Né le 20 octobre 1939, à Namur (Belgique), le même jour que Rimbaud, Jean-Claude Pirotte fut avocatdurant ses vertes années, et après une exclusion du barreau, qui le contraindra à fuir en France, jusqu'à la péremption de sa peine, en 1981. Mais loin de retourner dans les tribunaux, c'est vers la littérature qu'il choisira de s'orienter. Et d'avouer, en 2001 : « Les magistrats qui m'ont condamné m'ont accordé une forme de bonheur. Celui de vivre dans l'extraordinaire. »
Le 25/05/2014 à 11:32 par Cécile Mazin
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25/05/2014 à 11:32
De 1964 à 1975, il est avocat au Barreau de Namur. En 1975, il est accusé (il nie toujours les faits) d'avoir favorisé la tentative d'évasion de l'un de ses clients. Rayé du Barreau et condamné à dix-huit mois de prison, il part en cavale dans la province française, en Catalogne et dans le Val d'Aoste.
Le poète est décédé ce 24 mai 2014, alors que le cancer qui le rongeait ne l'avait pas conduit à une meilleure hygiène de vie. L'an passé, il avait publié le livre Brouillard, au Cherche Midi, dans lequel il avait presque noté que sa fin était proche. Dans ce roman, on pouvait lire : « C'est que j'avais encore envie de vivre, et de voir passer les nuages, et d'écrire ceci, ou autre chose. Il arrive que la douleur soit en voie d'excéder mes forces. Mais je m'obstine, je tiens la fenêtre ouverte, au moins je respire et un chien aboie. »
Le texte avait tous les échos d'une confession dernière : « Je ne cherche pas à me dédouaner. Je constate. Je rumine. Mes délits me paraissent imaginaires. C'est dans un état second – mais lucide – que je les ai commis. Une autre vie, décidément, si j'envisage celle-ci, à laquelle je me suis condamné. » Avec un regard aiguisé sur cette vie passée :
L'enfant coupable n'a tenté que rarement de me laisser en paix. L'adolescent “monstrueux” est toujours là, réduit à l'inactivité, au silence, mais planté en moi comme une statue du Commandeur. Nous n'évacuons pas nos déchets, ils seraient plutôt de nature à fermenter en nous comme du grain pourri. (…) Et en cherchant à me débarrasser avec la plume et du papier de ce chancre originel, je n'effectue que des prélèvements, je me livre à ma propre endoscopie mentale.
À son actif, de multiples prix, celui de la poésie de l'Académie française, en juin 2012, ou encore le Goncourt de la poésie, en décembre de la même année. Tout avait commencé, ou presque, avec le prix des Deux Magots en 2006 pour son roman publié aux éditions de la Table Ronde, Une adolescence en Gueldre.
Le Namurois a été l'auteur d'une cinquantaine de livres, parmi lesquels les récents : Un voyage en automne, Absent de Bagdad, Passage des ombres, Le Promenoir magique et autres poèmes, ou encore Expédition nocturne autour de ma cave. Peintre, il a également illustré lui-même plusieurs de ses ouvrages.
Et à ce titre il fut plus d'une fois récompensé, via l'octroi notamment cette année du Grand prix de poésie de l'Académie française et du Prix Apollinaire en 2011, parmi d'autres lauriers comme ceux du Prix Marguerite Duras, du Rossel ou encore des Deux Magots.
À découvrir, le fameux portrait, sur BibliObs.
mise à jour 11h le 27 mai :
Le Centre national du livre vient de diffuser un communiqué de presse pour rendre hommage à l'écrivian.
Jean-Claude Pirotte est décédé samedi 24 mai à l'âge de 74 ans.
Le Centre national du livre tient à rendre hommage à ce grand écrivain et poète, qui avait obtenu en décembre 2012 le prix Goncourt de la poésie – Robert Sabatier pour l'ensemble de son œuvre.Depuis longtemps, le Centre national du livre accompagnait et soutenait Jean-Claude Pirotte, au travers de l'attribution de bourses d'écriture et d'aides à la publication.
Parmi ses titres aidés par le CNL, citons, entre autres, aux éditions Le Temps qu'il fait, Revermont (2008), Les Périls de Londres (Photographies de Sylvie Doizelet, 2010), Le très vieux temps (2012), ou encore, aux éditions Le Castor astral, Cette âme perdue (2011) et, aux éditions de la Table ronde, Le Promenoir magique et autres poèmes, 1953-2003 (2009).
Le Centre national du livre adresse ses sincères condoléances aux proches de Jean-Claude Pirotte.
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