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Les Ensablés - Notes de voyage de Laurent Jouannaud : "L'invitée" de Simone de Beauvoir (1908-1986)

Quel plaisir d’avoir devant soi, sur sa table, en hiver, un bon roman que l’on ne connaît pas encore ! Ce livre, c’est L’Invitée, de Simone de Beauvoir, sorti en 1943, 503 pages, chez Gallimard. Ce titre est sur ma liste de lecture depuis que j’ai découvert ce qu’en disait Bernard Frank dans Le Dernier des Mohicans (1956, réédité en 1999 dans Romans et Essais chez Flammarion) : « L’Invitée m’avait paru le meilleur roman français publié depuis La Condition humaine et La Nausée. » Dans ce libelle, Frank critiquait en revanche Les Mandarins (1954, Prix Goncourt), que Beauvoir venait de publier.

Le 25/01/2015 à 10:35 par Les ensablés

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25/01/2015 à 10:35

Les ensablés

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Par Laurent Jouannaud

L’Invitée est un étrange roman : deux adultes, Pierre et Françoise, tournent autour de Xavière, une jeune fille de vingt ans. Ils l’invitent à entrer dans leur couple. Pierre et Françoise étaient un duo : avec Xavière, ils vont former un trio. Que lui veulent-ils ? Ils veulent son bonheur, disent-ils. La générosité de Pierre et Françoise serait-elle gratuite ? Le lecteur n’y croit guère, et jusqu’à la fin, il se demande ce qui se passe exactement entre les trois personnages qui ne le savent pas eux-mêmes. Cette expérience amoureuse est située en 1939. A la fin du récit, les hommes sont mobilisés et partent.

Le bruit de bottes qui fait toile de fond pourrait rendre futiles ces jeux de l’amour, mais ce n’est pas le cas. A l’impuissance des individus dans l’Histoire, Pierre et Françoise semblent opposer leur volonté de maîtriser au moins leur vie privée. Entreprise aussi incertaine que diriger les grands événements. Il est question d’amour mais le motif sexuel, celui auquel on pense d’abord, n’est pas décisif : ni Françoise ni Pierre ne coucheront pas avec Xavière. Ils n’en expriment pas le désir et cela n’a jamais été leur but. Bien entendu, une dérive sexuelle de l’aventure reste possible à tout moment du récit. Xavière est jeune et belle, voluptueuse et sensuelle. Elle plaît, notamment au jeune Gerbert, avec qui elle finira par coucher. Mais elle ne couchera pas avec Françoise ni Pierre. D’ailleurs, si Françoise et Pierre sont bien un couple, ils ne font jamais l’amour dans ce roman, comme si cela ne comptait pas.

Beauvoir n’est pas prude : l’action se passe dans le milieu du théâtre, il y a des homosexuels et des homosexuelles, il y a des femmes qui aiment « ça », il y a des passions physiques entre d’autres personnages. Mais le couple central de l’histoire semble au-dessus des besoins sexuels communs. Pierre a eu des liaisons et Françoise aura elle-même une liaison sexuelle, mais là n’est pas le sujet. Il s’agit bel et bien d’une relation d’amour où la sexualité n’est pas prioritaire, où l’esprit passe avant les autres organes. Nous avons du mal à nous représenter cela, mon cher Hervé, tant les sexologues nous répètent depuis cinquante ans que l’épanouissement sexuel est le ciment du couple.

Pierre Labrousse et Françoise Miquel ne sont pas mariés et ne vivent pas ensemble. Françoise vit à l’hôtel et Pierre semble avoir élu domicile dans le théâtre qu’il dirige. Il est metteur en scène et acteur. Elle travaille à un roman. Ils se connaissent depuis environ dix ans. Ils ont décidé de vivre ensemble une histoire d’amour fondamentale : « On ne peut pas parler de fidélité, ou d’infidélité entre nous, dit Pierre. Il attira Françoise contre lui. Toi et moi, on ne fait qu’un ; c’est vrai, tu sais, on ne peut pas nous définir l’un sans l’autre. » (P.29) Au début de La Force de l’âge (1960), son autobiographie, Simone de Beauvoir rapporte ces propos de Sartre : « Entre nous, il s’agit d’un amour nécessaire : il convient que nous connaissions aussi des amours contingentes. » Entre Pierre et Françoise, c’est un amour nécessaire. Cette unité les autorise à vivre leurs différences, car l’altérité de l’autre ne met pas en péril l’unité. L’individualité de chacun est au contraire ce qui permet au couple d’être vivant, multiple, surprenant, créateur : « Il n’y avait qu’une vie, et au centre un être dont on ne pouvait dire ni lui, ni moi, mais seulement nous. » (P.61) Le pacte entre Pierre et Françoise est irrévocable.

