Editeur
Genre
Littérature érotique et sentim
CHAPITRE PREMIER
Des murs blancs, rien que des murs blancs à la peinture craquelée et jaunie et des plafonds maculés de taches de rouille. Je cligne plusieurs fois des yeux et je tourne la tête à gauche et à droite, d’avant en arrière. Cela fait une semaine que j’ai une contracture énorme dans l’épaule.
« Je suis désolée, Mademoiselle, mais son état ne s’améliore pas. »
« Mia, nous sommes là pour toi. »
« On continue de prier pour un miracle. »
« Je crains que les chances de votre père ne soient très minces. »
« Surtout, prévenez votre famille. »
« Parlez-lui. Faites-lui vos adieux. »
Des bribes de condoléances et des réponses des médecins passent en boucle dans ma tête comme un vieux disque rayé alors que je ne quitte pas des yeux le seul homme qui m’a toujours aimée, depuis le tout premier jour, jusqu’à ce qu’il m’apprenne à jouer au base-ball et qu’il m’encourage à l’école. Un jour, maman est partie et papa s’est effondré. Or, il n’a jamais cessé de m’aimer, même quand ses joues étaient écarlates, qu’il bafouillait et que ses yeux étaient vitreux. Moi, je comptais sur son amour pour nous aider à avancer, et la plupart du temps, cela suffisait.
Je prends sa main en espérant que ma chaleur se propage dans son corps et que cela l’aide à lutter, à se battre pour ses filles. À se battre pour moi, la chair de sa chair. J’ai passé les dix dernières années à me battre pour lui et pour Maddy, maintenant c’est à lui d’assurer, d’être là. De tout faire pour nous revenir. Nous ne sommes peut-être pas grand-chose, deux jeunes femmes qui essaient de trouver leur voie, mais nous sommes ses filles et j’ai besoin de croire que nous méritons qu’il se batte. Sinon nous le perdrons… à jamais.
La nouvelle infirmière entre d’un pas léger et s’efforce de ne pas faire de bruit en vérifiant les dernières données de son état. Elle me lance un sourire plein de remords, puis elle s’en va. J’y suis habituée, car depuis une semaine je n’ai droit qu’à des excuses, des mines renfrognées ou des condoléances maladroites. Je regarde Maddy, roulée en boule sur la minuscule causeuse, profondément endormie. Comme moi, elle a refusé de partir d’ici, sauf pour se doucher et se changer. Si notre père doit rendre son dernier souffle, nous serons là… avec lui.
Nous n’avons toujours pas reparlé de ce que nous avons appris Dallas, et l’idée que Maddy souffre pèse lourdement sur mon moral. Le fait que Jackson Cunningham soit son père biologique a été un choc énorme pour toutes les deux et le poids des non-dits a vite créé une barrière entre nous. Or, j’ai besoin de Maddy plus que jamais et j’ai l’impression qu’elle m’échappe, ne sachant pas où est sa place. Je déteste cette situation, et je déteste encore plus ma mère d’en être la cause.
Le seul aspect positif de cette histoire, c’est Maxwell. Il nous a envoyées ici dans son jet privé et nous appelle tous les jours. Il nous a même pris une chambre dans un hôtel à quelques centaines de mètres de la maison de convalescence. Notre nouveau frère pense à tout et s’assure que l’argent n’est pas un problème. Tout à coup, nous avons les meilleurs médecins de la ville, et des hordes de gens s’occupent de notre père à tour de rôle. Ils le surveillent de près pour s’assurer qu’il n’est pas en état de mort cérébrale et pour l’aider à se remettre des infections et des arrêts cardiaques qu’il a subis.
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