Financer le présent avec le passé
Le 29/03/2010 à 10:21 par Clément Solym
Publié le :
29/03/2010 à 10:21
Nous avions évoqué à demi-mot la semaine passée une étude que Le MOTif rend publique aujourd'hui, concernant les oeuvres tombées dans le domaine public, et pour certaines sans se faire trop mal. Molière avait d'ailleurs remporté la palme des meilleures ventes dans le secteur, en 2008.
Maupassant |
Pourquoi une étude, Extension de la lutte pour le domaine ? Tout simplement parce que la taxe sur le domaine public ne date pas vraiment d'hier. En fait, depuis le XVIIIe siècle, on l'évoque. Que les auteurs du passé aident ceux d'aujourd'hui à vivre.
Et vivre mieux. Trois auteurs, Xavier Houssin, Renaud Meyer et Laurence Tardieu, en avait appelé à Frédéric Mitterrand : « En 1927, Édouard Hierriot déposait un projet de loi visant à créer une Caisse nationale des lettres alimentée par une taxe sur les oeuvres entrant dans le domaine public. Financer la création des auteurs vivants par le succès des auteurs disparus ? Belle idée. Quelles avancées depuis ? »
La thématique est posée. Direction le vif du sujet. ALors la question est bien : quelle participation économique le domaine public pourrait apporter au secteur de l'édition. Et pour ce faire, les auteurs de l'étude ont pris en compte trois collections, Le livre de poche, Folio classiques et Classiques Larousse. Soit 1000 références - 480, 336 et 184 - qui auront été vendues à 1 exemplaire au moins entre 2005 et 2008. VOilà pour la méthodologie.
Alors qu'est-ce que le domaine public ? Facile, plus ou moins, mais disons des oeuvres dont l'auteur est décédé depuis plus de 70 ans.
Moins de 1 % du chiffre d'affaires en 2008
Dans ces conditions, que représente le domaine public en France, en termes de chiffre d'affaires : c'est simple, entre 0,6 % et 0,8 %. Soit 30 à 35 millions € au prix public hors taxe. « Cette valeur concerne les cas où une oeuvre du domaine public représente une part essentielle du livre publié ; sachant que les commentaires critiques [...] sont rémunérés en droit d'auteur et ne sont donc pas dans le domaine public. »
Moins de 1 % du marché français. Avec deux têtes de file : Gallimard et le Livre de Poche. Pour des raisons différentes toutefois, puisque la première dispose d'un fonds faisant la part belle au domaine public et que l'autre en a fait « l'une de ses caractéristiques fondatrices ». Néanmoins, ces ventes représentent une maigre part de leurs chiffres d'affaires propres.
En termes de ventes, il faut également prendre en compte une tendance globale qui tend à la baisse, toutes collections confondues. Si l'on flirtait avec la barre des 3,5 millions de ventes, il est redescendu en 2008 à son niveau de 2006, ou peu s'en faut, autour de 3 millions. Notons également chez Hatier, Nathan et autres ont « un catalogue plus restreint avec des ouvrages à faible prix (souvent moins de 3 €) qui tendent à baisser chez Larousse ».
Les meilleurs vendeurs du domaine public
En outre, quelques écrivains concentrent l'ensemble des ventes - motivées en grande partie par les programmes scolaires, il n'est probablement pas utile de le préciser. Ainsi, c'est bien Molière qui prend la tête des ventes, avec 329.000 exemplaires, et six autres occupent les charts : Maupassant, Zola Hugo, Balzac, Voltaire, Racine, Flaubert, Dumas, Verne, Baudelaire (un poète, enfin !) et Marivaux.
L'avenir des lecteurs ebook ?
Conclusion... l'idée de puiser dans le domaine public n'est pas vraiment intéressante. En outre, il faut constater que la présence de plus en plus importante de textes libres de droits, que l'on trouve assez facilement, via Google Books ou le Project Gutenberg, ne favorisera probablement pas les ventes de livres. Mais peut-être bien celles de lecteurs ebook. Si l'on compte l'investissement dans une scolarité, mettons sur le collège des ouvrages à acheter, peut-être que bien des parents préféreront opter pour la solution numérique...
Conclusion toute personnelle de la rédaction, toutefois...
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