Nous avons un souvenir très présent de la nouvelle de l’assassinat de Mouloud Feraoun au mois de mars 1962 alors que la guerre d’Algérie connaissait, dans sa dernière année, à un peu moins de quatre mois de l’indépendance, son paroxysme dans l’affrontement triangulaire du FLN, de l’armée française et de l’OAS.
Le 09/11/2014 à 13:31 par Les ensablés
0 Réactions | 1 Partages
Publié le :
09/11/2014 à 13:31
0
Commentaires
1
Partages
Par Henri-Jean Coudy
Mouloud Feraoun, écrivain déjà connu, ancien instituteur, né en Kabylie en 1913, était le directeur adjoint du chef de service des centres sociaux éducatifs d’Algérie fondés en 1955 par Germaine Tillon à la demande du gouverneur général d’alors, Jacques Soustelle. Les centres avaient pour mission d’aider à la scolarisation des enfants arabes et berbères ; leurs membres étaient sans doute acquis à l’idée de l’indépendance algérienne ; dans le temps de folie qui fut celui des derniers moments de l’Algérie française, cela a suffi pour qu’un commando de l’OAS, le 15 mars, exécute à l’arme automatique six des cadres des centres dont l’ admirateur de Camus, Mouloud Feraoun.
En 1953, « La Terre et le Sang », paru au Seuil , écrit en français (mais qui pouvait à cette époque écrire en kabyle) obtint le prix du roman populiste, devenu depuis 1992 le prix «Eugène Dabit du roman populiste ». Un an avant que le feu de la guerre ne se déchaîne sur l’Algérie, alors trois départements français, c’est à un moment proche du drame élisabéthain que nous invite Feraoun, dans un village où le temps moderne n’est pas arrivé, quelque part dans la montagne kabyle : « L’histoire qui va suivre a été réellement vécue dans un coin de Kabylie desservi par une route, ayant une école minuscule, une mosquée blanche, visible de loin et plusieurs maisons surmontées d’un étage ».
Nous sommes en 1925, l’Algérie est française mais Ighil-Nezman, c’est le nom du lieu, vit ailleurs, dans la quasi-éternité de la montage berbère. C’est une communauté humaine sur laquelle pèsent de toutes leurs forces les pesanteurs sociales: entre les propriétaires prospères et les démunis de terre, les rituels entre familles et entre les sexes, que l’islam a seulement chapeauté sans les effacer; ces règles qui font que des groupes humains peuvent tenir ensemble sans se voler les champs et les femmes au prix du sang. On imagine bien que personne n’échappe à son appartenance de famille, aux créances et aux dettes que l’Histoire a établies et qui se transmettent de génération en génération. Il y a pourtant une manière de se soustraire : émigrer. La France est loin d’Ighil-Nezman. Elle est dans des bureaux ou des casernes à Alger ou à Tizi-Ouzou. Mais, à partir du début du vingtième siècle, le paysan kabyle pauvre peut faire le grand saut : les mines de charbon demandent des ouvriers prêts à risquer leur vie dans le sous-sol du nord. Les kabyles y rejoignent les polonais. C’est le chemin que prend Amer. Son père, Kaci, a le courage de le laisser partir en espérant qu’il reviendra muni de l'argent avec lequel on achète de la terre. Mais qui connaît les intentions de Dieu ?… Du voyage d’Amer, on en retient les grandes lignes, au sein d’un groupe de partants: Alger, Marseille, le train, la gare de Lyon « inimaginable cohue, dans un enfer de rumeurs, de bruits, perdu dans une foule grouillante de tout un peuple qui s’éveillait », le métro, un hôtel à immigrants et puis le Nord, la mine. Le garçon s’aperçoit vite que le changement de vie bouleverse les paysans kabyles et leur offre la tentation d’oublier d’où ils viennent, de devenir des sédentaires, comme son oncle Rabah, qui « est fier d’exposer un petit sauvage sachant le français mais farouche et naïf, le second était heureux de trouver avec qui marcher sans crainte et sans souci » Il arrive ce qui doit arriver: au bout de quelques mois, Amer oublie Kamouma, sa mère, Kaci et son village…L’accès au vin et aux femmes que donne le salaire de la mine balaie les vieilles règles de la paysannerie kabyle.
