Le Master CREM de la Sorbonne s’est donné pour mission de former la future génération d’éditeurs et d’éditrices. Après deux ans d’alternance qui leur ont permis d’appréhender les ressorts du métier, les étudiants s'aventureront sur le marché de l’emploi. En cette période particulière, remises en question et tribunes s’enchaînent : ces primo-arrivants appréhendent mieux le monde du travail, et devront se tracer un chemin dans un secteur ultra concurrentiel – parfois cruel.
Le 10/06/2020 à 10:13 par Gariépy Raphaël
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10/06/2020 à 10:13
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Nous sommes allés à la rencontre de quatre apprenties éditrices, interrogées sur leurs motivations, leur métier, leurs attentes : quel regard portent-elles sur l’avenir du métier, parfois fantasmé, d’éditeur ?
Que le monde du livre les ait attirées dès l’enfance ou que la rencontre avec le milieu de l’édition soit le fruit d’une reconversion dans le supérieur, toutes ont l’impression d’avoir trouvé leur place. Toutes occupent actuellement un poste d'assistante éditoriale, en contact direct avec les textes. Zoé travaille aux éditions de L’opportun, Manon en jeunesse chez Nathan, Eléna aux éditions Dunod où elle s’occupe de livres universitaires, et Charlotte fait partie de l’équipe du Tripode depuis deux ans.
Pour les quatre apprenties, 2020 signe la fin des études avec le monde professionnel pour horizon. Mais cette rentrée littéraire sera particulière pour l’ensemble du milieu. Le secteur de l’édition vient de vivre une crise intense qui a retourné chaque maillon de la chaîne. Les postes se raréfient, plus que jamais – obligeant à un certain pragmatisme.
«Dans mes rêves les plus fous j’aimerais travailler en littérature de l’imaginaire, je trouve qu’il y a un dynamisme fou dans ce secteur, mais je ne me mets pas de limites pour le moment, ça dépendra de ce qui va se passer à la fin de l’année» ; Zoé, qui envisage de lancer sa propre maison depuis déjà un certain temps, est pleinement consciente des difficultés qui l’attendent et ne refuse aucune option.
Eléna comme Manon comptaient sur la logique de grand groupe (Hachette et Editis) pour bénéficier d’une mutation en interne en septembre prochain. La réalité a bouleversé leurs plans : « Ça va être très très compliqué, je vais me lancer en freelance l’année prochaine, à mon avis je n’aurai pas le choix», affirme Eléna. Elle prévoit de se débrouiller avec des contacts noués durant l’apprentissage tout en continuant à prospecter sur les offres qui sortent. Seule Charlotte, qui reste au Tripode l’année prochaine, peut finalement se permettre d’être sereine.
«On n’a pas fini de voir des choses aberrantes se passer dans le monde de l’édition», affirme Zoé qui suit avec attention le mouvement #PayeTonAuteur ou la Ligue des auteurs professionnels. Elle constate au jour le jour les injustices qui structurent le milieu, et notamment la surproduction qui impacte durement les librairies.
Free Photos CC 0
À cela s’ajoute la précarité pour les jeunes éditeurs – avec un niveau d’étude proche du Bac +5 –, pas assurés d’avoir un emploi stable. «Si la profession d’éditeur ne risque pas de disparaitre, en tout cas pas en France, le métier reste très précaire même en CDI : si on est dans une petite boite tout peut se casser la gueule du jour au lendemain.»
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Surtout que la concentration des groupes parisiens rend difficile un début de carrière en province. Paris, ville la plus chère de France, n’est pas toujours tendre avec les nouveaux venus sur le marché de l’emploi. Ainsi pour Charlotte le premier motif d’inquiétude reste le salaire : «Pour l’instant à 20 ans, pas mariée et sans enfant tout va bien, mais se projeter à 40 ans avec un salaire aussi bas à Paris, c’est difficile. D'autant que j’ai eu pas mal d’échos assurant que ça augmente très peu finalement.»
