Dans un article publié sur le site The Guardian, la directrice générale de la maison Random House UK, Gail Rebuck, explique pourquoi il est important de lire, et surtout, pourquoi nous en avons tous besoin, que ce soit par le biais de supports papiers ou technologiques. Sans trop tomber dans le discours moralisateur, elle choisit au contraire essentiellement la voie de la science pour démontrer son point de vue.
Le 02/01/2012 à 11:17 par Clément Solym
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02/01/2012 à 11:17
Pourquoi investir son temps dans la lecture d'un livre dans des sociétés où les innovations technologiques se déploient à grands pas ? Une question que la plupart se pose, selon Gail Rebuck. Et elle débute son argumentation en se référant justement à la technologie comme premier élément de réponse.
La lecture : créateur de connexions
Des psychologues de l'université de Washington ont publié une étude en 2009 pour analyser et observer les réactions du cerveau lors de la lecture. Selon eux, les lecteurs simulent mentalement chaque nouvelle situation rencontrée dans un récit. Le cerveau tisse ces situations avec des expériences de leur propre vie et en font une synthèse mentale. Ce qui nous amène au premier argument de Gail : lire un livre créé des connexions neuronales.
Les livres transforment notre cerveau, mais au fond, on le sait tous déjà, rappelle la patronne de Random House. Qui n'a pas déjà été marqué par la lecture d'un livre, qui changea à jamais notre vision du monde ? Le fait de s'abandonner dans un monde imaginé, sur les plans émotif et intellectuel en lisant encouragerait d'ailleurs le sentiment d'empathie. Comme Nicholas Carr l'écrit dans son essai, The Dreams of Readers, la lecture nous rendrait « plus alerte à la vie intérieure des autres ».
Le livre : contre les effets négatifs des NTIC
Pour Gail Rebuck, le livre pourrait même constituer un remède aux effets négatifs des nouvelles technologies sur notre cerveau. Certains chercheurs affirment que les adolescents des cultures occidentales font preuve de moins d'empathie que leurs prédécesseurs, très certainement à cause de l'usage d'Internet, tourbillon de communications instantanée et virtuelle.
« Les livres peuvent dégager des paysages émotionnel, imaginatif et historique qui égalent et prolongent les couloirs du Web. Ils peuvent créer et renforcer le sens du moi. » affirme-t-elle.
Keith Oatley, du département de développement humain et de psychologie appliquée à l'université de Toronto, ne lui donnerait pas tort. Analysant les résultats de l'étude évoquée par Gail, il expliquait : « Je pense que la fiction, et pas du tout la non-fiction, a pour conséquence d'améliorer l'empathie, en ce que la fiction est principalement tournée vers l'interaction de soi aux autres, dans un monde d'échanges. » (voir notre actualitté)
Editeurs : tous sur le même front ?
Ainsi, la lecture est indispensable au maintien, voire à l'évolution de l''espèce humaine pour la directrice générale de Random House UK, qui reste optimiste quant aux bouleversements des habitudes de lectures apportés par les nouvelles technologies :
« En tant qu'éditeurs, nous devons nous servir de chaque innovation technologique pour ancrer la lecture de textes long dans nos culture. Nous devons nous concentrer sur le message, et ne pas agoniser sur le médium. Nous devons être agnostiques sur la plateforme, mais évangéliques sur le contenu. »
Un dernier conseil de l'éditrice : les éditeurs devraient user de l'Internet pour informer les lecteurs ou les lecteurs potentiels, de l'actualité des livres publiés chaque année, et pour renouer les liens avec le meilleur de l'histoire de la littérature.
Et enfin de conclure : « Les recherches montrent que si nous cessons de lire, nous serons différents : moins complexes, moins empathiques, moins intéressants. Il ne peut pas y avoir de meilleures raisons pour se battre et protéger le futur des livres. »
Par Clément Solym
Contact : clements@actualitte.com
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