Le 25/11/2012 à 18:11 par Les ensablés
0 Réactions | 0 Partages
Publié le :
25/11/2012 à 18:11
0
Commentaires
0
Partages
Personnage étonnant que Suarès, grande figure pâle et incomprise. Presque cent livres publiés mais obstinément un voile d’oubli recouvre son œuvre. On ne lit presque plus Suarès. Gide, Claudel, Valéry avec qui il débute à la NRF avant la première-guerre vont passer à la postérité. Leur statue est solidement arrimée au Panthéon des grands de la littérature ; ils sont constamment étudiés et commentés. Lui non ou si peu. Y’a-t-il un mystère à cette éviction de la mémoire ou est-ce l’œuvre de Suarès qui s’est délitée, étiolée lors d’une trop longue course aux lauriers de la gloire littéraire ? Peut-être Suarès a-t-il trop rêvé un personnage qui l’aurait, du haut de son intelligence, de son style bouillonnant, de ses prophéties et ses vitupérations constantes, consacré Imperator des lettres. Peut-être…
Normalien, compagnon de Romain Rolland à l’École, introduit très tôt dans les cénacles intellectuels, on voit très tôt en lui le nouvel enfant prodige des lettres. Mais la carrière littéraire, comme toute autre carrière, nécessite une qualité que Suarès ne possède pas : la pondération. Son goût de la polémique et son exigence esthétique souveraine le conduiront à être peu à peu mis à écart du troupeau littéraire qui n’aime pas les brebis trop remuantes ni les imprécateurs. Pourtant Suarès écrira durant toute sa vie, faisant preuve d’un courage et d’une abnégation sans borne pour imposer sa vison du monde faite autant de grandes passions que de grands dégoûts.
Avant tout, Suarès est un esprit libre : il aime, il loue, il déteste, il invente, il tort la réalité. En fait, en artiste, il voit et réinvente tout. Passionné par les grands artistes et leurs secrets, il ne cessera de travailler, de l’intérieur, l’œuvre des autres. Il cherche et questionne une nécessité. Suarès est un artiste qui regarde les artistes avec un regard d’artiste. Tout le reste lui paraît mesquin.
Si la multitude de portraits et autres analyses d’œuvres qu’il livre verse dans le grandiose, c’est qu’au fond, épris d’idéal, il ne cherche que la vérité. Sur Loti, Nietzsche, Pascal, Poe, Bourdelle, Mozart (« ô Mozart » comme il dit), Degas, Ingres, Dostoïevski, Tolstoï et cent autres, Suarès s’éblouit. Son goût le trompe rarement. Il est un homme qui, même s’il est très conscient du sien, ne s’est pas tout à fait remis du génie des autres. Le problème, ce sont les contemporains... Suarès peut détester autant qu’il loue. Ainsi Barrès n’est pour lui qu’ « un quart de Chateaubriand », un « cadavre raisonnant, pas plus ». Comme le saisit son biographe, Robert Parienté, « confronté à l’éphémère, Suarès ne rêve que de grandeur ». Cela lui jouera des tours. Bien qu’il fût admiré par Romain Rolland, Malraux, ou Montherlant, soutenu par Claudel et Fournier, Suarès devint un proscrit. On l’éloigna des honneurs et il s’en éloigna aussi, campant un personnage détestant le monde et vivant dans le sien propre, peuplé encore de rêves, d’émois, d’espérances, c’est-à-dire uniquement de peinture, de musique et de livres. Suarès s’est englouti dans une immense solitude et couché dans un grand tombeau vaste comme un musée.
Le Voyage du Condottière, qu’on peut trouver en Cahiers rouges chez Grasset est sa grande somme, l’histoire d’un voyage à pied à travers toute l’Italie, livre magnifique de finesse et d’érudition artistique, fruit de trente ans de travail, dans lequel l’auteur s’invente un double littéraire pour mieux retranscrire ses impressions de voyage et ses goûts. Un exercice d’admiration et de passion menée à son paroxysme. Beaucoup de portraits comme nous l’avons dit et parfois des visions, des sortes de prophéties inspirées à découvrir dans un double volume chez Laffont en collection bouquins. Sur Napoléon : « il est aussi nécessaire de l’admirer que de le haïr ». Sur le capitaine Dreyfus : « son innocence est claire comme le jour ». Quand Suarès s’intéresse à son temps, il s’avère un critique et remarquablement lucide. Le premier, il voit vu poindre les régimes autoritaires et les a dénoncés. Le plus étonnant peut-être, au détour d’une page, ces propos sur la finance mondiale ; nous sommes en 1925 : « la dynamique de l’argent est étrangère aux financiers. Ils n’ont aucune philosophie, ils n’ont aucune conscience. Ce sale chiffon de papier est le symbole d’une puissance d’autant plus redoutable qu’elle est plus impersonnelle. Tout ici, repose sur une fiction ».
