Frédéric Mitterrand avait attaqué très fort la ministre de la Culture, évoquant l'attitude « dogmatique » de sa remplaçante à la rue de Valois. « François Hollande voulait ré-enchanter la France, et il coupe dans les subventions. Le fond du problème, c'est qu'il ne s'intéresse pas à la Culture, ce n'est pas dans son ADN. Nous avons des technocrates dogmatiques au pouvoir », balançait Mitterrand.
Le 02/07/2013 à 12:31 par Nicolas Gary
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02/07/2013 à 12:31
On s'en doute, la réponse n'a pas vraiment tardé et Aurélie Filippetti, de retour chez BFM TV, s'est offert un droit de réponse dans les grandes longueurs. C'est que son prédécesseur critiquait vertement les changements de postes divers et variés : « J'ai le sentiment d'une grille dogmatique. Qu'un ministre change son cabinet relève du cours normal des choses, il n'y a rien à redire à cela. Changer les grands directeurs d'administration, c'est déjà plus aléatoire. Normalement, la continuité républicaine devrait jouer. »
La riposte ne s'est pas faite attendre. « J'imagine que Frédéric Mitterrand prépare le lancement de son prochain livre, qui doit sortir bientôt, parce que sinon, je ne m'explique pas qu'il sorte de son silence pour se livrer à des attaques qui semblent fondées uniquement sur le désir de protéger deux ou trois personnes. » Et ce, alors que l'on n'avait effectivement plus entendu Mitterrand sur les sujets de fonds de la Culture en France, et que c'est dans une retraite dorée chez Seguier Éditions qu'il était doucement devenu directeur de collection.
De fait, que ce soit le rapport Lescure, ou l'exception culturelle défendue à Bruxelles, sont autant de sujets sur lesquels ce cher Frédéric Mitterrand a oublié de se faire entendre, note la ministre, qui ne s'émeut pas plus que cela de ce « coup bas » dont « on a l'habitude dans le monde politique ». Elle déplore simplement que l'ancien ministre se comporte comme un politique, avec « tous les travers » que le terme peut impliquer - alors qu'il n'est pas un homme politique.
Attaquée sur les nominations, la ministre rétorque qu'elle entame une réforme sur celles du CSA que le précédent président de la République « avait captées », et pour lesquelles il décidait seul, « de manière totalement arbitraire et unilatérale ». En fait, la ministre souhaite rompre avec « l'humeur du prince », et, on l'a bien vu hier avec la procédure de recrutement du Centre national du livre, faire cesser les manières anciennes. « Je n'ai viré personne », assure la ministre, qui promet avoir simplement alerté ceux qui ne seraient pas reconduits, un an avant l'échéance.
Plus généralement, Aurélie Filippetti s'exclame : « Je n'ai pas de leçon à recevoir sur des nominations, sur des cas personnels. Aujourd'hui, il y a des procédures. Jusqu'à présent, il n'y avait pas de procédure. C'était au bon vouloir d'un tel ou d'un tel. En gros, au bon vouloir du ministre ou au bon vouloir du président de la République. Tout cela a changé. Nous avons une inspection au sein du ministère de la Culture. »
"Je n'ai pas de leçon à recevoir sur des nominations [...]
Aujourd'hui, il y a des procédures. Jusqu'à présent, il n'y en avait pas.
C'était au bon vouloir d'un tel ou d'un tel."
Elle souhaite surtout en finir avec les traditions et le népotisme qui régnaient jusqu'à lors. « Le ministère de la Culture a trop souffert d'être assimilé à des coteries, à un esprit de classe voire à un esprit de cour, maintenant ça c'est terminé. Je veux des procédures simples et claires. Je veux du professionnalisme. » Et d'ajouter : « Ce qui s'est passé durant les cinq ans de la présidence Sarkozy, c'est que le ministère de la Culture a été saigné à blanc en terme d'effectifs. » Toute la matière grise aurait été passée au tout à l'égout des couleurs, donc...
Amusant, parce que, justement, en juillet 2012, Filippetti et Pierre Moscovici avaient été légèrement en froid. En effet, selon une information du Canard enchaîné, Aurélie Filippetti avait réclamé que soient créés 750 postes pour son ministère, au cours des trois prochaines années - ce qui représente, précise le volatile, une hausse de son budget de fonctionnement de 12 %, alors que l'Éducation ne profite que de 8 % de mieux et l'Intérieur, de 5 %. Pour Moscovici, c'était là « une demande pas sérieuse et même extravagante. »
Dans tous les cas, assure-t-elle, même si le budget de fonctionnement de son ministère fait partie de ceux qui sont touchés par les diminutions, il n'aura pas eu d'effort supplémentaire à faire, en regard des efforts prévus sur les trois années, depuis son arrivée en poste. « On a trop longtemps considéré que la Culture, c'était la cerise sur le gâteau, c'était un entre soi, c'est contre cela que moi je me bats. On est dans un gouvernement de gauche [...] avec pour ambition de donner accès à tous les enfants, à travers des programmes d'éducation artistique et culturelle, à la culture. »
Elle, d'ailleurs, n'a pas laissé pour compte la question « du droit d'auteur et du numérique », un dossier « laissé sous le tapis », pas plus que celle des intermittents, dont la convention expire fin 2013. Et puis, il faut imposer à Amazon de payer ses impôts en France, supprimer les 5 % de remise et la gratuité des frais de port... Attention, « il ne s'agit pas de sanctionner » Amazon, mais bien de le soumettre « aux mêmes règles que nos libraires ».
Il faut donc que l'on fasse respecter la loi Lang, et son esprit - pour exemple la question des livres d'occasion vendus comme neuf. Mais sur la partie fiscalité, une procédure est actuellement en cours à Bercy, mais dans le même temps, une modification de la loi Lang devrait permettre de rétablir une concurrence plus juste.
Par Nicolas Gary
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