Mais combien de pactes de ce genre n’ont-ils pas été rompus ?, se dit le lecteur. Et de fait, dans la durée du roman, environ une année, ce contrat est mis à l’épreuve par l’arrivée d’une tierce personne, Xavière Pagès. C’est un cas de figure classique du roman d’amour, et de l’existence : un tiers, amant ou une maîtresse, vient secouer un couple fait. Beauvoir met parallèlement en scène un autre trio amoureux : Élisabeth, Claude et Suzanne. Claude aime maintenant Élisabeth mais ne divorcera jamais de sa femme Suzanne. Élisabeth lui demande de choisir, le trompe avec Guimiot, rompt et revient mais rien à faire, Claude reste avec sa légitime qu’il n’aime plus. Élisabeth, le cœur lourd, accepte de partager : « Il [Claude] était rivé à Suzanne pour l’éternité ; éternellement Élisabeth resterait une maîtresse tolérée et furtive. » (P. 271)

Beauvoir reprend ce thème éternel et lui donne une autre dimension. L’originalité, c’est que les deux membres du couple sont d’accord pour faire entrer la tierce personne et former un trio. C’est Françoise qui propose ce passage du duo au trio : elle a connu Xavière en premier, elle l’aime. Ce mot « aimer » revient plusieurs fois. Beauvoir n’explique jamais ce qu’il faut entendre par là, mais on voit Françoise souffrir quand Xavière souffre, la prendre dans ses bras, la combler d’attentions, la sortir dans Paris. Elle a une grande attention et un grand respect pour la personnalité fragile de la jeune Xavière. Cet amour est un amour de cœur, très bien décrit par Beauvoir. On a tant ramené l’amour au physique dans les romans modernes que cette description d’une chaste liaison sensuelle semble irréelle ou improbable, alors qu’elle est sentiment pur. Pourquoi le duo parfait veut-il se transformer en trio ? Beauvoir ne donne pas de réponse claire, et cela permet d’envisager bien des hypothèses. Est-ce une générosité totale et désintéressée ? « Je voudrais tant que vous soyez contente de votre existence, dit Françoise. » (P.306) Si ce duo ne se suffit pas, pourquoi ne pas avoir d’enfants ? Xavière est leur « fille adoptive », dira Élisabeth. S’ennuient-ils ? « J’ai l’impression que notre amour est en train de vieillir », dit Françoise (P.198) Et ce duo, pourquoi ne pas en faire plutôt un quatuor, avec un autre couple ? Cette réflexion de Françoise résume les ambiguïtés de la situation : « Pourquoi refuser d’introduire dans sa vie cette fraîche richesse qui s’offrait : un petit compagnon tout neuf avec ses exigences, ses sourires réticents et ses réactions imprévues ? » (P. 38) Pierre, à la fin, parlera d’ « expérience » (P. 466). Et le titre trouve sa justification : Xavière est invitée. C’est un statut ambigu. On dit aux invités : « Faites comme chez vous », ce qui leur est impossible de faire, et on finit par souhaiter en secret leur départ.

"Jules et Jim", un autre trio

« En somme tu proposes de la faire vivre à Paris à nos frais en attendant qu’elle se débrouille ? - Pourquoi pas ? » Xavière vivait à Rouen, dans sa famille. Elle vient s’installer à Paris, dans le même hôtel que Françoise, qui assure son existence matérielle, en attendant qu’elle trouve un travail ou une formation. La seconde partie du roman raconte cette mise en place du trio. « Depuis des semaines, ils vivaient tous trois dans un enchantement joyeux. »(P. 289) Xavière est libre, elle vit cependant dans l’orbite de Françoise et Pierre, fréquente leur bande d’amis et de copains. Élisabeth, la sœur de Pierre, et les autres sans doute, expliquent simplement les choses : « Pierre couchait avec Xavière, ça ne faisait aucun doute ; et les deux femmes ? C’était bien possible. » (P. 273) Le lecteur sait qu’il n’en est rien mais il se demande avec les autres : « Dans ce bonheur qu’ils étalaient si grossièrement est-ce que vraiment il n’y avait aucune fissure ? » (P. 274) Combien de temps cela va-t-il durer ? Ce trio devrait être aussi solide que le duo : « un beau trio, tout bien équilibré » (P. 264). La différence de chacun rend l’unité plus riche et plus intéressante. Les difficultés qui apparaissent devraient être surmontées au nom du respect de la différence, au nom de la liberté de chacun. Mais n’y a-t-il pas un maillon faible ? Si Pierre couchait avec Xavière («Tu finiras par coucher avec elle. » P. 260), Françoise résisterait-elle à la jalousie qu’elle éprouve déjà par moments ? Quand Xavière couchera avec Gerbert, Pierre résistera-t-il à la jalousie (« Tu lui as demandé de rompre ? dit Françoise. - Je ne veux pas être la cinquième roue du carrosse », dit Pierre, p. 440). Xavière n’est-elle pas jalouse de Françoise que Pierre préfère ?

