Samantha Bailly est écrivaine, scénariste et vidéaste. Présidente de la Ligue des auteurs professionnels et vice-présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, elle prend la parole dans une tribune engagée pour formuler une demande simple : à quand une case pour les artistes-auteurs ?
Le 13/04/2020 à 09:41 par Auteur invité
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13/04/2020 à 09:41
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Depuis 10 ans que j’exerce mon métier, j’ai un rêve fou. Osé même. Vous allez voir, c’est d’une audace incroyable : je rêve que sur les formulaires administratifs existe une case qui corresponde à mon statut. Un rêve très pragmatique, mais encore plus inatteignable que de vivre de ses créations en France, si si.
Longtemps, mon statut, j’ai cru qu’il n’existait pas, comme beaucoup de mes pairs. Parce qu’à s’entendre dire par toutes les instances possibles qu’il n’y a aucune case pour nous, on finit par l’accepter. Par se résigner. Après tout, on l’a choisi, ce métier atypique, cette forme de marginalité… c’est peut-être le prix à payer ? Mais attendez un instant… nous sommes bien dans la société, non ?
Nous sommes des citoyens et citoyennes comme tout le monde, qui cotisons, payons nos impôts, vivons les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire… alors pourquoi à chaque fois qu’une situation concerne tous les Français et les Françaises, nous sommes ceux et celles pour qui ce sera… un peu différent. Pas adapté. Compliqué. IMPOSSIBLE.
Cela fait trois ans que je suis engagée socialement pour ma profession, à la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse et maintenant aussi à la Ligue des auteurs professionnels. Ces dernières années, un certain nombre de réformes ont semé la panique dans notre profession déjà fragilisée. Tous ces changements ont jeté une lumière crue sur le traitement administratif chaotique réservé à tous les artistes-auteurs.
Ces anecdotes, ces histoires qu’on a et qui amusent vaguement à un repas de famille, quand elles ne scandalisent pas, ne sont pas juste personnelles. Ces impossibilités sont systématiques et révélatrices d’un grave de problème de fond qui a été parfaitement analysé par le rapport Bruno Racine. Des solutions d’ailleurs, nous en avons : elles sont à portée de main et demandent simplement un arbitrage politique favorable.
Comme beaucoup de mes pairs, j’exerce plusieurs métiers en réalité, regroupés dans ce mot « autrice » : je suis écrivaine, scénariste et vidéaste. Mon statut en revanche, c’est artiste-auteur. C’est un régime social et fiscal dans lequel on retrouve de nombreux métiers créatifs : écrivain ou écrivaine, photographe, dessinateur ou dessinatrice, scénariste, auteur compositeur, sculpteur ou sculptrice, plasticien ou plasticienne, etc.
Comme nous devons composer avec un statut bricolé depuis 1975, qui pourrait avoir ses qualités s’il ne cessait d’être complexifié, l’administration elle-même ignore souvent TOUT de ce que c’est, un artiste-auteur. Intermittent du spectacle, ça va, on connaît. Mais artistes-auteurs ? C’est quoi, ça ? Dans un régime à cheval entre salarié et indépendant, on nous donne souvent le moins bon de chaque monde. Quand on a accès à quelque chose.
À chaque démarche administrative, il faut chercher « autre », et même dans ce cas, on peut s’être trompé de case... car on sera selon les situations et les guichets assimilés indépendant ou salarié. Ou rien. Cela explique le nombre incroyable de non-recours sociaux, souvent dramatiques.
On parle de parents qui n’ont jamais posé un congé parental. On parle de personnes malades qui n’arrivent pas à obtenir leurs indemnités alors qu’elles cotisent. On parle aujourd’hui d’avoir « en principe » accès au fonds de solidarité de l’État. En principe, mais en pratique seulement pour ceux et celles ayant un numéro de SIRET. Et comme notre statut mixe deux types de régimes fiscaux, certains artistes-auteurs en ont un, d’autres pas.