Et le changement ne semble pas pour maintenant : «J’adorerais que la crise Covid bouleverse le monde de l’édition et que les éditeurs se rendent compte du jour au lendemain que la surproduction est une impasse. Mais je n’y crois absolument pas. Selon moi, on va vivre une année difficile : les gros groupes vont s’engouffrer dans la facilité et produire plus, pour vendre plus et compenser les pertes», prédit Eléna.
Devant ce constat assez sombre, les réactions ne sont pas les mêmes. Eléna avoue avoir « peu confiance en l’humain et dans les éditeurs encore moins», comme Manon : il ne faut rien attendre du milieu. Le secteur de l’édition, très traditionnel, ne bougera pas de sitôt. Les futures éditrices prennent toutes l’exemple du livre numérique, censé révolutionner le milieu voilà déjà 10 ans, or «on ne se rend toujours pas compte qu’il ne sert à rien de mettre un livre numérique à 14 balles, quand le broché est à 19».
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Zoé de son côté ne nie pas les difficultés en présence, mais reste persuadée de faire partie d’une génération plus féministe, plus engagée, qui laissera moins de choses passer : «Oui, il y a plein de choses qui ne vont pas, mais on est dans un moment de prise de conscience globale et j’ai beaucoup d’espoir, on est au début de plein de choses, j’espère voir des révolutions se passer dans le début de ma carrière... et dans le reste de ma carrière aussi.»
Ensuite, quoi ? geralt CC 0
Enfin Charlotte tient à rappeler la condition privilégiée de la France : «Le secteur du livre en France est plus important qu’ailleurs, on a le précieux système du prix unique du livre, et la France a l’un des réseaux de librairies les plus denses au monde.»
Les quatre étudiantes s’accordent d'ailleurs à dire que la génération qui vient est particulièrement lucide sur les problèmes de la filière. Si l’optimisme n’est pas toujours partagé, toutes parlent de s'engager.
Manon, Eléna, Zoé et Charlotte partagent l'envie d’une exigence éditoriale, reflet de valeurs, au quotidien. Ne pas plébisciter des textes qui contreviendraient, opter autant que possible pour des maisons respectueuses des auteurs et de l’environnement, se tenir au courant des problématiques qui touchent la chaîne du livre... Des prises de décisions individuelles accumulées peuvent faire changer la machine dans son ensemble.
Pour Zoé la nouvelle génération partage une vision politique du monde de l’édition. De nouvelles notions voient le jour comme les « démineurs éditoriaux », des idées nouvelles sont mises en avant et rentrent dans des projets de collections, des projets de maison. Manon milite elle pour changer la représentation culturelle de l’édition, et aimerait à terme contribuer à favoriser la mise en place de programmes pour diversifier un milieu professionnel qui recrute souvent les mêmes profils provenant des mêmes classes sociales.
Changer le monde demain semble compliqué, mais peut se jouer sur des détails comme le confirme Charlotte qui a fait le choix de travailler dans une petite structure qui propose une grande diversité de publications. Défendre tous les jours des auteurs qui comptent pour la maison lui paraît essentiel.
Aux nouveaux arrivants dans les études d’édition, qui occuperont peut-être les bancs qu’elles viennent de quitter, elles délivrent principalement un message d’espoir : foncer, ne pas se résigner, c’est un métier qui en vaut la peine. Ne pas oublier que« rien n’est plus important que de croire dans les livres qu’on publie, non seulement par rapport à l’auteur, mais surtout par rapport à soi ».
illustration principale qimono CC 0
24 Commentaires
NAUWELAERS
10/06/2020 à 19:30
D'accord avec tout...sauf -de grâce -avec cette mode inepte voire insupportable du «déminage éditorial», venue d'Amérique !
La censure du politiquement correct n'est pas un avenir pour le livre,papier ou numérique...
Bonne chance dans votre passion.