Beauvoir fait habilement défiler les cas de figure, et le lecteur suit les variations. Chaque membre du trio sera à un certain moment le maillon faible, ou le maillon fort. Tout est possible, car chacun est libre d’être soi : il n’est pas question de renoncer à ses désirs. Mais la liberté de l’autre fait souffrir. Peut-on accepter de souffrir ? Jusqu’où ? Pendant combien de temps ? Sans désir de revanche ? Toutes ces questions n’ont absolument pas vieilli. Que font donc Pierre, Françoise, Xavière puisqu’ils ne couchent pas ensemble ? Ils se parlent : « J’ai mille choses à vous raconter ». Ils passent des heures à parler, à La Coupole, au Dôme, aux Deux-Magots. Ils vont au cinéma, ils se promènent dans Paris. Ils vont à des fêtes. Pierre monte une pièce, Françoise écrit. Xavière commence à apprendre le métier d’acteur. « Un jour sur deux, elle [Françoise] sortait avec Xavière de sept heures à minuit, et l’autre jour Pierre voyait Xavière de deux heures à sept heures ; le reste du temps se distribuait au gré de chacun, mais les tête-à-tête avec Xavière étaient tabous. » (P. 299)

Le sujet principal des discussions, ce sont les tensions que la vie en trio provoque. Ces tensions sont normales, il fallait s’y attendre : l’important, c’est de les reconnaître, de les dire, de les raconter. La loi du trio, comme celle du duo initial, c’est de tout dire. Il faut parler et s’expliquer sans cesse. L’Invitée n’est pratiquement fait que de dialogues. Or Xavière ne dit pas tout. Peut-être qu’elle ment. Peut-être qu’elle joue. Peut-être qu’elle veut établir un duo avec Françoise, ou avec Pierre. Xavière a pris Gerbert pour amant. Pierre en souffre, mais ce n’est pas cela qui met en danger le trio. Il est beaucoup plus grave qu’elle n’en avertisse pas ses deux partenaires. Plus tard, Françoise couche avec Gerbert, dans le foin, à l’occasion d’une randonnée en montagne. Elle en informe aussitôt Pierre dans une lettre. Et ce n’est pas cela qui met en danger leur duo. La liberté de chacun est inscrite dans le contrat : « Tu ne vois rien à blâmer là-dedans, dit Françoise. – Bien sûr que non, dit Pierre. » Mais Françoise n’en dit rien à Xavière, qui finit par l’apprendre et se sent jouée : « Comme vous vous êtes moquée de moi ! » C’était une faute de lui cacher la vérité : Xavière doit pouvoir l’accepter. Ce qui est dangereux, c’est de vouloir monter un des membres contre l’autre : Xavière n’essaie-t-elle pas ce petit jeu, voulant Pierre pour elle seule ? Xavière, et cela encore est normal, doit apprendre ce que le duo initial a dû apprendre sans doute avant elle.