Mais c’est toujours vers l’art que revient Suarès. Et les artistes. Ses pages sur Verlaine sont exceptionnelles tant il comprend, toujours de l’intérieur, le drame d’une vie et d’une œuvre. Ecoutons : « j’aime cet homme, trempé de larmes, ce pauvre enfant égaré dans les bouges. La grâce seule fait les vies belles : la grâce, ou la volonté, comme ils disent dans leur jactance ». Et encore : « Verlaine a eu la beauté que ne connaitront jamais les pharisiens de l’art ni de la ville. Eût-il été aux abîmes des vices, comme on l’a cru, ce poète grabataire était plus pur que les moralistes décharnés et les professeurs d’austérité ». Pour aimer, il faut qu’il y ait quelque chose de grand et c’est partout que Suarès cherche des héros, fussent-ils déjà repartis au ciel ou encore à ramper dans la fange de cette terre. A lire aussi les pages sur Stendhal dont Suarès capte le plus important : l’émoi. C’est peut-être l’auteur qu’il a le plus chéri et dont il parle mieux : « Stendhal est immortel comme un esprit. Il est l’homme qui ne date pas ». Le XXème siècle verra s’imposer le lourd jeu de l’« appareil critique » en lieu et place des exercices d’admiration (ou de détestation). Adieu Sainte-Beuve, Daudet, Bloy. Bonjour précis de linguistique, constructivisme, structuralisme, etc. Etudiants, nous avons appris à décortiquer des auteurs au lieu de les ressentir. Une frontière est désormais toute tracée entre l’artiste et l’analyste. Suarès vivait sur le faîte de cette crête. D’où peut-être sa mauvaise fortune au regard de la postérité. Peut-être est-ce dans ce trou-là qu’il est tombé, ce trou béant recouvert par toute une production savante et grise, celle d’une certaine université qui ne croit plus au génie du critique littéraire que quand il revêt un manteau scientifique. Peut-être…
Denis Gombert
Paru le 03/01/2001
575 pages
LGF/Le Livre de Poche
9,90 €
Plus d'articles sur le même thème
Avec une préface documentée de Nicolas d’Estienne d’Orves (notamment romancier « Prix Roger Nimier » et spécialiste de Rebatet), la collection « Bouquins » a publié récemment un recueil des œuvres principales de Hugues Rebell dont seuls les gens de mon âge rappelleront qu’elles furent rééditées dans les années 80 par Hubert Juin, dans la collection 10/18, avec d’autres auteurs « fin de siècle ». Par Hervé Bel.
11/09/2023, 11:55
Dumas ? c’est Gaston Pescou, signant Peskow ou Peskov, mais aussi G. de Morlon, baron de Cherville, qui est en réalité –pour les trois-quarts- l’auteur caché de ce roman. Il est dans sa spécialité : le roman de chasse. Qu’on en juge par quelques titres tirés de sa bibliographie : Les Aventures d'un chien de chasse, Histoire d'un trop bon chien, Contes de chasse et de pêche, Contes d'un coureur des bois, Montcharmont le braconnier, Le Gibier plume et la même année Le Gibier poil, sa science s’étendant même aux sauvages horizons de l’Afrique et de l’Asie avec Les Éléphants, état sauvage, domestication.
Par Antoine Cardinale
27/08/2023, 09:00
En 1995, les éditions Le Croît vif, à Royan (Charente Maritime), rééditaient trois romans de Geneviève Fauconnier (1886-1969) : Les Trois Petits Enfants bleus (1927), Claude (1933) et Les Étangs de la Double (1935). La même année, Omnibus reprenait Pastorale (1942), intégrant cet autre roman de la même auteure dans Gens de Charente et de Poitou, au sommaire duquel figurent aussi des romans de Jean-Richard Bloch, Pierre Véry, Ernest Pérochon, André Theuriet et Pierre Loti. En outre, Les Étangs de la Double reparaissait en 2020 aux éditions La Geste, à Niort, en Nouvelle-Aquitaine. Par François Ouellet.
13/08/2023, 11:19
Paul-André Lesort (1915-1997) aurait pu intituler son cinquième roman L’emprise, mais il a choisi un titre plus incisif : Le fer rouge. Paru en 1957, l’ouvrage de ce romancier étiqueté « grand écrivain catholique » choqua autant les lecteurs que la critique, à quelques rares exceptions près comme Jean Cayrol (« Ce n’est pas un spectacle auquel il nous convie,...mais une quête, une aventure avec « risques et périls»... Son honneur est de déranger et de se déranger...Beaucoup n’ont pas compris la route surprenante qu’il put choisir sans avertissement »). Par Marie Coat.