CHRISTIAN NAUWELAERS
MDR
11/06/2020 à 08:01
« « on ne se rend toujours pas compte qu’il ne sert à rien de mettre un livre numérique à 14 balles, quand le broché est à 19 ».
Jolies et naïves ces demoiselles... Les éditeurs le savent pertinemment, mais ils ne tiennent pas à tuer la poule aux œufs d'or : si en plus le client, pardon à ce niveau-là on parle de pigeon, n'y voit que du feu et est capable de mettre autant d'argent dans un bien immatériel qui ne coûte RIEN, alors c'est le JACKPOT !
Comme qui dirait, là où il y a de la gêne, il n'y a pas d'argent facile !
Drere
11/06/2020 à 09:27
Justement, il n'y a pas de poule aux œufs d'or : les ventes des livres numériques sont ridicules, à notamment à cause de leur prix trop élevé comparé à leur équivalent papier. Autant se dispenser l'effort de la numérisation...
MDR
11/06/2020 à 11:28
Quand on a un pdf pour l'impression papier, l'effort de numérisation, c'est appuyer sur un bouton : il ne coûte absolument rien.
Drere
11/06/2020 à 18:00
Personne ne paye pour lire un PDF. Il faut un format epub, et les protections associées.
MDR
12/06/2020 à 07:21
Les protections associées, comme vous dîtes, sont juste un emmerdement pour le lecteur et explique en grande partie le désintérêt pour le format e-pub.
Quand on a un pdf, passer à de l'e-pub est trivial, sauf à vouloir casser la lecture par un DRM (qui a pour but surtout d'empêcher de lire le bouquin).
Bref, si les bouquins étaient électroniques étaient seulement en e-pub, ce serait absolument gratuit pour l'éditeur et facile et pratique pour le lecteur. Mais le monde de l'édition ne le souhaite pas...
M.K
11/06/2020 à 13:11
"Jolies et naïves ces demoiselles..." Quelle tristesse pour un commentaire intéressant de tomber dans un paternalisme gras et lourd. Cela n'apporte rien à votre propos, si ce n'est une tentative de minimiser l’intérêt des propos de ces éditrices.
MDR
12/06/2020 à 07:28
J'ai hésité à l'écrire en pensant qu'une personne bien pensante pourrait faire une remarque politiquement correcte.
Voilà, comme ça, c'est fait :P
Il n'y a de paternalisme dans cette expression que dans votre tête. Il se trouve que dans l'édition - et curieusement dans cette interview - il y a énormément de femmes (preuve ici : que des jeunes femmes, donc des demoiselles, mot honnie aujourd'hui par le politiquement correct (expression politiquement correcte pour LGBT)) et que, comme tout(es) les jeunes, leur vision de la société est idéaliste, pour ne pas dire naïves.
Devoir l'expliquer montre combien nous sommes tombés très bas dans une société où il est interdit de dire ce que l'on pense, voire plus grave de crier une évidence, dès qu'on n'est pas raccord avec le politiquement correct.
Une partie des problèmes de l'édition vient d'ailleurs de là : à ne publier qu'un gloubiboulga politiquement correct à longueur de pages, elle fait fuir les lecteurs qui préfèrent garder leurs sous que de payer pour avoir du BFMTV sur papier...
Yannick
14/06/2020 à 09:59
Chouette, encore un mâle qui va nous expliquer la vie. Fallait pas hésiter fallait vous abstenir.
Lwis
24/06/2020 à 16:40
Vous avez donc posté votre message en sachant que les mots que vous avez choisis étaient insultants et qu’ils blesseraient des personnes qui vous liraient. Cela ne fait pas de vous un rebelle, ou un roc inébranlable au milieu d'un monde sombrant dans le chaos ; cela fait juste de vous quelqu'un de mal élevé. Vous êtes un bien joli et naïf bonhomme de penser que cette attitude puisse vous mettre en valeur.
