Raïf Badawi, 31 ans, est un écrivain saoudien et blogueur depuis 2006. Après avoir animé le blog "Free Saudi Liberals", il a été incarcéré puis condamné à une peine de prison de 10 ans, à une forte amende financière et 1000 coups de fouet. Cible d’une fatwa, victime d’une tentative d’assassinat, le jeune Saoudien de 31 ans fut arrêté, car ce qu’il écrit déplaît aux religieux et aux politiques. Il vient de se voir décerner le prix Sakharov pour la liberté d’expression.
Le 29/10/2015 à 15:38 par Nicolas Gary
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29/10/2015 à 15:38
« L’Arabie Saoudite a voulu le faire taire », assurent les éditions Kero qui lui ont donné la parole « en publiant les textes condamnés dans un ouvrage 1000 coups de fouet, parce que j’ai osé parler librement», paru en mai dernier et traduit de l’arabe par France Meyer.
« L’ensemble des bénéfices de ce livre de 64 pages (3 euros en librairie) est reversé à l’auteur pour assurer sa défense. Les éditions Kero, en constante liaison avec sa famille, vont continuer à le soutenir jusqu’à sa libération. »
L’ouvrage a reçu le soutien d’Amnesty International, poursuit l’éditeur. Pour accompagner le texte, l’éditeur a joint une lettre de sa femme, Ensaf Haidar.
Depuis sa prison sordide et avec la complicité de sa femme, il fait ici pour la première fois entendre sa voix.
Dans ce recueil de textes interdits, il prend position pour la séparation entre religion et État, s’insurge contre le rôle néfaste d’un islam perverti, et évoque le risque terrible encouru pour toute créativité et vie intellectuelle dans un climat d’aveuglement idéologique.
Il est aujourd’hui devenu une icône pour tous ceux qui luttent, en Arabie Saoudite et dans le monde, pour la liberté d’expression et contre les violences faites au nom des religions.
Les sujets abordés couvrent l’islam, la sharia et la politique, les relations entre hommes et femmes, le rôle du libéralisme dans une société moderne, les printemps arabes et la politique occidentale au Proche Orient.
La version numérique est proposée gratuitement sur les différentes plateformes.
L’écrivain a ainsi subi, durant 20 semaines, la peine de 50 coups de fouet : une flagellation publique, qui s'est déroulée devant la mosquée, pour la première fois le 9 janvier dernier. Le tout était par ailleurs retransmis en direct sur Saoudia TV, pour servir d’édifiant exemple à la population. Raif a été ainsi puni pour avoir affirmé que musulmans, juifs, chrétiens et athées étaient tous égaux. Depuis la séance de janvier, aucune autre n'a suivi, mais son épouse à affirmé dans les médias que cette torture pourrait reprendre prochainement.
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