30/07/2023, 10:05
Chers amis des Ensablés, notre site accueille aujourd'hui une nouvelle contributrice, Isabelle Luciat, à qui nous souhaitons la bienvenue au sein de notre équipe. Pour son premier article, elle a choisi "Petit Louis" deuxième roman d'Eugène Dabit, qui avait rencontré le succès avec L'Hôtel du Nord, paru en 1929. Hervé BEL.
16/07/2023, 09:00
Pendant la première moitié du XXe siècle, de nombreux romans « champêtres » ont été publiés, et les Ensablés n’ont pas manqué d’en chroniquer. Parmi ceux qui nous ont particulièrement marqués, rappelons l’admirable Campagne (prix Femina 1937) de Raymonde Vincent que les éditions Le passeur viennent de rééditer et La vie d’un simple, d’Émile Guillaumin. Il me faut en ajouter un autre, récemment paru chez La Thébaïde d’une romancière complètement oubliée, Marcelle Capy. Par Hervé BEL
02/07/2023, 12:20
Les Éditions de La Grange Batelière achève par Cinis in cinerem (allusion à la Genèse « tu es poussière et tu retourneras à la poussière), la publication des quatre romans policiers de Régis Messac, auteur que nos amis des Ensablés commencent à connaître (Quinzinzinzilli, Le mystère de Monsieur Ernest). A mon goût, c’est le roman plus étonnant, le plus attachant aussi, car il s’y mêle le gothique, le fantastique, la psychanalyse et le scientisme du XIXème siècle, dans une ambiance mystérieuse : plaisir assuré pour tous ceux qui ont aimé Gaston Leroux, Maurice Leblanc, Stevenson, Edgar Poe, et j’en passe. Par Hervé Bel
11/06/2023, 09:00
Georges Thinès (1923-2016) est un écrivain belge de langue française né en 1923 à Liège et décédé en 2016 à Court-Saint-Étienne. D’abord attiré par les lettres classiques, il fut étudiant en philosophie et lettres à la Faculté universitaire Saint-Louis de Bruxelles. Après son engagement à la Royal Navy durant la guerre, Georges Thinès renonce à la philologie et s’oriente vers la psychologie. Professeur à l’université de Louvain, il fut un spécialiste de renommée mondiale dans le domaine de l’éthologie animale. Excellent musicien, fondateur de l’orchestre symphonique de Louvain, il fut encore poète, nouvelliste, romancier, dramaturge, essayiste. Par Armel Job
28/05/2023, 09:00
Décédé en 2013 à l’âge de 64 ans, Denis Belloc ( (1949-2013) a marqué d’une empreinte noire la littérature française. Son œuvre, une dizaine de romans parus, s’abreuve au sirop de la rue. Mais ce liquide est violent et amer. C’est l’univers de la toxicomanie dans Képas (Lieu commun, 1989) ou de la prostitution dans Suzanne (Lieu commun 1988) qui forme le décor des romans de Belloc dont l’entière matière est autobiographique. Par Denis Gombert.
14/05/2023, 09:00
En janvier 1947, les éditions du Portulan publièrent un épais volume au titre biblique, « Heureux les pacifiques », que la critique accueillit avec force éloges, n’hésitant pas à parler de «roman fracassant et excitant » (Pierre de Boisdeffre), de « roman d’une génération » (Maurice Nadeau), tous se montrant impressionnés par la justesse d’un tableau riche et complexe d’une époque charnière (1934-1945): ainsi Pierre Descaves, selon lequel ce roman est « sans aucun doute, le document le plus important, le plus impressionnant qui nous ait été donné depuis quinze ans, sur l’état d’une jeunesse que guettait le conflit de 1939-1940 et les années, noires et rouges, des refus ou des abandons ». Par Marie Coat
30/04/2023, 16:45
Mariève a vingt-trois ans lorsqu’elle épouse Gilles, de dix ans son aîné. Ce mariage la conduit à s’installer chez lui, dans un domaine forestier des Hautes Fagnes, à l’est de la Belgique. Le manoir du Rondbuisson, situé à l’orée du bois, est la résidence de quelques personnages rustiques et gentiment intrigants. Tout semble en place pour assurer le confort de Mariève, dans un cocon où l’on ressent plus qu’ailleurs le rythme envoûtant des saisons. Mais pourquoi n’y semble-t-elle pas heureuse ? C’est l’histoire de la lente dégradation d’un amour s’abîmant au grattage de l’écorce. Par Louis Morès.
