La semaine passée, nous évoquions une intéressante expérience, qu’une jeune maison d’édition présentait. Tenter de nouveaux modèles économiques pour le livre, tout en alliant les innovations dont la French Tech peut se targuer. Le modèle Freemium a manifestement bien plus d’avenir qu’on ne l’aurait cru.
Le 21/06/2015 à 09:30 par Nicolas Gary
Publié le :
21/06/2015 à 09:30
À la conquête du monde - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Fort de cette première aventure dans le livre numérique, avec le livre BNQRT, l’éditeur a été contacté par des auteurs de bande dessinée, particulièrement intéressés. « Avec le livre BNQRT, nous pensions avoir poussé le modèle du Fremium dans ses retranchements. En offrant un ebook ne contenant que les consonnes, avec la possibilité d’acheter les voyelles, nous estimions avoir trouvé une approche inédite », se souvient-il, un sourire de satisfaction accroché aux lèvres.
Mais, approché par des scénaristes et des dessinateurs, il semble que de nouvelles perspectives s’ouvrent. « En réalité, il suffisait d’ouvrir le dialogue avec les créateurs, pour se rendre compte qu’ils foisonnent d’idées pour améliorer plus encore notre approche. »
Et pour cause. En s’inspirant du modèle d’achat de voyelles, dessinateurs et scénaristes ont conçu un projet révolutionnaire. « Nous allons pouvoir offrir un niveau de personnalisation jamais atteint dans la BD, tout en développant une offre totalement inconcevable », s’impatiente l’éditeur.
Trois projets ont d’ores et déjà vu le jour, et sont en cours d’élaboration. « Notre première approche est de donner la possibilité d’intégrer une photo du lecteur directement dans la bande dessinée. Il devient alors un acteur à part entière de l’aventure – chose qui va être prise en compte dans le prix de vente. Mais l’intégration est particulièrement soignée, je dirais même plus : millimétrée. » Et voici un extrait, plus efficace que de longs discours.
Les deux autres possibilités, encore secrètes, nous ont été révélées en exclusivité. « Dans la BD, il y a les gens qui regardent les images, et ceux qui adorent le texte. Partant de ce constat, les auteurs nous ont apporté leur aide : si l’on commercialise en numérique la BD de manière traditionnelle, il est possible de proposer une version enrichie, en supprimant ce dont le lecteur ne souhaite pas. »
La version enrichie diminuée, un concept qui a immédiatement séduit les auteurs. « De la sorte, nous pouvons supprimer les textes que le lecteur n’aurait pas lus, ou alors supprimer les images, qui ne lui conviennent pas – par exemple, parce que le dessin n’est pas à son goût. »
Cette solution de personnalisation a par ailleurs des avantages non négligeables : « Bien entendu, le client paiera plus cher, pour obtenir la version de son choix. Mais surtout, nous n’avons plus à rémunérer le dessinateur, si seules les bulles sont achetées, ou le scénariste, si ce sont les dessins. Nous collons au plus près de la réalité éditoriale, et donc, de la clause de juste rémunération qui incombe dans le métier, vis-à-vis des créateurs. »
Le projet d’achats in-ebooks, au cœur des perspectives de développement de l’offre en cours de construction, n’est certainement pas abandonné avec le monde de la BD. « En réalité, nous avons constaté que les titres personnalisables jouissaient d’une forte popularité. Pourquoi ne pas alors autoriser des changements en temps réel, avec un paiement d’un simple clic. Si la tête de Tintin ne vous revient pas, et que vous préfériez celle du Capitaine Haddock ou de Dark Vador, cela doit pouvoir se réaliser... »
Pour l'avenir, des projets dans la littérature jeunesse pourraient voir le jour, nous précise-t-il, à partir de ces principes. « Éduquer dès le plus jeune âge aux notions du capitalisme, à travers les oeuvres d'auteurs, c'est tout de même joindre l'utile à l'agréable, de la plus belle des façons...»
Et un granbd merci à Philozofon ainsi qu'à Ulmia
Par Nicolas Gary
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