Don Juan: subst. masc. Séducteur, le plus souvent libertin et sans scrupule (définition du Trésor de la langue française). Même s'il n'est pas un libertin, Monsieur Ripois, le héros du roman de Louis Hémon (1880-1913), est assurément un don Juan. Il séduit les femmes qu'il rencontre et les exploite sans scrupule. Mais, contrairement à son auguste ancêtre, Monsieur Ripois n'a aucune classe; il ne s'attaque qu'aux petites ouvrières, puis aux femmes fragiles, celles qu'il est certain de pouvoir conquérir et exploiter.
Le 01/01/2018 à 09:00 par Les ensablés
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01/01/2018 à 09:00
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Par Hervé Bel
Monsieur Ripois est un jeune homme de la fin du XIXème siècle exilé à Londres où il travaille dans un bureau. Ses appointements lui permettent de s'habiller correctement, sa belle taille d'attirer l’œil des jeunes filles en mal de prince charmant. Souvent, le lecteur est rebuté par les romans où il lui est impossible de s'identifier au héros, car, pour lui, un bon roman est avant tout oubli et adhésion. Oubli de sa propre situation (médiocrité du quotidien) et adhésion à quelqu'un qu'il voudrait être. C'est là un travers dont il faut se départir, sans cela on ne peut pas aimer "Monsieur Ripois ou la Némésis".
Le roman commence par une scène de rue. M. Ripois, aussi bien vêtu qu’il peut l’être, cigare à la bouche, déambule, guettant les femmes. D'autres femmes s'en allaient parmi la foule d'un air plus indécis, avec une sorte de gêne. Souvent fardées aussi, elles portaient pourtant presque toutes des robes usées et qui leur allaient mal, ou bien des manteaux fermés du haut en bas, qui cachaient leur corsage et leur linge. Elles n'adressaient guère aux hommes que des regards furtifs (...) M.Ripois les suivait des yeux avec plus d'intérêt et un mince sourire. Gibier facile! Ouvrières et employées de magasin sans emploi, humbles théâtreuses sans engagement, venues au trottoir sous la poussée de la faim ou les menaces d'expulsion de leurs logeuses, mais que le trottoir n'avait pas encore endurcies. Or M. Ripois, soudain, se souvient qu’il a déjà une maîtresse, une bonne fille qui le cajole, entretient son linge, fait sa cuisine. En un mot, elle l’aime. Lorsqu’il arrive chez lui, la femme ouvre la porte. « Comme vous êtes tard ». Il la regarde, ironique, sans pitié, sachant tout le pouvoir qu’il a sur elle. Elle baisse les yeux, comme une coupable (on se sent toujours coupable face à quelqu’un qu’on aime et qui ne vous aime pas), s’excuse de sa mise. Ripois se délecte, jouit du mal qu’il fait. M. Ripois la considérait sans admiration et sans tendresse, mais avec une sorte de vanité instinctive de possesseur. Devant ce corps de femme, vivant et normal, il se disait : "C'est à moi." Et ensuite : "Cela vaut-il la peine qu'on la garde?"
Il quitte sa maîtresse pour s’installer dans une garçonnière. Sa quête de femme commence. On va le suivre de femme en femme, de l’ouvrière licenciée qu’il laisse mourir de faim après en avoir abusée, à la prostituée au grand cœur qui le prend sous son aile, et qu’il abandonnera sans aucun scrupule, et d’autres femmes encore, marchandises bonnes à jeter.
Ripois n’aime personne, sinon l’image qu’il se fait de lui, d’un dandy costumé, raffiné, anglais, bien sûr. Une caricature. Ce qu’il aime, c’est le confort. Les femmes utiles au plaisir le sont aussi à son confort. Par elles, il ne désespère pas un jour d’arriver enfin à la vie de luxe que les rues de Londres lui offre en pâture. Mais, lorsqu’il n’est pas avec les pauvres filles qu’il domine, Ripois est timide, seul, terriblement seul. Dans le livre, pas d’ami, à peine une connaissance, celle de son collègue de travail, un allemand. Rien d’autre. Mais il est heureux, satisfait de lui-même, aveugle de ce qu'il est et du mal qu'il cause. Voilà bien l’injustice : la chance se moque de la justice et autres immanences stupides, elle se donne à tout le monde, même aux méchants, aux salauds de la pire espèce.
Ripois rencontre Ella, une fille bonne, intelligente, quelqu’un d’à part. Et pour la première fois, il éprouve une ébauche de sentiment, sans qu’on sache vraiment si l’impulsion vient de lui ou de l’amour de la jeune fille qui le flatte. L’aime-t-il, ou veut-il être aimé ? On ne le saura pas. Cet amour, cette chance, va-t-il la saisir ? Non, c'est écrit d'avance. Après avoir hésité, il commettra l'irréparable. Il est désormais professeur de français et donne des cours privés aux jeunes filles de la bonne bourgeoisie anglaise. Pas très jolies, mais qu’importe ! Rien n’arrête Ripois, comme on le verra si on lit ce texte qui n’est pas sans rappeler, par certains aspects, le cynisme, la crudité des situation, le Bel-ami de Maupassant. Un Bel-Ami miteux qui, un jour, est rattrapé, enfin, par la Némésis. Une Némésis très indulgente au demeurant, car le livre de Hémon n'est pas moral, et c'est ce qui le rend si fort, si pertinent. En ce monde, dit Hémon, nulle règle qui vaille. On peut les violer sans danger, et ce qu'on croit un châtiment n'est rien d'autre que le lot commun de l'humanité, bonne ou mauvaise: l'inéluctable douleur, un jour ou l'autre.
Louis Hémon, comme beaucoup d'ensablés, est mort très jeune (la trentaine) au Canada, laissant derrière lui un roman plus connu que lui "Marie Chapdelaine". Sa vie fut l'errance, les petits salaires, avant de sombrer dans l'oubli. Le succès de Marie Chapedelaine vint trop tard. Il était mort. Sa famille retarda volontairement la parution de "Monsieur Ripois", roman estimé trop immoral, dont la parution n'intervint qu'en 1950. On en fit un film avec Gérard Philipe. C'est un roman qui se lit d'une traite. A lire absolument.
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Les vacances sont là, et pour ceux qui aiment ou ne connaissent pas Antoine Blondin (il aurait cent ans cette année...), l'occasion rêvée de (re) découvrir ses chroniques publiées entre 1943 et le début des années 80. Les éditions de La Table Ronde ont eu la bonne idée de les rééditer dans sa collection "La petite Vermillon. Pour un prix modique (11,2 euros), un plaisir assuré, à goûter sous les tilleuls en buvant un petit blanc sec, bien glacé, à la santé de ce cher Blondin pour qui la littérature était exigence mais aussi amitié. Hervé BEL
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Je ne sais plus où et quand je suis tombé sur ce livre L’abbaye d’Evolayne de Paule Régnier (Grand prix de l’Académie Française 1933), avec sa couverture jaune défraichie des éditions Plon. Longtemps, je l’ai gardé dans mes réserves : j'avais d’autres priorité de lectures. Il y a peu, fouillant ma bibliothèque, je l’ai redécouvert, l’ayant totalement oublié. Allons, il fallait quand même me renseigner sur cette Paule Régnier ! Le destin tragique de cet auteur, il faut bien le dire, m’a conduit à lire enfin son roman. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, j’en conviens, il peut paraître dépassé, appartenir à un autre monde (mais n’est-ce pas après tout un motif de le parcourir ?), mais il palpite dans ce texte quelque chose de bouleversant et de prenant. Par Hervé BEL
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Dans ces temps de résurgence de nationalismes, chauvinismes et prurits identitaires, la littérature nous offre heureusement quelques pépites à leur encontre… Figure en bonne place parmi ces romans salutaires une œuvre qui obtint un franc succès juste avant le deuxième guerre mondiale : refusé par Gallimard, publié par Denoël, le roman «Les Javanais» fut couronné du prix Renaudot en 1939 et traduit en plusieurs langues. Par Marie Coat
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Sur la plaine de la bataille de Waterloo, une aigle impériale trône au sommet de la butte monumentale. Le 18 juin 1815, c’est Napoléon qui a remporté cette victoire décisive. Plus d’un siècle après les faits, le descendant d’un capitaine anglais est résolu à corriger l’erreur de son ancêtre, qui avait donné de mauvaises informations à Wellington et précipité la défaite des Alliés. L’invention d’une machine à remonter le temps lui permet de tenter une modification avec ses amis, mais à quel prix et pour quelles conséquences historiques et humaines ? Par Louis Morès
