Parmi les éclaboussures du scandale Matzneff, le fameux appartement de l’écrivain a complété le tableau d’un crime parfait. Depuis 1994, Gabriel Matzneff occupe en effet un logement HML au cœur du Quartier latin… pour un loyer de 348 € par mois. Mais depuis quelques semaines, ce même quartier, situé dans le Ve arrondissement, exhorte l’écrivain à déguerpir.
C’est à l’époque où Jean Tibéri était maire de l’arrondissement que l’écrivain a pu emménager dans les 34 m2 d'un logement social loué par le bailleur Elogie Siemp. L’information, rapidement propagée, éclatait alors que le livre de Vanessa Springora, Le consentement, mettait sur la place publique la pédocriminalité affichée — et revendiquée — de l’auteur.
« C’est Jean Tiberi, alors maire du Ve arrondissement, bras droit de Chirac, pilier du RPR, qui s’en est lui-même occupé », expliquait en effet une source proche du dossier au Parisien fin décembre. Et si l’attribution relève manifestement d’un arrangement mené rondement, elle n’aurait en soi rien d’illégal.
La Ville, gênée aux entournures, affirmait d’ailleurs du bout des lèvres qu’il ne lui était pas possible d’expulser légalement l’écrivain, en dépit des accablantes révélations. Or, la protection dont il bénéficiait lui aura permis de ne jamais avoir à justifier de ses revenus au cours des 25 premières années d’habitation — une obligation pour les autres locataires.
Depuis que l’information a été révélée, certains ont tout de même décidé de prendre la parole, manifestement écœurés par la présence dévoilée du pédocriminel. Des affiches, placardées sur les murs, diffusent ainsi des messages sans appel.
Trouvées rue Frédéric Sauton, ainsi qu’impasse Maubert, ces affiches collées ne sont pas signées, mais il s’en trouve d’autres dans Paris, avec des messages portés sur la défense du droit des femmes.
« Elles ne sont pas apparues tout de suite, c’est un habitué qui me les a fait remarquer », indique un serveur, qui reconnaît avoir découvert l'histoire avec ces placards.
Quelques badauds s’arrêtent, comme a pu le constater ActuaLitté, interloqués par ces messages. Certains ont en revanche entendu dans la presse, suivant les rebondissements avec intérêt. Aucun résidant du quartier n’a pu nous apporter plus de précisions.
L’une des affiches reste cependant diffamante : aucune accusation de viol n’a encore été portée contre Matzneff. L’écrivain fait cependant l’objet d’une enquête diligentée par le parquet de Paris pour viols sur mineurs.
Il bénéficie également d’une allocation exceptionnelle du Centre national du livre, d’un montant de 7000 à 8000 € annuels, depuis une quinzaine d’années. Le ministre de la Culture, Franck Riester, a demandé une enquête auprès des services du CNL, dans la perspective de mettre fin à cette aide.
23 Commentaires
aziz
26/01/2020 à 08:17
un pédophile ordurier qui mérite d'être traduit en justice pour sa vie qui est un viol permanent d'enfants innocents.
Kad
26/01/2020 à 15:03
D accord. Mais le plus grave c est le soutien qu il a obtenu de la part de cette société décadente qui semble se réveiller. Non pardon ouvrir un oeil, pour éviter son anéantissement totale.
Zazo
26/01/2020 à 08:34
Je comprends ces réactions. Et je considère emarque ceux qui l'ont soutenu sont également coupables. Y compris le clergé et pour cause ils agissaient pareils !
Maya
26/01/2020 à 10:28
Le tout puissant et vénéré Matzneff est un pervers narcissique qui ne reconnaîtra jamais ses crimes consentis par tous à cette période.
Ses succès litteraires et sa "respectabilité" green card à l acces aux pre-pubéres consentants l ont protégés de toutes accusations.
Minables gens, petit gens qui ont fermé les yeux sur les agissements de ce prédateur.
Balit
26/01/2020 à 11:15
Il faudrait donner la liste du jury qui a décerné le Renaudot en 2013.
Jérôme Garcin qui comme par hasard a défendu avec vigueur le dernier film de Polanski, Beigbeder Giesbert..il y a même une femme .tous connaissait les agissements de Matzneff. Honte à eux et a Gallimard qui a publié ces immondices.
