Houellebec et Flammarion d'un côté, Florent Gallaire de l'autre et au beau milieu, Wikipedia, par l'intermédiaire de l'association Wikimedia France. Autant dire, du beau monde, du linge propre et pas mal d'intérêts qui ne convergent pas forcément.
Le 01/12/2010 à 16:36 par Clément Solym
Publié le :
01/12/2010 à 16:36
Dans cette histoire, la position de Florent Gallaire est celle d'un partisan du logiciel libre, qui par déformation professionnelle a vu la causalité s'appliquer immédiatement. Si Houellebecq a pris des éléments de Wikipedia pour son roman, alors le roman est forcément sous l'emprise de la licence Creative Commons, puisqu'il redistribue une partie du contenu de l'encyclopédie.
Se détacher de la perspective virale
Si Wilkimedia France se range derrière le principe de citation, et non d'une oeuvre dérivée de Wikipedia, comme le pense Florent Gallaire, la situation aurait probablement été bien différente si l'on avait assisté à une reprise plus importante, souligne la fondation, pour qui le peu emprunté n'est pas significatif. Sur ce point, Florent Gallaire ne se tracasse pas : non seulement la taille importe peu, mais dans tous les cas, les formes typographiques de la citation ne sont pas respectées. On entre donc dans le domaine de la contrefaçon de la licence Creative Commons, et pas du tout la courte citation.
Maintenant, pour l'encyclopédie, il est plus pertinent de rester circonspect concernant le cas Houellebecq, sans pour autant s'interdire de s'adresser plus directement à Flammarion. Mais l'enjeu pour Wikipedia dans ce cas est de ne pas être jugé comme éditeur ou hébergeurs, parce que les risques sont grands. Patience et longueur de temps, pourrait-on dire, mais surtout ne pas s'engouffrer dans quelque chose avec lequel on n'est pas 100 % d'accord.
Logique Propriétaire contre logique Libre
En parallèle, prenons donc le système dans lequel s'inscrivent les deux parties : d'abord, Flammarion et son romancier, dont ont connaît toute l'affection pour la logique propriétaire, afin d'en tirer un profit personnel, qu'il soit médiatique ou autre et qui puise donc dans des contributions libres, appartenant à un certain univers de partage et d'échange. Pour synthétiser, c'est le grand capital qui vient se servir dans le monde du Libre, en toute impunité.
En face, un petit malin, qui tente le coup d'une contamination virale par la licence Wikipedia, qu'importe la quantité prise, c'est l'intention qui compte. Et qui par là démontre en effet que Flammarion s'est fait l'éditeur d'un livre qui est une contrefaçon. Parce qu'il viole la licence réclamant qu'en cas d'utilisation des articles de l'encyclopédie, on cite la source et l'on fasse basculer sur licence identique.
Avouer la contrefaçon pour revendiquer ses droits ?
L'idée de Florent Gallaire, c'est qu'à compter du moment où Flammarion entre dans le monde du Libre, ce sont les règles du Libre qui s'appliquent, n'en déplaise à ceux qui préfèrent les logiques propriétaires. Mais dans un cas comme dans l'autre, les deux parties défendent une vision de la propriété intellectuelle. Sauf que l'une est celle du copyleft, l'autre du copyright.
Et voilà que celui qui est contrefacteur d'une licence, pour sauvegarder son copyright, doit se déclarer officiellement contrefacteur, et faire jouer le Code de la propriété intellectuelle, tout en assumant que son auteur a bel et bien emprunté du matériel sans respecter les conditions d'usage.
D'une certaine manière, en n'intervenant pas plus, et en gardant cette prudence, Wikipedia pourrait donner l'impression de mordre la main qui le nourrit. En se montrant prudent avec la partie adverse qui possède l'argent, l'encyclopédie oublie de défendre avec force ses contributeurs, l'essence même de son existence... Difficile de trancher ?
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