L’ancien président de la Bibliothèque nationale de France, Bruno Racine, lègue sa place à Laurence Engel. Depuis quelques jours, les rumeurs se multipliaient autour de cette nomination. Sa nomination aurait été vivement encouragée par le Premier ministre, Manuel Valls.
Le 06/04/2016 à 17:30 par Joséphine Leroy
Publié le :
06/04/2016 à 17:30
(ActuaLitté / CC BY-SA 2.0)
Bruno Racine avait quitté ses fonctions vendredi dernier, le 1er avril. Avec beaucoup de pudeur, et de sagesse, il avait émis le vœu que l’exécutif lui trouve rapidement un remplaçant. Ce sera finalement une remplaçante. À 49 ans, Laurence Engel accède donc à la présidence de la BnF, l’un des établissements culturels les plus importants en France, pour un mandat de 5 ans. Une nouvelle inédite pour l’établissement.
« Première femme nommée à ce poste, Laurence Engel aura pour mission première de proposer une politique des publics ambitieuse, à la fois attentive aux étudiants et chercheurs français et étrangers, mais aussi résolument tournés vers une population plus jeune et parfois éloignée de la culture », peut-on lire dans le communiqué de presse du ministère de la Culture, qui annonce la nomination.
Plus loin, il est écrit : « Elle définira les grandes lignes d’une stratégie numérique audacieuse, poursuivant le déploiement de la Bibliothèque numérique Gallica, portée par Bruno Racine ces dernières années et qui lui vaut aujourd’hui le statut de première bibliothèque numérique francophone dans le monde. »
Avant d’acquérir ce poste, Laurence Engel avait travaillé auprès d’Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture, en tant que directrice de cabinet. Son parcours scolaire à l’ENS et à l’ENA l’a menée au poste de conseillère maître à la Cour des comptes, au même titre que Bruno Racine. Depuis deux ans, elle était médiatrice du livre, présidente du conseil d’administration de l’Institut national d’Histoire de l’Art et présidente de la commission financière de l’AFP.
Comme médiatrice du livre, elle devait assurer « la transparence au sein de la filière et à préserver les équilibres économiques entre les acteurs du secteur ».
Après l’apparition d’une offre d’abonnement illimité de livres numériques, les acteurs de l’édition s’étaient tournés vers le ministère pour obtenir la création d’une nouvelle autorité, celle de médiateur du livre. Une demande principalement appuyée par le Syndicat de la librairie française. Nommée à sa tête, Laurence Engel avait fait face à quelques critiques.
Lors d’une audition initiée par le Sénat, Jacques Mézard l’interpellait sur la notion d’indépendance : « La loi [instituant la fonction de médiateur] date du 17 mars 2014, à un moment où vous dirigiez le cabinet de la ministre de la Culture, c’est quand même quelque chose qui m’interpelle, surtout au niveau de la notion d’indépendance. »
Quelques jours avant le départ de Bruno Racine, Matignon pensait déjà à la nommer présidente de la BnF. Quand la question de la succession de Bruno Racine s’est posée, Manuel Valls aurait soutenu la candidature de Laurence Engel à la tête de la BnF.
Elle aura fini par passer devant OIivier Poivre d’Arvor, pressenti pour le poste – mais déjà lourdement engagé avec le ministère des Affaires étrangères.
Ce qu’internet n’a pas manqué de remarquer, avec finesse, c’est que la veille de cette nomination, un nouvel entretien avec celle qui était encore médiatrice, a été diffusé sur le site du ministère de la Culture. Un trompe-l’œil ? « Plutôt une manière de décrire la fiche de poste pour le ou la prochain(e) qui occupera le siège du Médiateur », plaisante-t-on non loin de la rue de Valois.
Le successeur aura en effet à se pencher sur un sérieux dossier, celui de la vente d’occasion et des plateformes de type marketplace. Sérieux, mais également « sur le point d’aboutir », notait Laurence Engel.
Laquelle avait des projets en pagaille pour le bureau du Médiateur : «Je souhaite aussi engager une réflexion globale sur les rapports entre édition privée et édition publique. Enfin, j’ai profité de la remise de ce rapport d’activité pour appeler l’attention des pouvoirs publics et de la filière sur les risques de désolidarisation de la chaîne du livre. »
Le prochain arrivant verra bien.
Commenter cet article