Les personnes dont vous commentez la naïveté et – Dieu sait pourquoi – le physique, sont des éditrices. Elles portent sur le monde de l’édition un regard renseigné par leur formation et par leur expérience du métier. Votre avis aurait gagné à prendre ces éléments en considération.
UneCertaineSimone
15/06/2020 à 11:24
Ben voyons : Demandez à un auteur de percevoir 60Þ1.50€. Et réduire sa visibilité sur un site très "talentueux" en matière de bookselling chez Amaz.. Vous voulez tuer aussi les libraires, qui eux, connaissent bien les auteurs tout autant que les éditeurs.
Il faut être un peu cohérent. Et après je lis #payetonauteur!Les auteurs sont payés, sinon ils ne signeraient pas de contrat.
Regardez ce qu'il s'est passé dans l'industrie du disque et la grande braderie sur la production musicale numérique ou pas : Bien heureux que le prix unique du livre soit maintenu au moins sur le papier.
NAUWELAERS
11/06/2020 à 11:51
Chouette !
On peut imprimer un livre numérique de 200 ou 300 pages avec des cartouches d'encre gratuites sur des imprimantes gratuites !
Grâce à vous,je bannis le livre papier.
L'impression PDF est beaucoup mieux bien entendu,gratuite en plus !
Je me procure ça où ?
Attention: moi je n'ai aucun patron pour payer cela...!
CHRISTIAN NAUWELAERS
NAUWELAERS
11/06/2020 à 11:59
Je rectifie (je suis ironique mais me plante moi-même...!): on imprime un
PDF avec non sur une imprimante !
On aura rectifié...
Sérieusement: si on paie un livre numérique et ensuite l'impression, quel coût au final ?
Et cela ressemble à quoi, un amas de pages plutôt qu'un bon bouquin ?
Cela ne me fait pas envie,désolé.
CHRISTIAN NAUWELAERS
PG
12/06/2020 à 20:47
Perception juste du (merveilleux) monde de l'édition française, toutefois, plus les choses, plus elles sont pareilles. Pour être (r)entré en édition, comme en religion, à la fin des années 80, la situation était identique: surproduction, précarité, centrisme de la profession, etc.Que faire alors ? Ne pas hésiter à prendre des risques, multiplier les occasions d'apprentissage (ici et ailleurs...), toucher à tout (édito, fab, commercial, droit, etc.). Bref, être réseauté et devenir indispensable !
NAUWELAERS
14/06/2020 à 11:57
Réponse à Yannick: ce monsieur est un mâle comme (sans doute) vous et comme moi...
Il a le droit de s'exprimer et vous avez le droit de ne pas être d'accord.
Mais la libre expression dans le cadre de la loi est une et indivisible.
Argumenter: oui,censurer:non.
En ce qui me concerne, j'apprécie la démarche de ces jeunes professionnelles passionnées mais en espérant -mon seul et unique bémol -qu'elles ne tomberont pas dans le piège du déminage éditorial et de l'autocensure.
Attentat contre la littérature.
Vraiment à éviter à tout prix.
Voilà, c'est tout...
CHRISTIAN NAUWELAERS
Drere
24/06/2020 à 16:25
Bonjour,
La "liberté d'expression", c’est le droit citoyen qui empêche le gouvernement de vous faire arrêter pour des propos que vous avez tenu.
Cela n’empêche pas vos interlocuteurs de réagir à vos propos, de vous rectifier quand ils vous estiment en tort, ou de porter un jugement sur vous sur la base de ces propos.
Bonne journée.
NAUWELAERS
24/06/2020 à 19:10
Drere, votre message est incompréhensible car on ne sait à qui il s'adresse !
Il est élémentaire de mentionner le nom de la personne à qui on répond sinon on intervient pour rien...
Personne ne pige votre mise au point, à quelle intervention de qui elle correspond.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Drere
24/06/2020 à 20:09
Vous ne semblez pas avoir éprouvé de tels problèmes de compréhension, M. Nauwelaers. Preuve en est que vous m'avez répondu.
