En plein milieu de l’affaire Sfar, la question reste entière : comment fonctionne la Société des Gens de Lettres ? Quel est son budget ? Comment le dépense-t-elle ? Quel est son véritable rôle ? Car diffamation, pas diffamation, procès, pas procès, le nerf de la guerre semble être cette question du rôle que joue cette institution ancienne. ActuaLitté a donc mené une enquête analytique pour tenter d’éclairer les enjeux.
Le 11/06/2020 à 11:23 par Nicolas Gary
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11/06/2020 à 11:23
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En pleine crise sanitaire, la SGDL se retrouve dotée de 2 millions € avec pour mission de redistribuer des aides aux auteurs, selon des critères et modalités qui ont suscité de multiples questionnements des auteurs. Mais au-delà de cette dotation, le point demeure : d’où vient l’argent de la SGDL ? Comment cette dernière l’utilise-t-elle ? Et surtout, quel est l'équilibre entre ses dotations financières et son efficacité, dans un contexte général de crise sociale pour les auteurs, bien antérieure au coronavirus ?
Pour commencer, comment peut-on définir la SDGL ? À l’origine, il y a Balzac et sa Lettre adressée aux écrivains français du XIXe siècle, en 1836. Une prise de conscience : collectivement, on est plus forts. La SGDL n’est en réalité constituée qu’en 1838, par un grand patron de presse nommé Louis Desnoyers. Ce directeur du journal reprend l’idée de Balzac pour lancer son projet, qui est suivi par de nombreux écrivains de l’époque (Balzac, Victor Hugo, George Sand, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, etc.). La SGDL s'articule alors autour deux fonctions : « La défense des intérêts moraux et matériels de ses membres et le secours aux écrivains nécessiteux. »
Comment ? En prélevant des droits de reproduction dans les journaux. À l’origine, la structure est donc un organisme de gestion collective. Plutôt logique à l’époque. On est bien avant les grandes révolutions sociales françaises.
Aujourd’hui, de par ses statuts, la Société des Gens de Lettres est une association d’utilité publique. Depuis peu, elle est aussi devenue organisme de formation, ce qui peut brouiller les pistes. Dans le Code de la propriété intellectuelle, l’institution est encore sous sa dénomination d’organisme de gestion collective, une de ses fonctions il y a quelques décennies. Une révolution des auteurs en mai 68, suite à des problèmes de gestion et d’opacité, a conduit à une scission : c’est ce qui a donné naissance à la SCAM, Société civile des auteurs multimédias, tandis que la SGDL a donc tenté de trouver un autre rôle.
La Société des Gens de Lettres semble se concentrer plus fortement sur son rôle de défense des auteurs, à la façon d’un syndicat. Elle participe aux accords entre le Conseil Permanent des Écrivains et le Syndicat National de l’Édition en 2013 à l’ère du numérique. Des accords qui provoquent des critiques : certains estiment que nombre de décisions entérinées sont un « retour en arrière », d'autres que l'on a fait rentrer le loup dans la bergerie, au sein des contrats.
Exemple typique : le cas de l’impression à la demande, ou bien le contrat numérique amalgamé dans le contrat de l’édition imprimée, plutôt que de faire l’objet de deux exploitations distinctes. Quoi qu’il en soit, la légitimité du Conseil Permanent des Écrivains est remise en question, et plus globalement le poids des représentants négociant avec le Syndicat National de l’Édition.
Mais alors, dans son rôle de « défense », la SGDL a-t-elle déjà mené des actions offensives au XXe siècle ? L’un des plus tristement célèbres exemples date du 18 juin 1934. La Société des Gens de Lettres soutient Hitler en tant qu’écrivain, pour son ouvrage Mein Kampf. Le chancelier porte plainte contre son éditeur qui a publié sans autorisation l’ouvrage dans une autre langue. La ligne de défense est que Mein Kampf présente un « effort de création ».
Dans un registre plus reluisant, quelques années plus tard en 1936, la Société des Gens de Lettres soutient le projet de loi de Jean Zay pour une grande réforme du contrat d’édition.... réforme balayée par le lobbying des éditeurs.
En 1999 la SGDL, avec le soutien d’autres associations ou syndicats (la Charte, le CPE, la MEL, le SNAC…), créé la SOFIA, la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit. Le but ? Percevoir une rémunération pour les auteurs pour le droit de prêt en bibliothèque. À l’origine, la SOFIA devait donc être un organisme de gestion collective uniquement géré par des auteurs. Mais la SGDL a besoin d'appuis politiques : pour entériner la loi sur le droit de prêt, ce sont donc les éditeurs qui viennent à la rescousse.