A la fin, ça rate : « Nous voulions bâtir un vrai trio, une vie à trois bien équilibrée où personne ne se serait sacrifié ; c’était peut-être une gageure, mais au moins ça méritait d’être essayé. » (P. 368) Xavière reste un électron libre : elle ne respecte pas le pacte. Elle est incontrôlable. Elle fait rater ce grand projet, cette trinité amoureuse. Mais Beauvoir ne la condamne pas. Cette Xavière, c’est la jeunesse, c’est la fougue, c’est la beauté, c’est le refus du travail, c’est le refus des lois. Xavière est rimbaldienne (« En somme, à part Baudelaire et Rimbaud, les artistes, c’est juste comme des fonctionnaires. » P. 124), Pierre et Françoise sont des « intellectuels » (P. 469) : aujourd’hui, ils seraient des bobos. Xavière joue perso, et c’est ce qui fascine Françoise : Xavière semble plus libre qu’elle. Pour le dire en langage sartrien, demander à un autre de justifier votre existence est une lâcheté et un acte de mauvaise foi. De fait, dans le duo ou le trio, chacun ne renonce-t-il pas en partie à sa liberté ? Xavière semble au contraire une liberté pure, totale, imprévisible. Françoise finira par la haïr pour cela, tout en l’aimant encore, « la perle noire, la précieuse, l’ensorceleuse, la généreuse » (P. 491). Le pacte est rompu…à moins que ce ne soit qu’une péripétie avant que Xavière, enfin, ne comprenne la supériorité de la nécessité sur la contingence ? Jusqu’à la dernière page, les sentiments des personnages passent de l’amour à la haine, du mépris à la colère, de la jalousie à l’indifférence. Un aveu ou un regret, une ultime explication peuvent encore tout faire changer.

En amour, tous les sentiments se succèdent, et même coexistent : Beauvoir le montre avec brio. « Et maintenant qu’allait-on se mettre à espérer ? Un équilibre heureux de leur trio ? Sa rupture définitive ? Ni l’un ni l’autre ne serait jamais possible puisqu’il n’y avait aucun moyen de faire alliance avec Xavière, ni de se délivrer d’elle. » (P. 438) Xavière est décidément le maillon faible, mais ce maillon a une extraordinaire présence : « Elle ne faisait rien et elle était Xavière ; elle l’était d’une manière indestructible. »(P. 294) Et si elle avait raison de vouloir Pierre pour elle seule ? de jouer perso ? de refuser le bonheur qu’on voulait lui servir ? Et si c’était elle, Françoise, qui se raccrochait à Pierre ? « Je ne suis personne », pensa Françoise. » (P. 84) Seul un acte, un vrai, peut être décisif dans cette situation inextricable. Un acte qui mettrait fin aux longues discussions et aux doutes répétitifs. Cet acte, Françoise va le commettre. Voici les dernières lignes du roman : « Son acte n’appartenait qu’à elle. “C’est moi qui le veux.“ C’était sa volonté qui était en train de s’accomplir, plus rien ne la séparait d’elle-même. Elle avait enfin choisi. Elle s’était choisie. » Ces mots, évidemment, avant Le Deuxième sexe (1949), sont déjà un manifeste. L’Invitée est le premier roman de Simone de Beauvoir. C’est un coup de maître.

Par Les ensablés
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« Ouf,
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            à portée de main, en sortant de chez lui la première maison de la rue Granchois. »
Ainsi débute la grande aventure de Francis Dubalu, représentant de commerce la firme Breganti, qui part pour la première fois démarcher de nouveaux clients en province. 
Ce sont les éditions de La Grange Batelière dont on connaît le riche catalogue, qui ont eu la bonne idée de republier le premier roman de Bernard Waller. 
Initialement paru dans la prestigieuse revue NRF en novembre 1960 avant de connaître, un an plus tard les honneurs de la collection blanche, Dubalu est un texte d’une incroyable modernité, qui n’a pas pris une ride. 

Par Carl Aderhold

03/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Waterloo, Belges ou Français d'Albert du Bois (1872-1940)

Dans cette fiction historique qui prend place durant les Cent-Jours avec comme moment culminant la bataille de Waterloo, un Bruxellois d’origine flamande, Jean Van Cutsem, vit une crise existentielle : alors que le frère de sa fiancée wallonne rejoint Napoléon, il est pour sa part enrôlé dans l’armée hollandaise sous le commandement du Prince d’Orange… Un roman engagé et détonnant, où les questions de l’identité, de la loyauté et du courage s’affrontent avant tout dans le for intérieur d’un jeune soldat jeté malgré lui sur les routes de la guerre.

Par Louis Morès. 

18/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - À propos de Claude Dravaine, par François Ouellet

J’ai commenté ici même, précédemment, la biographie de Maria Borrély (1890-1963) publiée par Danièle Henky en 2022 (Maria Borrély. La Vie d’une femme épanouie). Les romans de Borrély, qui s’apparentent à ceux de Giono et de Ramuz, sont à redécouvrir impérativement. Danièle Henky, dont le « sujet de prédilection, c’est le destin des femmes », expliquait-elle récemment, s’intéresse, dans son nouvel ouvrage, à l’écrivaine et journaliste Claude Dravaine (1888-1957). La Livradoise. L’Énigme Claude Dravaine est publié chez Hauteur d’Homme, une maison régionaliste sise dans une commune du Massif central. Par François Ouellet.

