Dénoncer un système peut parfois être une tâche lourde à porter pour ceux qui l'entreprennent. C'est le cas au Brésil, où un avocat s'apprête à faire livrer un ouvrage de 7,5 tonnes au Parlement. Le poids du livre, qui réunit près de quatre millions de règlements fiscaux auxquels entreprises et Brésiliens ont à composer quotidiennement, n'a en fait d'égal que la pesanteur du système qu'il dénonce...
Le 26/03/2014 à 11:28 par Louis Mallié
Publié le :
26/03/2014 à 11:28
Vinicios Leoncio posant avec un bout de son ouvrage.
Achevé d'assembler ce jeudi dans la région métropolitaine de Belo Horizonte, l'ouvrage affiche 2,10 mètres de haut, 1,4 de large, et 41 266 pages au compteur. Pátria Amada (littéralement « Patrie aimée ») est « le plus grand livre du monde » selon l'avocat Vinicios Leoncio, auteur de l'ouvrage. Il est le fruit de 23 années de recherche - 23 années à traquer les lois fiscales d'un pays de 8 514 876 km² - plus de dix fois celle de la France.
« Mon but est d'inviter la société à une réflexion; le pays a besoin d'un nouveau modèle qui facilite la vie des entreprises et des contribuables » explique-t-il. « Notre fiscalité est source d'une si grande incertitude juridique qu'elle en est un obstacle pour la vie des citoyens.» . C'est que Le Brésil est le roi de la bureaucratie fiscale.
Selon une étude faite dans 183 pays, une entreprise brésilienne passe en moyenne 2 600 heures par an à résoudre sa bureaucratie contre 180 en Europe. « Au Brésil on crée 35 règles fiscales par jour », précise l'avocat. Le livre a été envoyé par camion au Congré national du Brésil hier, et réceptionné par les représentants d'un groupe réunissant 200 parlementaires pour la « débureaucratisation ». « Ou le Brésil met fin à sa bureaucratie, ou alors la bureaucratie mettra fin au Brésil » résume Valdir Collato, son chef.
Si le travail est volumineux, son auteur admet cependant qu'il n'est pas en soi une réflexion « C'est une compilation partielle, puisque chaque jour, 35 nouveaux articles sont ajoutés dans les loix fiscales. » Il n'en conserve pas moins une grande valeur symbolique qui, il l'espère, attirera l'attention des gens sur les problèmes d'un pays qui « devrait terminer l'année 2014 avec environ 95 millions de cas d'essais en attente ».
Vinicios Leoncio,Site personnel.
Édité - ou plutôt construit - en un exemplaire unique, il est le fruit de la persévérance de son auteur qui a investi dedans plus d'un million de livres sterling de sa poche. « J'aimerais qu'il visite tout le Brésil, et particulièrement les universités. Les étudiants représentent l'avenir du pays, il faut qu'ils soient conscients de tout cela. » Un ouvrage symbolique qui appelle à la réflexion... et à la réforme.
Quoi qu'il en soit, la tendance semble donc aux gros livres ces derniers jours - sûrement une réaction à la légèreté et à l'ergonomie des tablettes. On se souvient par exemple du Salon du livre, où les éditions Jean Boite, n'avaient pas eu le courage d'amener à la conférence sur les éditeurs indépendants en Ile-de-France leur prochaine parution : le premier volume d'un dictionnaire de 4,5 kilos où chaque mot a été remplacé… par son image Google.
Par Louis Mallié
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