En 1964, Isaac Asimov signait dans le New York Times un article faisant suite à l'Exposition internationale, qui avait pour thème ‘Peace Through Understanding'. Celle-ci proposait des incursions dans le futur, et les évolutions que connaîtrait la société. Évidemment, pour le romancier de science-fiction, le jeu est amusant. Et le voici qui sans savoir ce que serait l'Exposition universelle de 2014, s'aventure à deviner.
Le 29/08/2013 à 17:34 par Nicolas Gary
Publié le :
29/08/2013 à 17:34
negotropica, CC BY ND 2.0
« Une pensée qui me vient est que les hommes continueront de se retirer de la nature, pour créer un environnement qui leur conviendra mieux. En 2014, les panneaux électriques seront d'une utilisation courante. Les plafonds et les murs brilleront doucement, et avec une variété de couleurs qui changeront un simple contact d'un bouton. »
L'exercice est amusant, et l'homme des Robots se plonge alors dans un exercice divinatoire amusant. « Les robots ne seront ni répandus, ni très commodes, en 2014, mais ils feront partie de nos vies », poursuit-il. Une évidence : si les machines se montraient déjà ‘intelligentes', voilà 50 ans, comment pourrait-il en être autrement quelques décennies plus tard.
Pour ce qui est de l'énergie, Asimov envisageait la fin des prises électriques, du fait d'appareils avec une batterie à très longue autonomie. Il projetait également que des appareils terrestres seraient portés par des jets d'air comprimés, permettant de venir à bout des problèmes liés aux routes - et bien évidemment, un contrôle robotisé de ces véhicules serait développé. Un outil pratique, pour se substituer, sans ingérence, à la conduite humaine.
La communication, pensait-il, passerait par des écrans, utilisés non seulement pour appeler, mais aussi voir les personnes. Et ces écrans seraient également utilisés pour la consultation de documents et de photographies, « et la lecture de passages extraits de livres ». Et là, on tire son chapeau bien bas au romancier qui en 1964 avait pris en compte la dématérialisation possible du livre, et la transition vers des appareils multifonctions, centralisant différentes fonctionnalités.
Plus spectaculaire, Asimov rêvait de communications entre la Terre et la Lune, mais également mars - avec un délai de latence de 3,5 minutes. On est encore loin, aujourd'hui, d'un Facetime Terre-Mars...
Démographie, agriculture, explosion de la population, autant de sujets passés en revue par l'écrivain, pour qui la question de la population sur la Terre est une question particulièrement importante. Constatant que le taux de natalité double tous les quarante ans, il n'y aurait que deux solutions pour contrôler un tant soit peu cet enjeu, Asimov envisage « (1) d'augmenter le nombre de mort, (2) réduire le taux de natalité. Sans aucun doute, le monde de 2014 se sera entendu pour valider cette seconde méthode ».
C'est qu'en parallèle, la technologie sera parvenue à remplacer le moindre organe défaillant par des dispositifs mécaniques, changeant reins ou coeurs, et réparant des artères bouchées et autre chose. Une espérance de vie de 85 ans sera alors une moyenne classique. Mais le contrôle des naissances sera un impératif « pour des raisons rationnelles et humaines ».
La seule véritable agonie qu'Asimov envisage pour l'humanité, c'est l'automatisation de son existence : la routine, dans des tâches qui ne pourront pas être effectuées par des robots, rendront la vie de plus en plus impossible. Si tous les élèves de lycée seront formés à l'apprentissage du code binaire et de l'arithmétique, autant que dans la connaissance des langages informatiques, l'ennui guette l'humanité. Une maladie qui gagne, année après année, de plus en plus, avec des conséquences sociales, affectives, mentales, particulièrement importantes.
« En 2014, la psychiatrie sera de loin la spécialité médicale la plus essentielle. »
Rendez-vous l'année prochaine...
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Commenter cet article