Dans les régions des Hauts-de-France et de l’Île-de-France, un confinement qui ne dit pas son nom — et pour cause — a été instauré par le gouvernement. Le Premier ministre évoqua même, dans son allocution, l’ouverture des librairies (et des disquaires), classées dans la catégorie des commerces essentiels. Restait une question en suspens : celle des bibliothèques. Essentielles de fait, ces dernières n’auront pas vraiment joui du même soutien ni de la popularité que ceux accordés aux libraires.
Le 20/03/2021 à 12:36 par Nicolas Gary
12 Réactions | 777 Partages
Publié le :
20/03/2021 à 12:36
12
Commentaires
777
Partages
Seize départements dans un confinement aménagé, ainsi qu’un couvre-feu repoussé à 19 h pour toute la France, dès ce 20 mars, les mesures gouvernementales accordent un peu de liberté, sous couvert de contraintes. Jean Castex, équilibriste avéré, sera parvenu à faire peur tout en annonçant des conditions sanitaires plus flexibles — avec l’attestation.
Selon l’Association des bibliothécaires de France, et plus spécifiquement la cellule Hauts-de-France, un nouvel arbitrage est toutefois intervenu dans le cadre de ce confinement. Ainsi, indiquait l’organisation « à l’issue de la réunion interministérielle qui s’est tenue ce soir, le Gouvernement vient de décider de maintenir l’ouverture au public des bibliothèques dans les 16 départements confinés ».
Selon le décret de ce 19 mars, rappelons que « tout déplacement de personne hors de son lieu de résidence est interdit entre 6 heures et 19 heures à l’exception des déplacements pour les motifs mentionnés au I et les motifs suivants, en évitant tout regroupement de personnes ». Parmi les motifs, l’achat de produits essentiels, la livraison desdits produits, ou encore les promenades, sans restriction de temps, sur un périmètre de 10 km.
Or, le texte autorise également les « [d]éplacements pour se rendre dans un service public, pour un acte ou une démarche qui ne peuvent être réalisés à distance », rien n’explicite encore que les bibliothèques ont obtenu cette dérogation. Pour l'heure, donc, il ne stipule pas que les bibliothèques ont l'autorisation d'accueillir du public.
Pour exemple, dans la ville d’Édouard Philippe, on attend des précisions : « Les bibliothèques municipales du Havre sont ouvertes aujourd’hui. La bibliothèque Niemeyer est également ouverte demain [21 mars, Ndlr] jusqu’à 18 h. Nous reviendrons vers vous dès que nous aurons plus d’informations. »
Alice Bernard, présidente de l’ABF, jointe par ActuaLitté déplore un certain flou : « On pourrait imaginer que venir emprunter des livres ou des documents, serait inclus dans cette rédaction... Cependant, le décret d'hier paru aujourd'hui ne mentionne pas les ERP de type S (bibliothèques), qui peuvent donc rester ouverts comme avant, y compris dans les 16 départements faisant l'objet de mesures renforcées. »
De fait, la réunion de suivi Biblio-Covid du 19 mars, n’avait pas vocation à traiter ce sujet spécifiquement. Dans le cadre des échanges avec le Service du Livre et de la Lecture du ministère de la Culture et les associations, deux axes étaient à l’ordre du jour :
• les quarantaines, qu’il fallait remettre sur la table. Considérées comme lourdes et provoquant des troubles musculosquelettiques, l’ABF envisageait leur allégement, voire la suppression ;
• les animations et accueils de groupes, parce que l’interprétation du décret reste à cette heure fluctuante.
Pour autant, sur les deux sujets, le SLL n’a fourni aucune précision, toujours en attente des retours de la Cellule interministérielle de crise (CIC) sur ces questionnements. L’invité surprise fut ce confinement, comme suite aux déclarations de Jean Castex. D’autant qu’avec l’introduction des librairies comme commerces essentiels, dans le décret de février, les bibliothécaires se demandaient légitimement sur quel pied danser.
Le directeur du SLL, Nicolas Georges a assuré à l’interassociation et aux DRAC, lors de cette réunion du 19 mars, que les bibliothèques resteraient ouvertes. Une position que confirmait Jérôme Belmon, chef du département des bibliothèques (DGMIC/SLL) au Ministère de la Culture et de la Communication. Mais dans le cas contraire, le click and collect aurait-il lieu ?
« L’ABF ne portait pas spécifiquement une demande d’ouverture — les arguments des uns et des autres plaident en faveur de l’ouverture ou de la fermeture, suivant les sensibilités. Mais au moins, nous avons demandé à être informés », reprend Alice Bernard. « Si l’on n’indique pas noir sur blanc que les bibliothèques ferment, alors restent-elles ouvertes ? Pour l’instant, cela implique que les préfets parviennent à interpréter le texte. » En l’état de sa publication, pas évident.
Le sentiment général demeure : dès que l’on sort de l’univers marchand du livre, les acteurs ne bénéficient pas de cette appellation “essentiels”. L’absence des bibliothèques lors de l’audition du 10 février devant la Commission Culture au Sénat l’avait déjà montré. Seuls les auteurs, libraires et éditeurs étaient conviés à faire un point sur l'état de la chaîne du livre.
