Les analystes peuvent se mettre en vacances, voire en congé sans solde, le Telegraph, respectable publication britannique, vient de leur couper l’herbe sous le pied. Alors que l’on se perdait en conjectures pour comprendre quoi ou qui incriminer pour expliquer la baisse des ventes d’ebooks, le journal a une idée. Une vraie idée. Du type fulgurante.
Le 31/07/2017 à 16:12 par Victor De Sepausy
Publié le :
31/07/2017 à 16:12
Petri Damstén, CC BY ND NC SA 2.0
Depuis le procès qui a opposé Apple au ministère de la Justice américain, avec Amazon en embuscade d’un côté, et les éditeurs américains en victime expiatoire de l’autre, le marché tire la langue. Les livres numériques ont vu leur prix augmenter, et moralité, l’attractivité pour les lecteurs, en termes tarifaires, s’en est allée avec le vent.
Voici un fait : les ventes d’ebooks diminuent.
Les lecteurs se désintéressent de ce format, et finalement préfèrent le papier : voici une interprétation.
La différence entre les deux est aussi subtile qu’une poutre fichée dans un globe oculaire. D’ailleurs, les interprétations ne manquent pas et chacun y va de la sienne pour tenter de comprendre le fait.
Pour les lecteurs vigilants, rappelons d’une part que les ventes d’ebooks ne sont pas à tout à fait en baisse : en réalité, ce sont les chiffres issus de l’Association of American Publishers, qui tendent à diminuer. Le marché global, avec la zone grise probablement gigantesque que représente l’autopublication, est bien plus complexe à appréhender.
Le seul fait, c’est donc que les ventes d’ebooks des éditeurs membres de l’AAP diminuent. Mais comment croire que, sur le territoire américain, ou britannique, cela puisse couvrir l’ensemble du champ ?
C’est ici qu’intervient leTelegraph, pour apporter sa pierre au bel édifice. Si la tendance constatée chez les éditeurs membres est claire, les facteurs l’expliquant viennent du tarif. Et certainement que d’autres interprétations peuvent s’ajouter. Le journal britannique estime que le phénomène du Shelfie n’y est pas étranger...
Le Shelfie, est un terme apparu dans la continuité de Selfie, mais à la différence que le second désigne les autoportraits réalisés avec son smartphone, quand le premier désigne les photos de bibliothèques... Et pour le Telegraph, dans un article de mi-juillet, l’essor du Shelfie participerait au déclin des ventes numériques des éditeurs – ceux britanniques, en tout cas.
Les ventes de livres physiques devraient augmenter de 6 % chez Sa Majesté pour 2017, avec 1,7 milliard £, alors que l’ebook perdrait 1 % pour s’établir à 337 millions £, selon Mintel. Et la tendance serait même d’une croissance de 25 % des ventes papier, d’ici à cinq ans, soit 2,1 milliards £ quand l’ebook se stabilisera à 383 millions £ en 2022.
C’est Ikea qui va se frotter les mains, alors que les lecteurs affluant massivement s’empresseront de prendre en photo leur bibliothèque.
Pour Russell Whitehead, designer d’intérieur, la chose s’impose : « Si vous voulez profiter d’un bon livre, il est agréable d’avoir l’objet physique, et nous observons une certaine demande en matière de bibliothèques. Les imprimeurs font face à une tendance contemporaine, et font plus d’efforts pour rendre leurs livres plus beaux. Nous observons également la montée d’une tendance sur les médias sociaux du Shelfie : les collectionneurs sont fiers de poster des photos de leurs collections de livres sur Instagram. »
La messe est dite...
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