Exposition, du samedi 2 février au dimanche 24 février 2019
Le 13/02/2019 à 09:36 par Clément Solym
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Publié le :
13/02/2019 à 09:36
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À l’occasion de 23es édition de LA SCIENCE SE LIVRE du samedi 2 février au dimanche 24 février 2019 dans tous le département des Hauts-de-Seine, l’Espace Andrée Chédid, à Issy-les-Moulineaux donne carte blanche à Éric Poindron, éditeur, écrivain et « ascendant curieux ». Exposition, conférence, rencontres scolaires et publiques. Oui, la girafe est le meilleur ami de l’écrivain.Étienne Orsini, poète et programmateur culturel et poétique de l’Espace Andrée Chédid, Issy-les-Moulineaux, nous explique : « Il faut être joliment fou pour s’attaquer à l’ascension de cet Everest du monde animal qui a pour nom girafe ! Éric Poindron, dans son dernier opus, L’Ombre de la girafe un voyage au long cou, parvient, avec tours et détours, à nous conduire jusqu’au “toit des bêtes”. »
Dans la cordée, l’enfant qu’il est resté, précédé d’une cohorte d’aventuriers, illustres ou oubliés : Geoffroy Saint-Hilaire, bien sûr, qui escorta à pied, de Marseille à Paris, en 1827, la « bel animal du roi » jusqu’à sa rencontre au sommet avec Charles X, mais aussi, François Levaillant, « étrange bonhomme, secret et curieux de tout » qui ne craignait pas dans ses récits de mélanger « le vrai et le moins vrai » et qui importa en France la première dépouille de l’animal au long cou… ou encore, beaucoup plus inattendu, le jeune Hector Berlioz convoquant la girafe pour affirmer ses choix d’avenir face à son père récalcitrant !
« La girafe d’Éric Poindron, c’est peut-être notre collection de moulins à café, notre inexplicable attraction pour les scaphandriers ou l’intérêt que nous portons aux lépidoptères, aux cucurbitacées et autres incunables. Et c’est pourquoi, le livre nous tient de bout en bout. »
L’histoire prend ses racines dans l’enfance de l’auteur, un « pays inconnu » qui ferait tourner en bourriques les mappemondes d’antan ! Avec, pour habitants, des figures familiales et truculentes – le père et le grand-père —, familières et attachantes – Frère Marcel, le bibliothécaire du lycée.
Le propos est fluide qui procède d’un amour boulimique : « Moi, non seulement je rêve de la girafe offerte jadis au roi de France, mais j’en veux tout savoir ». Il y a sans doute un peu de l’esprit de Vialatte dans ces pages.
« Et si l’ombre du zèbre n’a pas de rayures, l’ombre de la girafe ne laisse aucune tache » conclut l’auteur. De tache peut-être pas, mais de trace, certainement ! Le livre offre un bel antidote à l’indifférence et au regard blasé. C’est une invitation à entretenir dans nos pupilles la braise de la curiosité pour que le monde demeure incandescent.
Un cabinet de curiosités sans cou ni tête ! Sous prétexte de nous raconter l’histoire de la première girafe à avoir posé le sabot sur le sol français en 1827, Éric Poindron, éditeur écrivain, collectionneur & curieux nous ouvre une partie de son cabinet de curiosités. À la manière des explorateurs ou des savants d’autrefois, il invite le promeneur ou le lecteur, à découvrir des objets scientifiques, insolites, poétiques qui, ensemble, forment l’univers d’un rêveur et célèbre l’imagination. Des animaux empaillés chuchotent, des boussoles indiquent d’étrange direction et les objets ont décidément d’étranges histoires à raconter. Oui, la curiosité est toujours un jeu d’enfant.
Avec les œuvres – Peintures, collages, sculptures, installations — des artistes
CharlÉlie Couture, Daniel Maja, Coco Fronsac, Gaëlle Cueff, Antoine du Payrat, Jing Wang, Stéphanie Marchal, Guy Hubert, Cécile Baxas, Anne-Sophie Tschiegg, Anthony Perrot, Maud Chalmel, Jacques Cauda, Claudia Masciave, Pascal Bouchet Spiegel et Emmanuel Szwed.
Éric Poindron est éditeur (après avoir créé les éditions Le Coq à l’âne, il dirige pour Le Castor Astral la nouvelle collection « Curiosa & cætera »), écrivain (Actes Sud, Flammarion, L’Épure…) et critique littéraire (France 3, Radio France, Le Magazine des livres, Le Magazine du Bibliophile, etc.). Il se passionne, entre autres, pour les auteurs mineurs et les coulisses de la littérature. Il est l’auteur de L’Ombre de la girafe aux éditions Bleu Autour.
