#Polar

Témoin à charge

Agatha Christie

Témoin à charge a été porté à l'écran en 1957 par Billy Wilder avec Marlène Dietrich, Tyrone Power et Charles Laughton. Comme dans les sept autres nouvelles qui composent ce recueil, les coupables, par amour de l'argent, par jalousie, échafaudent des machinations compliquées... Tous, à un moment ou à un autre, dissimulent leur identité sous des dehors trompeurs... Mais Hercule Poirot est là... Et le petit détective belge voit au-delà des déguisements et des apparences...

Par Agatha Christie
Chez Editions du Masque

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Genre

Policiers

TÉMOIN À CHARGE
(The Witness for the Prosecution)
Mr Mayherne ajusta son pince-nez et s’éclaircit la gorge avec cette petite toux sèche qui le caractérisait. Puis il regarda de nouveau l’homme assis en face de lui, un homme accusé d’homicide avec préméditation.
Petit, méticuleux, impeccablement habillé – pour ne pas dire vêtu comme un dandy – Mr Mayherne avait un regard gris et perçant. Intelligent, cela ne faisait pas de doute. C’était d’ailleurs un avocat des plus réputés. Il s’adressa à son client d’une voix sèche mais non dépourvue de compassion.
– Je dois de nouveau insister sur le fait que vous courez un grave danger et que vous devez faire montre de la plus grande franchise.
Leonard Vole, qui fixait le mur blanc en face de lui d’un regard hébété, se tourna vers l’avocat.
– Je sais, dit-il, désespéré. Vous ne cessez pas de me le répéter. Mais je n’arrive toujours pas à comprendre que je suis accusé de meurtre. De meurtre ! Et d’un crime aussi ignoble, en plus.
Mr Mayherne était un homme pragmatique, peu émotif. Il toussota de nouveau, ôta son pince-nez, l’essuya soigneusement, le rechaussa et répondit enfin :
– Oui, oui, oui... Eh bien, mon cher Mr Vole, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour tenter de vous tirer de là, et nous y arriverons... nous y arriverons. Mais je dois être en possession de tous les faits. Je dois savoir exactement en quoi cette accusation peut vous être préjudiciable. Après quoi nous établirons la meilleure ligne de défense.
Le jeune homme continua de fixer l’avocat de ce même regard hébété, désespéré. Mr Mayherne considérait l’affaire comme très mauvaise et la culpabilité de l’accusé comme assurée. Mais maintenant, pour la première fois, il se prenait à douter.
– Vous me croyez coupable, dit Leonard Vole d’une voix sourde. Mais, bon Dieu ! je vous jure que je ne le suis pas. Mon affaire se présente très mal, je le sais. Je me sens pris dans un filet dont les mailles se resserrent, quel que soit le mouvement que je fais. Mais ce n’est pas moi, Mr Mayherne, ce n’est pas moi !
Dans cette situation, les accusés protestent tous de leur innocence. L’avocat le savait bien. Mais, malgré lui, il se sentit troublé. Après tout, Leonard Vole était peut-être innocent ?
– Vous avez raison, dit-il gravement. Vous êtes en très mauvaise posture. J’accepte néanmoins de vous défendre. Maintenant, examinons les faits. Je voudrais que vous me racontiez, avec vos propres mots, comment vous avez fait la connaissance de miss Emily French.
– C’était dans Oxford Street. Un jour, j’ai vu une vieille dame qui traversait la rue. Elle portait tout un tas de paquets. Au milieu de la rue, elle les a laissés tomber, elle a essayé de les ramasser, s’est aperçue qu’un autobus était pratiquement sur elle et a réussi à atteindre le trottoir saine et sauve, ahurie, hébétée par les cris que les gens poussaient. J’ai ramassé ses paquets, je les ai essuyés comme j’ai pu, j’ai renoué la ficelle de l’un d’eux et je les lui ai rendus.