On nous promet que le dispositif est en cours d’adaptation. Bientôt, sur le formulaire de la DGFIP, on verrait apparaître une CASE ARTISTES-AUTEURS. Croyez-le ou non, avoir sa case sur un formulaire administratif, ce serait une victoire incroyable. On l’attend, cette case. On attend ce jour où on pourra vraiment trouver notre place sur un bout de papier, qui nous indique que nous ne sommes pas totalement exclus de ce système.
Maintenant, je vais vous raconter une histoire que je n’avais jamais dite, même pas à mes proches. Parce que c’est le genre d’histoire, quand vous la racontez, qui fait que les gens vont répondent : « Mais tu vois, je te l’avais dit, que ce n’est pas un VRAI MÉTIER ! ». Et ça, c’est sûrement le plus douloureux à entendre, quand vous dédiez votre vie à la création. Parce que c’est une vocation, une vocation pour laquelle vous serez parfois reconnu et rémunéré, parfois pas.
Et même quand vous avez décroché le Graal, que vous avez obtenu la reconnaissance, la possibilité de vivre de vos œuvres, vous devez continuer de lutter contre le scepticisme, serrer contre vous vos idées, retourner à l’ouvrage et défier les statistiques. Les carrières créatives sont par essence incertaines. Mais ces petits riens de l’administration sont souvent ce qui vous ramène au point de départ. Il n’y a pas de case. Même quand vous avez fait de votre activité créative un véritable travail, qui s’inscrit dans des industries, dans une économie, ce métier, il n’existe pas. Il est invisibilisé.
Il y a 6 ans environ, anomalie statistique, je vivais déjà de mes romans – je gagnais un SMIC, j’étais une jeune femme indépendante, j’affectionnais mon 14 m2 s et je vivais pleinement mon choix malgré la précarité constante. J’exerçais cette activité à plein temps, je ne manquais pas de sollicitations pour des projets. Pour envisager une évolution professionnelle mêlant créativité et recherche, j’ai pris une grande décision : reprendre des études, dans un cursus très exigeant auquel j’aspirais depuis longtemps.
J’ai fait des dossiers, passé des entretiens, pour obtenir une équivalence et entrer directement en deuxième année. MAIS je travaillais en parallèle, c’est ainsi que je gagnais ma vie : j’écrivais et publiais des livres, je faisais des tournées, j’avais des rendus, des engagements, etc. J’avais donc aussi des impératifs professionnels incontournables, et il était hors de question d’abandonner un projet pour l’autre. J’ai démarré les cours, mon premier semestre, mais je devais être absente pour certains TD. Je me suis donc rendue au secrétariat pour demander si je pouvais avoir accès à la « dispense d’assiduité » pour les travailleurs. Enthousiasme :
« Vous travaillez ? Évidemment, bien sûr, venez, on va faire un dossier. Qu’est-ce que vous faites dans la vie ?
– Auteur (je disais auteur à l’époque).
(SILENCE)
- Mais c’est-à-dire ?
- Auteur, j’ai publié une dizaine d’ouvrages, je fais des scénarios… »
Les secrétaires ont regardé d’un œil circonspect l’épaisse liasse de papiers que j’avais apportée, pour me prémunir. Mes contrats, mes notes de droits d’auteur, mes redditions de compte... pour me dire que non, ce n’était pas un travail. Impossible. Auteur ? Même si vous gagnez votre vie avec, ça ne peut pas être UN MÉTIER, il n’y a pas de contrat de travail. Non, vraiment… ça ne va pas être possible. Pas de case correspondant. Salarié ? Pas d’employeur ou de bulletin de salaire. Indépendant ? J’avais des contrats qui me lient pour 70 ans après ma mort avec des entreprises.
Je suis restée là, dans ce secrétariat, après tout ce parcours du combattant, dans ce vague sentiment d’injustice qui n’aura de cesse de décupler au fil des années en fonction de toutes ces histoires du même genre qui auront jalonné mon parcours professionnel. Ces études, il allait falloir y renoncer.
Parce qu’aux yeux de la société, mon travail, ce n’est pas un travail. Paradoxalement, en revanche, dans les entreprises qui vendent et exploitent mes créations, tout le monde travaille. Et dans la boîte mail, il faut vite répondre pour honorer telle ou telle deadline.