Le site utilise un système d'alinéas pour indiquer si un commentaire répond à un autre. Cela peut devenir confus dans les conversations très animées avec de multiples interlocuteurs, mais il m'a semblé que ce n'était pas le cas ici.
J'ose espérer que cela ne vous aura pas empêché de méditer une minute ou deux sur mon commentaire, qui pourra d'ailleurs sans doute profiter à d'autres personnes.
Bonne journée.
NAUWELAERS
24/06/2020 à 22:20
Vous évoquez la «liberté d'expression» et ce que cela implique.
Je ne sais toujours pas à quel post vous faites allusion,désolé,Mr.Drere.
Je persiste et signe: comme vous venez de le faire enfin,indiquer le nom de celle ou celui à qui vous répondez.
C'est nécessaire et évident.
On n'a pas de temps à perdre à jouer aux devinettes,excusez-moi...
Sinon c'est totalement confus et quant à moi,je ne vois aucun sujet de méditation particulier par rapport à ce que vous écrivez...
«Porter un jugement sur vous sur la base de ces propos»,c'est justement la sale manie des réseaux sociaux qu'il conviendrait de ne surtout pas imiter dans un forum de meilleure tenue !
Argumenter«ad rem» et non «ad hominem»
Voilà, à votre tour de méditer quelque peu sur cela.
Je ne suis pas d'accord sur ce point et contrairement à ce que vous décrivez,je ne me permets pas de «porter un jugement» sur vous que je ne connais pas sur base de tels ou tels propos !
CHRISTIAN NAUWELAERS
Drere
27/06/2020 à 11:40
M. Nauwelaers,
Je réponds à votre message du 14/06 dans lequel vous répondez à Yannick, lequel recommandait dans son propre message à un tiers interlocuteur de s'abstenir d'employer des formules que ce dernier savait offensantes.
Dans votre message, vous comparez l'intervention de Yannick à de la "censure", et vous lui opposez "la libre expression dans le cadre de la loi".
Je me suis donc permis de rappeler que ce droit à la "libre expression dans le cadre de la loi" signifie qu'aucun citoyen ne peut être arrêté arbitrairement par le gouvernement pour des propos qu'il aurait tenu. Il n'interdit pas aux citoyens de commenter la légitimité d'un propos ou d'une prise de parole. L'intervention de Yannick n'est pas une atteinte à cette liberté, juste un appel à ne pas en abuser.
Si vous me permettez de vous reprendre sur un autre point, argumenter ad hominem signifie "juger la qualité d'un propos d'après la personne qui le tient" et non "juger une personne d'après les propos qu'elle tient". Les propos, comme les actes, nous engagent. Informé du caractère offensant de ses propos, l'interlocuteur de Yannick a répondu en l'assumant fièrement. Cela dit quelque chose de sa personne.
Bonne journée
NAUWELAERS
27/06/2020 à 17:50
Bonjour Drere,
Pourriez-vous être plus clair et préciser de quel interlocuteur de Yannick et de quel message il s'agit ?
C'est trop confus,excusez-moi.
Dans un débat ou une discussion,même animée,de haute tenue,je persiste et signe: on doit autant que possible s'en tenir à des arguments «ad rem» et non «ad hominem».
Lorsque Yannick s'exclame: «Chouette,encore un mâle qui va nous expliquer la vie», ça veut dire quoi ?
Est-ce un argument ?
CHRISTIAN NAUWELAERS
NAUWELAERS
28/06/2020 à 11:41
Réponse à Lwis,message du 24 juin: certes la grossièreté et les commentaires sur le physique de ces jeunes éditrices (que cet intervenant MDR- allusion à leur joliesse le 11 juin- ne connaît sans doute même pas,mais c'est malvenu quoi qu'il en soit) sont totalement déplacés.
Je suis d'accord.
Mais l'esprit critique peut s'exercer dans le respect des personnes !
