L'organisation WWF a jeté un pavé dans la mare de l'édition de livres pour la jeunesse avec une étude, intitulée « Les livres de la jungle ». Dans ce rapport, on apprend notamment que 14,1 % des livres de l'édition jeunesse sont imprimés en Asie, avec une transparence qui fait souvent défaut. Le SNE a répondu aux observations du WWF, mais ce dernier n'est pas convaincu...
Le 15/03/2018 à 10:51 par Antoine Oury
Publié le :
15/03/2018 à 10:51
Le communiqué du Syndicat national de l'édition, envoyé le 14 mars, évoquait notamment les certifications des imprimeurs avec lesquels les éditeurs français travaillent, citant sa propre étude, publiée en fin d'année 2017, selon laquelle « 93 % des livres publiés par des éditeurs français sont certifiés FSC, PEFC ou sont imprimés sur des papiers recyclés, mais les éditeurs ne le mentionnent pas systématiquement ».
LE WWF reste sceptique : « Ce chiffre additionne des démarches (certification, écoconception…) et des niveaux d’engagements (FSC, PEFC…) différents. Aujourd’hui, pour les certifications, la part de FSC est inconnue (sans doute < 10 % selon notre expertise), et seuls 2 % du volume des livres est en papier recyclé. »
Le SNE, dans son communiqué, déplorait « que WWF ne considère comme certification valable que le label FSC dont ils sont partenaires » : « [N]ous citons d’autres certifications que FSC dans le rapport (ISO par exemple). Le SNE nous reproche de ne pas citer PEFC alors que notre analyse n’a trouvé aucun livre Jeunesse imprimé en Asie certifié PEFC et que, par ailleurs, cette certification ne donne aucune garantie sur les points essentiels pour l’achat de papier sur le marché asiatique (pesticides, OGM, HVC, déforestation, etc.) », précise le WWF.
Le WWF persiste et signe : « [L]es éditeurs français manquent de transparence et sont en retard par rapport aux éditeurs étrangers (Hachette par exemple s’engage différemment sur les garanties de ses approvisionnements en papier dans les pays anglo-saxons et en France). Nous soulignons les nombreuses faiblesses actuelles (transparence, recyclage, écoconception, risques d’approvisionnement) et montrons que toutes les solutions sont disponibles pour garantir l’écoresponsabilité. Nous formulons plusieurs recommandations pour aider les éditeurs à progresser et regrettons qu’ils ne s'engagent pas à les étudier », indique le World Wide Fund for Nature.
Enfin, relançant un débat que le SNE souhaiterait clos, le WWF assure que le livre peut aussi être considéré comme un déchet et, à ce titre, doit bénéficier d'une attention particulière vis-à-vis de sa « seconde vie » et de son recyclage.
« [C]oncernant la valeur affective et symbolique du livre, nous considérons que cela ne peut justifier un désintérêt pour son impact sur la planète. Beaucoup de livres (notamment les manuels scolaires ou les livres Jeunesse) continuent d’être jetés pour être incinérés ou mis en décharge, ce qui n'est pas culturellement plus glorieux. Parce qu'il dispose d'une valeur symbolique, le livre se doit d’être exemplaire », précise l'ONG.
Le WWF France propose à toutes les parties prenantes, éditeurs, papetiers, ONG, libraires et lecteurs, de se réunir pour construire un avenir durable du livre papier, termine l'organisation.
Le rapport du WWF est disponible ci-dessous ou à cette adresse.
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