Le comité Nobel norvégien a salué deux personnes pour le Prix : Kailash Satyarthi et Malala Yousafzay, pour leur combat contre la violence exercée des enfants et des jeunes, et « le droit pour tous à l'éducation ». L'Académie rappelle que tous les enfants ont un droit fondamental d'accéder à la scolarité et de ne pas être exploités financièrement. Et ces deux personnalités ont mené une lutte farouche pour le maintien de ces droits.
Le 11/10/2014 à 12:54 par Nicolas Gary
Publié le :
11/10/2014 à 12:54
Malala Yousafzai
Statsministerens kontor, CC BY ND 2.0
Si Kailash Satyarthi œuvre pour l'élaboration de conventions internationales sur le droit des enfants, Malala Yousafzay a été particulièrement médiatisée pour son ouvrage, l'an passé. Au Pakistan, le président de l'ensemble des écoles privées du Pakistan, Adeeb Javedani, avait interdit la présence de son livre dans les bibliothèques scolaires. Et d'assurer que la jeune fille n'était plus qu'une marionnette dans les mains de forces occidentales.
Prix Simone de Beauvoir 2013, alors qu'elle n'était âgée que de 15 ans, Malala avait été l'une des victimes d'un attentat perpétré par des talibans pakistanais. Moins d'un an plus tard, elle publiait donc cet ouvrage, Moi Malala, je lutte pour l'éducation et je résiste aux talibans, paru chez Calman Lévy en France.
Les talibans, furieux de ce qu'incarnait alors Malala, avaient promis qu'ils tueraient les libraires du pays qui oseraient le commercialiser. « Malala a abandonné l'islam pour la laïcité, qui lui vaut d'être récompensée. Les talibans ne perdont pas une occasion de tuer Malala Yousafzai et ceux qui seront découverts en train de vendre son livre » expliquait Shahidullah Shahid, du Mouvement des talibans du Pakistan, principale mouvance extrémiste dans le pays.
La jeune fille, quelques mois plus tôt, avait été invitée à l'UNESCO, pour une journée lui étant entièrement consacrée. « Aujourd'hui n'est pas une journée qui m'est consacrée. C'est une journée qui appartient à toutes les femmes », déclarait-elle.
Et d'ajouter alors : « De nombreux défis restent à relever pour les millions d'enfants qui ne sont pas scolarisés. Aucun enfant ne devrait redouter les actes de violence, quand il souhaite apprendre. Les enfants ne doivent pas avoir à payer les frais de scolarité, les uniformes, ni les transports. Aucun enfant ne devrait avoir à travailler pour pouvoir manger. Les groupes vulnérables, notamment les enfants handicapés, les minorités, les migrants et les réfugiés ont tous besoin, et méritent, un soutien supplémentaire. »
Mais voilà, dans son livre, Malala avait eu l'audace de n'utiliser jamais la formule sanctifiée quand on parle de Mahomet. Un usage traditionnel dans le monde musulman qui implique d'ajouter après le nom du prophète « que la paix soit sur lui », ou dans une variante « que la prière et la paix d'Allah soient sur lui ». Par défaut, on emploie une abréviation PSL, ou quelque chose du genre.
Et la voir évoquer avec enthousiasme Salman Rushdie et ses versets sataniques était bien entendu insupportable. Enfin, elle y prenait la défense des ahmadis, secte musulmane minoritaire, à laquelle le gouvernement refuse l'identité musulmane. Au milieu des 180 millions d'habitants au Pakistan, cette minorité ne représente que 2 millions de personnes.
Aujourd'hui, elle a 16 ans, et vit avec sa famille au Royaume-Uni, désormais primée de diverses récompenses internationales, dont le prestigieux Prix Sakharov du Parlement européen et désormais le Nobel de la Paix.
L'Académie Nobel insiste sur l'exemplarité de son parcours. Figure de proue du combat pour le droit des filles à l'éducation, Malala « a montré que les enfants et les jeunes peuvent contribuer à l'amélioration de leur propre situation. C'est ce qu'elle a fait dans les circonstances les plus dangereuses. De par sa lutte héroïque, elle est devenue une porte-parole de premier plan pour le droit des femmes à l'éducation ».
À ce jour, 168 millions d'enfants dans le monde sont employés, alors qu'ils n'étaient que 78 millions en 2000.
Par Nicolas Gary
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