J’avais cru qu’il y avait un moyen de rentrer dans l’une des cases. De concilier travail et études, comme je l’avais fait quelques années auparavant quand j’étais en poste dans une entreprise et que je faisais mon Master 2 en même temps.
Cette anecdote personnelle pour vous dire qu’une case, ce n’est pas anodin. Une case, c’est une place. C’est une existence. Et dans le cas du formulaire de la DGFIP, ou sur le site de la sécurité sociale, plus qu’un carré à cocher, c’est la garantie d’un accès RÉEL des artistes-auteurs à leurs droits. Des droits bien présents dans les textes de loi, mais si difficiles à obtenir dans la vie.
Aujourd’hui, nombreux sont mes collègues dans des situations de grande précarité. Avant même la crise sanitaire, la profession était déjà dans une crise sociale, administrative et économique sans précédent. Les conséquences sur nos revenus vont s’inscrire dans la durée. Nombre de mes pairs ne peuvent avoir accès au dispositif « spécifique » mis en place par la SGDL avec le soutien du CNL, du fait des critères restrictifs ou trop éloignés de nos pratiques.
C’est en particulier le cas des jeunes et des femmes, pourtant la population que le Rapport Racine a pointée comme étant la plus évincée des carrières créatives. Ils ne peuvent non plus avoir accès au fonds de solidarité, faute d’un détail qui n’en est pas un : un numéro de SIRET. Pourtant, les critères du fonds de solidarité, nous venons de l’apprendre, vont enfin s’assouplir pour un accès plus grand à toutes les professions aux revenus irréguliers et aléatoires, comme les nôtres. Mais il manque encore un élément au puzzle : LA CASE.
Alors ma question est simple : à quand une case artistes-auteurs ? Qui travaille sur ce sujet en ce moment ? Peut-on les contacter directement ? Peut-on avoir des indications sur sa date de mise en place ?
Les artistes-auteurs, c’est 270 000 personnes en France. Nous ne demandons pas la lune. Juste d’accéder à ce que le ministre de la Culture a promis comme effectif.
Donnez-nous une case.
Par Auteur invité
Contact : contact@actualitte.com
21 Commentaires
JB
13/04/2020 à 11:16
Je ne puis que me faire l'écho des propos de Samantha Bailly. Le mépris mâtiné d'ignorance affiché par ce gouvernement pour notre situation me met dans une colère folle. Les précédents étaient tout aussi nuls, mais moins hypocrite. Ils ne commandaient pas un rapport dont ils ignoraient ensuite superbement les conclusions.
Et je ne parle pas du couteau que la SGDL a planté dans le dos de beaucoup d'auteurs en acceptant les miettes que le gouvernement a bien voulu leur jeter. Lamentable.
DiffusArtSpectacle
13/04/2020 à 14:32
Bonjour, tellement d'accord avec l'article écrit par Samantha Bailly. La précarité est la norme chez les artistes-auteurs bien avant la crise sanitaire que nous connaissons actuellement. Je suis l'agent d'un photographe qui a obtenu un numéro de Siret mais qui ne vit pas de son art de sa discipline et de son engagement.
Pour payer les cotisations sociales, tout est clair mais pour accéder à un accompagnement dans ce parcours du combattant et à un accès à ses droits
rien ...
1 an de recherche pour enfin trouver son statut !
Quel dommage, car ce sont les artistes-auteurs et les intermittents dont les statuts ne riment qu'avec précarité et difficultés, qui font de la Culture ce qu'elle est et qui font travailler plusieurs milliers de personnes tout en étant invisibilisé.es...
L'art et la culture doivent reprendre leur place fondamentale dans nos sociétés!!
Courage à nous tou.tes et à vous tou.tes Créateurs de culture et de bonheur!
