Payer ou ne pas payer les auteurs, quand ils interviennent dans des manifestations littéraires ? Livre Paris a tranché pour le bon sens en choisissant, quelle que soit la prestation, de rémunérer les auteurs. Il aura fallu six journées de mobilisation à travers le hashtag #PayeTonAuteur. Habitué des salons et festivals, Marc Levy apporte un éclairage des plus pertinents.
Le 09/03/2018 à 09:17 par Nicolas Gary
Publié le :
09/03/2018 à 09:17
crédit Christian Geisselmann
Pour le romancier, qui réside à New York, mais traverse régulièrement l’Atlantique pour aller à la rencontre des lecteurs, l’attitude de Livre Paris est « une parfaite illustration d’un enjeu lié à l’identité et au fonctionnement des manifestations littéraires ».
Et l’auteur de préciser : « Il faut différencier les salons à vocation commerciale des manifestations bénévoles qui n’ont pour autre objet que de permettre des rencontres entre écrivains et lecteurs.
Les manifestations dont l’entrée est gratuite travaillent parfois à perte, leur existence repose sur le bénévolat des équipes organisatrices. Rémunérer les auteurs pourrait mettre en péril leur survie économique – et il en va de la liberté de chaque auteur d’accepter ou non de participer aussi bénévolement à ce type de manifestation ».
Impossible, à ce titre, de confondre « Saint Maur en Poche », « Talloires » et tant d’autres petits Salons du Livre avec « Livre Paris ».
Dans le cas d’un salon à vocation « commerciale, dont le prix d’entrée grève d’autant le budget des lecteurs, ne pas rémunérer les auteurs est inacceptable. Cela relèverait presque du Code du Travail », explique-t-il à ActuaLitté.
Il n’est ici pas question de critiquer une entreprise commerciale, simplement, « on ne peut pas éternellement demander aux auteurs de travailler gratuitement. J’ai la chance de pouvoir vivre de ma plume, mais nous ne sommes pas majoritaires dans ce cas. La survie d’un très grand nombre d’auteurs dépend de la rémunération de leurs interventions publiques, tout comme des articles et préfaces pour lesquels on les sollicite ».
Et de poursuivre : « Quand de grandes organisations commerciales engrangent des recettes grâce aux interventions des écrivains et écrivaines qui font venir les lecteurs, comment justifier de ne pas les rétribuer ? Quant aux manifestations qui reposent sur le bénévolat des équipes organisatrices, il n’appartient qu’aux auteurs de décider d'y participer bénévolement. »
Marc Levy insiste : « On ne mesure pas l’engagement humain de tous les bénévoles qui font vivre quantité de salons et manifestations littéraires. Cette formidable générosité est au service des lecteurs et des auteurs. Et si l’auteur s’interroge sur la nature d'un Salon, il lui suffit de s'informer auprès de son éditeur. »
Mais sur la question de la rémunération, pas l'ombre d'un doute : « Ce débat ne devrait pas tourner à l’affrontement et faire appel au bon sens. Une organisation commerciale se doit de rémunérer les auteurs, et quand une organisation est bénévole, libre à chacun d’y contribuer ou non. »
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