En 2000, ces derniers rejoignent les auteurs à la SOFIA, qui devient une société paritaire. L'une des suites, les lecteurs d'ActuaLitté la connaissent bien : l’affaire ReLIRE sur les livres indisponibles, qui finit par opposer quelques auteurs individuels au dispositif. La Cour de justice européenne a tranché et le dispositif est jugé en infraction du respect du droit moral des auteurs.
Les liens entre la Société des Gens de Lettres et l’État semblent aussi très forts. Tout d’abord, l’hôtel de Massa, ce bel hôtel particulier, n’appartient pas à la SGDL. La SGDL a un bail emphytéotique avec l’État. Autrement dit, la SGDL a contracté un accord avec l’État pour occuper les lieux et en tirer les bénéfices, un accord dont ActuaLitté ne connaît pas encore les conditions. En parallèle, la Société des Gens de Lettres devient une forme de « prestataire » de l’État, pour le compte du Centre National du Livre. Ce dernier lui a donné la charge il y a quelques années de reverser des aides sociales aux auteurs. Cette mission est articulée autour d’une subvention de fonctionnement.
Dans les autres liens qu'on peut remarquer, les derniers directeurs généraux de la Société des Gens de Lettres sont issus du ministère de la Culture. D’abord, Geoffroy Pelletier, anciennement au Service du livre et de la lecture, et qui est désormais le directeur de la SOFIA. Puis le nouveau directeur, Patrice Locmant, lui-même issu du même ministère de la Culture, Service du livre et de la lecture. Une interaction politique entre la Société des Gens de Lettres et le Ministère de la Culture qui a pu fluidifier les échanges avec la rue de Valois, mais continue d'interroger.
Si la Société des Gens de Lettres affiche 6000 adhérents, le rapport d’activité donne un chiffre tournant aux alentour de 2000 à jour de cotisations. Il est donc difficile de savoir exactement d’où viennent les 6000 adhérents annoncés ! Est-ce que cela comprend les ayants droit, à la manière des organismes de gestion collective ? Ou des auteurs décédés, puisque l’institution est ancienne ? Dire que la SGDL “représente” 6000 auteurs bien vivants n'a rien d'assuré de fait.
Les jeunes écrivains et les autres le savent : la SGDL dispose également d’un service juridique fonctionnel. Par ce biais, tout un chacun peut bénéficier d’un accompagnement — sur la relecture de contrats, sur des conseils dans la gestion de litiges. Cependant, l’association ne dispose pas d’un statut de syndicat, et à ce titre, ne pourra pas porter une affaire en justice pour défendre les intérêts d’une profession. Probablement la limite entre conseil et défense.
Autre point majeur, la question de l’aide sociale. Le président Christophe Hardy en avait récemment récapitulé les grandes lignes. L’association « gère un dispositif d’aide sociale, cofinancé avec le CNL et qui vient en aide à tous les auteurs. La SGDL a donc l’expérience et la force de travail (un énorme travail pour une grande partie de notre équipe salariée). »
Par l’intermédiaire d’une assistante sociale qui reçoit les auteurs, c’est un suivi de dossier sur les situations particulières de chacun qui est apporté. L’aide, mise en place en 2015, intervient de fait en compensation de ce que l’État se dédouane : en toute logique, elle devrait être gérée par l’Agessa, la caisse de sécurité sociale des artistes auteurs. Et, à ce titre, la SGDL se trouve dans un rôle de substitut des pouvoirs publics.
Enfin, le volet formation professionnelle compte parmi les forces réelles de l’association. Depuis le 1er juillet 2012, les auteurs cotisent en effet dans la perspective d’une formation. La SGDL propose ainsi des stages, pris en charge par le fonds AFDAS. « Conçues par des auteurs de livres pour des auteurs de livres, les formations de la SGDL s’attachent à encourager les échanges, à susciter des questionnements, et apporter les réponses adaptées aux besoins et aux souhaits de chacun », indique-t-on.
Cependant, ces formations ont elles aussi leurs limites, et probablement qu’un auteur professionnalisé n’y trouverait pas son compte.
En somme, la structure déploie des efforts réels de soutien aux auteurs, et, à ce titre, s’apparente à un centre de ressources diversifié. Et nul doute que les salariés agissent par ailleurs avec la volonté réelle d’apporter une aide concrète. C’est en réalité le rôle politique et de représentativité qu’elle a dû assumer qui fait dévier la ligne.