Jujube
14/04/2020 à 05:14
Chère Samantha Bailly,
Votre message si clair et si poignant m'a profondément touché. Etre "casé", "mis en case" paraît rejoindre l'idée d'une mise en cage, d'être emprisonné. Et cependant c'est une case que réclame votre texte. Une case qui, paradoxalement, est une porte ouverte: celle de la justice, la reconnaissance d'un statut - combien important pour la société - et celle du droit à une vie décente. Puisse cette case - un jour inventée pour vous et vos pairs - apparaître bientôt, très bientôt dans l'imagination administrative. Car son actuelle absence nous fait honte à tous.
En attendant, continuez la lutte et, surtout, prenez grand soin de vous.
Avec toute ma sympathie,
Jujube
koinsky
14/04/2020 à 05:24
Vous voulez être pris au sérieux par l'administration ? Ben déjà, soyez pro sur votre appellation : "Artiste-auteur" franchement, c'est pas sérieux. Moi par exemple, je suis tour-à-tour sculpteur (quand j'expose en galerie), écrivain (quand je suis publié par une maison d'édition) et dessinateur ou illustrateur (quand je crée une 4e de couv d'un bouquin ou les illustrations d'un roman graphique pour un éditeur), qu'il s'agisse d'un travail de création ou de commande, que j'effectue pour une entreprise ou une industrie. Jamais je ne les confonds ou tente de les mixer dans un terme générique flatteur. Artiste, ça va de soit que je le suis dans tous les cas, car les trois activités en sont, mais pourquoi la ramener sur le sujet ! "Artiste" c'est un état, "sculpteur", "dessinateur", "auteur" ou "musicien", des métiers encadrés par des statuts, ça rentre dans des cases. L'administration gère des fonctions, des métiers, des statuts, pas des vocations. Pour être pris au sérieux il faut commencer par se prendre au sérieux. "Artiste-auteur", ça les fait juste se gondoler sur leur siège. N'oubliez jamais que l'administration est une activité sérieuse faite par des gens sérieux qui se prennent très au sérieux. Vous êtes tantôt auteur, scénariste ou vidéaste, dès lors qu'on vous paye pour ça. Un peu d'humilité, c'est les autres qui seront légitimes à vous trouver talentueux, pas vous. Allez bisous.
JB
14/04/2020 à 09:37
Ah oui? Pourtant, les plombiers, chauffagistes, électriciens, couvreurs, maçons, etc..., ont droit à un statut vis-à-vis de l'administration.
Un machiniste, électricien, chef-opérateur, maquilleur, costumier, décorateur, etc... ont droit à un statut.
Mais nous, nous n'y aurions pas droit, sous prétexte que la choses vous conviennent? Vous croyez que c'est par désir de flatterie que nous demandons un statut? Je crois que vous n'avez pas très bien compris l'enjeu. Vous n'avez pas l'air, malgré tous les métiers artistiques, que vous cumulez, de comprendre ce que ça veut dire de ne pas exister aux yeux de l'administration. Vous avez déjà essayé d'obtenir un congé maladie? Vous avez étudié ce que le gouvernement a proposé à "tous les auteurs" pour les aider pendant la crise sanitaire, à savoir une solution totalement coupée de la réalité de nos métiers, qui en aidera au mieux 20%? Le dossier de nos retraites? Le rapport Racine, qui va complètement à l'encontre de ce que vous affirmez?
Bon sur ce, je repars me regarder dans le miroir et me répéter que je suis un génie, l 'activité favorite de nous autres auteurs, c'est bien connu.
zest
14/04/2020 à 12:58
"artiste-auteur" est un terme générique. Pas de statut, sans terme générique !
"artiste-auteur" signifie auteur d'œuvre artistique (distinguo avec "artiste-interprète"). Cette expression ne tombe pas du ciel, c'est notamment celle utilisée pour le régime social COMMUN des ... artistes-auteurs (donc un bout de leur "statut"). "Les artistes-auteurs d'œuvres littéraires et dramatiques, musicales et chorégraphiques, audiovisuelles et cinématographiques, graphiques et plastiques, ainsi que photographiques, sous réserve des dispositions suivantes, sont affiliés obligatoirement au régime général de sécurité sociale pour les assurances sociales et bénéficient des prestations familiales dans les mêmes conditions que les salariés." (article L382-1 du code de la sécurité sociale).
