Le livre Cher Père Noël, de Jean-Pierre Guéno, décortique le mythe du vieillard à barbe blanche en s'appuyant sur des centaines d'illustrations issues des archives de La Poste. L'occasion pour l'écrivain de nous dépeindre un personnage haut en couleur, tantôt d'inspirations religieuses ou profanes. L'histoire d'un bonhomme à l'allure débonnaire qui a traîné dans sa hotte autant de vertus que de vices, au fil d'un périple à traîneau tracé dans la poudreuse par divers instrumentalisateurs. Le mythe sentirait-il le sapin ?
Le 26/12/2012 à 11:22 par Clément Solym
Publié le :
26/12/2012 à 11:22
Genèse du personnage
Comme le résume l'auteur de l'ouvrage de saison : « Le père Noël a été profane avant d'être religieux et il est redevenu profane ». Le personnage tirerait notamment ses origines de la mythologie nordique à travers la figure du dieu Odin qui s'élevait déjà, barbu, dans les airs. Et comme de l'hagiographie chrétienne en héritant certains traits de Saint Nicolas, le patron des enfants (et de la rédaction d'ActuaLitté).
Selon l'historienne Nadine Cretin, spécialiste, les fêtes contemporaines comme Noël ou Halloween seraient les héritières de la fête de Samain. Cette tradition importante pour les Celtes marquait l'arrivée de la saison « sombre », et constituait déjà une occasion d'offrir des cadeaux aux enfants...
Mais les sources d'inspirations du Père Noël se caractérisent d'emblée par une certaine dualité de caractère, à la fois bonne et inquiétante, comme le rappelle l'omniprésence du Père Fouettard où de la Sorcière Befana dans le sillon du bonhomme rouge.
La figure se popularise surtout à partir du 19e siècle, et notamment par le fait de l'illustrateur du Harper's Illustrated Weekly, Thomas Hast, qui « l'humanise » et « le revêt d'un costume rouge garni de fourrure blanche et rehaussée d'un large ceinturon de cuir », affirme l'auteur du livre. Et cette popularité devient telle que George Sand écrivit en 1856 sur « le bon vieillard à barbe blanche qui à l'heure de minuit devait déposer dans mon petit soulier un cadeau ».
Et son instrumentalisation
Dès le début du 20e siècle, la figure devient sujette aux détournements d'une nouvelle époque. Ainsi, en France il se trouve représenté entouré de femmes dénudées tandis qu'aux États-Unis on lui trouve des talents d'ambassadeur commercial.
Le père Noël, prescripteur de Coca Cola depuis 1931, s'est prêté à la publicité pour des produits aussi variés que le savon, les stylos, mais également les cigarettes et l'alcool...
Mais pour Jean-Pierre Guéno, la pire instrumentalisation serait celle due à l'administration du Maréchal Pétain au cours de la Seconde Guerre mondiale. Quant à l'approche des fêtes de fin d'année celui-ci invité les enfants de prisonniers à écrire la plus belle lettre au Père Noël afin de gagner une visite de leur paternel détenu en Allemagne avant le renvoi de celui-ci au camp de détention.
Autant de détournements qui ont fait monter la moutarde au nez du clergé de l'Église romaine, si bien qu'en 1951 fut brûlée une représentation en papier de 2,50 mètres du Père Noël, le 24 décembre au pied de la cathédrale de Dijon.
Et autant de controverses en dépit desquelles Jean Pierre Guéno estime que si le Père Noël n'existait pas, « il faudrait l'inventer ».
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