La fonction de la SGDL reste donc trouble entre toutes ces fonctions très nombreuses dont les intérêts peuvent entrer en conflit les uns avec les autres. Mais comment est-elle financée ? Son rapport d’activité permet de trouver des données fiables quant à l’activité de l’association. En 2017, la SGDL disposait d’un budget de fonctionnement d’environ 1,7 million €. À cela s’ajoutent 1,6 million € de trésorerie et 4,8 millions € de placements divers, qui rapportent environ 300.000 € de produits financiers par an. Un matelas confortable. La question est : d’où vient cet argent ?
Les sources sont en réalité multiples, et certaines difficilement identifiables. Il a fallu recouper à la fois le rapport d’activité et d’autres sources extérieures de financement de l’action culturelle des organismes de gestion collective, pour avoir une vision d’ensemble plus claire. Un quart environ du budget de fonctionnement repose sur la SOFIA et le CFC, donc de subventions au titre de l’action culturelle par la copie privée.
Pour rappel, le Code de la propriété intellectuelle oblige les organismes de gestion collective à conserver un quart des redevances copie privée pour ensuite les « flécher » pour financer des aides à la création, à la formation des artistes ou à des actions de défense dans l’intérêt des créateurs et de leurs œuvres. Qu’est-ce que cette « copie privée » ? Une gabelle que tout le monde paye, dès qu’il consomme ! C’est une taxe que l’on retrouve sur chaque support de reproduction (CD, DVD, cartes mémoires, disques durs, tablettes, téléphones, etc.) pour dédommager l’impact que ces reproductions ont sur la perte de revenus des auteurs. D’ailleurs, dans le rapport Racine, il était indiqué que ces sommes n’allaient pas assez souvent directement aux auteurs.
Le budget de la SGDL comprend, d’après nos enquêtes :
La SOFIA : 660.580 € au titre de l’action culturelle (copie privée), dans des catégories diverses (actions de défense du droit d’auteur et des intérêts des auteurs, développement du répertoire Balzac…) en 2018. (Source)
Le Centre National du Livre : 150.000 €, une subvention dédiée à son « action sociale ». Une question reste entière : la SGDL s’est-elle vue doter de 2 millions € (1 million du CNL, 1 million des organismes de gestion collective) à travers un fonds séparé ou bien est-ce l’entité SGDL qui a été abondée ? Avec quelles garanties juridiques ? ActuaLitté n’est pas parvenu à obtenir d’informations, malgré ses questions.
Location de locaux dans l’hôtel de Massa à d’autres associations : les associations louant un local dans l'hôtel de Massa rapportent environ 200.000 € à la SGDL.
Les cotisations des membres : environ 118.000 €. Avec un ticket d'entrée de 50 € – bien qu'il soit possible de faire un don supérieur – on arriverait à 2380 membres à jour.
Le dépôt de manuscrit : environ 200.000 €. Ce service est facturé 45 € TTC, mais n'implique pas une adhésion à la SGDL.
À noter que l’entretien de l’hôtel de Massa est onéreux : il fallait compter en 2017 près de 125.000 € pour le bâtiment. Mais l'endroit peut également être privatisé – autre source de rémunération.
Dans les projets menés par la SGDL les plus massivement financés, on retrouve le « Répertoire Balzac ». Ce répertoire semble très peu connu par la profession, mais son rôle est présenté comme essentiel par la SGDL puisqu'il permettrait d'obtenir les coordonnées de n'importe quel auteur. Simplement entre 2016 et 2018, ce répertoire aura coûté environ 300.000 € de subventions du SOFIA (175 k€) et du CFC (115 k€).
Problème ? Lancé en 2013, le site est encore en cours de construction. Pour ActuaLitté, plusieurs auteurs ont fait le « test » de demander les coordonnées d'autres auteurs : au bout d’un certain temps, une personne leur répond en leur signalant si oui ou non l’auteur est dans la base de données, mais sans pouvoir donner de contact direct et si non, invite à les contacter… via les réseaux sociaux. Ce site Internet est-il le projet majeur de défense des auteurs que les auteurs attendent en ces temps de crise ? Certains posent en tout cas la question publiquement.
En ces temps de crise sanitaire, est-il étonnant de constater autant de crispations autour de la Société des Gens de Lettres ? Pour ceux qui suivent le microcosme de l’édition et la crise sociale que vivent les auteurs depuis des années... pas vraiment.