– On ne peut pas dire que vous lui avez sauvé la vie ?
– Mon Dieu, non ! Je n’ai fait qu’accomplir un acte de courtoisie. Elle m’en a été extrêmement reconnaissante, m’a remercié avec chaleur et a dit quelque chose à propos de mes manières, bien différentes de celles de la plupart des gens de ma génération – je ne me souviens pas des mots exacts. Après quoi j’ai soulevé mon chapeau et j’ai poursuivi mon chemin. Je ne m’attendais pas du tout à la revoir. Mais la vie est pleine de hasards. Le soir même, je la retrouvais chez des amis. Elle m’a reconnu et a demandé que je lui sois présenté. C’est ainsi que j’ai appris qu’elle s’appelait Emily French et qu’elle demeurait à Cricklewood. Nous avons bavardé. Elle était, j’imagine, de ces vieilles dames qui s’entichent soudain violemment de quelqu’un. Ce fut le cas avec moi, pour avoir fait une chose que n’importe qui aurait faite à ma place. En partant, elle m’a chaleureusement serré la main et m’a demandé de passer la voir. Je lui ai, bien sûr, répondu que j’en serais ravi et elle m’a pressé de lui fixer un jour. Je ne tenais pas spécialement à lui rendre visite, mais il m’aurait paru grossier de refuser et je lui ai proposé le samedi suivant. Après son départ, mes amis m’ont donné des renseignements sur elle : elle était riche, excentrique, vivait seule avec une femme de chambre et pas moins de huit chats.
– Je vois, dit Mr Mayherne. Vous avez été mis au courant si tôt que ça de son état de fortune ?
– Si vous entendez par là que j’ai cherché à le savoir... commença Leonard Vole, furieux, mais l’avocat le calma d’un geste.
– Je suis obligé de considérer l’affaire du point de vue de l’adversaire. Quelqu’un de non prévenu ne pouvait pas deviner que miss French était riche. Elle vivait simplement, presque pauvrement. À moins d’avoir été informé du contraire, selon toutes probabilités vous auriez dû penser qu’elle avait à peine de quoi vivre, du moins au début. Qui, précisément, vous a appris qu’elle avait de la fortune ?
– Mon ami, George Harvey, chez qui nous passions la soirée.
– Pensez-vous qu’il s’en souviendra ?
– Je ne sais pas. Cela remonte à un certain temps déjà.
– C’est ça, Mr Vole. Voyez-vous, le premier soin de l’accusation va être d’établir que vous vous trouviez dans une situation financière difficile – ce qui est exact, n’est-ce pas ?
Leonard Vole rougit.
– Oui, confirma-t-il d’une voix sourde. Je venais d’avoir une suite de déveines.
– C’est ça, répéta Mr Mayherne. Étant, comme je le disais, dans une situation financière difficile, vous avez rencontré une vieille dame riche et vous avez assidûment cultivé cette relation. Maintenant, si nous pouvions affirmer que vous ignoriez tout de sa fortune et que vous alliez lui rendre visite par pure bonté d’âme...
– Ce qui est le cas.
– Parfait. Je n’en discuterai pas. Je cherche à voir les choses du point de vue de l’adversaire. Tout dépendra de la mémoire de Mr Harvey. Va-t-il ou non se souvenir de cette conversation ? Parviendra-t-on à le troubler au point de le persuader qu’elle a eu lieu plus tard ?
Leonard Vole demeura un instant songeur, puis répondit d’une voix assez ferme mais en pâlissant un peu :
– Je ne pense pas que ce soit une bonne ligne de défense, Mr Mayherne. Plusieurs personnes ont entendu ce que me disait Harvey et certains ont fait des plaisanteries à propos de la vieille dame riche dont j’avais fait la conquête.
L’avocat tenta de cacher sa déception d’un geste.
