Frantz Delplanque ne manque pas d'imagination, ni d'humour. C'est probablement pour la première raison qu'il est entré dans la collection Polar Made In France, publiée par les éditions Points. C'est pour la seconde que nous avons souhaité l'interroger sur la vie, le monde, son livre Du son sur les murs et l'univers. Et particulièrement le poulet basquaise. Ironie terrible : il n'en connaissait pas la recette. On pourra également retrouver le premier chapitre du livre à cette adresse.
Le 09/04/2014 à 18:01 par Nicolas Gary
Publié le :
09/04/2014 à 18:01
Quand on situe son polar dans le Pays basque, c'est que l'on a pris une sérieuse assurance vie, ou que l'on réside dans le Nord de la France ?
Les Basques n'ont aucune raison de m'en vouloir, c'est pas comme si j'avais osé écrire des choses désagréables sur les fêtes de Bayonne... Vous savez comment on appelle une belle fille au Pays Basque ? - Une touriste. (C'est une blague basque !)
En fait je ne vis pas dans le Nord de la France, mais je ne risque rien, je n'habite pas dans un office de tourisme.
Plus sérieusement : qu'est-ce qui vous a entraîné dans ce genre d'écriture ?
Vous savez bien comment ça se passe. On se dit: "ce soir, juste un verre, pas plus"... et on finit la nuit complètement bourré avec une main dans la poche et là, on se demande : "à qui appartient cette foutue main ?" Si vous n'avez pas la réponse à cette question vous ne pouvez quand même pas vous coucher comme si de rien n'était !
Amélie Nothomb dit que votre ouvrage est excellent : cela vous donne-t-il envie de faire autre chose ? (rires)
Le snobisme est à la bêtise ce que la plume est au trou du cul : même avec un gros effort d'imagination ça ne permet pas de faire un oiseau. Ceux qui ne sont pas capables de reconnaître la qualité du style Nothomb sont les mêmes qui se gargarisent du style d'un Sollers qui lui n'en a pas. La littérature française souffre d'une surcharge pondérale culturelle. Personnellement, je veux écrire du roman à rebondissement, rocambolesque, désengagé, insupportable aux cuistres. Et s'il devient populaire, je ne m'en plaindrai pas. Alors, l'enthousiasme d'Amélie Nothomb dans les colonnes du Monde, ça me donne envie de continuer à écrire, oui ! (D'ailleurs, tout me donne envie de continuer à écrire.)
Ceci étant, j'assume pleinement le goût de mon personnage pour les références culturelles, parce que je préfère le voir jongler avec elles que d'avoir à les trimbaler dans un cartable de professeur de Lettres. Un ami, fin connaisseur de polar, m'avait dit "ton tueur est trop cultivé, ce n'est pas vraisemblable". Je n'ai toujours pas trouvé à cette remarque une réponse qui puisse être donnée à un ami.
En conclusion : Amélie Nothomb a raison, ce roman est excellent.
L'identification Polar Made In France, comment la comprenez-vous ? Quelles seraient les trames communes à l'écriture de polars français ?
Figurer aux côtés de Thierry Jonquet est un honneur, mais quand je lis un livre, je ne lui demande pas ses papiers. Je vois quand même un intérêt à lire des auteurs français : ils ne sont pas traduits, ça vous permet de lire vraiment le livre de l'auteur, non ? Et puis tant qu'à lire en français, lisez du polar, ça vous évitera de passer plusieurs heures à décrypter une énième tentative de renouvellement du langage et/ou de vous égarer dans le moi souffrant/jouissant d'un auto-romancier.
Les trames communes à l'écriture de polars français ?! Ben, je suis sec sur ce sujet... et j'aimerais le rester. Le but n'est-il pas que personne n'écrive de la même façon ? J'ai pas envie d'être pris dans une trame ! Plus sérieusement, je suis typiquement le gars polarisé par des auteurs étrangers. Il est vraiment temps qu'on nous fasse lire du polar français !
Je suis content d'avoir un bandeau rouge autour de mon livre, comme un bon poulet label rouge élevé dans le Sud Ouest. Par contre, il est hors de question de porter une marinière pour la promo.
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