Le Grand Oeuvre de Ray Bradbury restera probablement Fahrenheit 451, où l'on fait brûler les livres qui dérangent. Et pour lui rendez hommage Tim Bray, salarié de Google, dans le groupe d'ingénierie de l'Internet, vient de proposer quelque chose d'assez original - et pourtant, particulièrement bien pensé…
Le 28/06/2012 à 09:27 par Clément Solym
Publié le :
28/06/2012 à 09:27
En effet, le net est parcouru de chiffres : Error 404, pour indiquer que la page cherchée n'existe pas, Error 408, indiquant que la demande est trop longue à venir, mais on pourrait également citer la 401, demande refusée, la 400, la 500, 501, 502 ou 503, etc.
Or, l'erreur 451n'existait toujours pas. Et Tim, qui se déclare fan absolu de Ray Bradbury, propose d'instaurer ce message, Error 451, pour indiquer que le site ou le contenu du site a été supprimé pour violation du droit d'auteur. Et manifestement, l'idée a séduit, puisque l'Internet Engineering Task Force accepte de discuter cette proposition à l'occasion de sa réunion de juillet.
Le code développé par Tim est le suivant :
451 Unavailable for Legal Reasons
The 451 status code is optional; clients cannot rely upon its use. It is imaginable that certain legal authorities may wish to avoid transparency, and not only forbid access to certain resources, but also disclosure that the restriction exists.
Unavailable For Legal Reasons
This request may not be serviced in the Roman Province of
Judea due to Lex3515, the Legem Ne Subversionem Act of AUC755,
which disallows access to resources hosted on servers deemed
to be operated by the Judean Liberation Front.
« Nous ne pourrons jamais faire entièrement les restrictions légales qui frappent la liberté d'expression. Par ailleurs, je pense que, puisque ces limites sont imposées, elles doivent l'être fait de manière tout à fait transparente. » Brillant, Tim…
Et quitte à parler, donc, de limites imposées par les États, dans le cadre législatif, pourquoi ne pas se référer à Bradbury et son livre, si bien trouvé, où le gouvernement impose la censure en brûlant tout livre qui se trouve en travers de son chemin.
« Quoique nous puissions nous accorder sur l'existence de certaines restrictions, nous devrions nous sentir nerveux quand nous y avons recours. Aussi, cette référence à la vision dystopique de Fahrenheit 451 peut être utile. En outre, comme internet existe dans de nombreuses visions futuristes imaginées par Bradbury, il serait bien de tirer son chapeau de cette manière, sur le net, l'année de sa mort. »
Amusant de remarquer que Slate.fr avait publié un article pour contester cette idée que les livres s'auto-enflamment à partir de 451 °F.
Le point d'auto-inflammation du papier des livres plus anciens varie entre 440 et 450 °F (entre 227 et 232°C). Cependant, des expériences menées récemment semblent indiquer que l'auto-inflammation se produirait à une température légèrement supérieure, environ 480 °F (249°C). A titre de comparaison, la température d'auto-inflammation de l'essence est de 536 °F (280°C) et celle du charbon de 660 °F (349°C).
Dans un four à 480°F (249°C), une feuille de papier s'embraserait en quelques minutes, mais un livre épais tarderait beaucoup plus. La densité de la matière au centre du livre dévie la chaleur vers le milieu du volume, ce qui empêche aux parties extérieures d'atteindre leur point d'auto-inflammation. C'est pour cette raison qu'une bûche dans un feu de camp met si longtemps à être réduite en cendres.
Et plus amusant encore de découvrir combien Ray, qui adorait les bibliothèques indiquant qu'elles étaient le meilleur lieu pour apprendre, incitant les jeunes à « ne pas aller à l'université » car selon lui « ce n'est pas une bonne expérience », n'avait pas d'internet une vision très positive. « Internet, c'est une grande distraction », avait-il lâché.. Et voilà quelques années, il a été contacté par Yahoo! qui souhaitait mettre en ligne un de ses livres. « Vous savez ce que je leur ai dit ? “Allez au diable. Allez au diable, vous, et votre maudit Internet“ ». (voir notre actualitté)
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