Pourquoi partir à l’ombre d’une girafe sur les routes de France, à pied, en charrette à bras ou en rêverie ? Entre la petite histoire et le grand dehors, Éric Poindron célèbre avec allégresse les hommes d’esprit et l’esprit des lieux, la camaraderie géographique et les jolis mots. Nous digressons comme un marabout d’ficelle, zigzaguons ad aeternam dans les souvenirs et les paysages à imaginer, vivant en fantaisie, aimant le chemin comme notre prochain.
A retrouver le jeudi 21 février à 19h30.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Éric Poindron n’a pas peigné la girafe en écrivant ce beau petit livre dense. Il a fait œuvre utile car captivante et divertissante, érudite et fantaisiste, bien des années après Marco Polo évoquant Zanzibar : « Ils ont encore une espèce d’animal qu’ils appellent “gaffa” (girafe), qui a le col long de trois pas ; il a les jambes de devant bien plus longues que celles de derrière ; il a la tête petite, et il est de plusieurs couleurs et marqueté par le corps ; cet animal est doux et ne fait de mal à personne. »
Dans L’ombre de la girafe, l’écrivain-poète, la cinquantaine venue, cherche à retrouver son grand-père (qui travaillait aux ateliers SNCF d’Epernay, « capitale du champagne et des trains à vapeur »), son père, qui meurt, des repères et ses pairs, qui, à travers les siècles, ont cru à la nécessité vitale des voyages, réels ou imaginaires, tous ceux qui ont cherché une île inconnue.
Baudelaire l’avait écrit : « Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,/L’univers est égal à son vaste appétit./Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! » Citation à compléter par celle que Poindron fait de Gilles Lapouge : « Je crois que tous les hommes sont faits de même. La première destination de leurs voyages est leur enfance. »
Une girafe, ça a quand même plus de gueule qu’une madeleine, non ? L’enfance, elle est ici partout présence, avec des parfums de cirque et de fête foraine, avec le pépé Petit Cric qui brise des chaînes ou tord des barres de fer, ou les girafes prévertiennes oubliées sur les bancs de l’école, avec le père qui bricole une girafe avec des copains de son âge, et qui racontera plus tard à son fils qu’« il vivait, enfant, au milieu des girafes. » On l’aura compris, l’animal – et tous les autres dont il est ici question – est un prétexte, du latin praetexo, « border, broder, orner, prétexter ».
Prétexte à se souvenir des siens, prétexte à dire, aussi, ce qu’est l’écriture : « Ce peut être suivre des traces, chercher des indices, en déposer à son tour (…) Tenir le stylo, c’est s’extasier puis s’affranchir. » L’écrivain nous raconte ses journées ordinaires, dans le compagnonnage d’André Thevet, moine franciscain, géographe de la Renaissance.
Chez Éric Poindron, l’écriture est un travail qui s’accompagne d’une passion : « Je suis sans doute né sous le signe de l’insolite, ascendant fétichiste. Il faut toujours que je collectionne, que j’accumule, que je donne, que je troque. Et que j’imagine. » Incroyable ! C’est de moi qu’il parle ! J’accueille cette inespérée fraternité : « Je suis frère en Dieu de tout ce qui vit, de la girafe et du crocodile comme de l’homme », écrit-il en reprenant Flaubert.
À travers ce beau livre, on voyage avec la girafe offerte par le pacha d’Égypte au roi Charles X, on se souvient de François d’Assise, on part avec François Levaillant, explorateur et ornithologue mort en 1824, admiré par Hector Berlioz, on se promène de la Champagne au Jardin des Plantes, toujours en bonne compagnie, et l’on approche du bonheur. Et nous revenons au point de départ, à dos de girafe, et à cette remarque nourrie par Borges : « Nous oscillons en contretemps du chemin du père, de ses certitudes. Nos souvenirs filent à vive allure et nous les observons, coincé au passage à niveau. »
Éric Poindron, L’Ombre de la girafe, un voyage au long cou, éd. Bleu autour, collection « Céladon » 2018
Laurent Bourdelas est écrivain, historien et Homme de radio.
1 Commentaire
Emmanuel Emmanuel
13/02/2019 à 19:19
Grand merci cher Eric, c'est un merveilleux cadeau que tu nous fais là ! :kiss: