Colère. Encore et toujours. Le ministère de la Culture se retrouve avec la population des artistes-auteurs sur les bras, précarisés, touchés par la crise et toujours sans vrai statut. Alors que les mesures tombent une à une, l’inadaptation des différents dispositifs à la réalité de leurs métiers fait des dégâts.
Anemone123 CC 0
Au départ, il n’était que question de mesures d’aides aux différentes branches des industries culturelles : livre, audiovisuel, musique, etc. Les auteurs s’impatientaient. Les annonces ont tardé à venir, mais des dispositifs généraux ont été annoncés pour eux. Accès au fonds de solidarité, aux indemnités de garde d’enfants, etc. Réjouissance jusqu’au mur de la réalité.
Une histoire qu’on connait bien chez ActuaLitté pour avoir documenté ces dysfonctionnements : pas d’adaptation à leurs métiers, formulaires qui ne leur demandent pas les bonnes informations, ou refus de l’administration de leur donner des droits. La vie d’auteur est un parcours du combattant quand il s’agit d’accès aux droits.
[ #Témoignage ] "Administrateur de La @LigueAuteursPro, auteur jeunesse, je vais raconter ici le cauchemar administratif des auteurs qui croient avoir accès aux mesures économiques générales et même... spécifiques. " Par @DieuaideSophiehttps://t.co/HdWCGKiA8b
— Mediapart, le Club (@MediapartBlogs) April 6, 2020
Monsieur le Ministre, il aurait été plus normal de verser une aide fixe aux artistes et auteurs, sans leur demander de rentrer dans toutes les cases mal taillées qui font qu'au final la plupart d'entre nous n'aura droit à rien ! Pourquoi l'aide est elle conditionnée aux revenus ?
— Balpe Anne-Gaëlle (@annegaellebalpe) April 7, 2020
Les organisations professionnelles de créateurs de différents métiers étaient sur le pont, avec une demande très claire : un fonds d’urgence artistes-auteurs, comme il y a des fonds pour chaque profession ou secteur. L’enjeu ? Éviter les ruptures d’égalité, avoir des critères unifiés, correspondre à la réalité de leurs pratiques. Hélas, la demande semble enterrée.
Le Centre National du Livre vient d’annoncer son plan à destination de l’interprofession, qui ne fait pas l’unanimité chez les auteurs. Le choix a été fait de doter la Société des gens de lettres d’un million d’euros de subvention pour qu’elle répartisse ensuite des aides sociales selon des critères assez stricts, vivement critiqués et jugés « hors sol » ou discriminants par beaucoup.
8. … Partir de la réalité de ces auteurs et autrices-là, même si elle est majoritaire (?), est de toute manière un pb. La généralité doit se faire à partir d’une idée professionnelle de nos métiers : unique manière de ne pas freiner les + fragiles qui la souhaitent/l’approchent)
— Florence Hinckel ✒️ (@florencehinckel) April 6, 2020
Dans les faits, le dispositif transversal CNL, délégué à la SGDL est encore plus restrictif, il exclut les retraités, les personnes en couple, les jeunes auteurs et autrices… Pourquoi ne pas avoir choisi un chemin direct, sans intermédiaire ? Pour tous ?
— Marc Lizano (@MarcLizano) April 7, 2020
L’exclusion des artistes-auteurs des fonds d’aide sensés leur être dédiés est, si ce n’est effectivement totale, pour le moins clairement entérinée faute de conditions qui reflètent la réalité de nos métiers et les véritables difficultés économiques éprouvées lors du confinement.
— Violaine Boutet de Monvel (@violainebdm) April 7, 2020
Monsieur le Ministre @franckriester, vous qui êtes pour l'égalité femme/homme, comment accepter que le dispositif @LeCNL délégué à la @SGDLAuteurs ait des critères discriminants pour les créatrices professionnelles, en prenant en compte les revenus du conjoint dans le calcul ?
— Betty Piccioli - 29 edition (@BettyPiccioli) April 7, 2020
Bref, c’est une aide de copains pour les copains. Pas une aide d’urgence pour les cas urgents, pour les femmes, pour les jeunes, etc.
Et ça craint.
— Neil Jomunsi (@neiljomunsi) April 3, 2020
Bonjour, si nous sommes artiste-auteur inscrit à la maison des artistes, aucune aide ne peut s’appliquer à notre statut. Nous sommes plusieurs centaines à être complètement exclus par les mesures actuelles. L’anguoisse provoquée par #COVID19 ne suffit elle pas ?
— antoine (@AntoineSantiago) April 7, 2020
Des questions demeurent : quelle transparence dans la gestion de ce dispositif ? Quelle forme prend réellement ce million d’euros sous forme de « dotation » à la SGDL ? Et qu’en est-il des données personnelles des auteurs ?
Récemment, dans une nouvelle tribune chez Biblios, le comité de l’institution définissait de « détracteurs » les auteurs adhérents à d’autres organisations identifiables, qui ont un autre point de vue sur les positions à prendre pour défendre la profession : « Nous sommes d’ailleurs souvent amusés (et sincèrement heureux !) de constater que certains détracteurs publics de la SGDL sont ravis de bénéficier de ses services et aides diverses... ».
Une phrase qui a inquiété de nombreux auteurs sur le fait que le conseil d’administration avait connaissance des dossiers de leur assistante sociale. Un service qu’a apparemment aussi délégué le CNL à la SGDL il y a plusieurs années.
On peut véritablement se demander comment une orga privé a pu se placer pour réceptionner un fond public, là ou on attendait un opérateur d'État.
Bref, ça soulève pas mal de questions ; comment une aussi petite structure va gérer une aide potentiellement à 270 000 béneficiaires?