L’histoire est une chose, en somme : dans son courrier à Joann Sfar, Yves Frémion, ancien président du SELF, ex-président du CPE et administrateur de SOFIA, rappelait fort bien les actions menées et les combats remportés. Et lui reprochait alors que le dessinateur fut absent lors de ces luttes. Mais le présent — et moins encore le futur — ne se contente pas des victoires passées.
Aujourd’hui, la Société des Gens de Lettres attaque donc Joann Sfar en diffamation, considérant que cette méthode est la plus immédiate réponse à son indignation. C’est tout un symbole : l’institution se retourne contre ceux qu’elle est censée défendre.
Les propos de Joann Sfar sont-ils vrais ou faux quand il remet en cause la façon dont ces organismes « avec des hôtels particuliers » gèrent et redistribuent l’argent généré au nom du droit d’auteur ? La crise de la représentativité ne fait désormais plus aucun doute, car la vraie question est... qui représente la profession des auteurs ? Si on se base sur le Code du travail, personne, aujourd’hui, faute d’une clarification par la démocratie.
photos : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
23 Commentaires
Antoine
11/06/2020 à 12:46
En effet on peut se poser des questions sur à quoi sert l'argent des auteurs ou au nom du droit d'auteur!
NB: avoir soutenu Hitler à une époque et en 2020 attaquer le dessinateur du Chat du rabbin en justice.....
M. Grandet
11/06/2020 à 14:14
Le répertoire Balzac est un scandale. Tout comme cette histoire de formation, qui retire une partie de ses revenus à chaque auteur pour financer quelque chose auquel presque personne n'a accès (et dont l'utilité concrète reste à démontrer même pour la poignée d'auteurs qui ont assisté à l'une d'entre elles). Comment peut-on justifier d'engloutir tout cet argent (pris à un secteur d'activité qui en manque censément) dans ces trous noirs depuis toutes ces années ? On utilise de l'argent produit par les auteurs sans qu'aucune information ne leur soit donnée et qu'aucun contrôle ne soit effectué. Que cette répartition soit pertinente ou non, mal intentionné ou non, il est de toute évidence nécessaire de réformer la façon dont les choses fonctionnent... et peut-être d'éliminer quelques dispositifs que personne n'a jamais demandés au passage.
Alexei
11/06/2020 à 16:32
La SGDL soutient Hitler en tant qu'auteur ? C'est un peu fort. On est un siècle après. Votre enquête, à charge, semble vouloir créer de la confusion dans les esprits. Ca relève de l'acharnement, on dirait.
PrTradoKo
11/06/2020 à 17:50
Un point Godwin, un !
Franck
11/06/2020 à 19:42
Ridicule...
Votre article ressemble etrangement à un contenu publi-rédactionnel placé par le jeune syndicat des auteurs professionnels en déroute, plus qu'à un travail journalistique serieux...
On pourrait espérer mieux... :red:
Nicolas Gary
11/06/2020 à 19:53
Bonjour,
J’ignore sur quoi vous vous basez pour lancer cette ânerie mais sachez qu’elle nous a fait bien rire.
Oh tant que j’y suis : avez-vous trouvé quelque chose de factuellement erroné ?
Excellent week-end
koinsky
12/06/2020 à 05:32
Créer de la confusion dans un esprit confus c'est vouloir l'éclairer. Montaigne
Amer
12/06/2020 à 07:44
En fait, quand on regarde tout ça de près, on n'a pas besoin des éditeurs (et la « chaîne » du livre) pour que les choses aillent mal : les auteurs se débrouillent très bien tout seul...
Ariane D
12/06/2020 à 09:17
L'heure d'un ménage de printemps pour nous les auteurs ! Merci pour cette transparence Actualitté, on en a besoin !
Martha
12/06/2020 à 09:54
Honnêtement, le passage avec Hitler n'était pas vraiment nécessaire.
Sinon, que d'agent englouti dans une institution ultra-parisienne dont on se demande à qui elle profite le plus finalement : est-ce qu'elle aide les auteurs en difficultés, ou débutants ?
Mathias Lair
12/06/2020 à 10:50
QUAND ON VEUT TUER SON CHIEN…
« Avez-vous trouvé quelque chose de factuellement erroné ? » demande Nicolas Gary à Franck, qui trouve « ridicule » son article d’ActuaLitté dénonçant la SGDL. Sans doute pas de fait erroné, mais beaucoup d’insinuations, d’opinions balancées comme des vérités.
