Il est étrange que la littérature croise le chemin du communisme qui fut l’ennemi déterminé de toute libre expression artistique là où le malheur des temps le conduisit à s’imposer à un pays.
Le 22/03/2015 à 09:21 par Les ensablés
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22/03/2015 à 09:21
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Loys Masson ( 1915-1969) succomba en son temps au « charme universel d’Octobre » pour citer François Furet. Il est vrai que ce fut à un moment où cela exposait ( 1942 ) et qu’il s’en écarta en 1948 lorsqu’Aragon, qui n’avait alors guère d’états d’âme, le contraignit à quitter Les Lettres Françaises sans doute pour manque de discipline de parti. Et puis Masson était resté chrétien et les contradictions n’ont parfois qu’un temps. Dès lors, Masson se consacra à la littérature et on ne peut que s’en réjouir. Masson était mauricien, d’une famille d’origine française, qui se tourna vers la France où se déroula l'essentiel de sa vie.
Par Henri-Jean Coudy
"Le Notaire des Noirs" (prix des Deux Magots), paru en 1961, est un titre qui indique d’entrée une tragédie. Être le notaire des noirs à l'île Maurice, dans une société où les distinctions de classe recoupent les distinctions ethniques c’est avoir rompu les liens avec ses origines et se consacrer à ceux que méprise l’entourage du narrateur. Mais des Noirs, il ne sera question que comme toile de fond sur lequel se déroule un huis-clos dont l’enjeu est la survie d’un jeune garçon. Le narrateur, devenu notaire avec le temps par l’héritage de son oncle, se souvient. Il y a d’abord son oncle, Emile Galantie, notable francophone, notaire donc, qui, dans cette société post-coloniale tient à son rang ; et il y a Marthe, son épouse, de longue date avec laquelle il n’échange plus que phrases acrimonieuses lorsqu’ils se parlent encore. Emile et Marthe n’ont pas eu d’enfants malgré leur désir, et cette absence les a rongés jusqu’à ce qu’une haine commune leur permette de continuer leur existence conjugale. Il y a leur neveu, celui qui parle, qui travaille avec son oncle et qui est désigné pour sa succession puisque l’étude doit continuer dans la ligne de la famille ; il est célibataire et sans enfant. Mais il y a André, qui a sept ans, confié par un père, autre neveu du notaire et cousin de piètre réputation, contraint à l’exil pour Madagascar par des malversations et des dettes. Le narrateur tient André pour son fils ; seulement voilà, André est sûr que son père reviendra, et pas dans n’importe quelle circonstance ; ce père ne lui a-t-il pas confié : « Nous ferons la révolution ensemble, ce sera merveilleux…Tu viendras partout avec moi. Je dirai aux noirs : c’est mon grand fils… ».
Dès lors, le jeune garçon ne rêve plus que du jour où un bateau venu de Madagascar le lui ramenera , dans la tempête révolutionnaire. Il y a aussi le capitaine Bruckner, capitaine de vague caboteur mais qui se fait passer pour un marin de grande expérience auprès du jeune garçon et qui s’attribue la connaissance de son père qu’il n’a sans doute jamais rencontré ; André voit Bruckner avec les yeux du merveilleux ce qui exaspère le narrateur qui pourrait, pourra facilement démasquer l’imposteur ; d’autant plus qu’il est l’amant de l’appétissante jeune femme de Bruckner, Aline. Beaucoup plus loin dans la vie, il aura du mal à comprendre qu’il ait pu la désirer tant le temps aura détruit sa beauté. En l’attente, « Elle aime par sursauts ; je me dis que c’est à la manière des bêtes et cela ajoute à mon besoin d’elle ». C’est dans l’espace confiné de la maison Garandie, où il n’existe plus beaucoup de raisons de vivre, sinon de tenir son rang symbolique et matériel, que se joue l’existence de cet enfant. Difficilement. Le vieux notaire ne veut pas exposer les frais nécessaires à la mise à l’école catholique d’André qui aurait le mérite de lui donner un cadre adapté à son âge ; les histoires du capitaine Bruckner prennent un coup le jour où le narrateur, jaloux, l’oblige à avouer à André que la corne de narval qu’il a chez lui n’est pas une dent de baleine arrachée à la mer mais un objet acheté en boutique ; comme le reprochera Bruckner, très amer, au narrateur : « Il aurait fallu … que la « Dent de Baleine » restât la preuve qu’il y avait un fabuleux et fraternel océan où avait vogué un fabuleux capitaine Bruckner. On n’accepte pas facilement de mourir quand on a un trésor devant soi".