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Spécialiste du Portugal où elle a vécu une bonne partie de sa vie, Suzanne Chantal (1908-1994) a notamment publié une Histoire du Portugal (Hachette, 1965), que précédait La vie quotidienne au Portugal après le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 (Hachette, 1962). Vers la fin de sa vie, elle publiera un roman historique (Ervamoïra, éd. Olivier Orban, 1982), qui raconte, autour de l’évolution d’une famille sur six générations, l’histoire du vin de Porto, avec ses luttes, ses négociants, ses propriétaires, etc. Par François Ouellet
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C’était il y a peu dans le 6ème arrondissement, un samedi, jour béni entre tous puisque le dimanche nous protège encore du lundi. En passant devant la librairie « Le dilettante », maison d’édition dont les Ensablés affectionnent les publications, je tombe sur des bacs remplis de livres d’occasion. L’un d’eux attire mon attention : « Les enfants aveugles » d’un certain Bruno Gay-Lussac, avec une introduction de François Mauriac. Mauriac? Il fallait que ce roman oublié ait quelque qualité... Alors je l’ai acheté. Par Hervé Bel
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Quand on parle de maladies mentales, s’il est un nom qui accourt spontanément sur toutes les lèvres, c’est bien celui de Sigmund Freud (1856-1939). Freud a été élevé au rang des grands génies de l’humanité pour avoir exploré un véritable continent, terra incognita avant lui, à savoir le monde de l’inconscient. La méthode psychanalytique qu’il mit au point s’est frayé un chemin dans cet univers ténébreux afin d’en révéler les mystères. De nos jours, le public cultivé pourra citer quelques noms supplémentaires des explorateurs de ce monde parmi les disciples ou les épigones du maître viennois, tels Jung, Adler, ou Lacan. Mais qui se souvient de Pierre Janet ? Par Armel Job, écrivain
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BONNES FEUILLES - Un matin, l'esprit de Joséphine s'emballe lorsqu'elle découvre qu'elle est enceinte. En l'absence de son mari, Vincent, parti pour le week-end, son cœur se gonfle de ce bonheur à venir. Elle n'est sûre de rien, se dit qu’il est trop tôt pour se réjouir mais elle imagine déjà un monde plus grand.
17/03/2023, 09:00
BONNES FEUILLES - Élise et Romain, 35 et 40 ans, forment un couple heureux : deux jobs épanouissants, un appartement acheté à crédit, une vie ponctuée par le déjeuner du dimanche avec Mina, la mère d’Élise, inconsolable depuis la mort de son mari.
16/03/2023, 08:30
Docteur en sciences de l’éducation, sciences de l’environnement et sciences politiques, Nathanaël Wallenhorst entremêle ces trois disciplines avec brio dans un essai accessible et instructif sur le discours écologique. Six récits, axés autour de critères politiques et scientifiques, sont passés au crible. Et certains ont de lourdes incidences éducatives et sociales.
15/03/2023, 11:22
Batman Chronicles 1988 volume 1 réunit les numéros de Batman publiés en 1988, assorti de numéros spéciaux qui permettent de mieux comprendre l’articulation des différents actes marquant de cette série, remettre en contexte la chronologie des aventures de l’homme chauve-souris (le volume 2 proposera les numéros de Detective comics).
15/03/2023, 11:06
Quel goût a l’existence quand celle-ci est menacée par un secret ? L’auteur italien Domenico Starnone esquisse une réponse dans son dernier roman publié en 2023, Nos fautes inavouées (traduit par Lise Caillat, Fayard) 2023. Histoire d’une vie, d'amours qui se télescopent et de souvenirs qui font l’effet d’une lame de rasoir.
13/03/2023, 18:35
Sacré Roi d’Espagne un 14 mars 1516, ayant déjà plusieurs couronnes sur la tête, Charles Quint allait bientôt en ceindre d’autres dont celle d’Empereur du Saint Empire. Quoi de plus logique, dès lors, pour cet homme pieux que de vouloir recréer l’empire de Charlemagne et unifier la chrétienté.
13/03/2023, 11:44
Dans L'arme à gauche (2023, Glénat), Pierre Maurel fait revivre les années de plomb et le terrorisme engagé pour la cause communiste à travers la figure d'un vieil Italien désormais installé dans la France rurale. Vieillir, c'est aussi regarder le passé s'échapper à tout jamais et voir les amis disparaître.
13/03/2023, 11:37
Alessandro Baricco, auteur italien, père de Novento pianiste, Soie, Le château de la colère et bien d'autres encore, nous emmène, dans chacun de ses ouvrages, au cœur d'un monde à la fois énigmatique et poétique. Par Deborah Lecqu.
13/03/2023, 10:13
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