Il en allait de même avec le décret de février sur les librairies devenues essentielles : quid des établissements de prêt ? Une négligence, ou un désintérêt ?
L’un des derniers sujets portera sur les aides du Centre national du Livre, les fameuses subventions destinées à l’acquisition de livres auprès de librairies indépendantes. Et quand on parle de livres, attention : ceux imprimés uniquement. Les retards se multiplient, et si l’on a désormais le 1er avril en perspective, pour que le site du CNL présente les modalités d’accès, on attend depuis quelque temps désormais.
« Ce sera la logique du premier arrivé, premier servi, dans tous les cas. Le projet exclut d’ailleurs les petites bibliothèques et les établissements universitaires », indique Alice Bernard. Et pour cause, le temps administratif n’est pas extensible, et il fallait bien opérer des coupes pour rendre tout cela possible.
Un minima de 5000 € s’impose par ailleurs – à la condition sine qua non que les collectivités territoriales aient maintenu, voire augmenté, le budget d’acquisition d’ouvrages en 2020. Aucune subvention ne sera versée si le bilan fait état d’une diminution des montants alloués.
L'ABF nous indique avoir finalement trouvé la solution dans les méandres administratives :
Le décret n° 2021-296 du 19 mars 2021 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire est paru.
Il établit un couvre-feu de 19h à 6h, et permet l’ouverture des bibliothèques par modification du décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020 :
Départements aux mesures renforcées et attestation de déplacement :
En résumé, selon votre situation :
Crédit illustration : bibliothèque de l'Institut du monde arabe, ActuaLitté, CC BY SA 2.0
12 Commentaires
Violette Baudelaire
20/03/2021 à 14:30
Du click and colleckt ?
Avec le logiciel Decalog en panne ?
Je ne vois pas comment cela peut être possible.
Une fermeture totale serait plus raisonnable
Pepito
21/03/2021 à 08:00
Notre bibliothécaire associative de quartier accueille à 90% des personnes âgées qui ont des petites retraites et qui n'ont les moyens d'aller s'acheter un ou deux livres par semaine chez le libraire du coin. La lecture fait partie de leurs occupations quotidiennes. Le fait de venir dans notre bibliothèque leur fait un but de sortie et crée un lien social.
Pour quelle raisons devrait on les priver de ces petits plaisirs? Seules les personnes aisées ont elle le droit de lire? Il faudra m'expliquer cette nouvelle incohérence dans les décisions gouvernementales....
Je suis donc pour le maintien de l'ouverture des bibliothèques même si cela nous demande plus de manipulation à cause de la désinfections livres.
Zouzou
21/03/2021 à 16:37
Les bibliothèques devraient proposer un service de Biblio Drive qui représente une bonne alternative pour la sécurité des agents et des usagers. Pour ceux qui ne disposent pas d'Internet une permanence sur RV pourrait être mise en place.
fleurs
21/03/2021 à 13:26
Je suis pour que les gens puisse continuer d'emprunter des documents mais en clic en collect.Notre département est en rouge, 1 cas sur 2 de variant, horaire d'ouverture normale, pas de restriction, pas de jauge, un monde fou le mercredi et le samedi (Bah on vient vous êtes les seuls ouverts, ou encore bah la classe est fermée alors on vient ici!!!), tous le postes accessibles, les assises ok pour les periodiques, peu voir pas de télétravail, manipulation excessive des documents, pas de nettoyage le samedi, pas d’aération possible en salle adulte, pas de ventilation adéquate,pas de limite de temps pour postes informatiques,animations maintenues, classes acceptées, salle remplie etc.. et cela dure depuis mai (excepté un mois en novembre)Désolée mais moi je me sens en "danger" et je trouve cela juste incroyable! Ah mais oui bien sur, le virus n'entre pas dans les Médiathèques c'est bien connu..
G.BOBURNS
31/03/2021 à 20:46
Ma compagne vit la même chose que vous, le mobilier d'accueil statique a été remis depuis les vacances de Noël, le personnel est en sous effectif, pas de remplacements des départs à la retraite, des personnes en maladie. La médiathèque est le seul lieu social qui reste ouvert sans aucun respect pour le personnel. Quelles vont être les mesures pour le mois d'avril, les personnes qui doivent garder les enfants vont-elles pouvoir rester chez elles ? Sans remplacement, il va rester moins de 40% de l'effectif optimum ...
Les collectivités territoriales qui gèrent ces structures sont en dessous de tout, les entreprises privées sont beaucoup plus controlées et ont plus de compte à rendre à l'Inspection du Travail ( pas de contrôle sur le télétravail, nous achetons des masques FFP2 pour que ma compagne puisse se protéger efficacement ).
Je vous souhaite bon courage, bien cordialement.
Mikasa
01/04/2021 à 10:09
Je suis d'accord avec vous. Merci
jaimelire
07/04/2021 à 18:24
Tellement d'accord avec vous !