Loys Masson
La vague de l’explosion sociale arrive pourtant avec la destruction de la récolte de canne à sucre par les aléas du climat ; la famine est là qui menace, en premier lieu, la population des ouvriers agricoles, les noirs ; des manifestations, la police qui tire, des morts, est-ce la révolution, est-ce le retour du père d’André ? Et s’il ne revient pas, par où passera le destin d’André dont la santé vacille, par l’adoption par son grand-oncle et sa grande-tante, soudain devenus parents ? Par les victoires dans les combats d’un coq déniché par Bruckner et offert à l’enfant ? « Je revois le coq, très haut sur pattes, avec des ergots courts mais épais, son jabot nu et comme granuleux, qu’on frotte avec du rhum tous les deux jours pour le rendre plus résistant. » Mais les combats de coq sont bien incertains… Et n’y a-t-il pas la menace du cousin Louis, autre neveu du notaire, dont il guigne l’héritage et qui pourrait bien révéler la vraie nature du père d’André ? Le narrateur réussira-t-il à protéger celui qu’il regarde comme son enfant ? La langue de Masson ressemble à de vieux meubles créoles, polis par le temps et la cire : « Vieilles , vieilles eaux. Que gagne-t-on à les remuer ? L’oiseau-de-la-vierge niche dans le jacaranda et ramène la jeunesse au monde. Mais non pas la mienne. Elle fut trop brève pour jamais ressusciter. Elle se consuma en un éclair ; je vécus de laves froides » ; ainsi soliloque le narrateur, devenu notaire, mais ayant perdu ses clients blancs, pour s’être rapproché d’un mouvement local aux orientations qui troublent les riches propriétaires de l’île, notaire des noirs donc.
Le Notaire des Noirs a été réédité aux éditions André Dimanche en 2000 ; nous devons à Eric Dussert de l’avoir découvert qui lui consacra une chronique dans Le Matricule des Anges et lui attribue à juste titre « un talent singulièrement puissant ». Nous avons hâte de lire « Les Tortues » qui le fit connaître en 1956.
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Jacques Chardonne (1884-1968), le « romancier du couple », de Destinées sentimentales et de Romanesques, dont Gallimard a édité récemment la correspondance en trois volumes avec Paul Morand, a encore des lecteurs fidèles et convaincus — j’en connais quelques-uns. Ce n’est donc pas tout à fait d’un écrivain ensablé qu’il sera ici question, mais d’un livre que presque personne n’a lu, puisqu’il s’agit d’un ouvrage, écrit en 1943, qui était prêt pour l’impression, mais que Chardonne renonça à publier: Le Ciel de Nieflheim. Pour ses amis, Chardonne avait néanmoins procédé à un faible tirage privé ; on en trouve parfois un exemplaire en vente à fort prix en ligne. Par François Ouellet
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Avec une préface documentée de Nicolas d’Estienne d’Orves (notamment romancier « Prix Roger Nimier » et spécialiste de Rebatet), la collection « Bouquins » a publié récemment un recueil des œuvres principales de Hugues Rebell dont seuls les gens de mon âge rappelleront qu’elles furent rééditées dans les années 80 par Hubert Juin, dans la collection 10/18, avec d’autres auteurs « fin de siècle ». Par Hervé Bel.
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Dumas ? c’est Gaston Pescou, signant Peskow ou Peskov, mais aussi G. de Morlon, baron de Cherville, qui est en réalité –pour les trois-quarts- l’auteur caché de ce roman. Il est dans sa spécialité : le roman de chasse. Qu’on en juge par quelques titres tirés de sa bibliographie : Les Aventures d'un chien de chasse, Histoire d'un trop bon chien, Contes de chasse et de pêche, Contes d'un coureur des bois, Montcharmont le braconnier, Le Gibier plume et la même année Le Gibier poil, sa science s’étendant même aux sauvages horizons de l’Afrique et de l’Asie avec Les Éléphants, état sauvage, domestication.
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En 1995, les éditions Le Croît vif, à Royan (Charente Maritime), rééditaient trois romans de Geneviève Fauconnier (1886-1969) : Les Trois Petits Enfants bleus (1927), Claude (1933) et Les Étangs de la Double (1935). La même année, Omnibus reprenait Pastorale (1942), intégrant cet autre roman de la même auteure dans Gens de Charente et de Poitou, au sommaire duquel figurent aussi des romans de Jean-Richard Bloch, Pierre Véry, Ernest Pérochon, André Theuriet et Pierre Loti. En outre, Les Étangs de la Double reparaissait en 2020 aux éditions La Geste, à Niort, en Nouvelle-Aquitaine. Par François Ouellet.