Amer prend l’esprit d’un sédentaire, de ceux qui ne reprennent jamais le chemin des montagnes... Cela ne se passera pas évidemment exactement ainsi, sinon il n'y aurait pas cette histoire que Feraoun compte avec émotion et lucidité, dans un style très maîtrisé. A s’affranchir des commandements, on court un risque. Un premier drame changera le sens des pas d’Amer. Une rivalité oppose son oncle Rabah, amant d’une tôlière française, au mari de celle-ci, mineur polonais. Il y aura du sang versé au fond de la mine qu’on attribue à Amer, un accident de chariot qui en fait, aux yeux de sa famille restée en Algérie, le possible meurtrier de son oncle Rabah. Dès lors, le sédentaire ne peut plus le rester. Munie d’une épouse française, une fille dont on se doute que la vie ne lui a pas laissé beaucoup d’autres choix, le voilà qui repart vers Ighil-Nezman. C’est pain béni pour la vieille Kamouma, veuve de Kaci, qui n’espérait plus revoir le fils prodigue. Amer, que l’on croit riche puisqu’il revient de France avec une Française et des meubles, prend une place qui lui convient, celle d’un homme considéré, jalousé bien sûr, qui peut racheter une bonne terre que ses parents avaient vendu à des cousins. Mais alors, il retrouve les malédictions qui règnent sur le village : avant tout celle de la loi du sang versé. Slimane, son autre oncle, le petit frère de Rabah, ne devra-t-il pas remplir le vieux devoir commun aux sociétés rurales de Méditerranée qui est de verser le sang de celui qui l’a versé. Car le doute est toujours là. Amer est peut-être le meurtrier de Rabah.
Mouloud Fereaoun (1913-1962)
Et il y a autre chose, la force du désir qui anime les hommes pour les femmes. Slimane a une femme particulièrement séduisante qui ne laisse pas indifférent Amer... Au milieu du chœur des femmes réunies à la fontaine, où tout s’évoque, c’est une machine infernale qui se met en place et qu’on laissera aller au bout de sa route. Feraoun, qui était né dans un village semblable et avait enseigné dans une école de Kabylie, savait les paysans kabyles condamnés à la tragédie, mais il croyait que l’on pouvait vivre avec le malheur. On peut trouver sur le site de l’Ina l’interview où il parle de Camus: il ne lui aura pas survécu bien longtemps. Toutes ses œuvres sont disponibles dans des éditions de poche ainsi que son journal sur les années qui vont de 1955, l’année de l’approfondissement de la guerre à 1962.
Plus d'articles sur le même thème
Jacques Chardonne (1884-1968), le « romancier du couple », de Destinées sentimentales et de Romanesques, dont Gallimard a édité récemment la correspondance en trois volumes avec Paul Morand, a encore des lecteurs fidèles et convaincus — j’en connais quelques-uns. Ce n’est donc pas tout à fait d’un écrivain ensablé qu’il sera ici question, mais d’un livre que presque personne n’a lu, puisqu’il s’agit d’un ouvrage, écrit en 1943, qui était prêt pour l’impression, mais que Chardonne renonça à publier: Le Ciel de Nieflheim. Pour ses amis, Chardonne avait néanmoins procédé à un faible tirage privé ; on en trouve parfois un exemplaire en vente à fort prix en ligne. Par François Ouellet
24/09/2023, 12:11
Avec une préface documentée de Nicolas d’Estienne d’Orves (notamment romancier « Prix Roger Nimier » et spécialiste de Rebatet), la collection « Bouquins » a publié récemment un recueil des œuvres principales de Hugues Rebell dont seuls les gens de mon âge rappelleront qu’elles furent rééditées dans les années 80 par Hubert Juin, dans la collection 10/18, avec d’autres auteurs « fin de siècle ». Par Hervé Bel.
11/09/2023, 11:55
Dumas ? c’est Gaston Pescou, signant Peskow ou Peskov, mais aussi G. de Morlon, baron de Cherville, qui est en réalité –pour les trois-quarts- l’auteur caché de ce roman. Il est dans sa spécialité : le roman de chasse. Qu’on en juge par quelques titres tirés de sa bibliographie : Les Aventures d'un chien de chasse, Histoire d'un trop bon chien, Contes de chasse et de pêche, Contes d'un coureur des bois, Montcharmont le braconnier, Le Gibier plume et la même année Le Gibier poil, sa science s’étendant même aux sauvages horizons de l’Afrique et de l’Asie avec Les Éléphants, état sauvage, domestication.
Par Antoine Cardinale
27/08/2023, 09:00
En 1995, les éditions Le Croît vif, à Royan (Charente Maritime), rééditaient trois romans de Geneviève Fauconnier (1886-1969) : Les Trois Petits Enfants bleus (1927), Claude (1933) et Les Étangs de la Double (1935). La même année, Omnibus reprenait Pastorale (1942), intégrant cet autre roman de la même auteure dans Gens de Charente et de Poitou, au sommaire duquel figurent aussi des romans de Jean-Richard Bloch, Pierre Véry, Ernest Pérochon, André Theuriet et Pierre Loti. En outre, Les Étangs de la Double reparaissait en 2020 aux éditions La Geste, à Niort, en Nouvelle-Aquitaine. Par François Ouellet.
13/08/2023, 11:19
Paul-André Lesort (1915-1997) aurait pu intituler son cinquième roman L’emprise, mais il a choisi un titre plus incisif : Le fer rouge. Paru en 1957, l’ouvrage de ce romancier étiqueté « grand écrivain catholique » choqua autant les lecteurs que la critique, à quelques rares exceptions près comme Jean Cayrol (« Ce n’est pas un spectacle auquel il nous convie,...mais une quête, une aventure avec « risques et périls»... Son honneur est de déranger et de se déranger...Beaucoup n’ont pas compris la route surprenante qu’il put choisir sans avertissement »). Par Marie Coat.
30/07/2023, 10:05
Chers amis des Ensablés, notre site accueille aujourd'hui une nouvelle contributrice, Isabelle Luciat, à qui nous souhaitons la bienvenue au sein de notre équipe. Pour son premier article, elle a choisi "Petit Louis" deuxième roman d'Eugène Dabit, qui avait rencontré le succès avec L'Hôtel du Nord, paru en 1929. Hervé BEL.
16/07/2023, 09:00
Pendant la première moitié du XXe siècle, de nombreux romans « champêtres » ont été publiés, et les Ensablés n’ont pas manqué d’en chroniquer. Parmi ceux qui nous ont particulièrement marqués, rappelons l’admirable Campagne (prix Femina 1937) de Raymonde Vincent que les éditions Le passeur viennent de rééditer et La vie d’un simple, d’Émile Guillaumin. Il me faut en ajouter un autre, récemment paru chez La Thébaïde d’une romancière complètement oubliée, Marcelle Capy. Par Hervé BEL
02/07/2023, 12:20
Les Éditions de La Grange Batelière achève par Cinis in cinerem (allusion à la Genèse « tu es poussière et tu retourneras à la poussière), la publication des quatre romans policiers de Régis Messac, auteur que nos amis des Ensablés commencent à connaître (Quinzinzinzilli, Le mystère de Monsieur Ernest). A mon goût, c’est le roman plus étonnant, le plus attachant aussi, car il s’y mêle le gothique, le fantastique, la psychanalyse et le scientisme du XIXème siècle, dans une ambiance mystérieuse : plaisir assuré pour tous ceux qui ont aimé Gaston Leroux, Maurice Leblanc, Stevenson, Edgar Poe, et j’en passe. Par Hervé Bel
11/06/2023, 09:00
Georges Thinès (1923-2016) est un écrivain belge de langue française né en 1923 à Liège et décédé en 2016 à Court-Saint-Étienne. D’abord attiré par les lettres classiques, il fut étudiant en philosophie et lettres à la Faculté universitaire Saint-Louis de Bruxelles. Après son engagement à la Royal Navy durant la guerre, Georges Thinès renonce à la philologie et s’oriente vers la psychologie. Professeur à l’université de Louvain, il fut un spécialiste de renommée mondiale dans le domaine de l’éthologie animale. Excellent musicien, fondateur de l’orchestre symphonique de Louvain, il fut encore poète, nouvelliste, romancier, dramaturge, essayiste. Par Armel Job
28/05/2023, 09:00
Décédé en 2013 à l’âge de 64 ans, Denis Belloc ( (1949-2013) a marqué d’une empreinte noire la littérature française. Son œuvre, une dizaine de romans parus, s’abreuve au sirop de la rue. Mais ce liquide est violent et amer. C’est l’univers de la toxicomanie dans Képas (Lieu commun, 1989) ou de la prostitution dans Suzanne (Lieu commun 1988) qui forme le décor des romans de Belloc dont l’entière matière est autobiographique. Par Denis Gombert.
14/05/2023, 09:00
En janvier 1947, les éditions du Portulan publièrent un épais volume au titre biblique, « Heureux les pacifiques », que la critique accueillit avec force éloges, n’hésitant pas à parler de «roman fracassant et excitant » (Pierre de Boisdeffre), de « roman d’une génération » (Maurice Nadeau), tous se montrant impressionnés par la justesse d’un tableau riche et complexe d’une époque charnière (1934-1945): ainsi Pierre Descaves, selon lequel ce roman est « sans aucun doute, le document le plus important, le plus impressionnant qui nous ait été donné depuis quinze ans, sur l’état d’une jeunesse que guettait le conflit de 1939-1940 et les années, noires et rouges, des refus ou des abandons ». Par Marie Coat
30/04/2023, 16:45
Mariève a vingt-trois ans lorsqu’elle épouse Gilles, de dix ans son aîné. Ce mariage la conduit à s’installer chez lui, dans un domaine forestier des Hautes Fagnes, à l’est de la Belgique. Le manoir du Rondbuisson, situé à l’orée du bois, est la résidence de quelques personnages rustiques et gentiment intrigants. Tout semble en place pour assurer le confort de Mariève, dans un cocon où l’on ressent plus qu’ailleurs le rythme envoûtant des saisons. Mais pourquoi n’y semble-t-elle pas heureuse ? C’est l’histoire de la lente dégradation d’un amour s’abîmant au grattage de l’écorce. Par Louis Morès.
10/04/2023, 09:47
« Elles sont les premières. Cinq filles. Jeunes, timides, heureuses, excités, cœurs battants et prêtes à mourir pour la France. » Nous sommes en 1940. La France vient de perdre la guerre. À Londres, la France libre sous l’impulsion du général de Gaulle fait ses premiers pas. Pour la première fois, les femmes prennent part au conflit sous l’uniforme français. Un Corps féminin de Volontaires de la France libre est créé, dans lequel s’enrôlent les héroïnes de ce roman, ainsi que son autrice, Tereska Torrès. Par Carl Aderhold.
26/03/2023, 17:17
Qui se souvient aujourd’hui de Kikou Yamata, une écrivaine née à Lyon en 1897 d’un père japonais et d’une mère française et décédée en 1975 à Genève ? Étonnante et attachante figure, auteure d’une œuvre importante. Par François Ouellet
12/03/2023, 10:00
En septembre 2022, Marc Dambre, spécialiste de Roger Nimier, a publié chez Perrin une somme passionnante (je pèse mes mots) intitulée Génération hussards, en référence à une mouvance littéraire des années 50. L’occasion d’aborder avec lui non seulement la vie et la production littéraire des « hussards » les plus connus, mais aussi d’en (re)découvrir d’autres, dont Stephen Hecquet, objet d’un récent article des Ensablés, et de revisiter trente années de vie culturelle française. Par Hervé Bel
20/02/2023, 09:56
Quiconque vous demanderait ce qu’évoque pour vous le nom de Trinztius, vous resteriez coi ou chercheriez en vain du côté des érudits anversois de la Renaissance. Bien oublié aujourd’hui, René Trintzius fut très connu dans le monde des lettres de la première moitié du siècle dernier. Né en 1898 dans une famille bourgeoise de Rouen -son père était un architecte renommé- il abandonna très en amont une carrière de magistrat pour se consacrer dans un premier temps au journalisme, puis rapidement à l’écriture de pièces de théâtre et de romans. Par Marie Coat
22/01/2023, 09:00
Au carrefour de ruelles obscures se dresse Malpertuis. Quentin Moretus Cassave, le maître de cette grande maison, s’éteint sur son lit de mort et fait lire à sa famille réunie les articles de son testament. Pour recevoir l’héritage, les héritiers doivent s’engager à venir vivre au sein de ce lieu rempli de mystères et seul le dernier d’entre eux recevra la fortune. Le dernier ? Dans cette demeure hantée peuplée d’une faune étrange et où le temps s’étire à la croisée des mondes, les périls sont immenses. Jean-Jacques Grandsire, un jeune neveu de Cassave, nous confie avec effroi les heurts et malheurs de Malpertuis. Un chef-d’œuvre du fantastique belge à redécouvrir. Par Louis Morès.
08/01/2023, 09:00
J’ai parlé, il y a quelques mois dans cette chronique, de Maria Borrély (1890-1963), une romancière d’exception de la Haute-Provence. Voici qu’une belle biographie vient de lui être consacrée par Danièle Henky aux éditions Le Papillon rouge, Maria Borrély. La Vie d’une femme éblouie. La biographe, qui a commencé à s’intéresser à Maria Borrély au début des années 2000, a pu avoir accès aux archives de l’écrivaine, se nourrir des souvenirs de Pierre Borrély, le cadet des deux fils de l’écrivaine, qu’elle a maintes fois rencontré, travailler aux premières rééditions avec Paulette Borrély, la femme de Pierre. Par François Ouellet
25/12/2022, 09:00
Dernier tome d’une trilogie de romans historiques suivant sur trois générations l’histoire d’une famille aux XVIe et XVIIe siècles dans les Provinces-Unies et les Pays-Bas espagnols, La Baie des Wallons relate les aventures du jeune Tristan de Noirfontaine, un orphelin seul héritier de sa lignée ne rêvant que d’exploration au point de s’embarquer dans un navire à la conquête du Nouveau Monde. C’est avec enthousiasme qu’il participera àl’émergence d’une nouvelle ville et d’une société lui offrant une vie pleine de promesses, à condition de faire preuve de prudence et de ne pas oublier ses racines.
Par Louis Morès.
11/12/2022, 09:00
Un chef-d’œuvre de la littérature jeunesse : Adieu mes quinze ans fut en 1960 un véritable phénomène éditorial : plus de 650.000 exemplaires écoulés. Le livre fut traduit en 11 langues et adapté en un feuilleton de 10 épisodes qui fit les beaux jours de l’ORTF au tout début des années 70. Il faut croire que ce roman sur l’adolescence possédait quelque chose de particulier qui avait pu toucher toute une génération. Elle se retrouvait dans le portrait de Fanny, l’héroïne du roman qui voyait du jour au lendemain sa vie bousculée avec l’apparition de deux êtres et d’un secret. Mais quoi ? Par Denis Gombert
27/11/2022, 11:34
Stephen Hecquet, avocat, écrivain… Pour beaucoup, ce nom ne dit plus rien. Auteur d’une dizaine de romans publiés dans les années cinquante, il est pourtant considéré comme l’un des membres de ce groupe que Bernard Frank appela les « hussards ». Ses romans n’ont jamais été réédités (sauf en 1993 pour « Les collégiens »). Début 2022, est parue chez Séguier une courte et bienvenue biographie de Stephen Hecquet par Frédéric Casotti intitulée Stephen Hecquet, vie et trépas d’un maudit, dont les Ensablés se devaient de rendre compte, d’autant qu’en 2013 notre ami Henri-Jean Coudy (dont les parents connaissaient bien Hecquet) avait déjà fait un article à propos d’Anne ou le garçon de verre.
13/11/2022, 09:00
Romancier, essayiste, pamphlétaire, journaliste, professeur, historien de la littérature populaire, du roman policier et de la science-fiction, rédacteur en chef des Primaires, revue de gauche anticléricale, syndicale et pacifiste, etc., Régis Messac (1893-1945) a été de bien des engagements littéraires et politiques. Par François Ouellet.
30/10/2022, 09:22
Prendre soin des seniors, des anciens, du quatrième âge, des personnes âgées, bref : des vieux, problème de société rebattu, mais irrésolu, au parfum de désolant scandale malgré d’indéniables avancées... En 1977, paraissait sur ce sujet Passage des émigrants, un remarquable roman écrit par un médecin, Jacques Chauviré (1915-2005), dernier d’une trilogie mettant en scène le parcours du Dr Desportes, médecin du travail puis gériatre. Par Marie Coat.
09/10/2022, 09:00
« Tout a commencé en Champagne, fin mars 1915, lors de l’offensive menée par Joffre. Durant l’attaque, Pierre-Ézéchiel Séguier eut la moitié inférieure de sa jambe fracassée par un éclat d’obus. Il fallut l’amputer […] Il ne restait plus assez de morphine. […] “Je suis fait au fer et au sang”, rétorqua le blessé avec la raideur de ceux qui méprisent les faiblesses du corps et de l’âme. » Par Carl Aderhold
25/09/2022, 09:00
En 1905, Camille Mauclair, sentit qu’avec le fauvisme et le début du cubisme en 1905, apparaissait un nouveau paradigme, auquel il était incapable en tant que critique de donner une réponse. Et cette incapacité signa la rupture de Mauclair avec l’art moderne. En 1931, il écrira un ouvrage critique sur le Greco, dont l’originalité le confrontera à nouveau au problème de la rupture de la tradition dans l’art pictural. Ceci est la deuxième partie de notre article (voir la première partie). Par Antoine Cardinale
04/09/2022, 14:40
En 1905, Camille Mauclair (1872-1945), sentit qu’avec le fauvisme et le début du cubisme en 1905, apparaissait un nouveau paradigme, auquel il était incapable en tant que critique de donner une réponse. Et cette incapacité signa la rupture de Mauclair avec l’art moderne. En 1931, il écrira un ouvrage critique sur le Greco, dont l’originalité le confrontera à nouveau au problème de la rupture de la tradition dans l’art pictural. Cet article paraît en deux parties. La seconde est programmée pour la semaine prochaine. Par Antoine Cardinale
21/08/2022, 12:20
Les vacances sont là, et pour ceux qui aiment ou ne connaissent pas Antoine Blondin (il aurait cent ans cette année...), l'occasion rêvée de (re) découvrir ses chroniques publiées entre 1943 et le début des années 80. Les éditions de La Table Ronde ont eu la bonne idée de les rééditer dans sa collection "La petite Vermillon. Pour un prix modique (11,2 euros), un plaisir assuré, à goûter sous les tilleuls en buvant un petit blanc sec, bien glacé, à la santé de ce cher Blondin pour qui la littérature était exigence mais aussi amitié. Hervé BEL
