Spotify : Échec de la gratuité pour la musique ?
Depuis quelques jours, la formule tentée par Spotify semble montrer ses limites. La gratuité, d'accord, mais pas n'importe comment. Puisque les utilisateurs peuvent accéder à toute la musique possible en l'échange de publicités, ces derniers ne se privent pas.
De là la nécessaire modification dans les usages permis par ce service. Spotify a en effet décidé de limiter le temps d'écoute, alors qu'en parallèle, on dénombre plus d'un million d'utilisateurs payants - chiffre qui n'apparaît pas suffisant pour maintenir les actuelles conditions d'utilisation.
Pas assez cher - donc pas assez rentable
La nouvelle formule est la suivante : à l'inscription, l'écoute illimitée sera restreinte à 6 mois. Au terme desquels, l'internaute avide de musiques se verra limité à 5 écoutes d'un titre, et une consommation totale mensuelle de 10 heures - s'il souhaite rester dans la formule gratuité contre publicité.
On le comprend, l'idée est de pousser, sans trop forcer, les internautes à basculer vers une inscription, qui serait plus rentable pour le service, mais également pour les majors qui permettent l'écoute des fichiers musicaux. Interrogé par Radio Campus, Pascal Nègre estime pour sa part : « Quatre écoutes, c'est suffisant pour savoir si on veut acheter un titre. »
On croirait presque entendre un ancien président du SNE estimant que les DRM sur les ebooks, s'ils permettent six échanges du livre, c'est largement suffisant pour l'utilisateur. Ajoutons également que Pascal Nègre considère les forfaits proposés comme bien inférieur à ce qui devrait être.
La versionSpotify de l'ebook
Or, l'exemple Spotify est intéressant, alors que s'apprête à sortir le service 24Symbols, lancé par une société espagnole et qui repose sur le même principe, cette fois adapté à la lecture numérique. Soit une formule de gratuité, contre publicité, soit un abonnement, débarrassé de pubs. (notre actualitté)
D'après ses créateurs, l'objectif premier est de créer un monde de lecture et un environnement où tous les acteurs de la chaîne s'y retrouvent. Pour l'heure, seule l'intégration des libraires est encore incertaine. D'autant plus qu'avec la formule d'abonnement, la possibilité de télécharger le fichier lu est ajoutée. Il sera intéressant de voir comment s'en sort le service - qui ne sera disponible qu'en Europe, continent où la lecture numérique est encore loin d'avoir conquis les peuples.
L'aventure de la légalisation
Mais surtout, le modèle de la gratuité artificielle, puisque sponsorisée par l'affichage pub a récemment trouvé un écho particulièrement intéressant, avec l'initiative du mangaka Ken Akamatsu. Ce dernier a lancé une plateforme, J-Comi, qui vise non seulement à faire lire des manga gratuitement, mais surtout lutter contre le piratage.
En effet, celui-ci a trouvé une formule qui permet de "légaliser" un fichier numérique illégalement mis en partage sur les réseaux d'échange, en obtenant de son auteur qu'il accepte de le voir mis en consultation sur J-Comi. Et pour mieux le persuader, le service est monétisé par de la publicité, dont les revenus sont 100 % reversés à l'auteur.
Plutôt que de ne rien percevoir d'un fichier piraté, ce dernier peut donc toucher quelques subsides. (notre actualitté) Un modèle tout aussi stimulant, mais qui pour l'heure en est à ses débuts.
Mais qui, ne l'oublions jamais, ne peut marcher que si l'internaute accepte aussi de jouer le jeu...
Par Clément Solym
Contact : cs@actualitte.com
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