04/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - Couleurs d'écriture, de Julien Blanc à Raymonde Vincent

Après Romans exhumés (chez EUD, 2014), Littérature précaire (toujours chez EUD, 2016), notre ami et chroniqueur des Ensablés, François Ouellet, publie aujourd’hui, sous sa direction, un nouvel opus dédié à la redécouverte d’auteurs oubliés, vaste domaine, on le sait, qu’une vie ne suffira jamais à explorer totalement. Il s’est entouré pour cela d’éminents spécialistes dont le regretté Bruno Curatolo, savant érudit, par ailleurs un des « redécouvreurs » de Raymond Guérin. Pour nos lecteurs assidus depuis quatorze ans (déjà !), ce livre est indispensable. Par Hervé Bel.

22/01/2024, 12:17

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Les Ensablés - La jeune fille verte de Paul-Jean Toulet (1867-1920)

Chers lecteurs des Ensablés, avec cet article d'Isabelle Luciat, se terminent nos chroniques de l'année 2023, l'occasion pour nous de vous souhaiter une très bonne année 2024 et de vous remercier pour votre fidélité (15 ans déjà). Hervé BEL

 

Récit enlevé d'une éducation sentimentale, La jeune fille verte se déroule dans la station thermale imaginaire de Ribamourt, inspirée de la ville de Salies-de-Béarn. Ce court roman livre également (et ce n'est pas son moindre attrait) une amusante chronique de la vie de province à la Belle Époque qui n'est pas sans rappeler « L'orme du mail » d'Anatole France, quoique sur un mode résolument léger et qui peut parfois tomber dans la facilité. Par Isabelle Luciat.

31/12/2023, 09:00

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Les Ensablés - Soldats bleus, journal intime (1914-1918) de Pierre Loti

A priori, publier le journal intime de Pierre Loti, sur la période couvrant la Première Guerre mondiale relève de la gageure, tant le style et l’œuvre de cet écrivain sont aujourd’hui passés de mode. Sa ferveur patriotique, sa soif d’en découdre avec l’ennemi, qui le pousse, alors qu’il a dépassé l’âge d’être mobilisé, à faire intervenir les plus hautes autorités, pour prendre part malgré tout à la guerre, nous est difficile à comprendre.  par Carl Aderhold  

10/12/2023, 09:08

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Les Ensablés - Ces messieurs du rugby, anthologie littéraire

 Alors que la coupe du monde de rugby vient de s’achever laissant un goût d’amertume aux Français sortis pour un petit point d’écart en quart de finale par les sud-Africains, on peut se consoler avec ces Messieurs du rugby, excellente anthologie littéraire consacrée uniquement à l’ovalie et publiée en poche dans la collection La Petite Vermillon à la Table ronde. Les maux s’envolent, les écrits restent. 

Par Denis Gombert.

26/11/2023, 09:00

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Les Ensablés - Le voleur de Georges Darien, par Marie Coat

Si le nom de Georges Darien (1862-1921) ne vous évoque rien, c’est que vous n’avez lu ni Biribi ni Bas les cœurs ... ni surtout Le voleur, mais peut-être avez-vous vu l’adaptation qu’en fit Louis Malle en 1967 dans son film éponyme ? Ou la bande dessinée de Bernard Seyer en 1986, presque un siècle après la parution, en 1897, du roman d’origine (le premier d’un cycle intitulé Comédie inhumaine qui ne connaîtra qu’un second opus, L’épaulette). Par Marie Coat

12/11/2023, 09:00

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Les Ensablés - Martel en tête, d'André Vers (1924-2002)

André Vers, j’en ai déjà parlé avec émotion il y a quelques années, lors de la réédition chez Finitude de son roman « Misère du matin » (1953) qui relatait, avec drôlerie et mélancolie la vie en usine d’un jeune homme. Cette fois, je reprends la plume pour lui, à l’occasion de la réédition de son deuxième roman « Martel en tête » publié en 1967 aux éditions Edmond Nalis, et que la fidèle maison d'édition Finitude réédite. Dans ses mémoires « C’était quand hier ? » (1990), André Vers raconte toutes les péripéties qui ont accompagné sa parution. Par Hervé BEL.

