Aujourd’hui, le marché de l’édition en Russie est particulièrement dynamique, grâce à une période de restructuration interne qui lui a été très favorable et a permis un élargissement de sa présence à l’étranger. (via Publishers weekly)
Il y a 20 ans, le marché de l’édition en Russie était détenu par l’Etat, puis a vu son effondrement et a dû créer très rapidement des infrastructures privées. Ce revirement de situation historique a donné naissance à une édition nationale très caractéristique. En effet, les maisons d’éditions Russes ont développées la capacité de produire en très peu de temps d’énormes quantités de livre : Ainsi, Eksmo et AST, les deux géants de l’édition Russe, qui contrôlent près de 45% du marché, ont publié plus de 600 titres par mois au cours des dernières années, un chiffre sans précédent dans le reste du monde.
D’autre part, l’industrie de l’édition est concentrée dans seulement deux villes : Moscou (à 85%) et Saint-Pétersbourg (15%). Dans ces grands pôles, les ouvrages sont rarement réimprimés car ils sont édités en masse. Ainsi, la première édition couvre généralement la durée de vie entière du livre.
Et les petits ?
Dans ce contexte d’industrie de masse, comment les petits éditeurs font-ils pour s’en sortir ? Andrew Nurnberg, éditeur à Moscou explique qu’ils usent de différents stratagèmes : « Par exemple, [les petits éditeurs] invitent des auteurs internationaux en Russie pour des tournées de promotion et ils sont très attentifs à la qualité de leurs traductions qui s'améliorent ». En dépit de leurs efforts, « certains distributeurs ont tout de même eu des difficultés financières dues aux coûts de production élevés et au faible prix de vente au détail. Cependant, les lecteurs russes, ont le privilège de pouvoir acheter des livres bon marché et c'est un vrai plaisir de voir les librairies remplies de lecteurs qui achètent cinq ou six livres à la fois. »
Sergey Kondratov, président de Terra Publishing, regrette pour sa part que la production soit aussi répétitive. « Certains secteurs comme la littérature de la petite enfance sont surdéveloppés quand d’autres sont négligés, comme la littérature pour adolescents par exemple. »
Une industrie moderne
Il ajoute que du côté du numérique et des nouvelles technologies, « les ebooks et la vente en ligne ont court depuis un petit moment » en Russie. D’ailleurs, la bibliothèque d’Etat Russe (Russian State Library) travaille avec Google pour la numérisation de ses collections, bien qu’elle tienne à préserver son patrimoine papier et à continuer d’en développer la production, en parallèle du numérique.
Une autre caractéristique de la production littéraire en Russie, consiste en la faible proportion de titres étrangers, qui représentent seulement 13% du marché. Par contre, la littérature russe tient une place considérable à l’étranger, notamment grâce à un programme de traduction optimal, proposé par la fondation Mikhail Prokhorov. La co-fondatrice et présidente de la commission d’experts, Irina Prokhorova a affirmé : « nous fournissons une aide à la traduction dans toutes les langues à l'étranger des titres de fiction et de non-fiction russes. » Ainsi, le programme déverse près de 400 000 dollars par an avec lesquels sont traduits plus de 500 livres.
Promouvoir les contemporains
En effet, «Les lecteurs britanniques et américains connaissent surtout les écrivains russes classiques, du 19ème siècle et peut-être une poignée de ceux du 20e siècle […]. Notre objectif est de présenter la gamme de la littérature russe contemporaine dans son ensemble, y compris les romans policiers, les thrillers, la science-fiction, les biographies et la fiction historique. Il s'agit d'une occasion unique pour le monde anglo-saxon de découvrir ces romanciers à succès comme Boris Akounine, Polina Dashkova, Dmitry Glukhovsky, Sergueï Kostine, Sergey Lukyanenko et Anna Storabinets qui façonnent la culture contemporaine Russe. »
Les Russes souhaitent manifestement que le reste du monde reconnaisse leur littérature contemporaine et ne se base plus uniquement sur les grands morts que sont Tolstoï, Gogol ou Dostoïevski.
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