C'est à Rambouillet que cinq couples ont choisi de créer leur propre collège. Le privé refusait de prendre de nouveaux élèves tandis que le public était perçu comme « une usine à élèves ».
Le 24/12/2007 à 17:09 par Clément Solym
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24/12/2007 à 17:09
Mathilde Magon, une des fondatrices de l'établissement explique ainsi la naissance du projet : « Refusé par le privé et refroidis par le manque d'exigence intellectuelle du public, c'est par nécessité que nous nous sommes lancés dans ce projet ».
Saint-Jean-Bosco, tel est son nom, a vu le jour à la rentrée 2006 avec cinq élèves de sixième tout d'abord scolarisés dans un garage prêté par des amis. A la rentrée 2007, l'effectif est passé à 15 (huit en sixième et sept en cinquième). Le garage, devenu trop petit, a été délaissé au profit de deux vraies classes inaugurées à la Toussaint. Les élèves jouissent aussi d'une cour et sont sous la responsabilité de onze enseignants placés sous l'égide d'un directeur.
Pour Christelle de Saint-Hippolyte, une autre mère porteuse du projet, « cela a ressemblé à une création d'entreprise ». « Pour lancer la machine, nous avons dû monter une association puis une SCI (société civile immobilière), afin d'investir, avec une vingtaine de partenaires financiers, dans de nouveaux locaux ».
Dans les salles, c'est un mobilier d'un autre âge que l'on retrouve. Tout est d'occasion, des manuels aux pupitres en passant par les blouses portées par les élèves…Cette atmosphère rappelle étrangement notre chère école du passé…
"Ici, je me sens beaucoup mieux", confie Vincianne, une longue brune de 12 ans. "Comme on est peu nombreux, les professeurs consacrent à chacun plus d'attention et de suivi".
La religion catholique est présente dans ce collège qui revendique une éducation religieuse avec une heure de catéchisme et une heure d'histoire de l'Eglise par semaine. Certains cours commencent par une prière.
Le programme scolaire suivi par les élèves reste celui de l'Education nationale mais l'équipe éducative se garde la possibilité d'en traiter assez librement le contenu. Toutefois, le but est tout de même de permettre à ses enfants de pouvoir réintégrer le système classique sans être perdus.
La pédagogie mise en place s'éloigne quelque peu de celle mise en exergue par l'Education nationale."Quand la tendance officielle veut que l'élève découvre par lui-même les savoirs, nous croyons au rôle clé de l'enseignant qui donne des cours magistraux et les fait appliquer par des exercices", explique Laure Constantini, titulaire d'un DEA de biologie et professeur de science de la vie et de la terre.
"Saint-Jean-Bosco, c'est le retour au bon sens", estime un professeur de mathématiques dans une classe préparatoire parisienne, qui apporte son aide à l'équipe pédagogique. "Notre but est qu'ils aient une culture humaniste leur permettant de goûter La Fontaine pour le style et Pascal pour la profondeur de la pensée", argumente-t-il.
Pour l'instant, le prix de la scolarité est de 200 euros par mois. C'est cependant un prix qui ne permet pas au collège d'atteindre la rentabilité. La moitié des professeurs sont bénévoles et le collège dépend davantage des dons et des investissements humains consentis par les parents.
Il est clair que dans une telle structure, il est plus aisé de s'épanouir...on est cependant là bien loin de l'esprit républicain où l'instruction est offerte à chacun dans un cadre certes imparfait mais nettement moins sélectif qu'un tel système où une poignée de privilégiés s'ingénue à faire vivre ses chères têtes blondes dans une cage dorée, refusant le collège de Monsieur tout le monde…Qu'en penserait donc Jean Bosco… ?
Jean Bosco (1815-1888) est un saint fêté le 31 janvier. Devenu prêtre à Turin, on raconte qu'un orphelin vint un jour le voir simplement pour se réchauffer dans l'église. Apprenant que c'est un analphabète, venu de la campagne pour chercher du travail, Jean Bosco le prend sous sa protection. Très vite, ce n'est plus un orphelin mais des dizaines qu'il accueille dans un internat qu'il ouvre avec l'aide de sa mère. L'instruction est le maître-mot d'un projet éducatif qu'il va exporter jusque dans des contrées bien éloignées de son Italie natale.
La ville de Rambouillet comporte quelques vingt-cinq mille habitants intra-muros pour trois collèges publics (Catherine de Vivonne, Le Racinay et Le Rondeau ayant respectivement 85.6, 84.8 et 64.2% de réussite au brevet pour une moyenne nationale de 82.3%) et un établissement privé sous contrat (collège Sainte-Thérèse).
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