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Paul-André Lesort (1915-1997) aurait pu intituler son cinquième roman L’emprise, mais il a choisi un titre plus incisif : Le fer rouge. Paru en 1957, l’ouvrage de ce romancier étiqueté « grand écrivain catholique » choqua autant les lecteurs que la critique, à quelques rares exceptions près comme Jean Cayrol (« Ce n’est pas un spectacle auquel il nous convie,...mais une quête, une aventure avec « risques et périls»... Son honneur est de déranger et de se déranger...Beaucoup n’ont pas compris la route surprenante qu’il put choisir sans avertissement »). Par Marie Coat.
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Chers amis des Ensablés, notre site accueille aujourd'hui une nouvelle contributrice, Isabelle Luciat, à qui nous souhaitons la bienvenue au sein de notre équipe. Pour son premier article, elle a choisi "Petit Louis" deuxième roman d'Eugène Dabit, qui avait rencontré le succès avec L'Hôtel du Nord, paru en 1929. Hervé BEL.
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Les Éditions de La Grange Batelière achève par Cinis in cinerem (allusion à la Genèse « tu es poussière et tu retourneras à la poussière), la publication des quatre romans policiers de Régis Messac, auteur que nos amis des Ensablés commencent à connaître (Quinzinzinzilli, Le mystère de Monsieur Ernest). A mon goût, c’est le roman plus étonnant, le plus attachant aussi, car il s’y mêle le gothique, le fantastique, la psychanalyse et le scientisme du XIXème siècle, dans une ambiance mystérieuse : plaisir assuré pour tous ceux qui ont aimé Gaston Leroux, Maurice Leblanc, Stevenson, Edgar Poe, et j’en passe. Par Hervé Bel
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Georges Thinès (1923-2016) est un écrivain belge de langue française né en 1923 à Liège et décédé en 2016 à Court-Saint-Étienne. D’abord attiré par les lettres classiques, il fut étudiant en philosophie et lettres à la Faculté universitaire Saint-Louis de Bruxelles. Après son engagement à la Royal Navy durant la guerre, Georges Thinès renonce à la philologie et s’oriente vers la psychologie. Professeur à l’université de Louvain, il fut un spécialiste de renommée mondiale dans le domaine de l’éthologie animale. Excellent musicien, fondateur de l’orchestre symphonique de Louvain, il fut encore poète, nouvelliste, romancier, dramaturge, essayiste. Par Armel Job
28/05/2023, 09:00
Décédé en 2013 à l’âge de 64 ans, Denis Belloc ( (1949-2013) a marqué d’une empreinte noire la littérature française. Son œuvre, une dizaine de romans parus, s’abreuve au sirop de la rue. Mais ce liquide est violent et amer. C’est l’univers de la toxicomanie dans Képas (Lieu commun, 1989) ou de la prostitution dans Suzanne (Lieu commun 1988) qui forme le décor des romans de Belloc dont l’entière matière est autobiographique. Par Denis Gombert.
14/05/2023, 09:00
En janvier 1947, les éditions du Portulan publièrent un épais volume au titre biblique, « Heureux les pacifiques », que la critique accueillit avec force éloges, n’hésitant pas à parler de «roman fracassant et excitant » (Pierre de Boisdeffre), de « roman d’une génération » (Maurice Nadeau), tous se montrant impressionnés par la justesse d’un tableau riche et complexe d’une époque charnière (1934-1945): ainsi Pierre Descaves, selon lequel ce roman est « sans aucun doute, le document le plus important, le plus impressionnant qui nous ait été donné depuis quinze ans, sur l’état d’une jeunesse que guettait le conflit de 1939-1940 et les années, noires et rouges, des refus ou des abandons ». Par Marie Coat
30/04/2023, 16:45
Mariève a vingt-trois ans lorsqu’elle épouse Gilles, de dix ans son aîné. Ce mariage la conduit à s’installer chez lui, dans un domaine forestier des Hautes Fagnes, à l’est de la Belgique. Le manoir du Rondbuisson, situé à l’orée du bois, est la résidence de quelques personnages rustiques et gentiment intrigants. Tout semble en place pour assurer le confort de Mariève, dans un cocon où l’on ressent plus qu’ailleurs le rythme envoûtant des saisons. Mais pourquoi n’y semble-t-elle pas heureuse ? C’est l’histoire de la lente dégradation d’un amour s’abîmant au grattage de l’écorce. Par Louis Morès.