Illustrations :
« Aujourd’hui de par ses statuts la Société des Gens de Lettres est une association d’utilité publique. Depuis peu, elle est aussi devenue organisme de formation, CE QUI PEUT BROUILLER LES PISTES ». En quoi et pourquoi ? On ne saura jamais. Heureusement, il suffit de lancer un pavé dans la mare pour que cela fasse quelques ondes sur le réseau…
Même approximation plus bas : « Cependant, ces formations ont elles aussi leurs limites, et PROBABLEMENT QU’UN AUTEUR PROFESSIONNALISÉ N’Y TROUVERAIT PAS SON COMPTE. » Probablement… En quoi ? Pourquoi ? On ne le saura jamais... Notons au passage que grâce aux subventions (douteuses sans doute) ces formations sont gratuites et les frais de déplacement et d’hébergement des auteurs en formation sont pris en charge.
« [La SGDL] participe aux accords entre le Conseil Permanent des Écrivains et le Syndicat National de l’Édition en 2013 à l’ère du numérique. Des accords qui provoquent des critiques : CERTAINS ESTIMENT QUE NOMBRE DE DÉCISIONS ENTÉRINÉES SONT UN « RETOUR EN ARRIÈRE », d'autres que l'on a fait rentrer le loup dans la bergerie, au sein des contrats »… Certains estiment que : voilà du factuel ! Journalistique à souhait ! Connaît-on une décision, un accord qui fasse l’unanimité ?
« Autrement dit, la SGDL a contracté un accord avec l’État pour occuper les lieux et en tirer les bénéfices, un accord dont ACTUALITTÉ NE CONNAÎT PAS ENCORE LES CONDITIONS ». C’est sans doute qu’il y a anguille sous roche ! Quelque honteuse collaboration qui ferait que la SGDL serait vendue aux pouvoirs publics ? Notre journaliste feint de ne pas savoir ce qu’est un bail emphytéotique. Il reconnaît quand même qu’il oblige la SGDL à financer l’entretien des bâtiments.
« Dans les autres liens qu'on peut remarquer, LES DERNIERS DIRECTEURS GÉNÉRAUX DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES SONT ISSUS DU MINISTÈRE DE LA CULTURE. » Voilà « la preuve » du lien incestueux ! J’y vois plutôt des prises de guerre : s’associer un fonctionnaire du ministère de la culture (qui dès lors ne l’est plus) permet d’entrer dans la place, d’en connaître les habitudes, les réseaux : utile pour faire passer un message, pour toute négociation !
« Cependant, l’association ne dispose pas d’un statut de syndicat, et à ce titre, NE POURRA PAS PORTER UNE AFFAIRE EN JUSTICE POUR DÉFENDRE LES INTÉRÊTS D’UNE PROFESSION. Probablement la limite entre conseil et défense ». C’est faux ! La SGDL ne défend, pas un auteur individuellement, mais peut ester sur des questions d’ordre collectif, elle l’a déjà fait.
« L’aide, mise en place en 2015, intervient de fait en compensation de ce que l’État se dédouane : en toute logique, elle devrait être gérée par l’Agessa, la caisse de sécurité sociale des artistes auteurs. Et, à ce titre, la SGDL se trouve dans un rôle de substitut des pouvoirs publics. » Quand on sait la gabegie que fut l’AGESSA, il fallait bien faire quelque chose pour aider les auteurs !
« Dans les projets menés par la SGDL les plus massivement financés, on retrouve le « Répertoire Balzac ». CE RÉPERTOIRE SEMBLE TRÈS PEU CONNU PAR LA PROFESSION, mais son rôle est présenté comme essentiel par la SGDL ». Ah oui, « il semble » ! Que voilà une factuelle et journalistique affirmation, encore une fois.
« LA FONCTION DE LA SGDL RESTE DONC TROUBLE entre toutes ces fonctions très nombreuses dont les intérêts peuvent entrer en conflit les uns avec les autres. » J’aime le « donc » qui laisse entendre qu’il y eut démonstration…
Persiflez, persiflez, il en restera toujours quelque chose !
Schierer Eliane
12/06/2020 à 11:42
Cela fait très longtemps que je n'ai pas lu de pareilles sottises, accusations et diffamations.
Je me demande si des preuves réelles existent? J'ai mes doutes. La jalousie est un vilain défaut! Mais quelles âneries écrivez-vous donc au sujet de la SGDL!!! Je suis très satisfaite de leurs services et ils me répondent toujours avec amabilité et professionnalisme et ils ont toute ma confiance.
