L’apport économique des étudiants étrangers
La France ne cesse d’attirer toujours davantage d’étudiants étrangers. On en compte aujourd’hui près de 300 000 dans l’Hexagone, ce qui fait de la France la troisième destination en accueillant 7 % des candidats au départ, derrière le Royaume Uni, qui en reçoit 11 %, et les Etats-Unis qui sont loin devant, à 18,5 % (voir notre article).
Se pose alors la question du coût économique de ces centaines de milliers d’étudiants affluant au sein des universités françaises. C’est ce qu’a tenté d’évaluer l’institution Campus France, l’Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale.
Une enquête a été conduite auprès d’un échantillon représentatif de 4200 étudiants, avec l’appui de l’institut BVA. Il en ressort une balance positive pour la France. « Alors que le coût de ces étudiants étrangers pour le budget de l’État peut être évalué à 3 milliards d’euros environ, l’apport des étudiants à notre économie se monte à 4,65 milliards d’euros », précise Campus France dans l'édition de novembre 2014 de ses Notes.
Si l’on vient étudier en France souvent parce que les frais de scolarité y sont très faibles, on dépense aussi forcément une fois installé sur place. Et cela alimente l’économie hexagonale. Il y a la consommation quotidienne de biens et services, évaluée à 3,25 milliards, les dépenses en transport aérien via des opérateurs français (364 millions) et les dépenses effectués par les proches quand ils rendent visite aux étudiants (466 millions). S’ajoutent à cela les frais de scolarité qui sont évalué à 563 millions d’euros.
Il y a par ailleurs des éléments difficilement comptables, comme le soutien apporté ainsi au rayonnement de la France à l’international. Une fois rentrés dans leur pays, ces anciens étudiants risquent bien de promouvoir l’image de l’Hexagone dans leurs cercles de relations.
C’est donc aussi s’octroyer une influence importante parmi les élites de nombreux pays, ce qui n’a pas véritablement de prix. Alors vouloir taxer davantage les étudiants étrangers en leur demandant de s’acquitter de frais de scolarité plus élevés que ceux payés par les Français, ne serait pas vraiment une bonne idée. Au contraire, cela pourrait faire perdre à la France sa troisième place au profit de pays anglo-saxons.
Dans le dernier classement des villes où il fait bon étudier établi par la société QS, c’est d’ailleurs Paris, pour la troisième année consécutive, qui occupe la première place du podium (voir notre article). De quoi aussi nourrir le tourisme dans la capitale française.
Pourtant, rapporte Le Monde, Jean Tirole, Prix Nobel d’économie, défendait un point de vue bien différent concernant les étudiants étrangers au cours d’un récent débat au ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il soutenait qu’« En France, les droits universitaires très faibles posent un problème d’équité budgétaire. A l’Ecole d’économie de Toulouse (TSE), nous accueillons beaucoup d’étudiants étrangers et cela revient, d’une certaine manière, à subventionner le monde entier, avec parfois des effets nocifs. » Comme quoi, on peut être Prix Nobel d'économie et avoir une certaine vision myope d'un phénomène économique qui ne peut être réduit au paiement des seuls frais de scolarité.
(Crédits photos : CC BY 2.0 - Les Haines)
Par Victor De Sepausy
Contact : vds@actualitte.com
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