– Dommage, dit-il. Mais je vous félicite de votre franchise, Mr Vole. Je compte sur vous pour me guider. Vous avez raison. Il serait catastrophique de persister dans la ligne de conduite que je proposais. Laissons donc cela. Vous avez fait la connaissance de miss French, vous êtes allé la voir, vous êtes devenus plus intimes. Il faut expliquer cela clairement. Pourquoi un homme de trente-trois ans comme vous, beau garçon, sportif, ne manquant pas d’amis, a-t-il consacré tant de temps à une vieille dame avec laquelle il n’avait rien de commun ?
Leonard Vole écarta nerveusement les mains.
– Je n’en sais rien... Je n’en sais vraiment rien. Après ma première visite, elle a insisté pour que je revienne, elle m’a dit qu’elle se sentait seule et malheureuse. Il m’était difficile de refuser. Elle m’a témoigné tellement de sympathie et d’affection qu’elle m’a mis dans une situation embarrassante. Je suis d’une nature plutôt faible vous savez, Mr Mayherne. Je suis de ces gens qui ne savent pas dire non. Et, croyez-moi ou pas, après trois ou quatre visites, j’ai fini par m’attacher sincèrement à cette vieille dame. J’étais tout jeune quand ma mère est morte. J’ai été élevé par une tante et je n’avais pas encore quinze ans quand elle est morte également. Si je vous disais que je me sentais heureux d’être materné et choyé, cela vous ferait sans doute rire...
Mr Mayherne ne rit pas. Il ôta de nouveau son pince-nez et se mit à l’essuyer, signe chez lui de profonde réflexion.
– J’accepte votre explication, dit-il enfin. Elle est psychologiquement vraisemblable. Un jury verra-t-il les choses de la même façon ? C’est une autre question. Poursuivez, je vous prie. Quand miss French vous a-t-elle demandé pour la première fois de vous occuper de ses affaires ?
– Après ma troisième ou quatrième visite. Elle ne comprenait pas grand-chose aux questions d’argent et certains placements lui donnaient des inquiétudes.
Mr Mayherne lui jeta un coup d’œil acéré.
– Attention, Mr Vole. Janet Mackenzie, la femme de chambre, déclare que sa maîtresse était très avisée en affaires et qu’elle s’occupait elle-même de ses transactions, ce que confirme le témoignage de ses banquiers.
– Je n’y peux rien, répondit sérieusement Mr Vole. C’est ce qu’elle m’a dit.
Mr Mayherne le regarda un instant en silence. Il n’avait pas l’intention de le lui dire, mais la confiance qu’il avait en Leonard Vole se trouva momentanément renforcée. Il connaissait la mentalité des vieilles dames. Il imaginait très bien miss French, infatuée de ce séduisant jeune homme, cherchant tous les prétextes pour l’attirer chez elle. Et quelle meilleure raison trouver que son ignorance des affaires pour le prier de l’aider à débrouiller ses problèmes d’argent ? Elle était suffisamment femme pour savoir que tout homme est plus ou moins flatté de voir ainsi reconnaître sa supériorité. Et Leonard Vole avait été flatté. Peut-être, aussi, ne répugnait-elle pas à lui faire savoir qu’elle était riche. Emily French était une vieille femme volontaire, prête à payer le prix pour obtenir ce qu’elle voulait. Tout cela défila rapidement dans l’esprit de Mr Mayherne, mais il n’en laissa rien paraître et se contenta de poser une autre question.
– Et, à sa demande, vous vous êtes effectivement occupé de ses affaires ?
– En effet.