29/10/2023, 22:17

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Les Ensablés - L'hôtel du Nord d'Eugène Dabit, “triste, poignant et beau”

Publié en 1929, L’Hôtel du Nord est le premier roman d'Eugène Dabit ((1898-1936voir ici et ici). Ce roman connut un succès inégalé dans la courte carrière de l'auteur, disparu brutalement en 1936 alors qu'avec un groupe d'écrivain français, il accompagnait André Gide dans un voyage en URSS. Issu d'un milieu modeste, marqué comme tous les jeunes gens de sa génération par la guerre de 1914, Eugène Dabit a fréquenté les milieux artistiques après la guerre et a gravi l'échelle sociale, sans jamais renier ses origines. Par Isabelle Luciat

15/10/2023, 09:00

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Les Ensablés - Le Ciel de Nieflheim de Jacques Chardonne

Jacques Chardonne (1884-1968), le « romancier du couple », de Destinées sentimentales et de Romanesques, dont Gallimard a édité récemment la correspondance en trois volumes avec Paul Morand, a encore des lecteurs fidèles et convaincus — j’en connais quelques-uns. Ce n’est donc pas tout à fait d’un écrivain ensablé qu’il sera ici question, mais d’un livre que presque personne n’a lu, puisqu’il s’agit d’un ouvrage, écrit en 1943, qui était prêt pour l’impression, mais que Chardonne renonça à publier: Le Ciel de Nieflheim. Pour ses amis, Chardonne avait néanmoins procédé à un faible tirage privé ; on en trouve parfois un exemplaire en vente à fort prix en ligne.  Par François Ouellet

24/09/2023, 12:11

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Les Ensablés - Oeuvres de Hugues Rebell (1867-1905)

Avec une préface documentée de Nicolas d’Estienne d’Orves (notamment romancier « Prix Roger Nimier » et spécialiste de Rebatet), la collection « Bouquins » a publié récemment un recueil des œuvres principales de Hugues Rebell dont seuls les gens de mon âge rappelleront qu’elles furent rééditées dans les années 80 par Hubert Juin, dans la collection 10/18, avec d’autres auteurs « fin de siècle ». Par Hervé Bel.

11/09/2023, 11:55

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Les Ensablés - Le meneur de Loup (1857) d'Alexandre Dumas (1802-1870)

Dumas ? c’est Gaston Pescou, signant Peskow ou Peskov, mais aussi G. de Morlon, baron de Cherville, qui est en réalité –pour les trois-quarts- l’auteur caché de ce roman. Il est dans sa spécialité : le roman de chasse. Qu’on en juge par quelques titres tirés de sa bibliographie : Les Aventures d'un chien de chasse, Histoire d'un trop bon chien, Contes de chasse et de pêche, Contes d'un coureur des bois, Montcharmont le braconnier, Le Gibier plume et la même année Le Gibier poil, sa science s’étendant même aux sauvages horizons de l’Afrique et de l’Asie avec Les Éléphants, état sauvage, domestication.

Par Antoine Cardinale

27/08/2023, 09:00

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Les Ensablés - Les Étangs de la Double, de Geneviève Fauconnier

En 1995, les éditions Le Croît vif, à Royan (Charente Maritime), rééditaient trois romans de Geneviève Fauconnier (1886-1969) : Les Trois Petits Enfants bleus (1927), Claude (1933) et Les Étangs de la Double (1935). La même année, Omnibus reprenait Pastorale (1942), intégrant cet autre roman de la même auteure dans Gens de Charente et de Poitou, au sommaire duquel figurent aussi des romans de Jean-Richard Bloch, Pierre Véry, Ernest Pérochon, André Theuriet et Pierre Loti. En outre, Les Étangs de la Double reparaissait en 2020 aux éditions La Geste, à Niort, en Nouvelle-Aquitaine. Par François Ouellet.

13/08/2023, 11:19

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Les Ensablés - Le fer rouge de Paul-André Lesort, ou l'emprise

Paul-André Lesort (1915-1997) aurait pu intituler son cinquième roman L’emprise, mais il a choisi un titre plus incisif : Le fer rouge. Paru en 1957, l’ouvrage de ce romancier étiqueté « grand écrivain catholique » choqua autant les lecteurs que la critique, à quelques rares exceptions près comme Jean Cayrol (« Ce n’est pas un spectacle auquel il nous convie,...mais une quête, une aventure avec « risques et périls»... Son honneur est de déranger et de se déranger...Beaucoup n’ont pas compris la route surprenante qu’il put choisir sans avertissement »). Par Marie Coat.

30/07/2023, 10:05

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