10/04/2023, 09:47
« Elles sont les premières. Cinq filles. Jeunes, timides, heureuses, excités, cœurs battants et prêtes à mourir pour la France. » Nous sommes en 1940. La France vient de perdre la guerre. À Londres, la France libre sous l’impulsion du général de Gaulle fait ses premiers pas. Pour la première fois, les femmes prennent part au conflit sous l’uniforme français. Un Corps féminin de Volontaires de la France libre est créé, dans lequel s’enrôlent les héroïnes de ce roman, ainsi que son autrice, Tereska Torrès. Par Carl Aderhold.
26/03/2023, 17:17
Qui se souvient aujourd’hui de Kikou Yamata, une écrivaine née à Lyon en 1897 d’un père japonais et d’une mère française et décédée en 1975 à Genève ? Étonnante et attachante figure, auteure d’une œuvre importante. Par François Ouellet
12/03/2023, 10:00
En septembre 2022, Marc Dambre, spécialiste de Roger Nimier, a publié chez Perrin une somme passionnante (je pèse mes mots) intitulée Génération hussards, en référence à une mouvance littéraire des années 50. L’occasion d’aborder avec lui non seulement la vie et la production littéraire des « hussards » les plus connus, mais aussi d’en (re)découvrir d’autres, dont Stephen Hecquet, objet d’un récent article des Ensablés, et de revisiter trente années de vie culturelle française. Par Hervé Bel
20/02/2023, 09:56
Quiconque vous demanderait ce qu’évoque pour vous le nom de Trinztius, vous resteriez coi ou chercheriez en vain du côté des érudits anversois de la Renaissance. Bien oublié aujourd’hui, René Trintzius fut très connu dans le monde des lettres de la première moitié du siècle dernier. Né en 1898 dans une famille bourgeoise de Rouen -son père était un architecte renommé- il abandonna très en amont une carrière de magistrat pour se consacrer dans un premier temps au journalisme, puis rapidement à l’écriture de pièces de théâtre et de romans. Par Marie Coat
22/01/2023, 09:00
Au carrefour de ruelles obscures se dresse Malpertuis. Quentin Moretus Cassave, le maître de cette grande maison, s’éteint sur son lit de mort et fait lire à sa famille réunie les articles de son testament. Pour recevoir l’héritage, les héritiers doivent s’engager à venir vivre au sein de ce lieu rempli de mystères et seul le dernier d’entre eux recevra la fortune. Le dernier ? Dans cette demeure hantée peuplée d’une faune étrange et où le temps s’étire à la croisée des mondes, les périls sont immenses. Jean-Jacques Grandsire, un jeune neveu de Cassave, nous confie avec effroi les heurts et malheurs de Malpertuis. Un chef-d’œuvre du fantastique belge à redécouvrir. Par Louis Morès.
08/01/2023, 09:00
J’ai parlé, il y a quelques mois dans cette chronique, de Maria Borrély (1890-1963), une romancière d’exception de la Haute-Provence. Voici qu’une belle biographie vient de lui être consacrée par Danièle Henky aux éditions Le Papillon rouge, Maria Borrély. La Vie d’une femme éblouie. La biographe, qui a commencé à s’intéresser à Maria Borrély au début des années 2000, a pu avoir accès aux archives de l’écrivaine, se nourrir des souvenirs de Pierre Borrély, le cadet des deux fils de l’écrivaine, qu’elle a maintes fois rencontré, travailler aux premières rééditions avec Paulette Borrély, la femme de Pierre. Par François Ouellet
25/12/2022, 09:00
Dernier tome d’une trilogie de romans historiques suivant sur trois générations l’histoire d’une famille aux XVIe et XVIIe siècles dans les Provinces-Unies et les Pays-Bas espagnols, La Baie des Wallons relate les aventures du jeune Tristan de Noirfontaine, un orphelin seul héritier de sa lignée ne rêvant que d’exploration au point de s’embarquer dans un navire à la conquête du Nouveau Monde. C’est avec enthousiasme qu’il participera àl’émergence d’une nouvelle ville et d’une société lui offrant une vie pleine de promesses, à condition de faire preuve de prudence et de ne pas oublier ses racines.
Par Louis Morès.
