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Le marché du livre en France : 2024, une année difficile

Qualifier le marché du livre en 2024 ? Recentrage éditorial, stabilisation des ventes et transformation des pratiques. Des mouvements qui traduisent une période complexe pour l'industrie de l'édition française.

Le 26/06/2025

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Le marché français du livre marque un temps d’arrêt après plusieurs années de croissance soutenue. Les chiffres publiés par le Syndicat national de l’édition traduisent un environnement plus mesuré, où les maisons d’édition recentrent leur activité et s’adaptent à des contraintes économiques et environnementales croissantes.

Le chiffre d’affaires global s’établit à 2,9 milliards d’euros, en repli de 1,5 %. Les ventes en volume diminuent de 3,1 %, avec 426 millions d’exemplaires écoulés. Comparé à 2019, le marché conserve une progression en valeur, mais les volumes restent en deçà de leur niveau d’avant-crise sanitaire. Face à cette évolution, les éditeurs resserrent leur production.

Le nombre de nouveautés publiées baisse de 1,6 %, pour s’établir à 36.232 titres. Depuis cinq ans, la diminution atteint près de 19 %. Les tirages moyens reculent également. À l’inverse, les réimpressions progressent, confirmant l’attention portée aux fonds de catalogue et aux titres pérennes.

Le format poche conserve sa place stratégique. Il représente 15,4 % du chiffre d’affaires et plus d’un quart des exemplaires vendus. Le segment enregistre un léger recul en volume, concentré sur les mangas. Hors manga, les ventes de poches se stabilisent. La littérature générale domine très largement ce format.

Côté distribution, les grandes surfaces spécialisées demeurent le premier circuit de vente, devant la librairie indépendante et la vente en ligne, qui poursuit sa progression. Les grandes surfaces alimentaires et les circuits alternatifs complètent la chaîne de distribution, sans bouleversement majeur.

La littérature reste le moteur du marché, représentant 24 % du chiffre d’affaires. Les secteurs jeunesse, bande dessinée ou pratique accusent un repli modéré, dans un contexte de stabilisation.

L’édition numérique connaît une évolution contrastée. Son chiffre d’affaires atteint 278,6 millions d’euros, en baisse de 1,6 %. La littérature numérique progresse de 8,5 %, portée par la romance, la science-fiction et le polar. Le segment professionnel et universitaire reste largement dominant.

L’édition scolaire numérique recule nettement, conséquence de la fin des commandes massives liées aux réformes éducatives. Les modèles économiques évoluent lentement. Les abonnements et licences concentrent la majorité des ventes.

Les pratiques d’approvisionnement en papier traduisent également une transformation en profondeur. Les éditeurs achètent près de 179 000 tonnes de papier, un volume en baisse de plus de 20 % sur dix ans. La quasi-totalité des achats concerne des matériaux certifiés ou recyclés.

Les grandes maisons d’édition privilégient systématiquement ces papiers, tandis que les plus petites structures progressent plus lentement. La maîtrise des tirages, la réduction des stocks et les engagements environnementaux s’imposent comme des priorités partagées.

Le marché du livre français évolue dans un climat plus incertain, entre recherche de stabilité, rationalisation de l’offre et adaptation progressive aux nouvelles attentes économiques et écologiques.

 

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