07/08/2022, 09:00
Je ne sais plus où et quand je suis tombé sur ce livre L’abbaye d’Evolayne de Paule Régnier (Grand prix de l’Académie Française 1933), avec sa couverture jaune défraichie des éditions Plon. Longtemps, je l’ai gardé dans mes réserves : j'avais d’autres priorité de lectures. Il y a peu, fouillant ma bibliothèque, je l’ai redécouvert, l’ayant totalement oublié. Allons, il fallait quand même me renseigner sur cette Paule Régnier ! Le destin tragique de cet auteur, il faut bien le dire, m’a conduit à lire enfin son roman. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, j’en conviens, il peut paraître dépassé, appartenir à un autre monde (mais n’est-ce pas après tout un motif de le parcourir ?), mais il palpite dans ce texte quelque chose de bouleversant et de prenant. Par Hervé BEL
24/07/2022, 09:00
Dans ces temps de résurgence de nationalismes, chauvinismes et prurits identitaires, la littérature nous offre heureusement quelques pépites à leur encontre… Figure en bonne place parmi ces romans salutaires une œuvre qui obtint un franc succès juste avant le deuxième guerre mondiale : refusé par Gallimard, publié par Denoël, le roman «Les Javanais» fut couronné du prix Renaudot en 1939 et traduit en plusieurs langues. Par Marie Coat
03/07/2022, 09:00
Sur la plaine de la bataille de Waterloo, une aigle impériale trône au sommet de la butte monumentale. Le 18 juin 1815, c’est Napoléon qui a remporté cette victoire décisive. Plus d’un siècle après les faits, le descendant d’un capitaine anglais est résolu à corriger l’erreur de son ancêtre, qui avait donné de mauvaises informations à Wellington et précipité la défaite des Alliés. L’invention d’une machine à remonter le temps lui permet de tenter une modification avec ses amis, mais à quel prix et pour quelles conséquences historiques et humaines ? Par Louis Morès
19/06/2022, 09:00
Spécialiste du Portugal où elle a vécu une bonne partie de sa vie, Suzanne Chantal (1908-1994) a notamment publié une Histoire du Portugal (Hachette, 1965), que précédait La vie quotidienne au Portugal après le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 (Hachette, 1962). Vers la fin de sa vie, elle publiera un roman historique (Ervamoïra, éd. Olivier Orban, 1982), qui raconte, autour de l’évolution d’une famille sur six générations, l’histoire du vin de Porto, avec ses luttes, ses négociants, ses propriétaires, etc. Par François Ouellet
05/06/2022, 09:00
Suzy avait de grandes jambes. Longues et musclées, assez affolantes. Et un nez fort, signe de caractère. Une blondeur pâle, des yeux délavés par la mer, une frange au carré, du talent et de l’énergie à revendre. Introduite dans les milieux parisiens par Yvonne de Bremond d’Ars, célèbre antiquaire, Suzy va vite mettre Paris à ses pieds. Symbole de la « garçonne » des années folles, Suzy Solidor s’illustra comme actrice et comme chanteuse dans les années 30 et 40. Mais peu le savent, la grande Suzy fut aussi romancière. Par Denis Gombert
22/05/2022, 09:00
Ses romans ont connu de grands succès de librairie, vendus à plusieurs reprises à plus de 1 million d’exemplaires, et même largement au-delà (Chiens Perdus sans Collier, porté au cinéma avec Jean Gabin dans le rôle principal frôla les 4 millions d’exemplaires). Gilbert Cesbron (1911-1979) a donc été un écrivain célèbre dans la deuxième moitié du XX siècle ; il est aujourd’hui inconnu des moins de cinquante ans, un cas exemplaire d’ensablé et peut être d’enterré. Par Henri-Jean Coudy
08/05/2022, 09:00
Les éditions de l’Arbre Vengeur nous ont donné une réédition de Direction Etoile, de Francis de Miomandre (1880-1959). Bernard Quiriny, par ailleurs biographe de Henri de Régnier, auteur cher aux Ensablés , signe une préface pleine d’humour ; les dessins de Regis Lejonc accompagnent merveilleusement le lecteur dans ce conte désenchanté. Puisse cette réédition rendre de nombreux lecteurs au sixième lauréat du prix Goncourt ! Par Antoine Cardinale.
