Thomas Mann est né le 6 juin 1875 à Lübeck, obtint son prix Nobel de littérature en 1929 et mourut le 12 août 1955 à Zurich. Et clairement, il nous a laissé des textes fantastiques, d'un cycle de déréliction. Entre chaos et décadence, Thomas Mann se pose là.
Le 26/02/2011 à 15:18 par Clément Solym
Publié le :
26/02/2011 à 15:18
C'est aussi à Thomas que l'on doit cette citation : « La méchanceté est l'esprit de la critique, et la critique est à l'origine du progrès et des lumières de la civilisation. » Eh bien la critique va faire son oeuvre et tenter de faire avancer le monde, en apportant ses méchantes lumières...
Domaine public contre domaine du fric
Mort voilà 56 ans, Thomas Mann n'est toujours pas dans le domaine public en France - il faudra attendre 14 ans encore. En revanche, conformément aux lois canadiennes, son oeuvre appartient au domaine public, et il est possible de trouver gratuitement et légalement, quand on est Canadien, des versions numériques - 50 ans après la mort de l'auteur. En toute légalité, insistons bien sur ce point.
Qu'en est-il en France ? Eh bien, prenons La montagne magique, ouvrage traitant de la maladie. Il existe une version Poche, vendue 8,50 €. Mais on trouve aussi la version publiée chez Fayard, en janvier 1998, proposée 34 €. Et la version numérique, toujours chez Fayard, vendue... 33,99 €. On pardonnera les lacunes en calcul du rédacteur estomaqué, mais on doit être loin des 10, 20 voire 30 % de différence de prix entre le papier et le numérique, d'ordinairement allégué par l'édition.
1 centime d'euro de différence. Pour faire frémir de plaisir le lecteur qui voit où je veux en venir, prenons un autre angle : l'ebook La montagne magique est vendu 399,88 % plus cher que la version Le Livre de Poche.
Et histoire de boucler la boucle, le livre est vendu avec des DRM Adobe. Plein...
Promouvoir quoi ?
Philip Gourevitch expliquait au Monde que la littérature rencontrait « un problème générationnel ». « Il y a des moments où la culture d'une langue ou d'une région devient excitante. Aujourd'hui, les littérateurs montants aux États-Unis sont latino-américains et asiatiques. » (Le Monde)
Avec ce genre de politique tarifaire, il est évident que l'on n'est pas prêt d'assister au regain d'intérêt pour les autres types de littérature...
Mais comment peut-on croire une seule seconde - et même une seule nanoseconde ! - toucher le public désireux de lire en version numérique et qui aimerait découvrir Mann avec ce type d'offre ? Allez, qui achèterait une version DRMisée de ce livre, à ce prix-là ? Qui n'aurait pas plutôt l'idée d'aller chercher du côté des oeuvres libres de droit au Canada et de télécharger l'ouvrage en question gratuitement ?
Entre une véritable escroquerie et une offre qui contraint à entrer dans l'illégalité, mais qui est gratuite, peut-on en vouloir à l'internaute de ne pas se laisser prendre pour une poire ?
On persiste et on signe
On se souviendra que l'une des sections d'Editis, Place des éditeurs, avait présenté en septembre 2009 sa politique tarifaire, pour le moins honteuse, telle que suit :
Le mot d'ordre de Jean Arcache était d'« innover sans tout casser ». Évidemment.
Mais Fayard compte parmi les maisons de Hachette, ce qui ne change cependant pas grand-chose...
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