11/12/2022, 09:00
Un chef-d’œuvre de la littérature jeunesse : Adieu mes quinze ans fut en 1960 un véritable phénomène éditorial : plus de 650.000 exemplaires écoulés. Le livre fut traduit en 11 langues et adapté en un feuilleton de 10 épisodes qui fit les beaux jours de l’ORTF au tout début des années 70. Il faut croire que ce roman sur l’adolescence possédait quelque chose de particulier qui avait pu toucher toute une génération. Elle se retrouvait dans le portrait de Fanny, l’héroïne du roman qui voyait du jour au lendemain sa vie bousculée avec l’apparition de deux êtres et d’un secret. Mais quoi ? Par Denis Gombert
27/11/2022, 11:34
Stephen Hecquet, avocat, écrivain… Pour beaucoup, ce nom ne dit plus rien. Auteur d’une dizaine de romans publiés dans les années cinquante, il est pourtant considéré comme l’un des membres de ce groupe que Bernard Frank appela les « hussards ». Ses romans n’ont jamais été réédités (sauf en 1993 pour « Les collégiens »). Début 2022, est parue chez Séguier une courte et bienvenue biographie de Stephen Hecquet par Frédéric Casotti intitulée Stephen Hecquet, vie et trépas d’un maudit, dont les Ensablés se devaient de rendre compte, d’autant qu’en 2013 notre ami Henri-Jean Coudy (dont les parents connaissaient bien Hecquet) avait déjà fait un article à propos d’Anne ou le garçon de verre.
13/11/2022, 09:00
Romancier, essayiste, pamphlétaire, journaliste, professeur, historien de la littérature populaire, du roman policier et de la science-fiction, rédacteur en chef des Primaires, revue de gauche anticléricale, syndicale et pacifiste, etc., Régis Messac (1893-1945) a été de bien des engagements littéraires et politiques. Par François Ouellet.
30/10/2022, 09:22
Prendre soin des seniors, des anciens, du quatrième âge, des personnes âgées, bref : des vieux, problème de société rebattu, mais irrésolu, au parfum de désolant scandale malgré d’indéniables avancées... En 1977, paraissait sur ce sujet Passage des émigrants, un remarquable roman écrit par un médecin, Jacques Chauviré (1915-2005), dernier d’une trilogie mettant en scène le parcours du Dr Desportes, médecin du travail puis gériatre. Par Marie Coat.
09/10/2022, 09:00
« Tout a commencé en Champagne, fin mars 1915, lors de l’offensive menée par Joffre. Durant l’attaque, Pierre-Ézéchiel Séguier eut la moitié inférieure de sa jambe fracassée par un éclat d’obus. Il fallut l’amputer […] Il ne restait plus assez de morphine. […] “Je suis fait au fer et au sang”, rétorqua le blessé avec la raideur de ceux qui méprisent les faiblesses du corps et de l’âme. » Par Carl Aderhold
25/09/2022, 09:00
En 1905, Camille Mauclair, sentit qu’avec le fauvisme et le début du cubisme en 1905, apparaissait un nouveau paradigme, auquel il était incapable en tant que critique de donner une réponse. Et cette incapacité signa la rupture de Mauclair avec l’art moderne. En 1931, il écrira un ouvrage critique sur le Greco, dont l’originalité le confrontera à nouveau au problème de la rupture de la tradition dans l’art pictural. Ceci est la deuxième partie de notre article (voir la première partie). Par Antoine Cardinale
04/09/2022, 14:40
En 1905, Camille Mauclair (1872-1945), sentit qu’avec le fauvisme et le début du cubisme en 1905, apparaissait un nouveau paradigme, auquel il était incapable en tant que critique de donner une réponse. Et cette incapacité signa la rupture de Mauclair avec l’art moderne. En 1931, il écrira un ouvrage critique sur le Greco, dont l’originalité le confrontera à nouveau au problème de la rupture de la tradition dans l’art pictural. Cet article paraît en deux parties. La seconde est programmée pour la semaine prochaine. Par Antoine Cardinale
21/08/2022, 12:20
Les vacances sont là, et pour ceux qui aiment ou ne connaissent pas Antoine Blondin (il aurait cent ans cette année...), l'occasion rêvée de (re) découvrir ses chroniques publiées entre 1943 et le début des années 80. Les éditions de La Table Ronde ont eu la bonne idée de les rééditer dans sa collection "La petite Vermillon. Pour un prix modique (11,2 euros), un plaisir assuré, à goûter sous les tilleuls en buvant un petit blanc sec, bien glacé, à la santé de ce cher Blondin pour qui la littérature était exigence mais aussi amitié. Hervé BEL
07/08/2022, 09:00