10/04/2023, 09:47
« Elles sont les premières. Cinq filles. Jeunes, timides, heureuses, excités, cœurs battants et prêtes à mourir pour la France. » Nous sommes en 1940. La France vient de perdre la guerre. À Londres, la France libre sous l’impulsion du général de Gaulle fait ses premiers pas. Pour la première fois, les femmes prennent part au conflit sous l’uniforme français. Un Corps féminin de Volontaires de la France libre est créé, dans lequel s’enrôlent les héroïnes de ce roman, ainsi que son autrice, Tereska Torrès. Par Carl Aderhold.
26/03/2023, 17:17
Qui se souvient aujourd’hui de Kikou Yamata, une écrivaine née à Lyon en 1897 d’un père japonais et d’une mère française et décédée en 1975 à Genève ? Étonnante et attachante figure, auteure d’une œuvre importante. Par François Ouellet
12/03/2023, 10:00
En septembre 2022, Marc Dambre, spécialiste de Roger Nimier, a publié chez Perrin une somme passionnante (je pèse mes mots) intitulée Génération hussards, en référence à une mouvance littéraire des années 50. L’occasion d’aborder avec lui non seulement la vie et la production littéraire des « hussards » les plus connus, mais aussi d’en (re)découvrir d’autres, dont Stephen Hecquet, objet d’un récent article des Ensablés, et de revisiter trente années de vie culturelle française. Par Hervé Bel
20/02/2023, 09:56
Quiconque vous demanderait ce qu’évoque pour vous le nom de Trinztius, vous resteriez coi ou chercheriez en vain du côté des érudits anversois de la Renaissance. Bien oublié aujourd’hui, René Trintzius fut très connu dans le monde des lettres de la première moitié du siècle dernier. Né en 1898 dans une famille bourgeoise de Rouen -son père était un architecte renommé- il abandonna très en amont une carrière de magistrat pour se consacrer dans un premier temps au journalisme, puis rapidement à l’écriture de pièces de théâtre et de romans. Par Marie Coat
22/01/2023, 09:00
Au carrefour de ruelles obscures se dresse Malpertuis. Quentin Moretus Cassave, le maître de cette grande maison, s’éteint sur son lit de mort et fait lire à sa famille réunie les articles de son testament. Pour recevoir l’héritage, les héritiers doivent s’engager à venir vivre au sein de ce lieu rempli de mystères et seul le dernier d’entre eux recevra la fortune. Le dernier ? Dans cette demeure hantée peuplée d’une faune étrange et où le temps s’étire à la croisée des mondes, les périls sont immenses. Jean-Jacques Grandsire, un jeune neveu de Cassave, nous confie avec effroi les heurts et malheurs de Malpertuis. Un chef-d’œuvre du fantastique belge à redécouvrir. Par Louis Morès.
08/01/2023, 09:00
J’ai parlé, il y a quelques mois dans cette chronique, de Maria Borrély (1890-1963), une romancière d’exception de la Haute-Provence. Voici qu’une belle biographie vient de lui être consacrée par Danièle Henky aux éditions Le Papillon rouge, Maria Borrély. La Vie d’une femme éblouie. La biographe, qui a commencé à s’intéresser à Maria Borrély au début des années 2000, a pu avoir accès aux archives de l’écrivaine, se nourrir des souvenirs de Pierre Borrély, le cadet des deux fils de l’écrivaine, qu’elle a maintes fois rencontré, travailler aux premières rééditions avec Paulette Borrély, la femme de Pierre. Par François Ouellet
25/12/2022, 09:00
Dernier tome d’une trilogie de romans historiques suivant sur trois générations l’histoire d’une famille aux XVIe et XVIIe siècles dans les Provinces-Unies et les Pays-Bas espagnols, La Baie des Wallons relate les aventures du jeune Tristan de Noirfontaine, un orphelin seul héritier de sa lignée ne rêvant que d’exploration au point de s’embarquer dans un navire à la conquête du Nouveau Monde. C’est avec enthousiasme qu’il participera àl’émergence d’une nouvelle ville et d’une société lui offrant une vie pleine de promesses, à condition de faire preuve de prudence et de ne pas oublier ses racines.
Par Louis Morès.
