Alors, en avoir ou pas ? Ce matin même, le MOTif présente une étude concernant les agents littéraires dans notre plateau de fromages de pays. En établissant entre septembre 2009 et janvier 2010 un questionnaire adressé auprès de 100 écrivains français ayant publié en 2009, l'étude du MOTif, réalisée par Juliette Joste, présente un état des lieux sur cet intermédiaire.
Le 22/06/2010 à 11:15 par Clément Solym
Publié le :
22/06/2010 à 11:15
« La France refuserait-elle ce qui apparaît, aux uns comme une dangereuse invasion, aux autres comme un processus d’assainissement des moeurs éditoriales ? » Si un Marc Levy est toujours secondé par Susanna Lea, il faut prendre en compte que la profession est bien plus diversifiée que cette dichotomie, contrebalancée par François Samuelson. Nous compterions ainsi près entre 250 et 300 agents - contre 2000 auteurs affiliés Agessa.
Agent, au rapport !
Sauf que la profession n'a pas de statut officiel, ce qui rend son positionnement plus délicat - une réglementation serait à ce titre bienvenue, pour mettre un peu d'ordre, comme cela s'est fait outre-Manche et outre-Atlantique, notamment. Au contraire de l'agent artistique, dont la commission est réglementée à 10 %, l'agent prendrait les montants suivant :
L'agent Smith, pas commode, de Matrix... Flickr |
C'est par exemple au cours de manifestation comme la Foire de Francfort que l'on peut mesurer leur incidence et leur présence. Ainsi, en 99, on comptait 198 agences et 318 agents, contre 288 agences et 503 agents en 2009. « L’intérêt croissant pour l’international a en outre suscité l’émergence d’un nouveau type d’agences dédiées à la représentation d’éditeurs à l’étranger. Certains agents d’auteurs conjuguent les deux activités : façon d’élargir leur offre, d’accéder à des titres au fort potentiel international et de générer un complément financier souvent non négligeable. »
Doit-on alors considérer que les agents occuperont la place française sous peu ? Pas évident : d'une part, les formations directeurs littéraires établies depuis des écoles de commerces se multiplient. En parallèle, les jeunes auteurs n'ont plus de soucis avec les questions financières.
Alors, est-ce par le numérique que tout changera ? L'idée est peut-être là : un agent pour les négociations numériques et les droits dérivés, faisant appel si nécessaire à des free-lance pour ce faire.
« Avec l’apparition de nouveaux modes d’exploitation dématérialisés et les transformations du droit d’auteur qui en découlent, un vaste champ pourrait s’offrir aux agents littéraires. Le numérique est susceptible de dissocier les intérêts des auteurs et des éditeurs. » Ainsi, comparer les contrats numériques, les négocier devient une part intégrante de leur activité « de sorte que leur diagnostic est à la fois informé, pragmatique et ouvert ».
Fonctions diverses et variées
Concernant le rôle même de l'agent, les avis divergent, autant que les domaines d'intervention. Entre trouver un éditeur, travailler sur les textes ou négocier un contrat, voire gérer les droits dérivés, l'agent s'immisce dans différents secteurs de la publication. Et pour l'édition, justement, ces multiples fonctions poussent parfois à la surenchère, qui met en danger la profession. Un auteur qui percevrait un à-valoir démesuré, issu de la mise en concurrence de plusieurs maisons, n'est pas bon pour le commerce. Simplement, on reconnaît aussi que ce genre d'erreur est avant tout à imputer aux maisons qui ne prennent pas leurs responsabilités.
L'agent sert également de veilleur, après la parution du livre. Mais là encore, tout n'est pas rose : Sandrine Paccher (Agence Lora Fountain & Associates) en témoigne : «On est obligé de faire confiance aux relevés d’éditeurs. On peut difficilement les remettre en cause.»
Agent, un tiers... payant ?
Le pendant de tout cela, reste à venir. Le SNE avait, en septembre 2007 tiré la sonnette sur la profession qui arrive, se demandant « comment la contrôler, comment éviter sa généralisation. Il y va du maintien de cette manière européenne, voire française, que nous avons de concevoir notre métier et, in fine, de l’avenir de notre culture ». En somme, on ne les aime pas trop... La dualité mythique auteur-éditeur prime pour beaucoup. Et pour les auteurs, la présence d'un tiers pourrait également s'avérer intrusive.
Pourtant, pour ce qui est de la traduction (75 % d'entre les sondés l'estime insuffisante) ou une meilleure prise en compte de leur situation (pas assez bonne pour 62 %), les agents pourraient servir de bons intermédiaires.
Et l'étude de conclure :
S’agissant de l’utilité des agents, il va de soi que les besoins des auteurs, des éditeurs et de toute l’édition sont très divers. Les fonctions des agents et celles des éditeurs se rejoignent pour partie, ce pourquoi les seconds réprouvent ces concurrents qui interviennent sur leur domaine. Mais ils gardent la main sur les choix éditoriaux, et ils ont suffisamment fait la preuve de leurs compétences pour ne pas avoir à craindre l’intervention de nouveaux partenaires. Cette cohabitation est peut-être même parfois à leur bénéfice. Et dans un système de pluralisme économique, l’émergence de nouveaux interlocuteurs contribue peut-être à dynamiser et à équilibrer les échanges, en élargissant la marge de manoeuvre et les possibilités de choix des auteurs.Sans prédire l’avenir, il semble que la singularité française en matière d’agents s’atténuera progressivement.
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