Notre médiathèque est le point de rassemblement du village, ici les parents se retrouvent, discutent, échangent, les abonnés viennent lire ou travailler pendant des heures, les enfants vadrouillent à côté des personnes agées. Je suis professionnel mais nous avons une équipe de bénévoles, qui sont des personnes de plus de 75 ans ans parfois, refusant le vaccins ou plus jeunes (et donc qui l'attendent encore) à l'accueil. Ces personnes, pour lesquels nous sommes tous confinés, ont des dérogations pour venir tenir une permanence au public. Je suis en profond désaccord avec ma direction et je n'ai absolument pas mon mot à dire. Samedi nous avons fait 900 prêts en 3h... et tout est "normal". Je suis usé, désabusé et dans la plus totale incompréhension...
Nathalie Bailly
21/03/2021 à 21:02
À l'heure où tous les établissements culturels sont fermés (musées, opéras, cinémas, théâtres, cirques, stades, salles de concerts, de spectacles, parcs, restaurants, ...) risquant d'entraîner la faillite des petites compagnies, de certaines salles de cinéma, de petites scènes, de théâtres, celle des restaurateurs (oui, la gastronomie est un art de vivre et fait partie de la culture), de certains clubs et salles de sports (le sport aussi est culturel), les bibliothèques /médiathèques sont ouvertes depuis le déconfinement, en mai 2020. Elles se sont adaptées à tous les protocoles de sécurité sanitaire (zone de quarantaine pour les documents, jauge limitée du public, ...) se réinventant sans cesse afin de poursuivre leurs missions essentielles de lecture publique, de formation, d'information, d'inclusion numérique, développant ainsi de nouvelles offres et nouveaux services numériques, en repensant la mutualisation (navettes, réservations, prolongation automatique des délais de prêts, accès multiplié et élargi aux ressources en ligne, amplitude d'ouverture, ...). Elles ont créé et animé du contenu sur les réseaux sociaux, fait de l'accompagnement téléphonique. Elles ont mis en place selon les annonces gouvernementales, les services de clic et retrait. Elles ont changé d'horaires suivant les couvre-feux, modifié leurs usages pour mieux répondre aux contraintes sanitaires, protégeant à la fois leurs agents et leurs usagers. Elles ont continué leurs accompagnements dans les écoles ( NAP, BCD, ...), à accueillir les classes. Elles ont participé activement à l'économie du circuit du livre en achetant chez les libraires indépendants autant que les marchés publics le permettent, ...
Pour autant, elles sont invisibilisées dans les discours publics et médiatiques. C'est grâce aux associations professionnelles comme L'ABF, l'ADBGV, l'ABD, l'ACIM, l'IFLA, ... qu'elles ont eu connaissance des protocoles et conditions à suivre afin de réouvrir ...
Les bibliothèques et médiathèques qu'elles soient de conservation, municipales, nationales, départementales, associatives, nomades, interco, .... accompagnent et répondent aux pratiques et demandes des publics, des artistes, des auteurs et des différents partenaires depuis toujours. Les bibliothèques /médiathèques, derniers remparts de la culture et services publics, sont ouvertes. Finira-t-on par le voir et en parler ?
Lorraine
02/04/2021 à 18:24
Merci, excellent résumé de ce que nous vivons depuis un an !
LOL
22/03/2021 à 06:47
Trouvé sur un réseau social ce matin... Quel beau résumé de l'Absurdie dans laquelle on vit :
ATTESTATION DE LIBERTÉ
Je soussigné(e),
Mme / M :
Né(e) le : à :
Demeurant :
Certifie que je m’octroie dès cet instant et jusqu’à ma mort le droit de vivre librement et sainement. De ce fait, je m’autorise à respirer sans entrave, un droit naturel et inaliénable qui nous a été offert à la naissance.
Conformément à la législation en vigueur, je m’accorde le droit de refuser les mesures sanitaires, qui violent les lois du 4 mars 2002 et du 22 avril 2005, et qui tombent sous le coup de la loi car disproportionnées et pouvant être taxées d’obstination déraisonnable.
Je m’octroie la liberté de me déplacer sans limite, conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 (article 13). Nul policier, préfet, ministre ou président ne peut m’assigner à domicile sans devenir hors-la-loi.
Je m’accorde le droit à la liberté d’expression, dans le respect d’autrui.
Ces droits contribuent à mon équilibre. Ils me garantissent un bon système immunitaire. Ainsi, celui qui les remet en cause se rend coupable de mise en danger de la vie d’autrui.
Nul ne peut me demander de protéger la santé des autres au détriment de ma propre intégrité morale et physique. Le faire constitue aussi une mise en danger de la vie d’autrui.
Fait à :
Le :
Signature :
Libellule
01/04/2021 à 08:53
Bonjour et aujourd'hui qu'en est-il ? Bibliothèques ouvertes ou fermées ? Drive obligatoire ou prêt sur place ? J'ai besoin svp de réponses.
claudette
04/04/2021 à 17:30
Bonjour.. J'ai un livre que je dois retourner avant le 9 avril, j'aimerais savoir si je vais pouvoir le retourner.