"artisans" est un terme générique qui regroupe divers métiers
"intermittents" est un terme générique qui regroupe divers métiers
"artistes-auteurs" est un terme générique qui regroupe divers métiers.
"artistes-auteurs" est un terme "très sérieux" et fort utile pour toutes et tous.
À chacun de prendre l'habitude de l'utiliser afin de faire avancer le shmilblick pour tous.
Zozotte mulhousienne
17/04/2020 à 20:30
Mr Koinsky, Êtes vous bien sérieux, quand vous écrivez que « artiste-auteur » n’est pas une appellation... (pardon, mais appellation s’applique aux friandises, vins et fromages, pas aux personnes) ? Êtes vous bien sérieux quand vous dites illustrer des quatrièmes de couverture, alors que celles-ci comportent la présentation du livre et de ses auteurs, mais rarement des illustrations ? Êtes vous bien sérieux quand vous répondez que les mots sont des armes létales, alors que vous venez de contester la dénomination d’ « artiste-auteur » que vous qualifiez de terme générique flatteur ? Faites attention à ce que vous écrivez Mr Koinski, car le manque de sérieux que vous reprochez à Mme Samantha Bailly (qui décrit très justement la situation kafkaïenne des artistes-auteurs), pourrait se retourner contre vous, si vous persistez dans les approximations. Sachons de quoi l’on parle, car comme vous le dites si bien les mots sont des armes létales.
Je regrette que vous ayez détourné le débat de fond (j’espère que ce n’était pas le but ?), car oui le statut, le régime fiscal, social, administratif des artistes-auteurs est un embroglio, et qu’une reconnaissance attestée par une case dans les formulaires administratifs officiels suppose une prise en compte et une révision leur accordant les mêmes droits et devoirs qu’à tous les autres citoyens de ce pays.
J’espère que vous allez chercher comment s’appelle la partie de couverture d’un livre que vous illustrez. Bonne soirée
koinsky
17/04/2020 à 21:22
1 - Oui, ça ne me dérange pas que le nom de l'illustrateur ne figure pas sur la couv d'un roman.
2 - Non, je ne reproche rien à Samantha Bailly.
3 - Et non, je ne suis pa sérieux.
4 - Et oui, je suis un provocateur, un empêcheur de tourner en rond, un lanceur d'alerte.
5 - Et oui, je suis sensible à la discrimination négative dont sont victimes les auteurs et les illustrateurs, entre autres.
6 - Mais oui, je crois que les mots ont un sens propre, et que leur association approximative peut parfois désservir la cause qu'ils sont censés servir.
Bonne soirée à vous, Zozotte ;)
Jujube
18/04/2020 à 19:22
Bref, vous avez une excellente opinion de vous.
Samantha Bailly
14/04/2020 à 10:12
Bonjour,
Simplement pour clarifier : "artiste-auteur" n'est pas une dénomination renvoyant à une forme de romantisme, contrairement à "auteur" dans le CPI. "Artiste-auteur" est la dénomination pour regrouper les différents métiers concernés par un même régime de sécurité sociale, dénomination que l'on retrouve dans le code de la sécurité sociale. C'est donc au contraire la seule désignation concrète d'un statut nous définissant comme des travailleurs. Derrière "intermittent du spectacle", on trouve de nombreuses professions différentes. C'est la même logique. Il n'y aura pas une case dans un formulaire administratif comme le fonds de solidarité pour TOUS les métiers existants, c'est cela qui serait hors sol. Une case "artiste-auteur", ce serait finalement le terme le plus pragmatique pour regrouper les différents métiers de la création appartenant au même régime.
koinsky
14/04/2020 à 12:17
C'est quand même le seul métier auto-proclamé chère Samantha dont j'apprécie le ton posé. ;)
koinsky
14/04/2020 à 11:18
C'est juste un point de vue. Je respecte les vôtres. Mais je reste convaincu que les mots sont des armes létales et que le terme "artiste-auteur" manque sérieusement d'impact, contribuant à générer de la confusion dans les esprits et de la frustration tant chez les auteurs que chez les artistes.