24/04/2022, 09:00
C’était il y a peu dans le 6ème arrondissement, un samedi, jour béni entre tous puisque le dimanche nous protège encore du lundi. En passant devant la librairie « Le dilettante », maison d’édition dont les Ensablés affectionnent les publications, je tombe sur des bacs remplis de livres d’occasion. L’un d’eux attire mon attention : « Les enfants aveugles » d’un certain Bruno Gay-Lussac, avec une introduction de François Mauriac. Mauriac? Il fallait que ce roman oublié ait quelque qualité... Alors je l’ai acheté. Par Hervé Bel
10/04/2022, 09:00
Autres articles de la rubrique Livres
« L'éternel retour est une idée mystérieuse et, avec elle, Nietzsche a mis bien des philosophes dans l'embarras : penser qu'un jour tout se répète comme nous l'avons déjà vécu et que même cette répétition se répétera encore indéfiniment ! Que veut dire ce mythe loufoque ? » s'enquiert Kundera dans son Insoutenable légèreté de l'être. Questions à choix multiples, il semblerait que l’écrivaine à succès Sally Rooney tente d'y répondre dans son dernier roman en date Où es-tu monde admirable, réédité en poche chez Points en août dernier. Retour sur une œuvre qui divise la critique. Par Paul Tekkal.
29/09/2023, 18:03
La jeune romancière Morgane Moncomble a publié ce 20 septembre sa dernière romance, Un automne pour te pardonner, premier tome d'une série en 4 saisons chez Hugo Roman. Un peu plus d'une semaine plus tard, elle rafle la première place du classement des meilleures ventes Edistat, avec 15.690 exemplaires écoulés sur cette semaine 38. Elle est talonnée par un des succès de la rentrée littéraire, La prochaine fois que tu mordras la poussière (13.394 ex. ; Plon), de Panayotis Pascot, qui se maintient dans les sommets du top 200.
29/09/2023, 13:02
L’univers des paris sportifs a pris une importante majeur avec l’éclosion d’Internet durant les dernières décennies. De nombreux acteurs ont vu le jour, offrant aux joueurs des interfaces toujours plus variées. Et les amateurs de sports collectifs se sont mis progressivement à jeter un regard intéressé vers cette nouvelle façon de se positionner face à match de rugby ou de football.
29/09/2023, 09:49
BONNES FEUILLES - Ce recueil de poèmes, le septième signé par Maria Galina, a été conçu peu avant les tensions en Ukraine et finalisé juste avant l'éclatement du conflit. Il rassemble une trentaine d'œuvres poétiques de diverses longueurs, parmi lesquelles huit s'inspirent directement de Description d’Ukraine - un ouvrage datant de 1650 par l'ingénieur-cartographe Guillaume Levasseur de Beauplan.
29/09/2023, 07:00
BONNES FEUILLES - On dit souvent qu'on ne peut pas choisir sa famille. De même, on ne choisit pas les lettres que l’on reçoit. Et celle qu'Amandine va recevoir va la pousser à s'interroger profondément sur elle-même. Qui est-elle vraiment ? Qu'attend-elle de la vie ?
28/09/2023, 18:26
Les éditions Huginn&Muninn ouvrent une nouvelle collection, « Le frisson made in comics », avec trois nouvelles séries horrifiques, Killadelphia, Ice Cream Man et Silver Coin, traductions de comics américains reconnus outre-Atlantique et dont le premier figure notamment dans la liste des nominations des Will Eisner Award (équivalent américain de nos fauves d’Angoulême) de la meilleure série.
28/09/2023, 16:13
BONNES FEUILLES — Cette étude approfondie présente une sélection d'une centaine d'originaux provenant de classiques de la bande-dessinée, valorisant le savoir-faire d'artistes emblématiques du monde de la bande dessinée occidentale du XXe siècle. De Richard F. Outcault à des visionnaires tels que Chris Ware, elle offre un périple à travers des créations et des univers qui ont charmé de nombreux adeptes.
28/09/2023, 15:55
Face à une série de faux pas, d'égarements idéologiques et de déboires politiques, la réputation des penseurs et des érudits est mise à mal. Pourtant, à une époque marquée par d'innombrables bouleversements, notre société est en quête de direction, d'orientation et de vision. Plus que jamais, nous avons besoin de guides éclairés pour naviguer dans ce monde en constante évolution. Par Orélien Péréol.
