Le collectif Orphée, pose aujourd'hui une question franche : « Que fait, littéralement, la poésie pour être aujourd'hui l'objet de tant d'attaques ? » Le collectif affronte plusieurs points, faisant suite à un appel lancé le 23 octobre dernier. Signé par 450 personnes, l'appel est désormais suivi d'une communication officielle.
Le 13/11/2012 à 18:03 par Clément Solym
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13/11/2012 à 18:03
Olivier Chaudenson
Que ce soit à Paris ou en région, le collectif s'interroge donc, alors même que le Printemps des poètes est menacé par une coupe budgétaire, le ministère de l'Education nationale ayant clairement expliqué qu'il ne serait pas possible de verser la totalité de la subvention espérée.
Parmi les points évoqués, le collectif désigne ainsi « la manière dont fut nommé le nouveau directeur de la Maison de la Poésie de Paris », mais également les projets que porte la direction et la présidence, sur la place des poètes et du poème.
Le collectif estime également que la manière dont le directeur a été nommé « vient contredire un usage démocratique (appel et mise en concurrence de projets) attendu d'une association financée à 100% par une collectivité territoriale respectueuse des principes républicains ».
Et pour enfoncer le clou, la dénomination du lieu pour lequel Pierre Seghers et Pierre Emmanuel s'étaient engagés, en 1982, serait également menacée de plusieurs parts.
Le collectif affirme ainsi deux grandes positions, passant par :
Paris vaut bien un poème, plutôt qu'une messe
La Mairie de Paris vient de diffuser un communiqué, pour répondre à la question de la nomination d'Olivier Chaudenson, le directeur. À titre d'association loi 1901, selon ses statuts, la Maison de la Poésie doit choisir un directeur, sur proposition du président, qui soumet son choix au Conseil d'Administration.
« La procédure applicable a donc été parfaitement respectée et a conduit à la nomination d'Olivier Chaudenson, professionnel reconnu, qui a notamment dirigé Les Correspondances de Manosque, festival littéraire créé en 1999 avec l'écrivain Olivier Adam, trois éditions du festival Paris en toutes lettres de 2009 à 2011 et la première édition des Correspondances de Tanger qui a eu lieu cette année », assure la Mairie.
Et de renouveler la confiance qu'elle a accordée au projet d'Olivier Chaudenson, portant tout à la fois sur « une scène de poésie vivante, une programmation rythmée et foisonnante, autour de nouvelles formes (lectures musicales, « siestes poétiques », « balades littéraires », cycles de poésie étrangère…), où les poètes dialogueront avec d'autres artistes, comédiens et musiciens ». De même, le nouveau directeur « donnera la priorité à la transmission, avec des actions pédagogiques en lien avec les écoles, les associations et les bibliothèques.
Tout en renforçant la place de la poésie, il engagera une ouverture à l'ensemble de la création littéraire, pour offrir aux écrivains un lieu permanent à Paris, dédié à la littérature en scène, point de ralliement des nouveaux modes de rencontres entre les auteurs, les textes et le public. Un lieu où la voix des poètes et des écrivains, d'autant plus éclairante en temps de crise, trouvera son port d'attache ».
Aucune menace sur la Maison
Contacté par ActuaLitté, Olivier Chaudenson lui-même avoue ne pas très bien comprendre le sens des attaques portées. « Sur la question du mandat, la mairie a clairement répondu. Pour ce qui est des autres menaces, je vais être clair : aucune menace ne pèse ni sur la Maison, ni sur son nom. Elle existera et continuera d'exister. »
Sans entrer dans les détails de son projet, Olivier Chaudenson assure qu'il veut « remettre la poésie au coeur de l'établissement. A ce jour, la Maison est essentiellement un lieu de spectacle, où les poètes n'interviennent que dans le cadre de ces spectacles, exploités au long de l'année. Je souhaite proposer un retour des lectures et des lectures musicales, des performances, et ce qui serait à l'intersection de la poésie et du processus de création ».
En somme, renforcer la présence des poètes et de la poésie, mais également « s'ouvrir à tous les registres de la création, pour que circulent les oeuvres, même sous d'autres formes. La Maison doit devenir un lieu pour faire entendre des textes et des auteurs, mais je préférerais que l'on me juge sur ce qui sera proposé, plutôt que sur des déclarations d'intention ».
La Maison profite aujourd'hui d'un soutien constant de la Mairie de Paris, avec une subvention à hauteur de 900.000 € par an.
Par Clément Solym
Contact : clements@actualitte.com
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