Ouverte en 2016, la plateforme Retronews est la solution proposée par la Bibliothèque nationale de France pour consulter la presse ancienne numérisée, publiée entre le XVIIe siècle et 1945 et entrée dans le domaine public. Si la consultation reste gratuite, comme dans la bibliothèque numérique patrimoniale Gallica, Retronews propose des fonctionnalités avancées ainsi qu'une partie éditoriale payante, pour participer au financement de la numérisation de la presse ancienne.
Le 25/03/2020 à 12:39 par Antoine Oury
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Publié le :
25/03/2020 à 12:39
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Retronews, le site de presse de la Bibliothèque nationale de France, se présente aux visiteurs lambda comme une large plateforme patrimoniale, proposant l'accès à 3 siècles de presse numérisée. En deux parties, l'une orientée vers les archives elles-mêmes et l'autre vers des ressources originales, créées sur mesure pour Retronews, la plateforme entend assurer la médiation nécessaire afin d'éveiller l'intérêt pour ces archives au volume impressionnant, tout en finançant leur numérisation.
La création de Retronews s'inscrivait, en 2016, dans le cadre d'un programme d'investissement d'avenir, mis en place par l'État pour financer différents projets. Dans le cas de la BnF, il s'agissait bien d'aider au financement de la numérisation de la presse imprimée, un travail colossal, plutôt coûteux et surtout contraint dans le temps par la dégradation des supports imprimés.
Si des fonds publics ont abondé pour la création et les premières années de la plateforme, le partenariat public-privé, ici mené avec Immanens, société à l'origine de la visionneuse du site, mais aussi de l’outil de recherche et de l’indexation des pages, doit à terme permettre de financer en partie la numérisation de la presse du domaine public. Deux autres sociétés, ADOC Solutions et Syllabs, qui assurent la reconnaissance des caractères et le traitement sémantique des pages, participent au projet.
L'ensemble est supervisé par la Bibliothèque nationale de France, par l'intermédiaire de sa filiale à but commercial, BnF-Partenariats, qui appartient à 100 % à l'établissement patrimonial et compte le ministère de la Culture et celui des Finances à son conseil d'administration.
« La dotation reçue dans le cadre des investissements d'avenir a permis de démarrer la numérisation des premières années de la presse conservée par la BnF », nous explique Nathalie Thouny, directrice déléguée de BnF-Partenariats. « Ensuite, les revenus de Retronews doivent y participer, contribuer à l'enrichissement des collections tout en assurant la rémunération des contributeurs », ajoute-t-elle. « Nous sommes à peine à 10 % de la numérisation de ces collections. »
Au lancement de Retronews, Gallica, la bibliothèque patrimoniale numérique de la BnF, accueillait 4 millions de pages de presse numérisées : 4 ans plus tard, Retronews abrite 8 millions de pages, le double, et l'année 2020 devrait voir 5 millions de pages ajoutées à ce total. « Une fois 20 millions de pages numérisées, nous estimons que nous aurons une couverture importante et représentative. Nous essayons de rendre compte d'une diversité d'opinions et de couvrir les événements historiques considérés comme importants. Nous ne pouvons pas tout numériser, et nous réalisons une sélection en accord avec les conservateurs et les départements concernés. »
Outre l'accès aux trois siècles d'archives, Retronews propose donc une partie « Ressources », constituée par des articles fouillés, en lien avec des événements particuliers, des faits de société, des personnalités... Écrits par des journalistes, spécialistes ou autres universitaires, ils s'appuient sur les archives pour mettre en avant des textes d'époque.
Une cheffe de projet éditorial, un rédacteur en chef et un responsable des contenus constituent l'équipe éditoriale de Retronews, à l'œuvre au quotidien pour assurer ce travail de médiation et de valorisation.
« Retronews doit aussi participer à rendre ces collections plus accessibles, d'une part avec des outils de recherche développés spécifiquement, et d'autre part avec la partie éditoriale qui donne de points d'entrée vers les collections », explique Nathalie Thouny.
À l'avenir, Retronews entend développer ces points d'entrée avec d'autres médias, comme la vidéo, avec le soutien de plusieurs YouTubers, ou encore le podcast.