– Mr Vole, je vais vous poser une question très sérieuse, à laquelle il est essentiel que vous me répondiez la vérité. Vous étiez dans une situation financière difficile. Vous aviez la haute main sur les affaires d’une dame – d’une vieille dame qui, de son propre aveu, ne connaissait rien ou pas grand-chose à ces histoires. Avez-vous, à un instant quelconque, d’une manière quelconque, détourné à votre profit les valeurs dont vous disposiez ? Vous êtes-vous livré à quelque opération pour votre bénéfice qui ne supporterait pas d’être mise en lumière ? Ne répondez pas tout de suite. Deux voies s’ouvrent à nous : nous pouvons insister sur votre probité et votre honnêteté dans la conduite des affaires de miss French, et faire ressortir le peu d’intérêt que vous aviez à commettre un meurtre pour vous procurer un argent que vous pouviez obtenir de façon beaucoup plus simple. Si, en revanche, l’accusation peut faire état de... si, pour dire les choses crûment, on peut prouver que vous avez escroqué la vieille dame d’une façon ou d’une autre, nous devrons soutenir que vous n’aviez aucune raison de commettre un meurtre puisqu’elle constituait déjà pour vous une appréciable source de revenus. Vous saisissez la menace. Maintenant, s’il vous plaît, prenez votre temps avant de répondre.
Mais Leonard Vole répondit aussitôt :
– Ma gestion des affaires de miss French a été parfaitement honnête et régulière. J’ai veillé sur ses intérêts au mieux de mes capacités, comme n’importe qui pourra le constater s’il veut le vérifier.
– Merci, dit Mr Mayherne. Cela me soulage beaucoup. Je vous fais la grâce de vous croire trop intelligent pour me mentir sur un point aussi capital.
– Je pense, déclara vivement Vole, que ce qui plaide le plus certainement en ma faveur, c’est l’absence de motif. Si l’on admet que j’ai cultivé l’amitié d’une vieille femme riche dans l’espoir d’en obtenir de l’argent – ce qui résume vos propos – sa mort ne pouvait qu’anéantir tous mes espoirs.
L’avocat le regarda longuement. Puis, délibérément cette fois, il recommença à astiquer son pince-nez.
– Ignorez-vous, Mr Vole, que miss French a laissé un testament vous instituant son principal légataire ?
– Quoi ? s’écria le prisonnier en sautant en l’air, visiblement et sincèrement ahuri. Mon Dieu ! que dites-vous là ? Elle m’a laissé sa fortune ?
Mr Mayherne hocha lentement la tête. Vole retomba en arrière, la tête dans les mains.
– Il semblerait que vous n’ayez pas eu connaissance de ce testament ?
– Il semblerait ? Il ne semble rien du tout. Je n’en savais rien.
– Que répondriez-vous si je vous disais que Janet Mackenzie, la femme de chambre, jure que vous le saviez bel et bien ? Que sa maîtresse lui avait clairement dit qu’elle vous avait consulté à ce sujet et vous avait fait part de ses intentions ?
– Ce que je répondrais ? Mais qu’elle ment. Non, je vais trop loin. Janet est une vieille femme. C’était un chien de garde pour sa maîtresse, et elle ne m’aimait pas. Elle se montrait jalouse et soupçonneuse. Je dirais que miss French a fait part de ses intentions à Janet et que celle-ci aura mal compris quelque chose, ou encore qu’elle était convaincue pour sa part que c’était moi qui avais poussé la vieille dame à faire ce testament. Et maintenant, elle croit vraiment que miss French le lui a dit.
– Vous ne pensez pas qu’elle vous déteste assez pour mentir sciemment sur ce point ?
Leonard Vole parut choqué et surpris.
– Bien sûr que non ! Pourquoi le ferait-elle ?
– Je ne sais pas, dit Mr Mayherne, songeur. Mais elle vous en veut terriblement.
Le malheureux jeune homme poussa un gémissement.
– Je commence à comprendre, murmura-t-il. C’est terrible. On va dire que je l’y ai poussée, que je l’ai persuadée de me léguer sa fortune, que je suis allé chez elle ce soir-là, qu’il n’y avait personne dans la maison – et on l’a retrouvée le lendemain. Oh ! mon Dieu, c’est épouvantable !