Joan SFAR mérite un procès et j'espère que cela lui servira de leçon!
Lionel Evrard
12/06/2020 à 17:34
J'ai quant à moi trouvé cet article fort instructif. Il est toujours intéressant de revenir à l'histoire pour expliquer le présent. J'y ai appris notamment, grâce au travail de défrichage entrepris par Actualitté (que je ne peux me permettre, ayant ma vie à gagner), que la SOFIA, dont je suis sociétaire, finançait en 2018 à hauteur de 660K€ un organisme privé censé défendre les auteurs mais qui n'hésite pas à menacer d'attaquer en justice l'un d'eux, et qui se répand en calomnies, contre-vérités et insinuations sur un syndicat qui n'a pas l'heur de lui plaire et ceux qui l'animent. Cet argent, quelque part, même si on le juge "irrépartissable" est le mien et celui de tous les AA. Je désapprouve cette utilisation. J'apprends aussi que l'entretien de l'hôtel particulier de la SGDL a coûté en 2017 à lui seul la bagatelle de 125 000 euros. Quel intérêt les AA peuvent-ils bien tirer du fait que la SGDL garde son siège dans cette bicoque à ce prix, à part pour des questions de prestige ? Rien qu'en "frais d'entretien", la SGDL dépense en une année de quoi faire tourner en rémunérant des salariés un syndicat réellement efficace qui fera réellement avancer la cause des auteurs. Quant aux relations endogamiques qui font que l'on retrouve à la direction de la SGDL deux anciens du ministère de la Culture, il n'y a que les thuriféraire de la vieille dame (la plupart du temps cachés derrière un pseudo ou réduits à un prénom, comme c'est étrange... Frémion, Lair et Jourde ont au moins l'honnêteté de s'exprimer à visage découvert) pour trouver cela très bien et ne pas s'en étonner. Ce ne sont là ni des insinuations, ni des accusations sans fondement, mais des faits qui méritaient d'être portés à la connaissance des artistes-auteurs. J'espère de tout coeur que Nicolas Gary et son équipe continueront en ce sens. En tant qu'artiste-auteur, j'aimerais notamment en savoir plus sur le fonctionnement du CPE, et sur le fait qu'il soit de facto autorisé à négocier avec le SNE (avec le résultat catastrophique d'accepter la POD comme une preuve d'exploitation suivie des ouvrages, ce qui empêche les auteurs de récupérer un jour leurs droits). Au nom de quoi et au service de qui ? Là est toute la question.
Mathias Lair
13/06/2020 à 12:19
Pour sortir des amalgames et des à peu près :
- La SOFIA ne subventionne pas la SGDL mais certaines de ses activités. Comme certaines de ses activités culturelles, et surtout la formation dont vous pouvez bénéficier gratuitement à la SGDL : grâce à la SOFIA.
- Sur l'entretien de l'hôtel de Massa : la SGDL en est locataire à un prix symbolique. Le bail emphytéotique aura coûté à la SGDL environ 99 € pour 99 ans d’occupation. En contrepartie la SGDL s’est engagée à l’entretien du bâtiment. Faites le calcul : étalé sur 99 ans, 125 000 euros, ce n’est rien !
- Le CPE regroupe 16 organisations d’auteurs d’écrivains, traducteurs, dramaturges, scénaristes, illustrateurs, photographes. Je ne les cite pas, j’espère que vous les connaissez pour vitupérer contre eux. Mais j’en doute…
- L’impression à la demande est en effet un vrai problème puisqu’elle permet à l’éditeur de répondre à toute commande, éternellement… On ne peut le nier. Vous avez une solution ?
Elle n’empêche pas à l’auteur de récupérer ses droits, grâce à la négociation réalisée par le CPE (mais oui !) : si deux ans de suite il n’y a pas de vente, et/ou si l’éditeur ne fait pas de reddition de compte, le contrat est annulé d’office.
- Je ne me cache pas derrière un pseudo : le nom de Mathias Lair figure sur ma carte d’identité.
César
12/06/2020 à 18:00
Bravo ! Excellent et courageux article !
Il est grand temps que cette société qui parle en notre nom, sans aucun mandat, fasse place à la transparence. On est au paroxysme de l'opacité...
C'est comme pour le picon-citron-curaçao... Approche-toi !