Ce développement éditorial se concrétise également par l'intermédiaire de différents partenariats : certains visent à la création de contenus, comme celui passé avec l'émission Affaires sensibles de France Inter, ou un hors-série consacré aux faits divers avec Sud Ouest. D'autres ont pour objectif de faire découvrir la plateforme à une nouvelle audience, en visant les abonnés à la presse, avec des offres chez Libération ou Ouest-France : les lecteurs sont invités à découvrir Retronews, en bénéficiant d'une période d'essai gratuite.
Retronews, gratuit d'accès, propose toutefois une majorité de fonctionnalités et de contenus derrière un accès payant, sur abonnement. Mais l'accès aux journaux du domaine public reste garanti, et inchangé, assure Nathalie Thouny. « Gallica va diriger les recherches concernant la presse vers Retronews, qui offre plus de souplesse pour la consultation. Aucun contenu ne sera retiré de Gallica », promet la directrice générale. En début d'année, un problème technique avait fait craindre aux chercheurs une disparition de certains titres de presse de la bibliothèque patrimoniale Gallica.
« Tout l'enjeu de Retronews est de multiplier les passerelles et de fluidifier la circulation entre les sites [de la BnF] », résume Nathalie Thouny. Les journaux numérisés, aujourd'hui, se retrouvent en accès intra-muros à la Bibliothèque nationale, tandis que le site Gallica récupère les métadonnées, pour assurer une recherche transversale et rediriger vers Retronews.
Retronews, qui fête les deux ans de sa dernière version en date en avril prochain, a enregistré une hausse de 30 % de son audience au cours de l'année dernière, « une année de forte audience et de reconnaissance », selon Nathalie Thouny, qui indique que 550.000 personnes ont accès à un abonnement premium, à travers des souscriptions individuelles ou collectives, par des établissements de recherche, par exemple. « Presque la moitié des abonnements collectifs proviennent d'établissements se trouvant à l'étranger. »
À ce titre, signalons que la presse numérisée par la Bibliothèque nationale de France n'est pas accessible au sein de bases de données internationales comme Internet Archive ou HathiTrust : « Nous donnons nos métadonnées, en open source, mais, à ma connaissance, nous n'avons pas d'accords avec une plateforme tierce pour la diffusion des documents. Avec les établissements partenaires, nous indexons les métadonnées, et Gallica reste prioritaire pour accéder à un document », nous précise la directrice générale de BnF-Partenariats.
Par ailleurs, si les scans des journaux du domaine public peuvent être utilisés à des fins non commerciales, y compris pour les thèses et autres éditions universitaires, leur usage au sein de projets commerciaux est soumis à une autorisation de la BnF, voire au paiement d'une licence d'utilisation, selon la diffusion du projet. Un partenariat avec Éduthèque garantit aux enseignants un accès aux contenus, dans le cadre de l'exception pédagogique.
La logique commerciale qui sous-tend le projet patrimonial de Retronews oblige à réserver des fonctionnalités aux abonnés : ces dernières seront les plus utiles aux chercheurs, mais aussi aux généalogistes et autres amateurs de la petite comme de la grande Histoire. Analyser la fréquence d'un terme dans la presse, identifier des personnes, des lieux, des événements dans les archives de la presse numérisée, sauvegarder ou extraire sa recherche font partie de ces fonctionnalités avancées.
Ce travail sémantique, pour identifier et indexer les textes de 3 siècles de presse numérisée, est assuré par la société Syllabs, qui envisage une amélioration prochaine des critères de segmentation ainsi que la possibilité d'exporter des données sémantiques correspondant à une recherche. Parmi les autres améliorations à venir dans les prochains mois, BnF-Partenariats annonce des filtres de recherche par pays, région, code postal et même commune, ainsi que l'apparition de filtres d'exclusion.
NB : En raison de l'épidémie de coronavirus, la Bibliothèque nationale de France a décidé de proposer un accès gratuit, pendant 15 jours, aux fonctionnalités de recherche avancée, sur une simple inscription. Les contenus éditoriaux du site, eux, sont totalement gratuits pendant la période de confinement.
1 Commentaire
garfield
03/05/2020 à 12:34
Je vous remercie pour cette offre « solidaire » qui va peut-être permettre à mes petits enfants de s’approprier l’histoire de leurs ancêtres .
A suivre.