Après les violences au Capitole, un sénateur dénonce la “cancel culture” de l'édition
Josh Hawley, 41 ans, avait tout du jeune homme ambitieux en politique : 42e procureur général du Missouri, il devient sénateur républicain de l'État en janvier 2019. Depuis, il soutient indéfectiblement Donald Trump, y compris lorsque ce dernier divague sur des fraudes électorales, malgré l'absence de preuves. Et l'attitude de Hawley vis-à-vis des événements au Capitole du 6 janvier lui vaut désormais l'annulation de son contrat d'édition.
Le 08/01/2021 à 12:07 par Antoine Oury
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Publié le :
08/01/2021 à 12:07
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Depuis le 30 décembre dernier, Josh Hawley annonce à qui veut l'entendre qu'il s'opposera à la certification du Collège électoral par le Sénat, qui doit valider l'élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis. Malgré l'enquête menée sur le processus électoral et l'absence de preuves, Hawley fait partie de ceux qui, comme Donald Trump, refusent la victoire du candidat démocrate à l'élection présidentielle.
L'ambitieux homme politique, qui, aux yeux de certains, y compris dans son propre camp, raye un peu trop le parquet avec sa dentition, a toutefois eu un geste qui pourrait menacer son avenir politique. Le mercredi 6 janvier dernier, quelques minutes avant l'invasion du Capitole par des militants pro-Trump, Hawley est photographié à proximité de la Chambre des Représentants.
Devant la foule des militants chauffés à blanc, prêts à en découdre, Hawley lève un poing vainqueur, adresse des sourires et des pouces levés. Quelques minutes plus tard, la foule s'attaquera au Capitole, avec les conséquences que l'on sait, des blessés et des morts, tant du côté des forces de l'ordre que des militants. Pour plusieurs responsables politiques, Josh Hawley a eu un geste malheureux, voire irresponsable, face à la foule.
« Me présenter comme un soutien de Josh Hawley a été la pire erreur de ma vie », lance ainsi le sénateur républicain John Danforth à l'Associated Press, ce jeudi 7 janvier. « Il a consciemment appelé au pire. Il a tenté de nous diviser et a entamé la confiance du public dans notre démocratie. » Aujourd'hui, Hawley est pratiquement considéré comme un coresponsable des événements de ce 6 janvier, aux côtés de Donald Trump.
Josh Hawley contre la “Gauche”
Dans un message publié sur Twitter, le service de communication du sénateur a salué les forces de l'ordre engagées dans la sécurisation du Capitole. « La violence doit cesser », précise le message. Mais le tweet suivant du sénateur attaque frontalement la maison d'édition américaine Simon & Schuster.
Cette dernière venait d'annoncer l'annulation du contrat de publication de Josh Hawley, pour un livre intitulé The Tyranny of Big Tech, consacré à la puissance des réseaux sociaux et notamment à celle des GAFA. Il accusait des sociétés comme Facebook, Google ou Twitter d'exercer une censure sur leurs plateformes, en particulier vis-à-vis des publications de responsables républicains.
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« En tant qu'éditeur, notre mission sera toujours de porter des points de vue et opinions différents, mais nous prenons très au sérieux notre responsabilité vis-à-vis des citoyens, aussi, nous ne pouvons soutenir le sénateur Hawley, au vu du rôle qu'il a joué dans cette menace dangereuse pour notre démocratie et notre liberté », indique Simon & Schuster.
En réponse, donc, Josh Hawley dénonce donc la « cancel culture » de l'édition, selon laquelle « [s]eul un discours validé peut désormais être publié ». « Voici la Gauche qui cherche à supprimer tout ce qu'elle n'approuve pas. Je combattrai cette “cancel culture” de toutes mes forces. On se verra au tribunal. »
Hawley qualifie la situation d'« orwellienne », ce qui ne manque pas de piquant venant d'un fervent défenseur de la post-vérité...
Photographie : à droite, Josh Hawley, en 2019 (Chairman of the Joint Chiefs of Staff, CC BY 2.0)
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3 Commentaires
Aradigme
09/01/2021 à 09:49
Bien que je ne partage pas les opinions de Mr Hawley sur les résultats de l'élection US, force est de constater que ses éditeurs, par leur décision, lui donnent raison sur un point: les media décident de qui peut se faire entendre non plus sur base de ce qui peut intéresser le public, mais sur base de ce qui leur parait politiquement correct. Autrement dit, ils définissent le discours admissible, un pouvoir dont ne disposait même pas jusqu'ici un gouvernement élu par le peuple, sauf à verser dans la dictature. Les media (presse et réseaux sociaux) , deviennent de ce fait non plus un contre-pouvoir, mais un pouvoir avec des prérogatives importantes, sans contre-parties et sans limitations. Ils peuvent à présent censurer n'importe qui, y compris un président en exercice, sans que sela semble émouvoir beaucoup de monde...
In vino veritas
09/01/2021 à 09:55
« Cette dernière venait d'annoncer l'annulation du contrat de publication de Josh Hawley, pour un livre intitulé The Tyranny of Big Tech, consacré à la puissance des réseaux sociaux et notamment à celle des GAFA. Il accusait des sociétés comme Facebook, Google ou Twitter d'exercer une censure sur leurs plateformes, en particulier vis-à-vis des publications de responsables républicains. »
Il avait tellement tort qu'aussitôt le Capitole « envahi », Facebook a suspendu le compte présidentiel, une première dans l'histoire.
Mais bien sûr, tout ça n'est qu'une thèse de complotiste (le mot politiquement correct pour dire opposant politique).
Comme d'ailleurs la déclaration de Facebook de supprimer tous les posts qui dénoncent les vaccins. Vous avez le droit de parler, mais uniquement de ce que vous autorise Facebook... et comme Facebook (et tous les GAFA) soutient officiellement Biden, vous connaissez donc l'objet unique de votre prochaine conversation.
Saint Biden, priez pour nous,
qui ne sommes pas capables de réfléchir sans soutien.
Donnez-nous notre overdose de média quotidienne,
ne nous laissez pas tenter par les thèses complotistes
et délivrez-nous de la droite patriarcale et réactionnaire.
Amène (le fric).
Forbane
09/01/2021 à 11:49
Ce monsieur a tort de soutenir l'homme Trump, qui déshonore le parti républicain.
Mais il a raison de s'insurger contre la cancel culture et ses affidés, et contre la coupable lâcheté de Simon & Schuster. La liberté d'expression et de création est en danger de mort, par la faute d'une gauche qui, elle aussi, décartonne complètement.