Ni la formation ni la courte expérience de ces éditrices ne justifient qu'elles aient raison d'introduire le ver du «déminage éditorial» (d'une censure moderne) dans le fruit d'une édition qui de fait serait soumise à tous les vents des modes liberticides au mépris de toute intégrité.
C'est ce qu'elles disaient vouloir appliquer dans leur interview pour ce site.
En tant que grand lecteur,moi je ne supporte pas cela et j'espère que ces éditrices et leurs collègues -terme épicène -ne s'engageront pas dans cette voie calamiteuse.
Pas besoin de toujours imiter les Américains dans leurs pires dérives.
Plutôt que de l'antiracisme, je crois que la démarche de toutes ces firmes commerciales qui chassent tout ce qui est blanc tout à coup est pathétique et putassier au possible.
Antiracisme...une cause grave bien trop sérieuse pour être faisandée, dévaluée,humiliée et polluée par le cynisme des marchands.
Tartufferie et hypocrisie à tous les étages et je suis ravi que des Noirs et Noires également se rebellent contre ça !
Qu'on ne les prenne pas pour des imbéciles.
Comme ces soignants qui ne se contentent pas d'applaudissements qui ne débouchent que sur un statu quo.
Assez d'émocratie...!
Ces gens savent ne pas confondre de la joaillerie et de la verroterie sans valeur qui n'amène aucun changement sérieux.
Bien à vous.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Lwis
28/06/2020 à 13:01
Réponse à Nauwelaers, message du 28/06 : Du peu que je connais du métier de "démineur éditorial", j'ai l'impression que vous leur faites un procès d'intention. Ce ne sont pas des censeurs qui, livre dans une main et ciseaux dans l'autre, coupent sans pitié tout ce qui "ne passerait pas dans la société actuelle". Ils se contentent de conseiller les éditeurs et surtout les auteurs qui, plus souvent par maladresse que par décision artistique, peuvent véhiculer des clichés blessants et désinformant (si vous me pardonnez ce néologisme) sur une catégorie de personnes.
Je partage votre sentiment sur le comportement des grandes firmes qui tentent de s'approprier les luttes antiracistes - ou antihomophobie - de façon ridicule et dans un seul but publicitaire ; mais je pense que c'est une erreur de placer dans le même panier cette dérive et le déminage éditorial.
Bien à vous.
NAUWELAERS
28/06/2020 à 15:09
Réponse à Lwis (28 juin): désolé mais vous êtes trop confiant selon moi dans les vertus supposées de ce «déminage éditorial» qui est toujours -que vous le vouliez ou non -le cheval de Troie soit de la censure soit d'une autocensure induite par un certain climat général délétère.
Comme un champ de mines permanent.
En résumé: je suis prêt à respecter votre opinion entre gens de bonne compagnie que nous sommes.
Mais pas du tout à la partager.
Comme disent les Anglo-Saxons: «We agree to disagree»!
Et vous et moi,nous verrons comme tout le monde si cette mode platement et minablement copiée des Américains s'imposera ici ou fera pschitt...
Un éditeur ou une éditrice bien sûr n'accompagne pas ses autrices et auteurs pour leur montrer un supposé droit chemin,je regrette.
C'est s'abaisser et mépriser -avec les meilleures intentions du monde (dont l'enfer est pavé) - la liberté insécable et indivisible de la littérature et se plier à des tas de diktats et d'interdits toujours plus nombreux,sous tous les prétextes.
Je mets à part de ce refus les textes tombant sous les foudres de la loi.
La loi: la législature, pas la loi de tout le monde et son père,totalement illégitime et arbitraire !
Cela vous fait envie, cette reptation potentielle du monde éditorial ?
Woody Allen, cet exemple est tout récent !
Et c'est une éditrice qui n'a pas accepté cette dégradation du monde éditorial en prenant le risque de le publier.
Ensuite, ce livre comme n'importe lequel peut être sujet à la critique,tout aussi libre.
Mais non à un déminage éditorial abusif (périssologie) en amont.
CHRISTIAN NAUWELAERS