Tu mets d'abord un tiers d'association d'utilité publique (ça permet de bénéficier de certains avantages et notamment de récupérer des dons et des legs). Fais attention : un tout petit tiers.
Bon. Maintenant, un tiers d'organisme d'aide sociale. Un peu plus gros. Bon. Celui-là il est pratique, il permet de recevoir et de remettre deux ou trois millions dans la citerne en cas de crise.
Ensuite, un BON tiers d'organisation professionnelle. Regarde la couleur. Regarde comme c'est joli. Avec ça tu sièges partout dans les instances en disant que tu es le porte-parole des auteurs, car tu connais bien leurs conditions de travail. Avec ça tu peux dire que tu es légitime, car tu parles au nom de 6000 personnes (parmi lesquelles il y a beaucoup de morts, mais ce n'est qu'un détail).
Et à la fin, un GRAND tiers de pleins d'autres missions : formations payantes, locations de chambres-bureaux (pratique d'avoir un hôtel), organisme de dépôt des œuvres, gestionnaire d'un répertoire téléphonique d'auteurs incomplet et... on me dit dans l'oreillette qu'il se pourrait qu'elle soit choisie pour organiser la prochaine coupe du monde de bridge. Voilà ! C'est pratique d'être multitâches, ça permet de se diversifier, de rester d'jeuns comme disent les jouvenceaux.
Mais ça fait plus de quatre tiers ?
Exactement. Alors on espère que petit à petit, les auteurs vont comprendre, car c'est de l'Arithmétique !
Schierer Eliane
13/06/2020 à 10:25
https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/03/12/les-revenus-des-auteurs-la-plume-a-la-peine_4881593_3234.html
https://sgdl.org/ressource/documentation-sgdl/actes-des-forums/auteurs-et-editeurs-de-nouvelles-relations/2528-les-applications-contractuelles-des-accords-auteurs-editeurs
Encore une petite ajoute à mon commentaire. Je suis auteure - amateure de romans policiers (style Agatha Christie). Je n'ai certainement pas le niveau de beaucoup d'entre vous,certes, mais j'aime ce que je fait. Je suis qn. de très simple, mais authentique. J'aime la justice, des diffamations j'en ai aussi déjà subies. Je n'avais pas un métier facile. C'est un fait que la SGDL ne peux pas me trouver un éditeur qui accepte mes écrits, c'est à moi de m'améliorer pour atteindre un niveau supérieur. Et encore les finances des éditeurs ont chuté, COVID 19 oblige.
La SGDL m'était d'une aide précieuse dès 2018 pour diverses questions que je lui ai posées. Si j'écris ce que les lecteurs veulent, aiment, je serai mon propre "ghost-writer". Le classique ce n'est pas tout le monde qui aime, mais c'est dans quoi j'excelle. Il est certain que si on lit des Agatha Christie, des J.K. Rowling, King, mes romans n'ont absolument aucune chance. J'accepte toujours les critiques constructives.
La concurrence est rude, c'est ce que j'ai remarqué aux salons du livre. Personne ne me soutient, or moi j'ai soutenu certains auteurs. J'ai appris à rester assise et ne plus soutenir personne. Comme c'est triste!((( Jamais je n'aurai imaginé que le monde littéraire fonctionnait de la sorte.
Je travaille en auto-édition car j'étais "cassée" par les grandes maisons, les moyennes. Les petits éditeurs exercent un second métier, ce que je conseille aussi à certains auteurs professionnels, car je ne sais pas comment il font pour survivre.
J'ai fait tout le marketing pour à la fin voir les amis de mon éditeur être édités 4 x plus. C'était injuste. Je me décarcasse depuis deux ans.
J'ai donc décidé de continuer en auto-édition chez une société allemande qui a son siège à Paris. J'ai 62 ans, plus en très bonne santé, mais je ne lâche pas ce que j'entreprends. Si vous faites vos corrections, la mise en page, votre couverture, le roman ne revient qu'à 19 Euros par an. Voilà! Plus besoin de courir après un éditeur à compte d'éditeur, ras la bol. C'est un fait qu'on ne peux plaire à tout le monde.
Certaines critiques sont fondées, d'autres non, je fait courant d'air. Certaines personnes ne seraient pas capables de rédiger trois lignes, donc....
Ensuite j'écris dans une langue qui n'est que ma deuxième langue. Je suis binationale.
Ce n'est pas très sympa de calculer dans la poche des autres en l'occurrence celle de la SGDL. Combien de messages j'ai eu d'eux pendant la pandémie en offrant des aides financières, des conseils pour mes collègues professionnels.