Je ne sais plus où et quand je suis tombé sur ce livre L’abbaye d’Evolayne de Paule Régnier (Grand prix de l’Académie Française 1933), avec sa couverture jaune défraichie des éditions Plon. Longtemps, je l’ai gardé dans mes réserves : j'avais d’autres priorité de lectures. Il y a peu, fouillant ma bibliothèque, je l’ai redécouvert, l’ayant totalement oublié. Allons, il fallait quand même me renseigner sur cette Paule Régnier ! Le destin tragique de cet auteur, il faut bien le dire, m’a conduit à lire enfin son roman. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, j’en conviens, il peut paraître dépassé, appartenir à un autre monde (mais n’est-ce pas après tout un motif de le parcourir ?), mais il palpite dans ce texte quelque chose de bouleversant et de prenant. Par Hervé BEL
24/07/2022, 09:00
Dans ces temps de résurgence de nationalismes, chauvinismes et prurits identitaires, la littérature nous offre heureusement quelques pépites à leur encontre… Figure en bonne place parmi ces romans salutaires une œuvre qui obtint un franc succès juste avant le deuxième guerre mondiale : refusé par Gallimard, publié par Denoël, le roman «Les Javanais» fut couronné du prix Renaudot en 1939 et traduit en plusieurs langues. Par Marie Coat
03/07/2022, 09:00
Sur la plaine de la bataille de Waterloo, une aigle impériale trône au sommet de la butte monumentale. Le 18 juin 1815, c’est Napoléon qui a remporté cette victoire décisive. Plus d’un siècle après les faits, le descendant d’un capitaine anglais est résolu à corriger l’erreur de son ancêtre, qui avait donné de mauvaises informations à Wellington et précipité la défaite des Alliés. L’invention d’une machine à remonter le temps lui permet de tenter une modification avec ses amis, mais à quel prix et pour quelles conséquences historiques et humaines ? Par Louis Morès
19/06/2022, 09:00
Spécialiste du Portugal où elle a vécu une bonne partie de sa vie, Suzanne Chantal (1908-1994) a notamment publié une Histoire du Portugal (Hachette, 1965), que précédait La vie quotidienne au Portugal après le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 (Hachette, 1962). Vers la fin de sa vie, elle publiera un roman historique (Ervamoïra, éd. Olivier Orban, 1982), qui raconte, autour de l’évolution d’une famille sur six générations, l’histoire du vin de Porto, avec ses luttes, ses négociants, ses propriétaires, etc. Par François Ouellet
05/06/2022, 09:00
Suzy avait de grandes jambes. Longues et musclées, assez affolantes. Et un nez fort, signe de caractère. Une blondeur pâle, des yeux délavés par la mer, une frange au carré, du talent et de l’énergie à revendre. Introduite dans les milieux parisiens par Yvonne de Bremond d’Ars, célèbre antiquaire, Suzy va vite mettre Paris à ses pieds. Symbole de la « garçonne » des années folles, Suzy Solidor s’illustra comme actrice et comme chanteuse dans les années 30 et 40. Mais peu le savent, la grande Suzy fut aussi romancière. Par Denis Gombert
22/05/2022, 09:00
Ses romans ont connu de grands succès de librairie, vendus à plusieurs reprises à plus de 1 million d’exemplaires, et même largement au-delà (Chiens Perdus sans Collier, porté au cinéma avec Jean Gabin dans le rôle principal frôla les 4 millions d’exemplaires). Gilbert Cesbron (1911-1979) a donc été un écrivain célèbre dans la deuxième moitié du XX siècle ; il est aujourd’hui inconnu des moins de cinquante ans, un cas exemplaire d’ensablé et peut être d’enterré. Par Henri-Jean Coudy
08/05/2022, 09:00
Les éditions de l’Arbre Vengeur nous ont donné une réédition de Direction Etoile, de Francis de Miomandre (1880-1959). Bernard Quiriny, par ailleurs biographe de Henri de Régnier, auteur cher aux Ensablés , signe une préface pleine d’humour ; les dessins de Regis Lejonc accompagnent merveilleusement le lecteur dans ce conte désenchanté. Puisse cette réédition rendre de nombreux lecteurs au sixième lauréat du prix Goncourt ! Par Antoine Cardinale.
24/04/2022, 09:00
C’était il y a peu dans le 6ème arrondissement, un samedi, jour béni entre tous puisque le dimanche nous protège encore du lundi. En passant devant la librairie « Le dilettante », maison d’édition dont les Ensablés affectionnent les publications, je tombe sur des bacs remplis de livres d’occasion. L’un d’eux attire mon attention : « Les enfants aveugles » d’un certain Bruno Gay-Lussac, avec une introduction de François Mauriac. Mauriac? Il fallait que ce roman oublié ait quelque qualité... Alors je l’ai acheté. Par Hervé Bel
10/04/2022, 09:00
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Imaginez : cette mission un peu folle que d’écrire une nouvelle par mois. Pendant dix ans. Et, à chaque fois, créer une histoire, un univers, imaginer des personnages ou faire intervenir des noms (plus ou moins) connus. Tantôt réaliste, tantôt science-fictionnel, tantôt poétique… il n’y a aucune règle. Ou bien, il n’y en a qu’une seule : écrire. Voici la proposition de Léo Henry à travers Cent-vingt (La Volte). Écrire, donc… et avec talent, bien entendu.
