Les espaces culturels E. Leclerc, 215 magasins dans l'Hexagone, mettent désormais en avant deux ouvrages par an : la deuxième édition du Prix Landerneau BD fait ainsi écho au Prix du même nom pour la littérature, tandis qu'une troisième récompense, le Prix Landerneau Jeunesse, va faire son apparition. Pour le moment, celui réservé à la bande dessinée a choisi sa lauréate : Chloé Cruchaudet, pour Mauvais Genre (Delcourt).
Le 17/10/2013 à 10:57 par Antoine Oury
Publié le :
17/10/2013 à 10:57
Au centre, Michel-Edouard Leclerc, avec à sa droite Chloé Cruchaudet, tous deux entourés des libraires des espaces culturels
« Nous sommes devenus un grand libraire », souligne Michel-Édouard Leclerc avec fierté : deuxième distributeur BD après la Fnac, le réseau des espaces culturels Leclerc se prévaut ainsi d'une diffusion équivalente à 4 millions d'albums BD, soit 15 % de la diffusion française totale. Un motif de réjouissance pour le PDG, toujours motivé par de nouvelles conquêtes : juste devant, il y a la Fnac, « qu'ils serrent les fesses, on court vite », lâche-t-il devant l'assemblée.
Le résultat avait fuité - un certain Hébdo du Livre a été gentiment remercié pour cette indiscrétion - mais cela n'a pas arrêté Joan Sfar dans la présentation des 10 albums sélectionnés par les libraires des centres culturels. L'auteur et les professionnels ont mis sur pied une sélection « qu'il faut lire en entier, et pas seulement le lauréat », précise Sfar.
Mauvais Genre est sorti du lot, et l'auteure a eu le nez fin en choisissant l'histoire « tiré d'un essai historique, dont j'avais entendu les auteurs parler à la radio » : le travestissement d'un soldat-déserteur pendant la Seconde Guerre mondiale, histoire vraie. L'album sera bien évidemment mis en avant dans tout le réseau Leclerc.
Un titre que notre partenaire BDfugue avait particulièrement apprécié :
Il n'y a pas de jugement dans son regard : Paul et Louise ne sont ni bons ni mauvais, ils sont à l'image de cet entre-deux-guerres où les gens cherchent à oublier l'horreur de 14-18, en adoptant parfois des comportements extrêmes, jusqu'à se perdre. On frôle plus d'une fois le scabreux, voire le sordide, mais il n'y a jamais de voyeurisme de la part de l'auteure.
A l'image de la danse que partagent les deux amoureux au début de l'ouvrage, son dessin est fluide et souple, faisant disparaître les cases pour aérer les planches. Le choix d'un noir et blanc très sobre, parfois éclairé d'une tache de rouge, fait que l'ouvrage engendre chez le lecteur une profonde mélancolie.
À ce titre, Sfar a tenu à rappeler que la bande dessinée « avait énormément de chance en France : contrairement à ce que l'on peut croire, le marché américain, lui, ne consacre une place importante qu'aux comics, qui répondent à certains critères. Il n'y a pas de place pour les éditeurs indépendants dans les boutiques de comics. »
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