11/12/2022, 09:00
Un chef-d’œuvre de la littérature jeunesse : Adieu mes quinze ans fut en 1960 un véritable phénomène éditorial : plus de 650.000 exemplaires écoulés. Le livre fut traduit en 11 langues et adapté en un feuilleton de 10 épisodes qui fit les beaux jours de l’ORTF au tout début des années 70. Il faut croire que ce roman sur l’adolescence possédait quelque chose de particulier qui avait pu toucher toute une génération. Elle se retrouvait dans le portrait de Fanny, l’héroïne du roman qui voyait du jour au lendemain sa vie bousculée avec l’apparition de deux êtres et d’un secret. Mais quoi ? Par Denis Gombert
27/11/2022, 11:34
Stephen Hecquet, avocat, écrivain… Pour beaucoup, ce nom ne dit plus rien. Auteur d’une dizaine de romans publiés dans les années cinquante, il est pourtant considéré comme l’un des membres de ce groupe que Bernard Frank appela les « hussards ». Ses romans n’ont jamais été réédités (sauf en 1993 pour « Les collégiens »). Début 2022, est parue chez Séguier une courte et bienvenue biographie de Stephen Hecquet par Frédéric Casotti intitulée Stephen Hecquet, vie et trépas d’un maudit, dont les Ensablés se devaient de rendre compte, d’autant qu’en 2013 notre ami Henri-Jean Coudy (dont les parents connaissaient bien Hecquet) avait déjà fait un article à propos d’Anne ou le garçon de verre.
13/11/2022, 09:00
Romancier, essayiste, pamphlétaire, journaliste, professeur, historien de la littérature populaire, du roman policier et de la science-fiction, rédacteur en chef des Primaires, revue de gauche anticléricale, syndicale et pacifiste, etc., Régis Messac (1893-1945) a été de bien des engagements littéraires et politiques. Par François Ouellet.
30/10/2022, 09:22
Prendre soin des seniors, des anciens, du quatrième âge, des personnes âgées, bref : des vieux, problème de société rebattu, mais irrésolu, au parfum de désolant scandale malgré d’indéniables avancées... En 1977, paraissait sur ce sujet Passage des émigrants, un remarquable roman écrit par un médecin, Jacques Chauviré (1915-2005), dernier d’une trilogie mettant en scène le parcours du Dr Desportes, médecin du travail puis gériatre. Par Marie Coat.
09/10/2022, 09:00
« Tout a commencé en Champagne, fin mars 1915, lors de l’offensive menée par Joffre. Durant l’attaque, Pierre-Ézéchiel Séguier eut la moitié inférieure de sa jambe fracassée par un éclat d’obus. Il fallut l’amputer […] Il ne restait plus assez de morphine. […] “Je suis fait au fer et au sang”, rétorqua le blessé avec la raideur de ceux qui méprisent les faiblesses du corps et de l’âme. » Par Carl Aderhold
25/09/2022, 09:00
En 1905, Camille Mauclair, sentit qu’avec le fauvisme et le début du cubisme en 1905, apparaissait un nouveau paradigme, auquel il était incapable en tant que critique de donner une réponse. Et cette incapacité signa la rupture de Mauclair avec l’art moderne. En 1931, il écrira un ouvrage critique sur le Greco, dont l’originalité le confrontera à nouveau au problème de la rupture de la tradition dans l’art pictural. Ceci est la deuxième partie de notre article (voir la première partie). Par Antoine Cardinale
04/09/2022, 14:40
En 1905, Camille Mauclair (1872-1945), sentit qu’avec le fauvisme et le début du cubisme en 1905, apparaissait un nouveau paradigme, auquel il était incapable en tant que critique de donner une réponse. Et cette incapacité signa la rupture de Mauclair avec l’art moderne. En 1931, il écrira un ouvrage critique sur le Greco, dont l’originalité le confrontera à nouveau au problème de la rupture de la tradition dans l’art pictural. Cet article paraît en deux parties. La seconde est programmée pour la semaine prochaine. Par Antoine Cardinale
21/08/2022, 12:20
Les vacances sont là, et pour ceux qui aiment ou ne connaissent pas Antoine Blondin (il aurait cent ans cette année...), l'occasion rêvée de (re) découvrir ses chroniques publiées entre 1943 et le début des années 80. Les éditions de La Table Ronde ont eu la bonne idée de les rééditer dans sa collection "La petite Vermillon. Pour un prix modique (11,2 euros), un plaisir assuré, à goûter sous les tilleuls en buvant un petit blanc sec, bien glacé, à la santé de ce cher Blondin pour qui la littérature était exigence mais aussi amitié. Hervé BEL
07/08/2022, 09:00
Je ne sais plus où et quand je suis tombé sur ce livre L’abbaye d’Evolayne de Paule Régnier (Grand prix de l’Académie Française 1933), avec sa couverture jaune défraichie des éditions Plon. Longtemps, je l’ai gardé dans mes réserves : j'avais d’autres priorité de lectures. Il y a peu, fouillant ma bibliothèque, je l’ai redécouvert, l’ayant totalement oublié. Allons, il fallait quand même me renseigner sur cette Paule Régnier ! Le destin tragique de cet auteur, il faut bien le dire, m’a conduit à lire enfin son roman. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, j’en conviens, il peut paraître dépassé, appartenir à un autre monde (mais n’est-ce pas après tout un motif de le parcourir ?), mais il palpite dans ce texte quelque chose de bouleversant et de prenant. Par Hervé BEL
24/07/2022, 09:00
Dans ces temps de résurgence de nationalismes, chauvinismes et prurits identitaires, la littérature nous offre heureusement quelques pépites à leur encontre… Figure en bonne place parmi ces romans salutaires une œuvre qui obtint un franc succès juste avant le deuxième guerre mondiale : refusé par Gallimard, publié par Denoël, le roman «Les Javanais» fut couronné du prix Renaudot en 1939 et traduit en plusieurs langues. Par Marie Coat
03/07/2022, 09:00
Sur la plaine de la bataille de Waterloo, une aigle impériale trône au sommet de la butte monumentale. Le 18 juin 1815, c’est Napoléon qui a remporté cette victoire décisive. Plus d’un siècle après les faits, le descendant d’un capitaine anglais est résolu à corriger l’erreur de son ancêtre, qui avait donné de mauvaises informations à Wellington et précipité la défaite des Alliés. L’invention d’une machine à remonter le temps lui permet de tenter une modification avec ses amis, mais à quel prix et pour quelles conséquences historiques et humaines ? Par Louis Morès
19/06/2022, 09:00
Spécialiste du Portugal où elle a vécu une bonne partie de sa vie, Suzanne Chantal (1908-1994) a notamment publié une Histoire du Portugal (Hachette, 1965), que précédait La vie quotidienne au Portugal après le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 (Hachette, 1962). Vers la fin de sa vie, elle publiera un roman historique (Ervamoïra, éd. Olivier Orban, 1982), qui raconte, autour de l’évolution d’une famille sur six générations, l’histoire du vin de Porto, avec ses luttes, ses négociants, ses propriétaires, etc. Par François Ouellet
05/06/2022, 09:00
Suzy avait de grandes jambes. Longues et musclées, assez affolantes. Et un nez fort, signe de caractère. Une blondeur pâle, des yeux délavés par la mer, une frange au carré, du talent et de l’énergie à revendre. Introduite dans les milieux parisiens par Yvonne de Bremond d’Ars, célèbre antiquaire, Suzy va vite mettre Paris à ses pieds. Symbole de la « garçonne » des années folles, Suzy Solidor s’illustra comme actrice et comme chanteuse dans les années 30 et 40. Mais peu le savent, la grande Suzy fut aussi romancière. Par Denis Gombert
22/05/2022, 09:00
Ses romans ont connu de grands succès de librairie, vendus à plusieurs reprises à plus de 1 million d’exemplaires, et même largement au-delà (Chiens Perdus sans Collier, porté au cinéma avec Jean Gabin dans le rôle principal frôla les 4 millions d’exemplaires). Gilbert Cesbron (1911-1979) a donc été un écrivain célèbre dans la deuxième moitié du XX siècle ; il est aujourd’hui inconnu des moins de cinquante ans, un cas exemplaire d’ensablé et peut être d’enterré. Par Henri-Jean Coudy
08/05/2022, 09:00
Les éditions de l’Arbre Vengeur nous ont donné une réédition de Direction Etoile, de Francis de Miomandre (1880-1959). Bernard Quiriny, par ailleurs biographe de Henri de Régnier, auteur cher aux Ensablés , signe une préface pleine d’humour ; les dessins de Regis Lejonc accompagnent merveilleusement le lecteur dans ce conte désenchanté. Puisse cette réédition rendre de nombreux lecteurs au sixième lauréat du prix Goncourt ! Par Antoine Cardinale.
24/04/2022, 09:00
C’était il y a peu dans le 6ème arrondissement, un samedi, jour béni entre tous puisque le dimanche nous protège encore du lundi. En passant devant la librairie « Le dilettante », maison d’édition dont les Ensablés affectionnent les publications, je tombe sur des bacs remplis de livres d’occasion. L’un d’eux attire mon attention : « Les enfants aveugles » d’un certain Bruno Gay-Lussac, avec une introduction de François Mauriac. Mauriac? Il fallait que ce roman oublié ait quelque qualité... Alors je l’ai acheté. Par Hervé Bel
10/04/2022, 09:00
Les Sept dormants (1896), Confession de Sainte-Croix (1902), les deux volumes de poèmes Feuilles sous la glace écrits entre 1899 et 1913 ou encore l’autobiographie posthume Mon Bourreau, vous connaissez ? Ce sont quelques-unes des œuvres du poète Mathias Crismant (1882-1913), dont Raymond Schwab (1884-1956) entreprit de raconter la vie singulière et tourmentée dans un livre simplement intitulé Mathias Crismant, paru chez Plon en 1925. Par François Ouellet.
27/03/2022, 08:25
Autres articles de la rubrique Livres
BONNES FEUILLES — « La FDM, c’est aujourd’hui, mais elle l’ignore. Si elle tendait l’oreille, elle percevrait peut-être les soubresauts qui agitent la terre en cette dernière journée, le sol qui tressaille d’une étrange vibration. Elle se dirige vers la porte arrière de sa maison, la seule qui permette encore d’accéder à un terrain sec, fait quelque pas dans le pédiluve d’eau trouble qui sépare son seuil des trois marches de pierre montant vers son jardin. Elle hume l’air un instant. Une odeur écœurante de bitume et de cendre flotte dans l’atmosphère. C’est l’odeur de la mort. »
21/09/2023, 16:14
#RentreeLitteraire2023 - L'écrivain du célèbre La Porte du soleil nous présente ici une nouvelle oeuvre palestinienne, un roman complexe et poétique qui déstabilise nos préconceptions et attentes, nous rappelant en fin de compte ce qui est essentiel : la beauté, l'existence et l'essence même de l'humanité.
21/09/2023, 11:40
BONNES FEUILLES - « Alors qu’il achevait de graver ces mots dans la roche, l’homme espérait, dans un dernier souffle, que la Prophétie ne serait pas oubliée, que la pierre la conserverait à l’abri, et les hommes dans leur mémoire. Il en allait de l’avenir du monde entier. »
21/09/2023, 11:30
BONNES FEUILLES — Antoine Idier et Pochep explorent l'évolution et la transformation des identités LGBTQI+ sur une période de près de deux siècles. Ils examinent les différentes cultures et communautés qui ont permis aux minorités sexuelles de résister et de survivre dans un environnement souvent hostile.
21/09/2023, 09:56
Parler du sanglier comme d’un animal politique, ce n’est pas seulement faire de la zoologie, de l’éthologie d’une espèce, de la biologie, de l’écologie, … c’est sans conteste se lancer en politique… Voilà un livre qui, à l’évidence, ne va pas laisser quiconque le lit, indifférent.
20/09/2023, 15:40
Dans l’univers des cryptoactifs, il existe une myriade de possibilités, avec des créations qui ne cessent de prendre de l’importance. Il devient de plus en plus difficile de s’y retrouver. Entre les plateformes d’échange, les cryptomonnaies, et des jetons numériques, un univers des plus virtuels s’offre à nous, mais cela ressemble fortement à une nébuleuse indescriptible.
20/09/2023, 15:15
BONNES FEUILLES — Maurice Renoma est une figure emblématique et atypique. Avec son esthétique singulière et « pulsionnelle », il a sculpté un univers qui chevauche la mode et l'imagerie, oscillant entre transgression et abondance. Élaboré par Sonia Rachline, cet ouvrage a pour vocation de mettre en lumière à la fois six décennies de son génie créatif et sa personnalité flamboyante.
19/09/2023, 18:36
Marcher. Marcher. Un pied devant l’autre, marcher. La plupart du temps, seul. Marcher comme une obsession. Rarement à plusieurs. Marcher comme une thérapie. Uniquement avec des amis ou des gens avec qui partager ces instants est une sorte de communion. Marcher. Partout. Même (surtout) là où c’est interdit. Marcher pour regarder, sentir, ressentir, voir, respirer, découvrir, regarder encore. Sans répit et sans relâche. Marcher !…
19/09/2023, 16:09
L’histoire se déroule à Berlin, en 1930. Par l’entremise de son cousin, Stan Wojciechowski rejoint un cabinet d’architecte à la pointe en tant que dessinateur technique. Un beau poste, une réelle opportunité qui, en outre, lui permet de découvrir la capitale, coupé de sa Pologne natale. Pourtant, le dynamisme de la ville et l’épanouissement professionnel semblent au contraire hérisser l’ancien soldat en proie à un stress post-traumatique qui le ravage de part en part. Au sein de ce quotidien pénible, Anne, une jeune femme rencontrée dans un cinéma et qui semble s’éprendre du bonhomme, demeure le seul rayon de soleil, la principale survivance de la douceur du réel.
19/09/2023, 16:09
BONNES FEUILLES - Qu'advient-il de nous après la mort ? Où va notre conscience ? Est-ce qu'elle persiste après l'arrêt de notre cerveau ? Ces questions profondes ont envahi l'esprit de Stéphane Allix après la perte de son frère. En tant que journaliste, il a employé toutes ses ressources et sa perspicacité pour explorer le mystère entourant la conscience.