Sophie Poirier
14/04/2020 à 11:25
Il y a aussi un statut qui existe (mais qui n'a pas encore sa case non plus) qui est entrepreneure-salariée au sein d'une coopérative d'activité et d'emploi (issu de la loi Hamon Économie sociale et solidaire). Aujourd'hui pour gagner ma vie j'écris tout un tas de choses en plus de livres (qui ne me font pas vivre) et donc avec ce statut je facture et je vends de l'écriture. Il n'est pas complètement adapter à la vie d'autrice (par exemple je n'ai pas droit aux formations agessa/afdas) mais il me protège comme un salarié tout en me laissant la liberté de développer mon activité d'écriture.
La piste à réfléchir, ce serait peut-être de créer des coopératives d'auteurs/autrices ?
koinsky
14/04/2020 à 12:25
Juste "auteur" ou "artiste". Un musicien on l'appelle bien musicien et pas artiste-musicien, un sculpteur, sculpteur et pas artiste-sculpteur, ... parce que ça coule de source qu'il est artiste et pas plombier ou boulanger, non ? Moi je trouve que ça suffit à désigner un mot.
JB
14/04/2020 à 11:29
Pardon, mais je ne vois pas en quoi le terme "artiste-auteur" aurait moins d'impact que "intermittent du spectacle", que j'ai été aussi. Je peux vous dire qu'avoir un statut, une case, comme le dit Samantha Bailly, fait une grande différence.
Nous sommes artistes, nous sommes auteurs, comment devons-nous nous appeler? "Mineurs de formes", "Apnéistes du verbe" ,"Pommes de terre", "Invisibles", "Sans-case"? Moi je suis ouvert, mais "artiste-auteur" a le mérite d'une certaine simplicité et d'appeler un chat un chat.
koinsky
14/04/2020 à 14:06
Ok, je rends les armes et me range à l'avis général. De toutes façon je suis les 2. Portez-vous bien. Bises ;)
JB
14/04/2020 à 15:45
J'avais répondu mais mon post est passé à la trappe. En fait je crois que vous avez mal interprété le nom "artiste-auteur", en prenant "artiste" pour une qualification du mot "auteur". Or, "artiste-auteur" signifie "artistes et auteurs". L'idée est de regrouper sous une même bannière, au-delà des seuls écrivains, tous les professionnels des métiers artistiques tombant en dehors des statuts existants: sculpteurs, peintes, écrivains, etc...
Le terme devrait mieux vous convenir maintenant. :)
koinsky
14/04/2020 à 16:37
Ok, merci, c'est plus clair pour moi ;-)
Jujube
14/04/2020 à 20:26
Et revoici la guéguerre des mots, tombée plouf! dans la mare-au-virus. Quelle chance que l'attaquant-chamailleur a enfin pris des vacances. Merci à lui. Beaucoup!
Gilbert Bouchard
20/04/2020 à 17:30
Bonjour Samantha. Vous donnez le point de vue de quelqu'un en début de carrière, moi, je peux compléter avec la fin de carrière, voire par exemple constituer un dossier de retraite même si je compte bien continuer d'être auteur tant que je tiendrai debout, voire assis! Eh bien, demande ses droits à la retraite n'est pas simple non plus. L'AGESSA vous mentionne que vous avez plusieurs années où vous n'avez rien gagné, zéro euro. Où sont passées les cotisations? J'apprends donc avoir vécu avec ma famille en ne gagnant pas le moindre euro! C'est alors à vous de rechercher des documents qu'ils ont perdus, d'affronter des répondeurs téléphoniques, de réexpliquer votre affaire à celle qui a remplacé la précédente. Il y a une seul bureau de l'AGESSA qui est à Paris. Comment fait-on quand on habite à 500 km? L'autre jour j'étais à Paris et en profite pour aller à l'AGESSA. Porte close et interphone. On me répond, deux mois d'attente pour un rendez-vous. Repassez dans deux mois!
Jean
20/04/2020 à 18:16
J'attends toujours la réponse à un courriel que je leur ai envoyé en janvier...