Germine
27/01/2020 à 18:21
En 2013 le jury était composé de :
Christian Giudicelli, Franz-Olivier Giesbert (président du jury), Georges-Olivier Châteaureynaud, J. M. G. Le Clézio, Jean-Noël Pancrazi, Louis Gardel, Patrick Besson, Jérôme Garcin, Frédéric Beigbeder et Dominique Bona.
Le prix a été attribué à 7 voix contre trois. Lesquelles? Les paris sont ouverts..
JS
26/01/2020 à 11:34
"L’une des affiches reste cependant diffamante : aucune accusation de viol n’a encore été portée contre Matzneff." Si cette phrase fait référence à la photo "VIOLE DES ENFANTS GAGNE 1HLM" juste au-dessus, je ferais remarquer que celle-ci ne nomme personne. Est-il alors correct de parler de diffamation ? Y a-t-il un juriste dans la salle ?
Lysma
26/01/2020 à 20:23
Si on peut appeler cela une phrase. À la rigueur, dans une concision digne de la Loi des XII Tables (450 avant J.-C), cela pourrait signifier "Qui viole des enfants gagne un HLM".
Marcus Manicius
27/01/2020 à 10:48
C'était sous Tibère, non?
Maya
26/01/2020 à 12:30
Le Respectable Mr Matzneff
s est diffamé lui-même en proclamant haut et fort ds ses écrits autobiographiques et lors d émissions populaires comme Apostrophes son penchant pour les pre-puberes. Tout puissant Matzneff fasse à cette hypocrisie destructrice d enfants.
Ahne diener
26/01/2020 à 12:52
Une enquête est en cours,soit.Ils suffit de lire ses livres,et Matzneff ne s'est jamais caché de ses exactions.
Bonnie23
26/01/2020 à 13:20
Il faut donc accepter l'idée que le mal sait comment s'infiltrer et pourrir TOUS les niveaux de notre société (et surtout au cœur de l'intimité de nos pensées) en enrobant des actes ignobles dans de belles phrases philosophiques ou idéologiques etc...et, nous les acceptons car nous donnons facilement notre confiance à ceux qui nous ressemblent!!! Notre responsabilité à tous est engagée. Englués dans nos conforts égoïstes nous détournons notre attention de ceux et de tout ce que nous considérons comme "faibles"
(le sort des enfants est, pour l'instant, épargné), mais les "autres" ?? si nous sommes "supérieurs" alors ayons le courage de le démontrer, surtout quand on est seuls face à notre responsabilité d'agir..ou pas !Écoutons notre conscience, notre petite voix qui nous dit que c'est "mal"...aux femmes et hommes de bonne volonté !
HB
27/01/2020 à 11:20
J'ai horreur des foules d'abrutis qui crient "à mort, à mort!" à la grille des palais de justice en voyant le criminel, et vraiment toutes ces manifestations contre Matzneff y ressemblent comme deux gouttes d'eau. Que l'homme ait mal agi, c'est évident, mais SVP que la connerie reste en dehors de tout cela.
Laurent Robert
27/01/2020 à 11:30
Et il faut être fier de cela? Les hurlements et les placards des vertueuses meutes anonymes - qui ont découvert l'existence de Matzneff il y a trois semaines - me dégoûtent tout autant que ce qu'a pu faire l'écrivain.
Bonnie23
28/01/2020 à 00:16
La foule qui hurle vous fait horreur, soit. Et les enfants victimes qui hurlent en chuchotant et qui crient en silence ça vous perce pas les oreilles ?? Ce Matzneff est sourd lui aussi ?
Laurent Robert
28/01/2020 à 07:32
Au lieu de faire des oxymores à bon marché, relisez ce que j'ai écrit, vous aurez la réponse.
HB
28/01/2020 à 08:50
Bravo pour votre réponse à cette personne qui, visiblement, ne sait pas lire ce que vous avez écrit. Mais c'est très symptomatique d'un monde où la lecture, la réflexion avant d'agir, sont en train de disparaître. Consternant de bêtise.
Le juriste dans la salle
28/01/2020 à 10:09
Oui, il est juste d'évoquer le fait que l'affiche puisse être diffamatoire. Il peut y avoir diffamation même si l'on ne nomme pas explicitement une personne dans les propos, il suffit que la personne mise en cause soit identifiable, ce qui apparaît ici être le cas: on peut raisonnablement penser que toute personne avertie pourra identifier à qui est adressé le message sans qu'il y ait vraiment de doutes possibles.