Cet article est un vrai coup de poignard dans le dos.
Et leur reprocher d'avoir leur siège à l'Hôtel de Massa c'est mesquin. Je ne reproche pas non plus à mon voisin de rouler une Porche ou de passer ses vacances dans un pays que je ne pourrai jamais me payer.
Conclusions: la SGDL a toute ma confiance car elle est bien gérée. Je me demande par conséquence l'exactitude des chiffres énoncés dans cet article!??
Bien confraternellement.
Mathias Lair
13/06/2020 à 11:51
merci pour votre témoignage, il remet à leur place les persiflages et les sautes d'humeur, plutôt gratuites - de "certains", comme dirait Nicolas Gary.
Nicolas Gary
13/06/2020 à 12:01
Bonjour
Un coup de poignard, dites-vous ? C'est réducteur : vous savez, l'un des premiers pas vers l'honnêteté, consisterait à effectivement faire la preuve des 6000 auteurs représentés par la SGDL.
Je l'avais suggéré en son temps à Marie Sellier, peu avant les États généraux du livre, première édition.
Quant à l'ensemble des chiffres, je tiens à votre disposition TOUS les documents qui attestent leur véracité.
Problème : il n'est fait aucun reproche dans ce papier, juste des constats postés les uns après les autres. Comme disait ma grand-mère : qui se sent morveux se mouche.
Excellente journée
Schierer Eliane
13/06/2020 à 15:59
@Merci Mathias:-) c'est sympa:-) L'UNION FAIT LA FORCE BRAVO!
https://www.sgdl.org/phocadownload/STATUTS_2010_modifies.pdf
Je me suis plongée un peu dans l'organisation et les procédures internes de la SGDL.
Je n'y ai rien trouvé de suspect ou d'anormal.
Ensuite si les détracteurs ne sont pas d'accord, ils peuvent tout simplement résilier leur carte de membre et se débrouiller tout seul. Mais alors il ne faudra pas venir pleurer.
J'avoue que c'est impossible d'être toujours d'accord avec tout le monde, j'en conviens. Je n'attaque pas, je constate.
Comme je l'ai dit je n'ai pas le même niveau que certains d'entre vous, mais je sais me défendre s'il le faut. J'essaie de rester loyale envers mon syndicat.
Je vous assure que certains syndicats au Luxembourg ne défendent pas aussi bien leurs membres que la SGDL. Donc merci à elle.
Elle aide, informe, envoie des missives pour des aides et se fait encore critiquer, c'est le bouquet.
Eh bien essayez donc de faire mieux et la même chose on verra, vous "rendrez les armes" sous peu!
Et comme je l'ai dit pour augmenter vos revenus, exercez donc deux métiers si possible ou rajoutez y simplement quelques heures à faire un travail partiel. Les petites éditeurs le font bien eux, alors, je ne vois pas où est le problème? On ne peux pas tout mettre sur le dos de la SGDL qui n'est pas une "vache à traire" quand on en a besoin!!! Allons donc! Elle en fait assez!
@Nicolas:
Vous devez avoir BEAUCOUP de temps à votre disposition pour en être arrivé à vos conclusions. Ma mère disait: Tourne ta langue 7 fois avant de parler!
Dommage vous auriez pu faire beaucoup mieux en employant votre énergie et votre plume à de beaux écrits au lieu de "pourchasser" la SGDL comme vous le faites.
Cela devient obsessionnel; vous aimez semer le doute, et certains auteurs tombent dans le "panneau."
Merci pour votre proposition, mais vous n'avez pas la fonction ou vous ne faites pas partie de leur comité de surveillance financier, si je ne m'abuse. Donc si j'ai des questions, je les poserai à leurs deux avocates qui me feront un plaisir de me renseigner.
Bon week-end à vous toutes et tous:-)
VAN LANGHENHOVEN
22/06/2020 à 11:04
MATHIAS LAIR QUI LAVE PLUS BLANC QUE BLANC 40 APRES!!!!
rions rions et quime donnera possibilite de recension in LE MONDE DES LIVRES OU LIBERATION pour mon livre RIVOLVITA ??? SORTI MAI 2020 MERCI MATHIAS
JEHAN VAN LANGHENHOVEN
Mathias Lair
22/06/2020 à 11:13
Cher Jehan, je ne comprends rien à votre message !
Eliane Schierer
22/06/2020 à 11:24
Mathias, j'ai crû que j'étais la seule, LOL.