« En 2054, grâce à l'agence gouvernementale Précrime, le monde est devenu plus sûr : les criminels sont arrêtés et jugés avant d'avoir commis leur forfait. Mais un jour John Anderton, un agent de Précrime, se retrouve accusé du futur meurtre d'un homme qu'il n'a même jamais rencontré. Pour prouver son innocence, il devra mettre la main sur le rapport minoritaire. » Tout cela fait sourire l'amateur de science-fiction qui a bien reconnu Minority Report, de l'écrivain Philip K. Dick. Eh bien, une fois de plus, l'homme ne s'était pas beaucoup trompé dans ses projections...
Le 20/04/2014 à 16:45 par Nicolas Gary
Publié le :
20/04/2014 à 16:45
Transformera-t-on le réseau social de micro-blogging, Twitter, en une agence Precrime, telle que la décrit K. Dick ? Selon le site Phys.org, des chercheurs se sont penchés sur la Twittersphère, pour examiner et analyser les échanges des internautes. Depuis l'université de Virginie, ces derniers ont voulu savoir s'il serait possible d'anticiper des crimes - et tout particulièrement le harcèlement, les vols, et certains types d'agression. Selon leurs résultats, entre 19 et 25 types de crimes pourraient être identifiés à partir de tweets géolocalisés et correctement interprétés.
Matthew Gerber du Predictive Technology Lab, situé dans l'université, souligne qu'il est rare qu'un criminel déclare sa flamme et ses projets depuis le réseau social. En revanche, les gazouillis de tout un chacun reflètent les activités du quotidien, et à ce titre, les messages permettent d'anticiper certains comportements. Pour exemple, plusieurs personnes parlent d'une beuverie en perspective : pour le scientifique, ces soirées sont propices à des débordements, et il serait possible de mieux les prendre en compte.
Avec son équipe - qui ne compte aucun mutant doué de précognition, précisons-le - le chercheur a analysé des messages diffusés dans la ville de Chicago, et leurs prédictions ont quadrillé des périmètres où des crimes étaient susceptibles de se produire. L'idée d'une police prédictive, qui s'appuierait sur les données de grandes sociétés, comme IBM, refait alors surface...
Son étude a été financée par l'armée américaine, qui souhaite prendre en compte les messages diffusés dans des pays en guerre, comme l'Afghanistan, ou l'Irak. De la sorte, on permettrait aux soldats d'être plus efficaces. Après la publication des résultats, la police de Chicago a tout de même pris contact avec l'équipe de Gerber, pour tenter d'établir des passerelles entre son algorithme et le travail des policiers.
La mise en pratique de pareilles solutions laisse un arrière-goût de contrôle des populations assez étrange, mais dans les faits, le chercheur espère surtout pouvoir réduire la criminalité - une prochaine étape dans le suivi de leurs études. En croisant ces données avec d'autres informations provenant de différents réseaux sociaux, rien ne serait impossible.
Avec une nuance toutefois : sans que les universitaires ne soient parvenus à l'expliquer, leur méthode ne semble pas fonctionner pour prédire les enlèvements ni les incendies criminels. Le fondateur de Précrime aurait été enthousiaste : dans le livre de K. Dick, la société policière est parvenue à faire reculer les crimes de 99,8 %. Mais dans ce cas, vaut-il mieux se reposer sur des mutants, ou sur des machines ?
Chose amusante, dans le même temps, la Marie de Paris a lancé une campagne, ‘Soyez net sur le net', à destination des utilisateurs de Twitter, pour qu'ils puissent tester leur réputation en ligne...
Par Antonin Serraut (ActuaLitté, CC BY-SA 2.0)
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