À l'origine de toute la polémique autour de Metronome, le livre de Lorànt Deutsch, se trouvait la demande du PCF-Parti de gauche auprès du Conseil de Paris, réclamant que la Ville cesse la promotion jugée abusive de l'ouvrage. Selon le comédien Alexis Corbière, le livre « contient de très nombreuses erreurs, affabulations et inventions historiques ». Pire, il véhicule « une vision orientée répondant à une lecture idéologique assumée, pétrie de convictions religieuses de l'auteur (...) qui ne se cache pas d'être hostile à la République, particulièrement à la Révolution française et se dit nostalgique de la monarchie »
Le 11/07/2012 à 09:55 par Clément Solym
Publié le :
11/07/2012 à 09:55
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Depuis, l'auteur qui n'avait pas souhaité s'exprimer, est finalement revenu sur sa décision. Ainsi, « surpris par les attaques des élus parisiens », l'auteur réfutait les attaques politiques. « Je ne suis ni un idéologue ni un faussaire historique, mais un amoureux de l'histoire, avec toutes ses cicatrices, et ce sont ces élus du Front de Gauche qui ont une vision terriblement orientée. Moi, je respecte leur éclairage. Qu'ils respectent le mien », répondait-il. Et d'assurer qu'il était prêt à débattre avec des historiens du sujet de son livre, mais sûrement pas « avec des militants politiques ».
Oui, c'est qu'Alexis Corbière est peut-être comédien, mais il est également élu du Parti de gauche. Revenait donc au Conseil de Paris la décision de trancher, chose faite au cours de la séance d'hier, où les élus qui n'avaient probablement pas eu le temps d'ouvrir le livre, on a pu entendre le comédien attaque dans les règles : « Je ne ferai pas la liste de toutes les erreurs et affabulations que contient ce livre, je pourrais y passer l'après-midi. Je voudrais surtout mettre en garde contre cette histoire écrite par les nouveaux camelots du roi qui squattent les plateaux TV, qui n'est en réalité que “camelote des rois”. » (via Le Figaro)
Et, allié peu étonnant pour la Mairie de Paris, l'UMP a défendu le livre de Lorant Deutsch, en soulignant que que tous les régimes communistes avaient eu à coeur de réécrire l'histoire. « Je m'étonne même que les cosignataires du vœu ne mentionnent pas l'absence de chapitre consacré à la station de métro Stalingrad », taclera même Valérie Montandon.
Le vote qui s'en sera suivi n'a pas laissé planer le doute : seuls les élus du PC-Parti de gauche, auront voté en faveur du voeu qu'ils avaient prononcé. Le compte-rendu de la séance n'est pas encore disponible.
La vulgarisation n'excuse pas tout
Reste alors à découvrir l'opinion d'un historien, puisque l'auteur accepte leur critique. BibliObs a sollicité William Blanc, spécialiste du Moyen Age, sur la question du Métronome.
« Un non-historien peut tout à fait écrire un livre d'histoire, mais à condition qu'il se soumette aux principes de base du travail historique, ce que Lorànt Deutsch n'a pas fait avec «Métronome». Il ne respecte pas la démarche de l'historien. En effet, il n'y a aucun travail sur les sources, celles-ci sont complètement absentes de son ouvrage. Ce n'est pas un travail de chercheur, mais un point de vue empreint d'a priori sur l'histoire de France et de Paris. »
Et de conclure, sans frémir : « Beaucoup de personnes dans les médias font mine d'ignorer ces erreurs sous prétexte que le livre est un succès et qu'il permet à plus de gens de s'intéresser à l'histoire. Mais la vulgarisation n'équivaut pas à la falsification et il serait temps que Lorànt Deutsch cesse d'utiliser ses réseaux pour imposer sa vision biaisée de l'histoire. »
La messe est vraisemblablement dite. Et Paris en vaut toujours bien une...
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