Cassiodore
28/01/2020 à 12:04
Lecteur, des courriels d'Italie pour toi :
"Je vais finir ma vie comme un clochard, ça, c’est le prix à payer pour l’avoir menée avec tant de légèreté, d’inconscience, de mépris des réalités économiques et sociales."
"Je suis écœuré, désespéré par une telle dégueulasserie. Je n’ai plus de goût à rien, et la perspective d’une vieillesse de clochard des lettres à la Paul Léautaud me fait horreur, jamais je ne l’accepterai, plutôt crever illico."
"Rassure-toi, c’est seulement per scaramanzia, par un geste d’exorcisme, de superstition à la napolitaine, que j’ai l’air de préparer les choses comme si je devais mourir le lendemain. En réalité, j’ai l’intention de vivre très vieux et d’assister à l’enterrement de tous mes ennemis."
(Les Émiles de Gab la Rafale, roman électronique, 2010 déjà!)
Cassiodore
28/01/2020 à 14:03
Courtes citations conformément à l'art. L122-5 3° du Code de la propriété intellectuelle :
"Je vais finir ma vie comme un clochard, ça, c’est le prix à payer pour l’avoir menée avec tant de légèreté, d’inconscience, de mépris des réalités économiques et sociales."
"Je suis écœuré, désespéré par une telle dégueulasserie. Je n’ai plus de goût à rien, et la perspective d’une vieillesse de clochard des lettres à la Paul Léautaud me fait horreur, jamais je ne l’accepterai, plutôt crever illico."
"Rassure-toi, c’est seulement per scaramanzia, par un geste d’exorcisme, de superstition à la napolitaine, que j’ai l’air de préparer les choses comme si je devais mourir le lendemain. En réalité, j’ai l’intention de vivre très vieux et d’assister à l’enterrement de tous mes ennemis."
(Les Émiles de Gab la Rafale, 2010)
Dan
21/02/2020 à 17:37
Qui est ce groupe d'activiste qui collent dans tous paris des messages féministes ambigus jusqu'au 18 et 19 em ard ? qui sont ils ? qui les finances ?car le 18 et le 19em ard ce groupe d'activiste soutient le port du voile et une conception très marqué d'un féminisme séparatiste. Leur marque de fabrique est simple une feuille a4 blanche un lettre. Quand on sait que le nombre de français qui tombent sous le seuil de pauvreté tous les 11 mois double. Je suis surpris la hierarchisation des luttes.
InVeritas
24/02/2020 à 11:31
Appeler à la vindicte populaire (et relayer de tels appels sur un site a priori consacré aux livres) trahit un goût douteux pour les foules vengeresses, et, plus inquiétant, révèle une profonde ignorance. Serions-nous séduit par un retour du code pénal d'Ancien régime, celui régi par l'Ordonnance royale de 1670, suite logique de plus de mille ans où le goût pour la vengeance organisait tout notre droit ?
Notre justice a mis plusieurs siècles à abandonner la torture (c'était tentant, parfois d'authentiques criminels avouaient) ; plusieurs siècles à renoncer aux démarches inquisitoriales (même si une partie de la presse tente de les perpétuer) ; et plusieurs siècles pour cesser d'appeler des foules passionnées à lyncher en place publique les ennemis de la société.
En traitant avec la même dignité, la même distance, le parfait coupable et l'innocence incarnée, la Justice a cessé de terroriser les populations - car telle était autrefois sa principale mission. Depuis, elle ne cherche pas des coupables, elle cherche la vérité. Pour tenter de bâtir un lien de confiance entre la République et ses citoyens. Raison pour laquelle, en matière de symbole, elle garde les yeux fermés, maintient une balance savamment en équilibre, et juge des actes et non pas des hommes, loin des ferveurs. Placarder sur les murs des dénonciations, et pire, s'en réjouir, c'est nier notre histoire.
manant
28/09/2021 à 10:18
Brocarder les souffrances de l'histoire pour dénoncer d'éventuelles dérives de mots placardés sur les murs de Paris c'est facile aussi. Prétexte constamment dégainé lorsqu'il s'agit d'exprimer une autre opinion. Ne faudrait il pas plutôt s'interroger sur l'existence de ces slogans...? Sans doute parce que la justice se fait attendre et qu'il est légitime d'exprimer sa révolte.