Une table ronde dominicale réunissait des acteurs pour discuter d'un genre littéraire sur le devant de la scène médiatique ces temps-ci : la romance. Loin de s'en tenir à Fifty Shades, les intervenants ont tenu à explorer les différentes facettes d'un genre dont les lectrices (et les lecteurs) sont de plus en plus nombreuses - et nombreux.
Le 24/03/2013 à 14:46 par Xavier S. Thomann
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24/03/2013 à 14:46
Elizabeth Aston, l'auteure de suites déclinées sur Orgueil et préjugés, est revenue sur le rôle clef du livre de Jane Austen. Elle explique le succès phénoménal de ce livre, très longtemps encore après sa publication, à la présence d'humour et d'une certaine satire sociale. Ce qui en fait plus qu'une simple histoire d'amour. Certes, tout le monde tombe amoureux de Darcy, mais le livre ne se limite pas à cela.
La force incroyable de ce livre pousse les auteurs de romance (et d'autres genres) à puiser dans la matière du livre pour en faire de nouveaux. Elle explique : « J'ai lu tous les Jane Austen en une semaine, et j'ai été très frustrée. » Elle a donc entrepris d'écrire d'autres livres pour surmonter sa frustration, et selon elle c'est le cas des autres auteurs qui ont repris les personnages d'Orgueil et préjugés.
Agnès Caubet, qui animait le débat, a rappelé l'énorme vitalité du genre de la romance, né dans les années 1970 aux États-Unis. Un héritage qui n'empêche pas le genre d'évoluer et de se renouveler, n'en déplaise à ceux qui verraient dans la romance une perpétuelle variation autour des mêmes thèmes. Ce n'est donc pas un « genre uniforme. » Et de préciser qu'il y a tout de même une vingtaine de collections différentes chez l'Harlequin, l'un des grands spécialistes du genre.
Dans le même registre, Karen Harroch (du blog Au boudoir écarlate), a détaillé les différents sous catégories qui font recette aujourd'hui, à savoir la romance historique, la romance érotique, la romance paranormale et le romantic suspens, un croisement entre la romance et le thriller.
Toutefois, l'intervention la plus engagée est le fait de Cassandra O'Donnell, une auteure passée de l'urban fantasy à la romance. Elle a insisté sur les préjugés qui entourent le genre de la romance, préjugés qu'il convient de dénoncer comme étant de « vastes fumisteries. » Et de dire à l'auditoire (largement conquis à sa cause), que la lecture est avant tout un « acte de plaisir ».
Pas question pour autant de ne lire que la romance. Mais c'est d'après elle un genre qui ne mérite pas les railleries auxquelles il doit faire face. Elle estime que la romance tire une grande partie de sa légitimité du nombre considérable de ses lecteurs. S'adressant aux lecteurs en question, elle les a invités « à assumer et ne pas avoir honte » de leurs goûts, précisant qu'une « minorité ne saurait terroriser une majorité. » Autrement dit, les amateurs de littérature dite sérieuse doivent arrêter de prendre les lecteurs de romance pour des imbéciles. Tout le monde s'en portera mieux.
En guise de conclusion, elle a lancé : « j'aime la romance et je vous emmerde. » Ce qui sonne comme un cri de ralliement pour celles et ceux qui apprécient le genre, sans se limiter à la lecture de Fifty Shades.
Par Xavier S. Thomann
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