#Roman francophone

Trois baisers

Katherine Pancol

"Trois baisers, Trois baisers et l'homme caracole, libre, flamboyant, crachant du feu et des étoiles. Ses sens s'affolent, il voit mille lucioles, des pains d'épices, des incendies. ". . Ils sont de retour, tous les personnages chers à Katherine Pancol et à ses lecteurs. Et ça crépite ! Les histoires se nouent, s'emmêlent, se tendent, éclatent, repartent. On craint le pire, on espère, on respire, on retient son souffle jusqu'à la dernière ligne. Des rencontres, des espoirs, des trahisons, des soupçons, des idylles qui surgissent sans prévenir. Et des baisers qui vont se poser là où on ne les attendait pas. Les vies sont chamboulées. Il faut tout recommencer. Ou tout remettre d'aplomb. On ne sait plus très bien. On n'est plus sûr de rien. Chacun s'embarque dans de nouvelles aventures. Certains révèleront leur côté obscur, d'autres verront leur destin scellé, tous auront le coeur battant. "Partons dans un baiser pour un monde inconnu". disait Alfred de Musset. Ce livre est un voyage. test

Par Katherine Pancol
Chez Albin Michel

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Genre

Littérature française

 


Pour toi…

 

 

« Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu. »

ALFRED DE MUSSET

 

 

Première partie

 

 

Sept heures dix. Le réveil sonne. Les bras de Mickey couvrent le cadran et tressautent, ses jambes maigres pédalent. Get up, get up, il nasille. Stella claque la tête de Mickey, ouvre les yeux.

Les referme aussitôt.

Appuie de toutes ses forces pour les garder fermés. Danger, danger. Ne pas bouger. À peine respirer. Ne pas déplacer son coude gauche sur l’oreiller, garder le droit plaqué sur la hanche. Ne pas gratter la paupière qui démange. Laisser croire qu’elle dort, qu’elle n’est pas là, que ce n’est pas elle qui tremble sous les draps.

 

Il est revenu.

 

Des boules de coton explosent dans sa gorge. Ce n’est pas possible, il ne peut pas revenir. Tout va bien, calme-toi. En septembre, Tom est entré au collège et ça n’a pas fait un pli, il a juste changé de vocabulaire et de gel capillaire. Adrian travaille à la Ferraille, Edmond Courtois lui confie de plus en plus de tâches, il apprend la gestion, les marchés, il voyage à l’étranger. Depuis peu, il possède un passeport français, européen, au nom d’Adrian Kosulino. « Je suis citoyen du monde », il dit en tenant le précieux document entre ses mains. Il a acheté une cravate gris argent, un costume bleu marine, des chemises blanches col italien. Et un attaché-case. Léonie met des jupes fleuries, des petits hauts en dentelle, s’émerveille devant une mésange à tête bleue, la feuille rouge qui tourbillonne en tombant de l’arbre, fait des broderies, des passementeries à l’atelier de patchwork. Suzon se masse les reins en soupirant que la terre est basse, lit France Dimanche, Johnny a des ennuis, Vanessa prend sa revanche, Michelle Obama crève l’écran ! Georges commente les ragots de Saint-Chaland au retour du marché, veille sur le jardin, le bois, les bêtes, le potager, savonne son Kangoo rouge le dimanche avant de se laisser tomber dans le canapé face au journal télévisé.

Chacun a retrouvé ses marques.

Tout va bien et je vais bien.

Elle va rouvrir les yeux, compter un, deux, trois et… je me suis trompée. C’est de ma faute aussi, j’ai toujours peur qu’il revienne.

 

Ray Valenti est mort. Tombé dans le feu. Souviens-toi1.

 

C’est à cause du coup de fil du notaire ?

Il a dit qu’il y avait du nouveau, il fallait qu’il nous voie.

Elle n’aime pas ça.

 

Elle a trop mangé la veille. Il faisait beau comme un soir d’été en novembre, un vent chaud frôlait le sol, les chiens reposaient sur le flanc, la langue pendante, on va fêter mon gros contrat, a dit Adrian, allez, on dîne dehors, on allume les bougies, on fait péter les bouchons ! Il a tapé dans ses mains et ils ont mis la table sur la terrasse à toute allure comme dans un dessin animé. Ils ont sorti les couverts, les verres, les assiettes, le pain, le vin, le fromage, la salade, le saucisson, le jambon cru, les cornichons et les tomates, la marmite cuisinée par Suzon, ils ont tout posé sur la nappe à carreaux rouges et blancs, Tom a ajouté des cookies et une glace Gervais au chocolat. Ils se sont assis, ont ouvert une bouteille de mâcon, ont trinqué à l’amour, à la vie, n’importe quoi ! a dit Tom, la vie, l’amour, ça craint ! Alors ils ont trinqué aux ânes, aux tortues, au perroquet, au cochon, aux poules, aux poussins, aux pommes de terre, aux chiens qui s’étaient relevés et bavaient devant la marmite, ils ont crié bon appétit comme s’ils déclaraient la guerre, les fourchettes droites vers le ciel, les coudes enfoncés dans la table. Ils se sont jetés sur leurs assiettes, ont dévoré le bœuf en sauce aux citrons confits, déchiré des morceaux de baguette, sucé le pain mouillé de sauce, barbouillé leurs bouches de gras, ouvert une autre bouteille et hop, un petit fond pour Tom, qu’il apprenne que c’est quand même mieux que du Coca, ont repris une boule de glace, ont soupiré en se frottant le ventre trop mangé, trop mangé. Il a fallu qu’elle recule sa ceinture de deux crans, qu’elle fasse sauter les agrafes de son soutien-gorge. En douce, sans qu’on la voie. On était passé à l’heure d’hiver, il faisait sombre, c’était facile. Suis une grosse vache, elle a pensé. Elle a eu honte. Envie de se gifler. Demain j’arrête de manger, promis, juré, pourquoi je mange comme ça ? Adrian lui a tendu la main par-dessus la table, elle n’a pas eu la force de l’attraper, il l’a regardée en souriant, son sourire rapide, si rapide, qui disait allez viens, on va se coucher, j’ai envie de toi, envie de toi… On débarrassera demain.

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04/10/2017 864 pages 24,90 €
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