28/09/2023, 15:31
BONNES FEUILLES - Heartstopper (Alice Oseman) rencontre Le Conte du Chevalier dans ce premier roman Young Adult médiéval et queer, centré sur la comédie romantique, traitant d'amour, d'amitié et du courage nécessaire pour changer le cours de l'histoire.
28/09/2023, 07:30
BONNES FEUILLES - Henry Preston Standish, homme d'affaires respecté et père dévoué, admire un coucher de soleil sur un paquebot lorsque son destin prend une tournure inattendue. Une simple flaque d'huile le fait chuter par-dessus bord, le laissant à la merci de l'océan Pacifique.
27/09/2023, 18:25
Imaginez : cette mission un peu folle que d’écrire une nouvelle par mois. Pendant dix ans. Et, à chaque fois, créer une histoire, un univers, imaginer des personnages ou faire intervenir des noms (plus ou moins) connus. Tantôt réaliste, tantôt science-fictionnel, tantôt poétique… il n’y a aucune règle. Ou bien, il n’y en a qu’une seule : écrire. Voici la proposition de Léo Henry à travers Cent-vingt (La Volte). Écrire, donc… et avec talent, bien entendu.
27/09/2023, 09:44
BONNES FEUILLES - Célébrant la joie de vivre, ce petit ouvrage poétique éclaire l'âme et offre une introduction idéale à l’œuvre de Spinoza. Une émotion basique et fondamentale, celle de la sensation de vie, peut engendrer une joie profonde ou, à l'inverse, devenir source d'anxiété et de tristesse.
26/09/2023, 18:40
BONNES FEUILLES — De la Transylvanie sous l'Empire ottoman jusqu'au Paris de la période Romantique, en passant par le Transvaal pendant la guerre des Boers jusqu'à Saint-Pétersbourg à l'époque de Raspoutine, êtes-vous prêt à voyager à travers les époques pour entendre la légende la plus sombre ? Aux côtés de Dalibor et Laüme, êtes-vous disposé à aimer, souffrir, trahir et pardonner ? Êtes-vous prêt pour l'ultime confrontation avec les Chimères ?
26/09/2023, 17:25
A partir de son expérience personnelle, l’autrice et réalisatrice Delphine Saltel publie, dans ce livre inspiré de son propre podcast, un véritable guide à destination de celles et ceux qui se posent des questions existentielles. Amour, sexualité, parentalité : en politisant et en étudiant tous les ressorts du modèle conjugal, elle aide à penser une autre société, et à se rassurer.
26/09/2023, 13:45
BONNES FEUIILLES — Dans la troisième phase du Siècle des chimères, Les Anges de Palerme nous emmène dans une course effrénée à travers les âges et les territoires, débutant dans les collines indomptées de Sicile et se poursuivant dans les ruelles sombres de New York. Ce récit dépeint la vie d'un jeune homme contraint à la brutalité pour subsister, et celle d'un patriarche hanté par l'idée de vengeance. Voici la poignante et intense histoire du troisième chasseur de Chimères...
26/09/2023, 12:40
Sibylla Schwartz est une jeune poète allemande dont les sonnets vont marquer la période Baroque. Malgré son décès précoce en 1638 (elle n’a alors que 17 ans), elle a laissé derrière elle une grande quantité de poèmes qui tombèrent malheureusement dans l’oubli à partir du 18 e siècle malgré la puissance lyrique qui les habite. A l’occasion de ses 400 ans, Max Baitinger, sous les encouragements de l’association Les amis de Sibylla Schwartz, décide de raconter sa vie, de rendre compte de sa modernité tout en la confrontant à ses propres doutes créatifs. Aux éditions L’employé du Moi.
26/09/2023, 11:17
BONNES FEUILLES — Publié en 1971 en Italie, Les Nuits difficiles est le dernier travail de Buzzati paru de son vivant. Les cinquante et un récits rassemblés abordent les motifs récurrents de l'écrivain : l'angoisse de l'attente, la fuite du temps, les rêves effrayants, et la magie surgissant de l'inattendu. En librairie le 12 octobre.
26/09/2023, 11:06
Ce livre de l’autrice argentine Aurora Venturini est ambitieux. Entre malédiction, ésotérisme, voyage en Amérique du sud, dans le pacifique et en Europe, amour, amitiés, et surtout famille, sans oublier de nombreux hommages aux écrivains de son continent et d’ailleurs — Rimbaud en tête, il s’inscrit parfaitement dans l’histoire de la littérature d’Amérique latine du siècle dernier. (traduction : Anne Plantagenet)
25/09/2023, 17:32
Commenter cet article