– Vous vous trompez si vous pensez que miss French était seule. Janet, vous vous en souvenez, devait passer la soirée dehors. Elle est sortie, mais elle est revenue vers 9 heures et demie pour prendre un patron de chemisier qu’elle avait promis à une amie. Elle est entrée par la porte de service, est montée le chercher, puis est ressortie. Elle a entendu des voix dans le salon, sans pouvoir distinguer ce qui se disait, mais elle est prête à jurer que l’une d’elles était celle de miss French et l’autre celle d’un homme.
– À 9 heures et demie, dit Leonard Vole. À 9 heures et demie... Mais alors je suis sauvé, sauvé ! cria-t-il en se levant d’un bond.
– Que voulez-vous dire ? demanda Mr Mayherne, surpris.
– À 9 heures et demie, j’étais chez moi ! Ma femme peut en témoigner. J’ai quitté miss French vers 9 heures moins 5. Et je suis arrivé à la maison vers 9 h 20. Ma femme m’attendait. Oh ! merci mon Dieu – merci mon Dieu ! Et béni soit le patron de chemisier de Janet Mackenzie.
Dans son exaltation, Vole ne remarqua pas que l’avocat avait toujours l’air aussi grave. Mais sa réplique le fit brutalement redescendre sur terre.
– Dans ce cas, qui, selon vous, a assassiné miss French ?
– Mais, un cambrioleur, bien sûr, comme on l’avait pensé au début. Vous vous souvenez qu’on a forcé la fenêtre. Miss French a été tuée d’un coup violent porté avec une pince-monseigneur et la pince-monseigneur, trouvée par terre à côté du corps. Et plusieurs choses avaient disparu. N’étaient les absurdes soupçons de Janet et son antipathie pour moi, la police n’aurait jamais abandonné la bonne piste.
– Cela ne suffira pas, Mr Vole. Il ne manquait que des bibelots sans valeur, destinés à nous aveugler. Et les traces relevées sur la fenêtre ne sont pas concluantes. D’ailleurs, réfléchissez vous-même. Vous prétendez que vous n’étiez plus là à 9 heures et demie. Dans ce cas qui était l’homme que Janet a entendu parler dans le salon avec miss French ? Elle ne tenait quand même pas une aimable conversation avec un cambrioleur ?
– Non... non, dit Vole, de nouveau perplexe et découragé. Néanmoins, ajouta-t-il en reprenant espoir, cela m’innocente. J’ai un alibi. Il faut que vous alliez voir Romaine – c’est ma femme – au plus tôt.
– Certainement. Ce serait déjà fait si Mrs Vole n’avait été absente de chez vous quand on vous a arrêté. J’ai aussitôt télégraphié en Écosse et j’ai cru comprendre qu’elle rentrait ce soir. Je passerai la voir en partant d’ici.
Vole hocha la tête, soulagé.
– Oui, Romaine vous le confirmera. Mon Dieu, c’est une sacrée chance, ça.
– Excusez-moi, Mr Vole, vous aimez beaucoup votre femme ?
– Bien sûr.
– Et la réciproque est vraie ?
– Romaine m’est très dévouée. Elle ferait n’importe quoi pour moi.
Il avait répondu avec chaleur, mais l’avocat eut un pincement au cœur. Quel crédit accorder au témoignage d’une épouse dévouée ?
– Quelqu’un vous a-t-il vu rentrer à 9 h 20 ? Une femme de chambre, par exemple ?
– Nous n’avons pas de femme de chambre.
– Avez-vous croisé quelqu’un dans la rue, en rentrant ?
– Personne de connaissance. J’ai fait une partie du trajet en autobus. Le chauffeur s’en souviendra peut-être.
Mr Mayherne eut un hochement de tête sceptique.
– Personne alors ne peut confirmer le témoignage de votre femme ?
– Non. Mais ce ne sera pas nécessaire, si ?

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11/12/2001 221 pages 1,00 €
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