jouer des tours et nous faire perdre le fil de son histoire tourmentée. Pour elle, il y avait vraiment nécessité à réagir. Par exemple, un an avant de prendre ses quartiers à Ribeirão Preto, le camp de base des Bleus durant la Coupe du monde 2014, l’équipe de France avait repéré les lieux au Brésil. Au terme d’une tournée poussive, elle avait coulé (3-0) contre la Seleção à Porto Alegre, signe que tout ne tournait pas très rond dans le petit monde bleu. Quelques semaines plus tard, lors d’un match de qualification pour le Mondial contre la Biélorussie, Franck Ribéry marquait à la 47e minute, figeant le triste record de la sélection à 525 minutes et 5 rencontres sans inscrire le moindre but ! (…)
En devenant l’homme de la réconciliation entre le peuple tricolore et son équipe nationale, Didier Deschamps a réussi à s’offrir, par la même occasion, un bail de longue durée à la tête des Bleus. Une fois son ticket pour le Brésil validé, il a été aussitôt confirmé dans ses fonctions jusqu’à l’Euro 2016, dans un premier temps. Une prolongation de contrat logique qui entrait dans le cadre du contrat moral passé entre la Fédération et lui. Mais ce n’est pas tout. En poste depuis juillet 2012, il a vu ensuite son contrat prolongé jusqu'à la Coupe du monde organisée en Russie dans deux ans (14 juin-15 juillet 2018). S'il restait aux commandes jusqu’à cette échéance, il intégrerait alors le trio des techniciens français restés le plus longtemps à la tête de la sélection. Il s'intercalerait entre le recordman Michel Hidalgo (de mars 1976 à juin 1984, 8 ans et 3 mois) et Raymond Domenech (de juillet 2004 à juin 2010, 5 ans et 11 mois). Rarement un sélectionneur de l'équipe de France n'aura bénéficié d'une telle confiance et d’un tel confort de travail.
Extraits
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