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BONNES FEUILLES — De la Transylvanie sous l'Empire ottoman jusqu'au Paris de la période Romantique, en passant par le Transvaal pendant la guerre des Boers jusqu'à Saint-Pétersbourg à l'époque de Raspoutine, êtes-vous prêt à voyager à travers les époques pour entendre la légende la plus sombre ? Aux côtés de Dalibor et Laüme, êtes-vous disposé à aimer, souffrir, trahir et pardonner ? Êtes-vous prêt pour l'ultime confrontation avec les Chimères ?
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A partir de son expérience personnelle, l’autrice et réalisatrice Delphine Saltel publie, dans ce livre inspiré de son propre podcast, un véritable guide à destination de celles et ceux qui se posent des questions existentielles. Amour, sexualité, parentalité : en politisant et en étudiant tous les ressorts du modèle conjugal, elle aide à penser une autre société, et à se rassurer.
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BONNES FEUIILLES — Dans la troisième phase du Siècle des chimères, Les Anges de Palerme nous emmène dans une course effrénée à travers les âges et les territoires, débutant dans les collines indomptées de Sicile et se poursuivant dans les ruelles sombres de New York. Ce récit dépeint la vie d'un jeune homme contraint à la brutalité pour subsister, et celle d'un patriarche hanté par l'idée de vengeance. Voici la poignante et intense histoire du troisième chasseur de Chimères...
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Sibylla Schwartz est une jeune poète allemande dont les sonnets vont marquer la période Baroque. Malgré son décès précoce en 1638 (elle n’a alors que 17 ans), elle a laissé derrière elle une grande quantité de poèmes qui tombèrent malheureusement dans l’oubli à partir du 18 e siècle malgré la puissance lyrique qui les habite. A l’occasion de ses 400 ans, Max Baitinger, sous les encouragements de l’association Les amis de Sibylla Schwartz, décide de raconter sa vie, de rendre compte de sa modernité tout en la confrontant à ses propres doutes créatifs. Aux éditions L’employé du Moi.
26/09/2023, 11:17
BONNES FEUILLES — Publié en 1971 en Italie, Les Nuits difficiles est le dernier travail de Buzzati paru de son vivant. Les cinquante et un récits rassemblés abordent les motifs récurrents de l'écrivain : l'angoisse de l'attente, la fuite du temps, les rêves effrayants, et la magie surgissant de l'inattendu. En librairie le 12 octobre.
26/09/2023, 11:06
Ce livre de l’autrice argentine Aurora Venturini est ambitieux. Entre malédiction, ésotérisme, voyage en Amérique du sud, dans le pacifique et en Europe, amour, amitiés, et surtout famille, sans oublier de nombreux hommages aux écrivains de son continent et d’ailleurs — Rimbaud en tête, il s’inscrit parfaitement dans l’histoire de la littérature d’Amérique latine du siècle dernier. (traduction : Anne Plantagenet)
25/09/2023, 17:32
En matière d’économies, il est souvent difficile de savoir ce qu’il faut faire. Où placer son argent ? Quelle stratégie adopter par rapport au crédit ? Faut-il mettre à profit le cadre offert par l’assurance-vie ? Les livrets d’épargne sont-ils vraiment intéressants ? Doit-on prendre le risque d’aller sur les marchés boursiers ?
25/09/2023, 10:44
BONNES FEUILLES - 10 août 2019, l’Amérique se réveille traumatisée. Jeffrey Epstein, son double monstrueux, a été retrouvé pendu en prison. S’est-il suicidé ou a-t-il été assassiné ? Sa vie va-t-elle être enterrée avec sa mort ? Ses secrets seront-ils jamais révélés ?
24/09/2023, 09:00
BONNES FEUILLES - Dans un monde en pleine transformation, l'Occident n'est plus perçu comme le modèle à suivre. Max-Erwann Gastineau aborde cette désoccidentalisation comme une opportunité plutôt qu'une menace. Contrairement aux nations non-occidentales, qui sont sûres de leur identité, les Européens semblent perdus, questionnant les valeurs qui les ont autrefois guidés.
