Exclusif ActuaLitté : On connaissait le manifeste des 343 Salopes, il faudra probablement composer avec l'Appel des 451, dans l'édition. En effet, un groupe en cours de constitution, et décidé à réfléchir et agir, « autour des métiers du livre », vient de lancer une bouteille à la mer. Avec un constat très sérieux, une « dégradation accélérée des manières de lire, produire, partager et vendre des livres ».
Le 23/08/2012 à 18:07 par Clément Solym
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23/08/2012 à 18:07
Dans un long texte, dont ActuaLitté s'est procuré, on ne sait trop comment, une version, l'APPEL des 451 pointe les errances du secteur. « L'industrie du livre vit en grande partie grâce à la précarité qu'acceptent nombre de ses travailleurs, par nécessité, passion ou engagement politique. Pendant que ceux-ci s'efforcent de diffuser des idées ou des images susceptibles de décaler nos points de vue sur le monde, d'autres ont bien compris que le livre est surtout une marchandise avec laquelle il est possible d'engranger des profits conséquents. »
Ainsi, nombre d'entre les acteurs du livre, quel que soit leur poste, se retrouvent aujourd'hui pris dans une chaîne de rentabilité, qui n'aurait besoin que « de consommateurs impulsifs, de réseauteurs d'opinion et autres intérimaires malléables ». Et sous cette pression, la pensée collective est éradiquée doucement, de même que l'émancipation sociale. Avec le succès pour seule ligne d'horizon, différents secteurs éditoriaux pâtissent, par manque d'une production nouvelle, et les librairies, comme les bibliothèques, s'assèchent. Seul « ce qui marche » restera, et sera donné à lire, au détriment de tout ce qui peut faire la bibliodiversité.
Pourtant, ce n'est pas l'envie de « résister » qui leur manque, mais confrontés au « tout-informatique » et à cette « pseudo démocratisation de la culture », qui évidemment se fait par un nivellement visant à « l'appauvrissement et l'uniformisation des idées », la crise survient. Chacun fait ce qu'il peut avec ce qui lui est donné, mais l'alarme sonne :
Cependant, nous ne pouvons nous résoudre à réduire le livre et son contenu à un flux d'informations numériques et cliquables ad nauseam ; ce que nous produisons, partageons et vendons est avant tout un objet social, politique et poétique. Même dans son aspect le plus humble, de divertissement ou de plaisir, nous tenons à ce qu'il reste entouré d'humains.
Nous rejetons clairement le modèle de société que l'on nous propose, quelque part entre l'écran et la grande surface, avec ses bip-bips, ses néons, et ses écouteurs grésillants, et qui tend à conquérir toutes les professions.
Car en pensant à l'actualité des métiers du livre, nous pensons également à tous ceux qui vivent des situations trop similairespour être anecdotiques : les médecins segmentent leurs actes pour mieux comptabiliser, les travailleurs sociaux s'épuisent à remplir des grilles d'évaluation, les charpentiers ne peuvent plus planter un clou qui ne soit ordonné par ordinateur, les bergers sont sommés d'équiper leurs brebis de puces électroniques, les mécaniciens obéissent à leur valise informatique, et le cartable électronique dans les collèges, c'est pour tout à l'heure.
Voilà la raison d'être de l'Appel des 451. S'unir et trouver des solutions. Un blog a été créé, Les 451, pour tenir informé, et des réunions de travail doivent intervenir les 12 et 13 janvier prochains.
« Avant tout, nous voulons cesser de nous rejeter éternellement la faute les uns sur les autres et couper court à la résignation et au défaitisme ambiants. Nous lançons donc un appel à tou.te.s celles et ceux qui se sentent concerné.e.s à se rencontrer, en vue d'échanger sur nos difficultés et nos besoins, nos envies et nos projets. »
Nous n'avons, pour le moment, pas pu obtenir de plus amples informations. Les intéressés, toutefois, savent quoi faire.
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