18/09/2023, 18:51
Après ses mémoires, Stock édite le recueil de nouvelles d’un des cinéastes les plus importants de ces 50 dernières années, Woody Allen. Tous publiés dans le New Yorker entre 2008 et 2013, ces 18 textes sonnent comme la voix off et les dialogues brillants de ses films. Son humour, qui joue sur la surprise de l’incongru, le recul de l’esprit, une grande culture, une approche psychanalytique, et une longue méditation sur la mort - le meilleur humour juif ashkénaze pour résumé -, ne perd rien en passant à l’écrit, bien au contraire.
18/09/2023, 11:31
Avec une touche d'humour, Tiphaine Rivière revisite le classique de Pierre Bourdieu, La Distinction, une œuvre majeure en sociologie. Elle offre une interprétation moderne et accessible à tous, permettant d'analyser les liens entre les goûts et les classes sociales. Elle nous invite à réfléchir à nos propres influences et à chercher à s'en affranchir.
18/09/2023, 11:04
Malgré les scandales répétés, l'Église ne semble pas avoir pris conscience de la gravité de la situation et rien ne semble avoir évolué. Cet ouvrage est le premier à dresser un état des lieux des abus sexuels au sein de l'Église suite au rapport 2021 de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église). Face à la surdité de l'institution, des soeurs sortent du silence.
18/09/2023, 09:30
BONNES FEUILLES - Chaque artiste, qu'il soit peintre, sculpteur ou créateur, incarne la modernité de son époque. Des figures comme Francis Bacon, Caravage, Courbet, Giotto, Goya, Frida Kahlo, Wifredo Lam, Matisse, Michel-Ange, Edvard Munch, Pollock, Titien, Véronèse… ont tous marqué les consciences de leur temps.
17/09/2023, 09:00
BONNES FEUILLES - La Vie de Léon Tolstoï est la première biographie de l'écrivain russe Léon Tolstoï traduite en français. Malgré sa concision, elle parvient à dévoiler la vie riche et complexe de Tolstoï, en intégrant à la fois la profondeur de son personnage, les émotions qu'il suscite et le contexte historique et social qui a influencé ses écrits.
17/09/2023, 08:30
BONNES FEUILLES - Joëlle Wintrebert, renommée pour ses romans de science-fiction tels que Les Olympiades truquées et Pollen, s'impose comme une figure emblématique de la littérature d'anticipation française. Outre ses romans, elle a consacré de nombreuses années à la nouvellistique, dévoilant un éventail impressionnant de talents.
17/09/2023, 08:00
BONNES FEUILLES - Matija, le jeune prodige de la littérature de Zagreb, a toujours eu le don de tisser des récits captivants. Mais un mensonge imprudent le sépare de l'amour de sa vie. Quels secrets enfouis hantent son passé dans ce village reculé du Medjimurje où il a vu le jour, et qui ont obscurci sa mémoire ?
17/09/2023, 07:30
A l’heure du coucher, quand les enfants sombrent dans le sommeil tandis que les parents sont plongés devant le poste de télévision, et alors que se trament des choses pas nettes en ville, surgissent Supermatou et son cerveau-chien. Jeune garçon le jour et super-héros la nuit, vêtu d’un costume de chat encapé bleu et rouge, le garçon vole au secours des habitants en usant de sa force spectaculaire pour arrêter les brigands ou autres machinations menaçant la prospérité de la ville.
16/09/2023, 11:13
Shôko est une vraie tête en l’air, toujours dans la lune. Mais le jour où sur le retour de l’école, elle voit Sui s’abriter sous un parapluie invisible, elle est sûre qu’elle ne rêve pas. Sui, qui possède le don très particulier de matérialiser des objets parfaitement transparents, apprend à s’ouvrir à Shôko et à partager avec elle ses créations. Ce que Shôko ignore encore, c’est la profonde souffrance de Sui, tout aussi invisible à l’œil nu que les objets qu’elle fabrique… Un manga plein de rêverie et d’humanité, sur le harcèlement, l’amitié et le poids de la solitude.
16/09/2023, 11:11
« Vous pensez que c’est peut-être là, dans la représentation récurrente de ce pan de chair dénudée, dans cette attache du cou délicatement offerte au regard, que gît, les deux sexes confondus, la marque du Caravage, le poinçon érotique de sa peinture. »
16/09/2023, 08:44
BONNES FEUILLES - « Décliner, depuis ma position d’avocate, la façon dont l’institution judiciaire éloigne et s’éloigne des hommes. La politique à l’économie, l’ultra modernisation, l’architecture, l’impact des politiques de la peur ont peu à peu dévoyé cette institution qui se doit pourtant d’être “au service” des hommes et agit finalement contre les auteurs, contre les victimes et contre la vérité même.
16/09/2023, 07:30
Commenter cet article