La littérature jeunesse fêtait hier ses lettres de noblesse, au Centre national du livre. Le cofondateur de L’école des loisirs en 1965, aux côtés de Jean Fabre et Arthur Hubschmid, Jean Delas a en effet reçu la Légion d’honneur en début de soirée. Entre humour et émotion, Tomi Ungerer, 84 ans, le premier auteur de la maison d’édition et véritable figure de la littérature jeunesse en France, a orchestré la cérémonie.
Le 29/09/2015 à 11:56 par Julie Torterolo
Publié le :
29/09/2015 à 11:56
Jean Delas médaillé de la Légion d'honneur, au Centre national du Livre, Paris
« Ce qui va être récompensé aujourd’hui est une des créations culturelles les plus importantes. Jean Delas est révolutionnaire. C’est quelqu’un qui a profondément transformé une littérature, la littérature jeunesse, qui lui a donné ses lettres de noblesse ». Vincent Monadé, président du Centre National du Livre (CNL), donnait le ton. Remettre les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Jean Delas, cofondateur de l’école des loisirs, ne va pas sans célébrer la littérature jeunesse. « Je crois qu’il n’y a pas de littérature jeunesse sans L'école des loisirs. Et pour nous, qui sommes la maison commune du livre, c’est une immense fierté d’accueillir Jean Delas », a-t-il ajouté.
C’est à Tomi Ungerer que revenait de remettre les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Jean Delas. Une mission « absolument archi normale », confie-t-il à ActuaLitté. « Je suis fier de lui et c’est hautement mérité, c’est toujours formidable de pouvoir participer au mérite d’un autre. »
Vêtu d’un chapeau et d'une paire de bottes, l’illustrateur de 84 ans n’a pas manqué d’humour – du tout – pour célébrer son plus fidèle éditeur. « En plus de 50 ans à L'école des loisirs, je n’ai jamais eu le moindre problème, j’ai toujours considéré L’école des loisirs comme une famille », a commencé l’artiste. « Tu es le crémier de la littérature jeunesse », a-t-il ajouté à l’éditeur. Avec accolades et éclats de rire, toute la biographie de Jean Delas est remaniée, revisitée par un Tomi Ungerer en verve : de la naissance « 11 heures avant l’invasion de la Pologne » à mai 2013 où « il passe le relais de la direction générale à son fils Louis ».
"Il me reste le panthéon, mais on n’y enterre pas les gens de leur vivant"
Aujourd’hui, Jean Delas réside « 80 % de son temps » à Hossegor, « La capitale du surf », embraye illico Tomi Ungerer. On apprend également que l’éditeur est en train de constituer une association de lutte contre l’illettrisme baptisée Lire sur la vague. Et pour cause. Un festival annuel de livres pour enfants et de bandes dessinées va également prendre place annuellement à Hossegor, toujours sous son impulsion. « Cela est acté depuis vendredi », précise-t-il.
Une fois sa médaille épinglée à la veste, Jean Delas prend la parole. « Tomi a été notre premier auteur. Il est toujours l’auteur français le plus emblématique de notre maison. Parler de Tomi, c’est aussi parler indirectement de L’école des loisirs » explique-t-il avant de décrire l’ensemble de la carrière de l'illustrateur. « Nos recherches par étapes, nous ont conduit successivement à resserrer des liens durables avec ces médiateurs fidèles que ce sont les bibliothécaires, les enseignants et bien sûr les libraires, qui en réalité constituent l’ensemble le plus fiable et le plus populaire de tous les réseaux sociaux. Notre mission, c’est l’éducation, il n’y a rien au-dessus », déclare Jean Delas.
L’école des loisirs a en effet marqué un tournant dans la littérature jeunesse française. La cérémonie a été l'occasion de rappeler que la maison d'édition est la première à avoir édité des livres pour enfants au format poche, ou encore à lancer l’abonnement école des loisirs auquel « 10 % des enfants de France sont abonnés », ajoute Tomi Ungerer lors de son discours.
La consécration, pour Jean Delas ? « Il me reste le panthéon, mais on n’y enterre pas les gens de leur vivant. Je crois que c’est la reconnaissance d’un métier. J’ai 76 ans » confie-t-il, dans un sourire, à ActuaLitté. Ce qui lui permet, probablement, d'exercer un regard « assez sévère et inquiet sur la littérature jeunesse. Le marketing a pris le pouvoir un peu partout alors que pour nous c’est un mot tabou, et ce n’est pas un genre qu’on se donne. » Pour lui, il reste « encore beaucoup à faire pour ce secteur ».
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