24/09/2023, 07:30
BONNES FEUILLES - « Homme ! Ta vie tout entière sera toujours de nouveau retournée comme le sablier et s’écoulera toujours de nouveau. Puisses-tu alors retrouver chaque souffrance et chaque plaisir, chaque ami, chaque ennemi et chaque espoir, chaque erreur, chaque brin d’herbe, chaque rayon de soleil, la série intégrale de toutes choses. »
23/09/2023, 09:00
BONNES FEUILLES - Contrairement à la légende qui s'est formée après sa mort prématurée, Raymond Radiguet n'était pas uniquement l'écrivain d'un des romans les plus célèbres du XXe siècle, Le Diable au corps. Il était également l'auteur d'un autre roman moins controversé, Le Bal du comte d’Orgel, et d'un recueil de poésie, Les Joues en feu. Radiguet était un écrivain polyvalent qui a touché à tous les genres littéraires, alliant insolence et talent dans chacun d'entre eux.
23/09/2023, 08:30
BONNES FEUILLES - En mai 1871, conscient du danger que représentent les Communards, le gouverneur de la Banque de France prend la décision de recouvrir les sous-sols de la banque avec du sable. Malgré cette mesure, certains opportunistes réussissent à s'emparer d'un trésor inestimable.
23/09/2023, 08:00
BONNES FEUILLES - « Au XVe siècle, ‘l’Antiquité’ n’exige pas nécessairement des artistes qu’ils abandonnent les formes d’expression tirées de leur observation personnelle. Elle ne fait qu’attirer leur attention sur le problème le plus complexe des beaux-arts : saisir dans une image le mouvement de la vie. »
23/09/2023, 07:30
BONNES FEUILLES - « Le parti se trouve en fait, par l’effet de l’absence de pensée, dans un état continuel d’impuissance qu’il attribue toujours à l’insuffisance du pouvoir dont il dispose. Serait-il maître absolu du pays, les nécessités internationales imposent des limites étroites. Ainsi la tendance essentielle des partis est totalitaire, non seulement relativement à une nation, mais relativement au globe terrestre.
23/09/2023, 07:00
BONNES FEUILLES - Dans une démarche philosophique qu'il a entamée depuis trois décennies, Rémi Brague explore le rapport complexe entre Dieu et le monde selon la vision chrétienne. En résumé, cette relation entre le Créateur et sa création est marquée par le concept de « providence », selon lequel Dieu fournirait à chaque être les moyens de se débrouiller de façon autonome.
22/09/2023, 18:59
BONNES FEUILLES - Pendant plus d'un millénaire, la France a été dominée par sa dimension rurale. Cependant, les changements radicaux du XXe siècle, notamment l'exode rural qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, ont entraîné la disparition progressive de la paysannerie traditionnelle.
22/09/2023, 18:56
BONNES FEUILLES - « Tout comme les globules blancs et les globules rouges circulent dans nos vaisseaux sanguins, les artères des grandes villes charrient incessamment, – et sans doute pour des fins très mystérieuses, qui ne nous seront pas révélées dans ce plan terrestre –, leurs leucocytes et leurs hématies : Passants grouillants ; voraces, étiques et pléthoriques ; fous ; flous ; fugaces ; pareils et particuliers. Mondes en miniature, luttant les uns contre les autres. »
22/09/2023, 18:55
BONNES FEUILLES - L'Antiquité, à la fois proche et distante, continue de captiver notre imagination. Ce livre, structuré en chapitres thématiques sous forme de dialogues animés, explore sa richesse en détail : la vie des esclaves, mercenaires, mécènes, paysans, et pirates, la manière dont les anciennes civilisations ont abordé le racisme et les épidémies, ainsi que les parallèles entre l'Empire romain et l'Empire américain.
22/09/2023, 18:48
Il faut que tout change pour que rien ne change, et cette 37e semaine le démontre. Peu de modifications dans les 10 premières places du classement des meilleures ventes, avec un duo Jean-Luc Lagarce et Panayotis Pascot qui reste en tête (19.364 et 17.477 exemplaires vendus). Les Cahiers de Douai, avec Rimbaud en guest-star, grimpe en 3e place (16.553 ventes) faisant reculer Olympe de Gouges à la 4e position (14.788 exemplaires).
22/09/2023, 11:56
BONNES FEUILLES — « La FDM, c’est aujourd’hui, mais elle l’ignore. Si elle tendait l’oreille, elle percevrait peut-être les soubresauts qui agitent la terre en cette dernière journée, le sol qui tressaille d’une étrange vibration. Elle se dirige vers la porte arrière de sa maison, la seule qui permette encore d’accéder à un terrain sec, fait quelque pas dans le pédiluve d’eau trouble qui sépare son seuil des trois marches de pierre montant vers son jardin. Elle hume l’air un instant. Une odeur écœurante de bitume et de cendre flotte dans l’atmosphère. C’est l’odeur de la mort. »
21/09/2023, 16:14
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