— Cy. (@YeahCy) April 4, 2020
Et puis en terme de protection des donnés ? La SGDL a maintenant manifestement un droit de regard sur les aides attribuées antérieurement + un accès à nos données bancaires en cas de bascule de l'aide.
Quel gage de sureté on a ?
— Cy. (@YeahCy) April 4, 2020
Mystère.
D'ailleurs, à propos de ce (petit) million d'€ d'aides aux auteurs: comme il s'agit d'argent public, il me semble que ce serait la moindre des transparences que le contrat liant la @SGDLAuteurs et le @LeCNL pour la répartition de ces sommes soit rendu public.@franckriester
— François Baranger (@F_Baranger) April 5, 2020
En parallèle, le traitement est inégal : côté arts visuels, c’est le CNAP, le centre national des arts plastiques, qui gère les aides aux artistes-auteurs. Côté audiovisuel, le CNC a délégué à la SACD, mais les critères pour les scénaristes sont beaucoup plus larges et simples. Les montants varient aussi selon les guichets.
Des questions se posent : beaucoup d’artistes-auteurs travaillent dans différents secteurs, est-ce qu’ils peuvent faire des demandes dans plusieurs comptoirs ? Ces aides sont-elles cumulatives ? Dans ce labyrinthe de guichets et de critères, il est compliqué de déchiffrer les droits.
Faux ! À ce jour tous les artistes auteurs que je connais y compris moi-meme n'ont rien reçu et se cassent la tête pour comprendre à qui s'adresser selon nos secteurs de diffusion! Un guichet unique pour tous les artistes auteurs eut été plus équitable et efficace ! https://t.co/mGvInTwr6Y
— ✏ Aurélie Bordenave (@LeelyDessin) April 7, 2020
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Des mesures inadaptées, des critères restrictifs, des aides non cumulables et soumises aux revenues du foyer total (tiens... comme l'AAH) beaucoup de créatrices et créateurs crèveront la bouche ouverte... https://t.co/bUpPglM5R9
— Nathalie LE GENDRE (@NatlgAuteur) April 8, 2020Du côté de la dizaine d’organisations professionnelles qui avait demandé un unique opérateur de l’État pour la gestion d’un fonds d’aide unifié, la tension est élevée. Une pétition circule pour demander une autre gestion pour les artistes-auteurs. Aux dernières nouvelles, le formulaire pour la demande d’accès au fonds de solidarité sur le site des impôts serait en cours d’adaptation pour les artistes-auteurs, mais rien de concret encore.
Nous demandons quelque chose de simple : être considérés comme une profession à part entière. Être traités selon le prisme social de notre statut (toujours bricolé) et pas à travers les diffuseurs de nos œuvres.
— Samantha Bailly (@Samanthabailly) April 4, 2020Plan d'action en faveur des artistes-auteurs durant la crise sanitaire : il est nécessaire d'adapter ces mesures, pour des dispositifs compatibles avec nos professions, sans rupture d'égalité et avec des accès lisibles et simplifiés. @MinistereCC@franckriester@EmmanuelMacronpic.twitter.com/dhCOynzp7V
— Ligue des auteurs professionnels (@LigueAuteursPro) April 6, 2020
Le choix du ministre de doter des opérateurs privés multiples et différents selon les secteurs montre rapidement ses conséquences. Est-ce que la situation sera rectifiée dans un second temps ? Ou bien le rapport Racine est-il enterré ?C'est incompréhensible. @franckriester@MinistereCC qu'est qui a bien pu se passer pour réussir à nous pondre ça. Encore de l'argent pour les artistes auteurs qui n'arrivera jamais à bon port.
— Cy. (@YeahCy) April 4, 2020
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Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
4 Commentaires
JB
08/04/2020 à 17:06
Nous sommes en train de parler d'un gouvernement qui n'a JAMAIS fait montre de la moindre capacité d'empathie, de vision. Même la crise sanitaire qui s'annonçait, bien évidente, ils ne l'ont pas vue venir. Comment peut-on penser un seul instant que ces types dépassés par les événements, dépassés par la société, par les enjeux d'avenir, d'environnement, de santé, de culture, puissent mettre un place un dispositif intelligent et adapté? On parle de types qui n'ont pas prévu de masques en voyant un virus balayer la planète!
Anne
08/04/2020 à 18:21
Si la SGDL avait soutenu les syndicats d'artistes-auteurs plutôt que de demander de gérer le million d'euros peut-être que les auteurs du livre n'en seraient pas là... C'est indécent ! Et les critères ! À quoi ça sert de déléguer pour une expertise si en plus il n'y a pas d'expertise ? Et que dire du Centre National du Livre qui se décharge de son boulot en leur filant juste l'enveloppe... ?
Lionel Evrard
08/04/2020 à 18:42
On n'en serait pas là si la demande d'une dizaine de syndicats et organisations professionnelles de créer un guichet unique artistes-auteurs géré par l'Etat sur des critères simples et clairs avait été entendue. Comme d'habitude, le ministre n'écoute que certains lobbys en place au détriment de l'intérêt général. Cela ne rend que plus urgente et nécessaire la pétition en cours, pour une deuxième vague d'aide qui devra nécessairement venir. M. Riester reste sourd ? Il nous reste à crier plus fort ! Signez, faites signer, diffuser la pétition pour un guichet unique.
https://www.change.org/p/franck-riester-covid-19-pour-un-fonds-d-urgence-unique-en-faveur-de-tous-les-artistes-auteurs?recruiter=309439017&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition
Pierrafeux
08/04/2020 à 20:02
Perso pour mars j’ai demandé l’aide du fond de soutien. Mais pour avril je n’aurais rien si le mode de calcul reste le même car en avril 2019 je n’ai pas travaillé.